Images de page
PDF
ePub
[ocr errors]

Guyon*, est à Vincennes, où on le doit interroger, et confronter avec cette dame. On a sa déclaration, où il avoue toutes les pratiques de Molinos par inspiration **. Il ne reste plus qu'à faire voir la liaison avec M. de Cambrai nous la prouverons par acte; et je suis chargé d'en faire la relation, qui paroîtra au plus tôt, où je citerai le roi et madame de Maintenon, comme témoins de tous les faits. Vous pouvez vous fier à monseigneur Giori.

nous avons écrit, qui peut donner atteinte à la règle des mœurs que propose la sainte Église catholique, à l'autorité de laquelle doit être soumise, sous le jugement de ses prélats, toute doctrine et spiritualité, de quelque degré que l'on prétende qu'elle soit. Encore une fois, je vous conjure, dans l'amour de Jésus-Christ, que nous ayons recours à l'unique remède de la pénitence, et que, par une vie vraiment repentante et régulière en tout point, nous effacions les fâcheuses impressions causées dans l'Église par nos fausses démarches. Confessons, vous et moi, humblement nos péchés à la face du ciel et de la terre:

Je vous prie de voir de ma part M. l'abbé Piquigni, dont j'ai vu, sur la matière du quiétisme, des lettres admirables à M. le cardinal de Janson, où il fait une honorable mention de moi, et sou-ne rougissons que de les avoir commis, et non haite qu'on me les fasse voir. Faites-lui bien des honnêtetés de ma part: il agit beaucoup auprès de l'archevêque de Chieti. M. de Paris va faire paroître sa Relation, dans laquelle il n'omettra rien d'essentiel M. de Chartres en fait une autre, pour expliquer les variations de M. de Cambrai ***. Pour ce qui est d'un ambassadeur, on est embarrassé pour le choix.

On ne fera plus rien, qu'on ne le mette en latin et en françois.

A Versailles, 28 avril (698.

LETTRE CCLIV.

DU P. LA COMBE A MADAME GUYON.

de les avouer. Ce que je vous déclare ici vient de ma pure franchise et liberté, et je prie Dieu de vous inspirer les mêmes sentiments qu'il me semble recevoir de sa grace, et que je me tiens obligé d'avoir *.

Ce 25 avril de l'an 1698.

LETTRE CCLV.

DE L'ABBÉ PHELIPPEAUX Á BOSSUET.

Sur les opérations des examinateurs; les faux bruits que répandoit l'abbé de Chanterac; et les excuses du cardinal de Bouillon.

Demain on examinera les cinq derniers articles

Il fait l'aveu des fautes qu'ils avoient pu commettre, et et l'Avertissement: ainsi on finira l'examen dans

l'exhorte à imiter son repentir.

Au seul Dieu soit honneur et gloire.

C'est devant Dieu, madame, que je reconnois sincèrement qu'il y a eu de l'illusion, de l'erreur et du péché dans certaines choses qui sont arrivées avec trop de liberté entre nous, et que je rejette et déteste toute maxime et toute conduite qui s'écarte des commandements de Dieu ou de ceux de l'Église; désavouant hautement tout ce que j'ai pu faire contre ces saintes et inviolables lois, et vous exhortant en notre Seigneur d'en faire de même; afin que vous et moi réparions, autant qu'il est en nous, le mal que peut avoir causé notre mauvais exemple, et tout ce que

*Il y fut transféré du château de Lourde. On peut voir sa déclaration, dont parle ici Bossuet, à la suite de la lettre CCXXVII.

** Bossuet pourroit avoir en vne ici, outre la déclaration du P. La Combe, rapportée plus haut, une lettre de ce Père à madame Guyon, écrite de Vincennes le 25 août de cette année. Nous la donnons à la suite de cette lettre, d'autant plus qu'elle parut si importante alors, que l'abbé Bossuet la présenta au Pape, traduite en italien, le 8 juin suivant, comme on le voit dans la Relation de l'abbé Phelippeaux, part. II, pag. 93.

