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Pour la place vacante d'assesseur, j'entends | nuation de vos soins et des efforts de la cabale : vanter M. Nucci à M. le cardinal d'Estrées.

Vous avez très bien fait de commencer par M. le cardinal de Bouillon, à montrer l'écrit de M. de Cambrai.

j'espère qu'elle succombera à la fin.

J'ai bien de la joie que vous soyez content de ma réponse à M. de Cambrai : elle a parfaitement bien réussi en ce pays. Vous en avez eu plus promptement que je ne croyois des exem

J'ai fait connoître à M. le nonce qu'une décision ambiguë ou foible ne seroit ni de l'hon-plaires imprimés: les imprimeurs ont cru, avec neur du Saint-Siége, ni du goût du roi et du royaume, ni d'aucun effet ; et que la cabale, qu'il faut étouffer, ne feroit que s'en moquer et devenir plus insolente il le voit aussi bien que moi.

Une des choses, pour la doctrine, des plus importantes, est d'observer que le désintéressement que met l'école dans la charité n'a rien de commun avec l'amour désintéressé de M. de Cambrai, qui consiste dans un cinquième degré au-dessus de la charité justifiante, laquelle, dans son système, fait le quatrième : mais je crois qu'il n'y a plus rien de considérable à dire là-dessus.

Je ne sais si je vous ai dit que l'effet de nos deux lettres, de M. de Paris et de moi, en réponse à celles de M. de Cambrai, a été prodigieux: celle de M. de Paris a fait et fait revenir

raison, y gagner, et se sont pressés d'y travailler. Je vous l'enverrai en latin le plus tôt que je pourrai.

Vous aurez dans peu la Relation de M. de Meaux, et l'ouvrage de M. de Chartres: on y verra des faits importants, qui feront connoître la vérité à tous ceux qui ne seront pas ou ne voudront pas être aveugles. Une autre fois je vous en dirai davantage : je ne veux pas perdre ce courrier; ainsi je ne puis que vous assurer, monsieur, que je suis toujours à vous avec les sentiments que vous savez. Paris, 24 juin 1698.

LETTRE CCLXXXI.

DE L'ABBÉ PHELIPPEAUX A BOSSUET.

une infinité de gens. S'il plaît à Dieu de donner Sur la conduite du roi à l'égard de M. de Cambrai; la sa bénédiction à ma Relation, elle achèvera de confondre M. de Cambrai.

J'embrasse M. Phelippeaux. Il sera bien aise d'apprendre que M. Obin étant mort, j'ai donné sa prébende à M. Moreri, qui est utile au diocèse dans l'Hôtel-Dieu, et un homme qui paroît

sûr.

manière dont les consulteurs avoient voté dans les dernières congrégations; les moyens à prendre pour abréger; et l'affaire de M. de Saint-Pons avec les récollets.

pièces, et plus persuasives, que la nouvelle de la On ne pouvoit nous envoyer de meilleures disgrace des parents et des amis de M. de CamMon frère est tenu long-temps par la goutte:rier extraordinaire, que le Roi lui avoit ôté la brai, et que celle qu'on reçut hier par un courj'admire sa tranquillité et sa bonne humeur. Je vous prie, en rendant à M. le cardinal de Bouillon la lettre que je lui écris sur le mariage de mademoiselle de Château-Thierry avec M. le prince de Guimené, de le bien assurer de la sincère continuation de mes respects, malgré le quiétisme.

A Paris, le 23 juin 1698.

LETTRE CCLXXX.

DE M. DE NOAILLES, Archevêque de paris,
A L'ABBÉ BOSSUET.

Sur les bons effets de sa Réponse à M. de Cambrai; la Re-
lation de M. de Meaux, et l'ouvrage de M. de Chartres.

Vous n'aurez qu'un mot de moi aujourd'hui, monsieur, car je viens de faire une course de visites. J'en arrivai hier au soir, et n'ai pu écrire que dans ce moment où le courrier va partir.

J'ai reçu votre lettre du 3; j'y vois la conti

charge et la pension de précepteur. Cela seul pourra convaincre cette cour que le mal est grand et réel; et ses partisans n'oseront plus pu

blier l'indifférence du roi pour la condamnation ou justification du livre.

