Images de page
PDF
ePub

Nous avons nouvelle qu'il a appris sa con-, surpris et très mortifié d'une réponse si prompte, damnation le 25, deux heures avant le sermon si nette, et si pleine d'improbation de ce projet qu'il devoit faire, et qu'il a tourné son sermon, favori. Le courrier arriva jeudi 26 de ce mois, sans rien spécifier, sur la soumission aveugle qui et le cardinal alla le lendemain matin chez le étoit due aux supérieurs et aux ordres de la Pro- Pape, faisant semblant de porter des nouvelles vidence. fâcheuses d'Espagne.

J'ai été chez M. de Beauvilliers me réjouir avec lui de sa soumission, et l'assurer que je n'ai pas seulement songé à dire ce que M. de Cambrai m'impute dans sa lettre à M. le nonce. Jamais décision du Saint-Siége n'a été reçue avec plus de soumission et de joie. M. de Beauvilliers et M. de Chevreuse ont envoyé leurs exemplaires du livre des Maximes à M. de Paris; et tout le monde les imite, sans attendre que le bref soit publié dans les formes.

Cette décision tournera à l'honneur du SaintSiége; cela s'appelle absoluta, docta et cauta censura. Vous ne sauriez aller trop tôt aux pieds du Pape, pour lui témoigner ma profonde vénération et ma grande joie, ni témoigner trop promptement à ces doctes et courageux cardinaux, et surtout au cardinal Casanate, mon admiration.

Cependant on n'a pas laissé de se douter du vrai sujet de sa visite, et on a su qu'il y avoit une lettre du roi au Pape, qui contenoit de nouvelles instances pour le jugement. Quoiqu'il semble que cette dépêche soit venue dans un temps où l'on n'en avoit plus besoin, je suis persuadé que, par rapport aux circonstances présentes, cette déclaration du roi produira un bien, en faisant connoître plus certainement à cette cour qu'elle n'a pas sujet de se repentir d'en avoir trop fait, et qu'elle ne pouvoit pas en faire moins pour répondre aux justes et pressantes sollicitations de la France contre un si mauvais livre.

Je ne sais comment M. le cardinal de Bouillon aura tourné les choses au Pape : sans doute il aura bien témoigné ne pas approuver le zèle de ceux qui ont cru devoir faire avertir le roi de On fait dire ici au cardinal d'Aguirre, Domi- ce qui se passoit ici. Mais j'espère que le Pape nus Meldensis vuit vincere, est justum vult aura bien compris qu'ils y étoient obligés en hontriumphare,nimis est : M. de Meaux veut vain-neur et en conscience: en tout cas, ils ont voulu cre, cela est juste; il veut triompher, c'est trop. Je ne veux non plus vaincre que triompher; et l'un et l'autre n'appartiennent qu'à la vérité et à la chaire de saint Pierre.

n'avoir rien à se reprocher, et n'ont écrit que la pure vérité. J'avois prévenu le cardinal Spada, il y a huit ou dix jours, du compte que j'avois cru devoir rendre en France de ce qui regardoit le projet des canons, afin qu'il ne fût pas étonné des lettres un peu fortes qui pourroient venir làdessus. Il me dit que j'avois fort bien fait, et que le tout ayant été réparé par un prompt ju

Je ne puis vous dire en détail ce qu'on fait on ne prendra des mesures qu'après avoir vu le paquet de M. le nonce. Le roi m'appela dès qu'il me vit. Je lui fis connoître, le mieux que je pus, ce qu'on devoit au Pape et aux grands car-gement, les plaintes que ce projet occasionnedinaux. Tout à vous.

A Versailles, lundi 30 mars 1699.

LETTRE CCCCXLVII.

DE L'ABBÉ BOSSUET A M. DE NOAILLES,
ARCHIEVÊQUE DE PARIS.

Sur les dernières lettres du roi contre le projet des ca-
nons; la bonne conduite du nonce pendant le cours de
cette affaire; et le mécontentement du Pape de n'avoir
pas donné une bulle.