*** Elles parurent en effet l'une et l'autre en forme de lettres, non sous le titre de Relation, mais sous celui de Réponse à M. l'archevêque de Cambrai.

le temps ordonné par Sa Sainteté. Ceux qui ont été pour censurer le livre se sont déja assemblés une fois en particulier, pour réduire les propositions qu'ils ont trouvées dignes de censure à un nombre certain, et convenir des qualifications, afin qu'il n'y ait point de différence dans leurs suffrages. On ne sait pas encore si les autres justifieront entièrement le livre, et s'ils persisteront à n'y trouver aucune proposition censurable. Ils avoient fait espérer qu'à la fin de l'examen, qui ne se faisoit que pour s'éclaircir, ils donneroient tout le contentement qu'on pouvoit espérer : mais je ne sais ce qu'on peut attendre de gens visiblement engagés dans une cabale par différents intérêts. En cette occasion

*M. le cardinal de Bausset rapporte que cette lettre du P. La Combe fut portée par le cardinal de Noailles et M. de La Chétardie, curé de Saint-Sulpice, à madame Guyon, détenue alors à Vaugirard; qu'après en avoir entendu la lecture, madame Guyon répondit tranquillement qu'il falloit que le P. La Combe fút devenu fou; qu'on insista vainement pour obtenir de cette dame un aveu conforme à celui du P. La Combe; et qu'on s'aperçut bientôt après que ce Père avoit perdu totalement l'usage de la raison. On fut obligé de le transférer à Charenton, où il mourut l'année suivante, en état de démence absolue. (Voyez l'Hist. de Fénelon, liv. 1, n. 30, tom. it (Édit. de Vers.)

[ocr errors]

la politique romaine fera jouer tous ses ressorts. | l'Ordonnance de M. d'Amiens sur les proposiLe général des jésuites sollicite ouverte- tions du père de Timbrieux. Je cherchai cette ment. L'abbé de Chanterac publie que les évê- ordonnance imprimée, et la donnai à M. Camques de France sont divisés sur cette affaire, pioni, qui m'a avoué que le délateur avoit falsifié et que la plus grande partie du clergé favorise les propositions condamnées dans l'Ordonnance; M. de Cambrai ; que le roi ne prend plus d'in- ce qui nous a surpris également. Mais il faut s'attérêt dans cette cause, qu'on ne peut mieux con- tendre à tout avec ces sortes de délateurs. Il noître ses sentiments que par le père La Chaise, m'a fait espérer copie de la délation. qui donne liberté entière aux jésuites de soutenir M. de Cambrai, et approuve toutes les démarches qu'ils font ; et encore par M. le cardinal de Bouillon, qui a toujours favorisé ce parti, et qui ne manquera pas de faire connoître les sentiments du roi dans les temps et occasions nécessaires. Cela, publié par diverses bouches, ne laisse pas de faire quelque impression, et d'embarrasser les ignorants ou les timides: vous pouvez y remédier par la voie du nonce.

L'abbé de Chanterac rendit, il y a quelques jours, visite à Granelli pour lui demander ses difficultés : il lui dit que le secret du saint-office ne lui permettoit pas de parler. L'abbé de Chanterac lui remontra que M. de Cambrai avoit toujours été l'ami de son ordre; que si on touchoit le moins du monde au livre, on préjudicioit à la dignité et à la réputation d'un saint prélat. Le même rendit visite au cardinal Albane, et lui dit que M. de Cambrai avoit bien besoin de protection, puisque M. de Meaux étoit favorisé par plusieurs cours, et lui dit ces paroles: Magnus dux Etruriæ minis et promissionibus urget condemnationem domini Cameracensis. Ces paroles, minis et promissionibus, parurent fortes au cardinal Albane. Il les rapporta à l'agent du grand-duc, qui lui dit que son maître lui avoit ordonné de rendre ses bons offices; mais qu'il n'employoit nec minas nec promissiones.