Mercredi dernier, Granelli et Massoulié votèrent devant les cardinaux. Jeudi, les six examinateurs qui avoient voté parlèrent devant le Pape sur la seconde proposition. Hier lundi, le carme, le maître du sacré palais et le sacriste votèrent devant les cardinaux. Le dernier parla près de deux heures: ils ne font que répéter ce qu'ils avoient dit dans les premières congrégaet Ferrari. On n'a encore rien réglé sur les intions, tenues en présence des cardinaux Noris stances qu'on a faites pour prendre des moyens sûrs d'abréger. Si on continue sur ce pied, nous ne sommes pas au bout.

Le sacriste a assemblé chez lui ceux de son parti, et leur a dit qu'il ne falloit s'attacher qu'à cette seule chose, qui est que l'amour pur ren

ferme virtuellement l'exercice de l'espérance: par-là ils abandonnent toutes les solutions de l'auteur. Le sacriste fait parade d'une érudition batayique; beaucoup de citations qui ne font rien à la question: sa manière de parler et son assurance sont néanmoins capables d'en imposer aux ignorants. Demain, Chieti parlera, et sera court; car il est levis armaturæ. Le Pape est si mécontent de lui, qu'il est résolu de le renvoyer dans son diocèse. On croit qu'il n'est pas trop content du sacriste, l'ayant refusé pour examinateur à l'abbé de Montgaillard, qui l'avoit demandé.

Je vis hier une personne en qui le Pape prend confiance, et qui doit lui proposer les moyens d'abréger. Il lui a fait connoître la cabale: mais sa facilité et son incertitude font qu'il ne peut prendre de fortes résolutions. Sur ce que le Pape lui dit qu'on ne cessoit d'écrire, il lui représenta qu'il avoit été nécessaire que vous écrivissiez, pour éclaircir la vérité et empêcher le cours de l'erreur.

voyez qu'on apporte à Rome toutes les contestations de France. Ne pourroit-on ́ pas condamner ces livres sur les lieux? Je suis avec un profond respect, etc.

Rome, ce 24 juin 1698,

LETTRE CCLXXXII.

DE L'ABBÉ BOSSUET A SON Oncle.

Sur le projet qu'il avoit proposé pour abréger les discussions, et l'expédient présenté par le cardinal Noris, sur un conseil secret qu'on desiroit faire établir par le Pape; et les sentiments du Saint-Père touchant les écrits publiés par les trois évèques.

J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire de Meaux, du 2 de ce mois. J'ai su par M. l'archevêque de Paris le changement arrivé dans la maison des princes; et par les lettres du 9, venues par un courrier extraordinaire, qui a apporté le paquet de M. le cardinal de Bouillon, j'ai appris que la pension étoit ôtée à M. de Cambrai, et sa place de précepteur remplie par M. l'abbé Fleury. Vous

M. de Chanterac a distribué ces jours-ci deux lettres imprimées à Liége, avec la permission d'Eyben, censeur des livres. La première est intitulée Autre lettre d'un théologien de Lou-savez ce que je vous mandois sur tout cela par vain à un docteur de Sorbonne, au sujet de

Paddition de M. de Paris à son Instruction

pastorale. La seconde est intitulée Lettre d'un ecclésiastique de Flandre à un de ses amis de Paris, où l'on démontre l'injustice des accusations que fait M. l'évêque de Meaux contre M. l'archevêque de Cambrai, dans son livre qui a pour titre DIVERS ÉCRITS. L'une et l'autre porte sa réfutation avec elle : ce sont des solutions contraires à celles de l'archevêque. La première est courte, la seconde contient cent soixante-trois pages.

On a nommé des examinateurs pour le livre de M. de Saint-Pons. L'abbé de Montgaillard a obtenu l'exclusion de Damascène, et a fait prier Cambolas de s'exclure lui-même sur des proces entre la famille de ce père et la sienne. Le gé néral de la Minerve, qui avoit accepté, a refusé: on croit que c'est l'effet d'un voyage à sa maison de campagne avec Cambolas, M. le cardinal de Bouillon et Charonnier. Le Pape a nommé en leurs places Miro, Latenai et le commissaire du saint-office, avec les pères Bianchi, jacobin, et

Borelli.