Le cardinal Noris a dit au père Estiennot, depuis peu de jours, qu'on ne balançoit pas sur la condamnation du livre, mais sur la qualification des propositions. M. Poussin m'a avoué que le général des jésuites sollicitoit : il m'a prié de vous mander qu'il avoit toujours été contre le livre, sachant les intentions du roi; mais de le marquer de sorte qu'on n'accusât pas M. le cardinal de Bouillon, dont l'excuse se réduit à dire que c'est un prélat vivant qui s'explique. On lui a cité les exemples de Petrucci et de Théodoret : mais comme il n'écoute que le père Charonnier, je doute fort qu'il s'éloigne des sentiments des jésuites.

On a produit ici un endroit du Directorium Inquisitionis Nicol. Emerici, q. XI, page 285. Il vous sera facile de voir s'il ne pourroit point vous être utile, et être rapporté dans vos livres.

Je vous ai parlé de l'accusation intentée contre

On distribua dimanche une première lettre de M. de Cambrai contre vos derniers écrits: je la crois imprimée à Cambrai. J'y admire ses artifices, et sa hardiesse à nier ce qu'il y a de plus certain. Il y donne le change partout, et raisonne toujours sur le principe de son amour naturel, et sur la prétention qu'il a d'avoir parlé de cinq états en parlant de cinq amours. Il paroît que les pères Charonnier et Dez ne goûtoient pas le dénouement de l'amour naturel; mais que le sacriste lui a suggéré d'appuyer sur cette solution : c'est aussi celle que vous avez le moins touchée. Dans l'extrait de la préface latine, j'y ai ajouté ce que j'avois dit des états dans l'observation que je vous ai envoyée. Vos livres viendront peut-être un peu tard: il faut toujours les envoyer; car on ne sait pas quelles longueurs apporteront les cardinaux : ainsi on ne doit point cesser à Paris de presser le jugement. L'infirmité survenue au Pape, il y a quelques jours, nous fit trembler: il se porte mieux; mais son grand âge doit faire tout appréhender. Je suis avec un profond respect, etc.

[blocks in formation]
[blocks in formation]

J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire de Meaux, du 6 avril, et la copie de la lettre de madame de Maintenon, qui doit contribuer à me mettre l'esprit en repos par rapport au roi; et c'est le principal. Je vous supplie de vouloir bien témoigner à madame de Maintenon ma reconnoissance infinie, égale assurément au service qu'elle m'a rendu, et au respect que j'ai pour elle et pour son mérite. Elle a la bonté de me faire faire par M. de Paris des compliments et des excuses, si elle ne me fait pas de réponse: vous voyez les bontés dont je suis comblé.

Les jésuites et le cardinal de Bouillon ne se lassent pas de faire paroitre toujours quelque trait de leur malignité à mon égard. Des avis manuscrits secrets, de samedi dernier, disoient qu'il étoit venu de France de grandes plaintes contre l'abbé Bossuet, que le roi lui avoit donné ordre de partir de Rome; mais que le cardinal de Bouillon l'avoit empêché par son crédit, et qu'il restoit à Rome avec un mauvais visage.

mais qué ce qui fera le plus d'impression, ce sera l'attestation du nonce; que ce que le roi lui pourra dire là-dessus pour l'écrire ici achèvera de déterminer, et contre-balancera la puissance de la cabale, et l'inclination que la plupart des cardinaux ont de prendre quelque mezzo termine pour contenter le cardinal de Bouillon.

Il seroit fort à propos de faire écrire M. le cardinal d'Estrées et M. le cardinal de Janson au cardinal Marescotti, que je crains fort, malgré tout ce qu'il m'a dit, aussi bien qu'au cardinal Panciatici, fort ami du cardinal de Janson, et aux cardinaux Spada, Albani et Ottoboni. Je suis comme assuré des cardinaux d'Aguirre, Casanate, Noris, Ferrari, et Altieri s'il assiste. Une lettre du cardinal d'Estrées au cardinal Carpegna feroit à merveille. Il est bien juste d'opposer cardinal à cardinal; mais un ministre est une terrible affaire à Rome.

L'ambassadeur d'Espagne s'est expliqué avec moi, et m'a avoué qu'il avoit d'abord été surpris dans cette affaire; mais que depuis il avoit reconnu qu'on l'avoit trompé, qu'il voyoit de quel côté étoit la vérité, et le scandale que donnoient les partisans de M. de Cambrai, en voulant soutenir sa doctrine. Il m'a assuré qu'il feroit sur cela dans l'occasion ce que je lui dirois. J'ai profité de cette circonstance, d'autant plus favorable, qu'il est piqué contre le cardinal de Bouillon et les jésuites à l'occasion de Palafox, dont ils travaillent à empêcher la canonisation, qu'il est chargé de solliciter.

Je sais que l'ambassadeur de l'empereur continue à solliciter, et fortement, pour M. de Cambrai: il croit par-là s'attirer le cardinal de Bouillon, et brouiller la France. L'ambassadeur d'Espagne ne regarde pas les choses sous cette face à présent. Le sacriste est tout contre la France: il est payé par l'ambassadeur de l'empereur, et engagé par le cardinal de Bouillon.

Vous voyez la fausseté, l'impertinence et la malignité dont ce récit est plein, et qu'on tâche par toutes sortes de voies, mais qui ne réussiront pas, s'il plaît à Dieu, de me faire perdre auprès du Pape et des cardinaux le peu d'estime qu'ils ont la bonté de me témoigner, et la créance qu'ils ont en ce que je leur puis dire sur l'affaire présente. Ces sortes de manuscrits sont très méprisés ici, et sont toujours remplis de toute sorte de faussetés contre les honnêtes gens. Vous ne laissez pas de connoître par-là combien il seroit avantageux, et à vous et à moi-même, qu'on vit s'il y a moyen, par quelque preuve publique, que le roi n'est pas mécontent de moi. Pour ce qui regarde le mauvais visage, j'ose dire que depuis un mois je me porte à mer-Vous verrez qu'il réduit son amour naturel, veille: on ne sait ce que cela veut dire. page 41, à l'inquiétude : il se voit perdu, il s'échappe où il peut.

Je n'ai pu trouver le cardinal d'Aguirre, et je veux lui lire moi-même votre lettre, qui est telle qu'il faut dans les circonstances présentes: j'espère faire en sorte qu'il la communiquera au moins aux cardinaux du saint-office.

Je vous envoie à tout hasard la première lettre de M. de Cambrai contre vous. Elle est de la dernière foiblesse; mais il faut pouvoir dire qu'on répond: entendra qui pourra ce qu'il dit.

Le frère de M. Toureil ira vous voir à Paris : c'est un fort honnête homme, persécuté par les jésuites. Il a ici de bons amis, et est particulièrement estimé de plusieurs cardinaux. Je vous prie de le servir, et même de le prévenir, si

Je ne cesse de presser M. de Paris pour les faits je lui marque qu'il n'y a rien à ména-vous en trouvez l'occasion. ger là-dessus, que sans cela tout est à craindre;

J'ai vu ce matin le cardinal Noris : j'en suis

[ocr errors]
[ocr errors]

228

comme assuré. Je vis avant-hier le cardinal Fer- | main, où sa liaison avec madame Guyon est

rari : j'en espère bien. Ils entendent tout, sont éclairés, et aiment saint Augustin et saint Tho

[blocks in formation]

pas.

C'est demain que finit l'examen du livre: nous verrons le parti que prendront les cardinaux sur la division des examinateurs, et comment ils procéderont.

La maladie du Pape est cause que je ne l'ai pas vu je le verrai assurément cette semaine; monseigneur Aquaviva m'avertira du temps * commode. Sa Sainteté se porte toujours mieux : avec cela il faut avouer qu'elle baisse: je doute qu'elle passe l'année..