M. de Saint-Pons a fait accuser à l'index un livre d'un récollet, imprimé à Narbonne, où l'auteur soutient que le corps et le de la sang Vierge sont dans l'eucharistie en propre espèce et substantiellement; et qu'il les y faut adorer comme le corps et le sang de Jésus-Christ. Vous

mes précédentes. Le roi est sage, et d'une modération qui m'a fait tout comprendre; mais il n'y avoit plus moyen de soutenir le parti qu'on de cette cour-ci, après les expériences qu'on a sembloit avoir pris d'attendre ce qui viendroit

faites. La mortification et l'abattement du cardinal de Bouillon sont extrêmes. Les jésuites ont pris leur parti, et ne démordront pas le cardinal veut faire croire tout ce qui n'est pas.

Le projet que j'ai proposé au cardinal Spada **, pour abréger le rapport des qualificateurs, qui cause toute la longueur, n'a pas encore été accepté. Le lendemain de la proposition que j'en fis, je l'envoyai par écrit à ce cardinal, qui le tion des cardinaux. J'en ai donné copie au carporta au Pape : on en doit parler à la congrégadinal Casanate: j'en ai parlé hier au cardinal de Bouillon, qui m'a paru ne le pas désapprou

ver. On en avoit proposé un, ces jours passés, qui ne fut pas approuvé de la congrégation: c'étoit de faire parler un des examinateurs de chaque côté pour cinq, et qu'ils convinssent d'un seul vœu de chaque côté ; mais cela n'a pas paru à propos, pour ne pas donner lieu de croire au public qu'on supposât des partis formés, et la

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congrégation espérant toujours qu'on pourra, être entreront-ils en cause comme parties: j'en

varier dans les vœux donnés séparément.

Le cardinal de Bouillon est bien aise qu'on croie que c'est lui qui a proposé ce moyen d'abréger, qui a son bon et son mauvais; son bon, parcequ'il abrége; son mauvais, parcequ'il unit le parti. Le cardinal Noris, qui n'espère pas qu'ils changent jamais d'avis, m'a dit que c'étoit lui qui avoit proposé cet expédient, à bonne intention, je pense; mais il a été rejeté. Je vous envoie celui que j'ai proposé, qui ne me paroit souffrir aucune difficulté, et qui abrége les discours qui occasionnent les longueurs.

Tout ce que le cardinal de Bouillon veut, c'est qu'on croie à la cour qu'il a dessein de finir. Sous main ses amis trouvent des difficultés à tout; et cependant il écrit à la cour qu'il ne tient pas à lui que l'affaire ne soit bientôt consommée. On voit bien que l'unique ressource des amis de M. de Cambrai est de ne pas terminer.

L'air persécuté est le moyen que prennent les cambrésiens pour intéresser les esprits dans leur cause. Vous savez que cela fait un mérite ordinairement auprès de ceux qui n'approfondissent rien; mais avec cela, dans les circonstances présentes, après tout ce qu'on sait de madame Guyon, du père La Combe, etc., peu sont sensibles aux plaintes. Les honnêtes gens s'aperçoivent des bonnes raisons qui ont obligé le roi d'éclater, surtout depuis vos réponses, et celles de M. l'archevêque de Paris. On a eu soin d'instruire le Pape de tout on l'a prévenu fort à propos contre le ton plaintif de M. de Chanterac, qui alla dimanche à son audience.

M. le cardinal de Bouillon dit à Sa Sainteté, dès jeudi, au sortir de la congrégation du saintoffice, les nouvelles de ce qui regarde M. de Cambrai. Il a depuis passé trois jours à la campagne. Je tâche de faire voir au cardinal de Bouillon le véritable intérêt qu'il a de contribuer à la fin de cette affaire. Il est impossible qu'il ne le sente; mais le moyen d'abandonner les jésuites? L'examen de la seconde proposition n'est pas encore terminé. Le sacriste tint hier deux grosses heures. Il faut bien nécessairement qu'on change de méthode, si l'on veut finir je n'oublierai rien pour y parvenir. Je ne doute pas que demain ou jeudi on ne donne quelque ordre là-dessus: si on ne le fait pas, je suis résolu d'aller à Sa Sainteté lui en parler fortement.