Voici le temps de la crise. Il seroit bien important que vous ne vous éloignassiez pas de la cour: car s'il arrivoit quelque chose d'essentiel, qui demandât des éclaircissements prompts, et qu'on eût besoin de votre secours pour parer quelque coup, je n'hésiterois pas à dépêcher un courrier. En effet, tout devient ici de la dernière conséquence pour la religion et pour l'état. Je ne me rebuterai pas, s'il plaît à Dieu: je n'ai rien de caché pour M. Phelippeaux.

Je vous prie de continuer à remercier M. le nonce pour moi: il a écrit au prince Vaïni une lettre très obligeante et très avantageuse sur moi. Témoignez-lui combien j'en suis reconnoissant, et la manière dont je vous parle du prince Vaïni, qui fait de son mieux pour nous 'aider.

Rome, ce 29 avril 1698.

manifeste. Vous aurez bientôt une réponse de M. de Paris aux quatre lettres de ce prélat. J'en ferai une pareillement aux lettres qu'il m'écrit: M. de Chartres travaille aussi à un nouvel écrit. On a bien perdu du temps, mais on tâchera de hâter ce qui reste à faire.

On ne parle plus de votre affaire tout le monde vous tient pour très bien justifié, et il ne reste pas même un nuage sur ce sujet. Il faut achever; Dieu vous récompensera de tout ce que vous avez souffert pour la défense de sa cause. Vous ne devez point douter que je ne fasse dans l'occasion tout ce qui dépendra de moi.

Usez sobrement de la lettre de M. de Cambrai à madame de Maintenon; mais usez-en sans hésiter, quand il sera nécessaire.

Je partirai pour Meaux de vendredi en huit. La Réponse de M. de Cambrai à la Déclaration des trois évêques, que vous m'avez envoyée, est d'une autre édition que celle qu'il a adressée et répandue ici. La vôtre est en plus gros caractères, et contient deux cent trente-six pages; elle n'a point de nom de ville. La mienne est à Bruxelles, chez Fricx, et a cent cinquante-deux pages: je n'y ai point encore remarqué de différence pour les choses. On aura soin de collationner les deux éditions, pour montrer les variations, s'il y en a celles que M. Phelippeaux m'envoie sont impudentes.

A Versailles, 5 mai 1698.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

LETTRE CCLVIII.

DE BOSSUET A SON NEVEU.

Sur une condamnation générale du livre; l'attachement de M. de Chartres à la cause; sur deux derniers écrits latins de Bossuet, et la Réponse de M. de Paris à M. de Cambrai.

J'ai reçu hier seulement votre lettre du 22 avril. La calomnie tourne en louange pour vous, et en indignation contre les auteurs : vous l'aurez vu par la lettre de madame de Maintenon, que je vous ai envoyée de Meaux.

Je suis fort aise que les examinateurs, qui sont bien intentionnés, conviennent de leurs qualifications. Si, pour aller plus vite, on prenoit le parti d'une condamnation générale, cela ne seroit pas à la vérité si honorable pour Rome, mais feroit ici le même effet.

Le Quietismus redivivus qualifiera bien; mais il faut auparavant faire l'ample relation dont on est convenu. Elle ne tient de ma part qu'à celle

que M. de Paris doit faire paroître, et qu'il envoie aujourd'hui manuscrite à Rome : ce qu'on verra sera concluant. Il ne tient pas à moi qu'on ne diligente.

Ne craignez rien de M. de Chartres; il est toujours le même par rapport à M. de Cambrai. J'attends une lettre de lui, qui vous expliquera ses sentiments. Il est plus vif que jamais, et il voit plus clairement le péril extrême de l'Église dans le quiétisme renouvelé.

Je crois avoir écrit à M. Phelippeaux touchant M. Charmot, qui est affectionné par le cardinal Casanate, que j'ai parlé fortement en sa faveur à messieurs des Missions étrangères, dont il est le procureur. Ils l'estiment beaucoup; mais ces messieurs sont un peu politiques. Je leur marquerai l'estime de M. le cardinal Casanate, ce qui sera d'un grand poids. Ayez soin de bien dire à ce cardinal que je ne négligerai rien de ce qu'il aura à cœur tant soit peu, à plus forte raison de ce qu'il affectionnera beaucoup. Je ne crois pas qu'on ait voulu rendre ici de mauvais offices à M. Charmot. Je m'en informerai, et non seulement je prendrai hautement son parti, mais j'y engagerai tous mes amis : vous en pouvez assurer M. le cardinal Casanate, en lui renouvelant toujours mon grand respect.