Les jésuites font entendre, à ce que l'on m'a assuré, qu'ils soutiendront jusqu'au bout la doctrine de l'amour pur. On dit même que peut

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doute un peu; mais ils sont capables de tout. Ne pourroit-on pas donner un frein à leur insolence, qui est extrême assurément? Ils prétendent que la probabilité que s'est acquise la doctrine de M. de Cambrai, par le partage des examinateurs, la rend incensurable.

Le cardinal Albane est à la campagne : il a promis monts et merveilles au père Roslet; nous le mettrons à l'épreuve. Nous avons en vue d'engager le Pape d'établir un conseil secret, composé du cardinal Casanate, du cardinal Noris, du cardinal Albane et du cardinal Ferrari, pour terminer toutes les difficultés qu'on court risque de trouver à chaque pas, et surtout pour fixer les différents points, quand, après le rapport des qualificateurs, il sera question de décider.

M. le prince Vaïni continue à faire tout de son mieux auprès du Pape et des cardinaux : il est bien aise de témoigner en toute occasion au roi le zèle qu'il a pour son service, et pour tout ce qu'il croit qu'il affectionne. Vous lui ferez plaisir dans l'occasion, aussi bien qu'au nonce, d'en rendre témoignage. Il dit qu'il faut que le cardinal de Bouillon change de conduite, et qu'il le lui a fait sentir: c'est une dure entreprise, que de travailler à en venir à bout.

Je mande à M. l'archevêque de Paris qu'on m'a dit que les amis de M. de Cambrai avoient voulu insinuer au Pape de consulter, sur la doctrine de l'amour pur, les Facultés de Douai et de Louvain. Je doute qu'on l'ait fait; mais il faut être toujours sur ses gardes. M. Phelippeaux vous rend compte de deux petits écrits venus de Flandre, contre M. de Paris et contre vous.

Le Pape paroît à présent persuadé de la nécessité des écrits venus de la part des évêques : on lui a dit de plusieurs côtés ce qu'il faut làdessus.

Si, par quelque voie courte, on pouvoit nous envoyer une voiture de tous vos écrits en bonne quantité, et de ceux de M. de Chartres et de M. de Paris, cela ne feroit peut-être pas un mauvais effet.

La Relation ne sauroit venir trop tôt, et le Quietismus redivivus, ainsi que l'écrit de M. de Chartres. Il faut continuer à presser du côté de la cour, et qu'on parle au nonce fortement sur le mal et le scandale de ce partage, causé par l'adjonction des trois derniers examinateurs, introduits par la cabale. Il est question à présent de travailler hautement à rendre suspecte cette séquelle. On sait que le sacriste est ennemi déclaré de la France, et attaché à l'empereur.

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1o A l'amour pur, auquel se rapporte tout ce qui est en dispute sur l'espérance, vertu théologale, et sur le desir de la béatitude;

2o A la sainte indifférence du salut, et à ce qui peut y conduire ;

30 Aux dernières épreuves, auxquelles se rapporte le sacrifice absolu de son salut éternel, le consentement à sa réprobation, et le désespoir ;

4o A l'exclusion du propre effort, de la propre industrie, et à la vaine attente de la grace pour agir; sur quoi on accuse l'auteur de renouveler le fanatisme et le quiétisme;

5o Aux vertus, où l'on comprend la suppression des motifs particuliers, et la distinction de

ces vertus;

6o A la séparation de la partie supérieure et inférieure, qui conduit l'auteur à admettre en Jésus-Christ des troubles involontaires; et à cet article on rappelle tout ce qui concerne la nature et la bonté des actes réfléchis;

70 A la contemplation, à sa nature, sa vertu et son objet.

C'est à ces chefs capitaux que l'on réduit les trente-huit propositions extraites par les qualificateurs.

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Au 1er les propositions 1, 2, 3, 4, 5, 37.
Au 20 les prop. 7, 8, 9, 10.

Au 3e les prop. 11, 12, 13, 14, 15, 16.
Au 4e les prop. 6, 17, 28, 29, 30.

Au 5e les prop. 31, 32, 33, 34, 35, 36, 38.
Au 6e les prop. 18, 19, 20, 21.

Au 7 les prop. 22, 23, 24, 25, 26, 27.

PROPOSITIONS

Extraites par les qualificateurs du livre des Maximes des Saints, de M. l'archevêque de Cambrai.

l'intérêt

I. On peut aimer Dieu d'un amour qui est une charité pure, et sans aucun mélange du motif de ni le desir des récompenses, n'ont plus de part propre.......... Ni la crainte des châtiments, à cet amour. On n'aime plus Dieu, ni pour le mérite, ni pour la perfection, ni pour le bonheur qu'on doit trouver en l'aimant..... On l'aime néanmoins comme souveraine et infaillible béatitude de ceux qui lui sont fidèles : on l'aime comme notre bien personnel, comme notre récompense promise, comme notre tout; mais on ne l'aime plus par ce motif précis de notre bonheur et de notre récompense propre. Pag. 10

et 11, édit. de Paris.

II. Cette charité véritable n'est pourtant pas encore toute pure, c'est-à-dire, sans aucun mélange; mais l'amour de la charité prévalant sur le motif intéressé de l'espérance, on nomme cet état un état de charité. L'ame aime alors Dieu

pour lui et pour soi; mais en sorte qu'elle aime principalement la gloire de Dieu, et qu'elle n'y cherche son bonheur propre que comme un moyen qu'elle rapporte et qu'elle subordonne à la fin dernière, qui est la gloire de son Créateur.

P. 8 et 9.

III. Dans l'état de la vie contemplative ou unitive... on ne perd jamais ni la crainte filiale, ni l'espérance des enfants de Dieu, quoiqu'on perde tout motif intéressé de crainte et d'espé

rance. P. 24.

IV. L'ame désintéressée dans la pure charité attend, desire, espère Dieu comme son bien, comme sa récompense, comme ce qui lui est promis, et qui est tout pour elle. Elle le veut pour soi, mais non pour l'amour de soi : elle le veut pour soi, afin de se conformer au bon plaisir de Dieu, qui le veut pour elle; mais elle ne le veut point pour l'amour de soi, parceque ce n'est plus le motif de son propre intérêt qui l'excite.

P. 12.

V. Ce pur amour ne se contente pas de ne vouloir point de récompense qui ne soit Dieu même. P. 25.

VI. Ce qui est essentiel dans la direction (des ames) est de ne faire que suivre pas à pas la grace, avec une patience, une précaution et une délicatesse infinie. Il faut se borner à laisser faire Dieu, et ne parler jamais du pur amour (dans l'errata, ne porter jamais au pur amour; et dans la version latine de M. de Cambrai, ad purum amorem nunquam impellere), que quand

Dieu, par l'onction intérieure, commence à ou- XIII. Dans les dernières épreuves, une ame vrir le cœur à cette parole qui est si dure aux peut être invinciblement persuadée d'une perames encore attachées à elles-mêmes, et si capa-suasion réfléchie, et qui n'est pas le fond intime ble ou de les scandaliser, u de les jeter dans le de la conscience, qu'elle est justement réprouvée trouble. P. 35. de Dieu. P. 87.

VH. Dans l'état de la sainte indifférence, une ame n'a plus de desirs volontaires ni délibérés pour son intérêt, excepté dans les occasions où elle ne coopère pas fidèlement à toute sa grace. P. 50.

XIV. L'ame alors est divisée d'avec ellemême ; elle expire sur la croix avec Jésus-Christ, en disant: O Dieu! mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonnée? Dans cette impression involontaire, de désespoir, elle fait le sacrifice absolu de son intérêt propre pour l'éternité.