Vous devez avoir reçu à présent le Mystici in tuto. Le Schola in tuto est parti vendredi dernier : vous trouverez la notion de la charité, et les suppositions par impossible, traitées à fond. Il est parlé de cette matière dans Mystici in tuto: mais le Schola emporte la pièce, et est tout-à-fait démonstratif.

M. de Reims part demain pour son diocèse, et moi vendredi pour Meaux, jusqu'après l'octave, s'il n'arrive rien qui dérange ces dispositions.

Il ne faut pas s'attendre que je puisse m'aider ici pour le chapeau : cette dignité sera vraisemblablement pour M. l'archevêque de Paris, que M. le cardinal de Bouillon n'aimera pas plus que moi, mais qui aura toute la cour pour lui. Il n'y a point d'apparence pour M. de Chartres. M. le cardinal de Bouillon tâchera de vous faire parler; mais vous saurez bien être sur vos gardes. Vous ne devez pas supposer que M. de Paris soit content de l'attente.

Voilà une lettre pour un cordelier, qui est op. posé au père Dias; il se faut aider de tout vous la fermerez quand vous l'aurez vue, et vous la rendrez. Donnez nos livres à ce Père. Il me tarde que la Relation paroisse: travaillons pour Dieu.

Le père Roslet vous communiquera la Ré

ponse de M. de Paris aux lettres de M. de Cambrai elle est admirable. La mienne s'imprime.

Le roi et madame de Maintenon seront bien aisés de mon avancement; mais ils n'agiront point, ni moi non plus.

N'hésitez pas à mander vos sentiments sur ce qui se passe à Rome. Nous pèserons ici ce qu'il sera utile de faire.

Vous devez cultiver avec soin monseigneur Giori. M. de Paris a tiré de M. le cardinal d'Estrées une lettre de créance vers lui pour le père Roslet vous voyez le dessein.

Continuez, surtout pendant mon absence, à rendre compte à M. de Paris comme à moimême.

Voilà la lettre de M. de Chartres; il parle assez nettement. Vous là pouvez supposer écrite à vous-même, ou en faire le dessus à qui vous voudrez.

[blocks in formation]

DE M. DE NOAILLES, ARCHEVÊQue de paris, A L'ABBÉ BOSSUET.

Sur sa Réponse aux quatre Lettres de M. de Cambrai ; "la traduction latine de son Instruction, et les actes qu'il devoit bientôt envoyer.

Je voudrois bien, monsieur, pouvoir vous écrire à loisir; mais le temps que j'ai été obligé de donner, pour mettre ma réponse à M. de Cambrai en état de partir, m'a ôté celui dont j'aurois besoin pour vous faire une longue lettre. Je perdrois le courrier, si je ne me pressois. Je vous rends graces du soin que vous continuez de prendre de me mander ce qui se passe dans notre affaire. J'espère toujours que, malgré les efforts de la cabale, la vérité triomphera.

Je vous envoie une copie de ma Réponse aux quatre lettres de M. de Cambrai : je ne l'ai pas fait imprimer, pour les raisons que le père Roslet vous dira Je lui mande d'en faire faire autant de copies, que vous et lui le jugerez à propos, en attendant qu'on puisse vous en envoyer des exemplaires imprimés: car il y en aura sans doute; mais ce ne sera pas moi, ni personne de ma part, qui la mettra sous la presse. J'envoie aussi par cet ordinaire au père Roslet plusieurs exemplaires de mon Instruction traduite en latin: il vous en donnera une partie: j'espère qu'elle fera du bien. Ma Réponse en doit faire aussi; car le fait y est éclairci assez fortement, ce me semble, et très véritablement. Je compte

[ocr errors]
« PrécédentContinuer »