XV. Il n'est question que d'une conviction qui n'est pas intime, mais qui est apparente et invincible. En cet état, une ame perd toute espérance pour son propre intérêt; mais elle ne perd

VIII. Dans la sainte indifférence, on ne veut rien pour soi; mais on veut tout pour Dieu : on ne veut rien pour être parfait et bienheureux pour son propre intérêt; mais on veut toute perfection et toute béatitude, autant qu'il plaît à Dieu de nous faire vouloir ces choses par l'im-jamais dans la partie supérieure, c'est-à-dire, pression de sa grace, selon sa loi écrite, qui est toujours notre règle inviolable. P. 52.

IX. En cet état (de la sainte indifférence) on ne veut plus le salut comme salut propre, comme délivrance éternelle, comme récompense de nos mérites, comme le plus grand de tous nos intérêts; mais on le veut d'une volonté pleine, comme la gloire et le bon plaisir de Dieu, comme une chose qu'il veut, et qu'il veut que nous voulions pour lui. P. 52, 53.

X. Non seulement l'ame indifférente desire pleinement son salut, en tant qu'il est le bon plaisir de Dieu, mais encore la persévérance,... et généralement sans aucune exception, tous les biens... qui sont dans l'ordre de la Providence une préparation de moyens pour notre salut et pour celui de notre prochain. La sainte indifférence admet non seulement des desirs distincts, et des demandes expresses pour l'accomplissement de toutes les volontés de Dieu qui nous sont connues, mais encore des desirs généraux pour toutes les volontés de Dieu que nous ne connoissons pas. P. 60, 61.

XI. Cette abnégation de nous-mêmes n'est que pour l'intérêt propre, et ne doit jamais em pêcher l'amour intéressé que nous nous devons à nous-mêmes, comme au prochain, pour l'amour de Dieu. Les épreuves extrêmes où cet abandon doit être exercé sont les tentations, par lesquelles Dieu jaloux veut purifier l'amour, en ne lui faisant voir aucune ressource ni aucune espérance pour son intérêt propre, même éternel. P. 72, 73.

XII. Tous les sacrifices que les ames les plus désintéressées font d'ordinaire sur leur béatitude éternelle, sont conditionnels;... mais ce sacrifice ne peut être absolu dans l'état ordinaire. Il n'y a que le cas des dernières épreuves, où ce sacrifice devient en quelque manière absolu. P. 87.

dans ses actes directs et intimes, l'espérance parfaite, qui est le desir désintéressé des promesses. Elle aime Dieu plus purement que jamais. p. 90, 91.

XVI. Un directeur peut alors laisser faire à cette ame un acquiescement simple à la perte de son intérêt propre, et à la condamnation juste où elle croit être de la part de Dieu... Mais il ne doit jamais lui conseiller ni lui permettre de croire positivement, par une persuasion libre et volontaire, qu'elle est réprouvée, et qu'elle ne doit plus desirer les promesses par un desir désintéressé. P. 91, 92.

XVII. Toute excitation empressée et inquiète, qui prévient la grace, de peur de n'agir pas assez; toute excitation empressée, hors le cas du précepte, pour se donner, par un excès de précaution intéressée, les dispositions que la grace n'excite pas dans ces moments-là, parcequ'elle. en inspire d'autres moins consolantes et moins perceptibles; toute excitation empressée et inquiète, pour se donner comme par secousses marquées un mouvement plus aperçu, et dont on puisse se rendre aussitôt un témoignage intéressé, sont des excitations défectueuses pour les ames appelées au désintéressement paisible du parfait amour. P. 99, 100.

XVIII. Les ames encore intéressées pour ellesmêmes veulent sans cesse faire des actes fortement marqués et réfléchis, pour s'assurer de leur opération, et pour s'en rendre témoignage; au lieu que les ames désintéressées sont par elles-mêmes indifférentes à faire des actes distincts ou indistincts, directs ou réfléchis. Elles en font de réfléchis toutes les fois que le précepte peut le demander, ou que l'attrait de la grace les y porte; mais elles ne recherchent point les actes réfléchis par préférence aux autres, par une inquétude intéressée pour leur propre sûreté, P. 117,118.

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