Je me sers de l'occasion du courrier extraordinaire, qui a apporté les ordres que vous savez, et vos lettres avec celles de M. de Meaux, pour vous écrire. Il a ordre de se tenir prêt à partir cette nuit. M. le cardinal de Bouillon s'étoit douté du courrier que j'avois envoyé sur le nouveau projet des canons : il n'a pas laissé d'ètre très

roit ne serviroient qu'à confirmer le Pape dans le parti qu'il avoit pris; et tel est l'effet qui doit résulter des lettres du roi, si l'on ne prend pas plaisir à aigrir l'esprit du Pape. Je n'ai pu encore rien savoir de positif sur ce point, ayant été obligé de garder la chambre cinq ou six jours. Je sais que le cardinal de Bouillon a été deux heures enfermé avec le cardinal Spada, pour écrire apparemment de concert en cour. Je ne veux pas supposer qu'ils ne mandent pas la vérité.

Avant l'arrivée du courrier on avoit embrouillé de nouveau l'esprit du Pape, qui avoit dit, sur la demande qu'on feroit peut-être d'une bulle en forme au lieu d'un bref, qu'il n'en avoit déja que trop fait. Mais ces discours ne doivent pas faire craindre qu'il refuse à cet égard ce qui pourroit convenir, quand on le lui demandera; et je crois qu'on ne doit pas hésiter d'agir incessamment, si on ne l'a déja fait. On aimera ici

beaucoup mieux accorder une pareille demande, que de ne pas voir mettre à exécution le décret en France.

Il est très certain que le motu proprio n'est essentiel ni aux bulles, ni aux brefs même par rapport à Rome. Je trouve plusieurs bulles où il n'est point, surtout celles qui ont été publiées en France: quand on met ex consilio fratrum, et auditis cardinalibus, etc., ordinairement on ne met point le motu proprio, comme on le peut voir dans la bulle de Molinos, et dans la bulle que ce pape-ci a faite contre le népotisme, la plus anthentique qui ait jamais été. Pour les bulles et brefs où l'on met le motu proprio, ordinairement on n'y met pas auditis cardinalibus. C'est ce qu'on remarque dans le bref de Clément IX contre le rituel d'Alet, et dans la bulle de ce pape-ci sur la vénalité des charges de la chambre. Quant aux brefs sans motu proprio, il n'y a qu'à voir le bref de Clément IX contre le nouveau Testament de Mons, où il est dit: auditis cardinalibus, etc., sans le molu proprio; et celui de Clément X, de l'an 1673, qui contient la suppression des confréries sous le nom du Bon Pasteur. Les deux brefs de Clément IX sont de l'an 1668.

On peut encore remarquer que dans les brefs et bulles où l'on retranche le motu proprio, il n'est point nécessaire d'exprimer qu'ils aient été requis par personne, comme me le soutenoit le cardinal Albani, qui cherchoit par-là à excuser sa mauvaise tournure. Mais la maxime est fausse, car ils font les brefs et les bulles dans la forme qu'il leur plait, et ils doivent les construire pour les royaumes étrangers dans celles qui y sont admises: ainsi, en cas que le motu proprio, et la forme du bref, fassent de la peine en France, on ne doit pas hésiter à demander ici une bulle d'un autre style, et l'on n'hésitera pas ici à la

donner.

M. Giori mérite des remercîments particuliers du zèle et de la sincérité qu'il a montrés dans cette affaire; ce qui n'est pas peu pour un Italien.

Vous aurez bientôt à Paris M. le prince Vaïni, qui a rendu à la bonne cause tous les services qu'il a pu. Le cardinal de Bouillon s'attend qu'il dira beaucoup de bien de lui; mais je crois qu'il connoîtra assez le terrain pour ne pas exagérer, de peur de n'ètre pas cru.

Les jésuites sont plus abattus du coup qu'aueun autre il semble que chacun d'eux a été condamné dans la personne de M. de Cambrai; cela est visible.

Par tout ce qui m'est revenu depuis près de deux ans que cette contestation dure, il me pa

|

[blocks in formation]

On vient de m'assurer, de très bonne part, que le Pape est très fâché de n'avoir pas fait une bulle en forme, et d'être obligé d'y revenir. Le cardinal Albani veut faire retomber la faute sur le cardinal Casanate, mais sans fondement, ce dernier ayant toujours eu dessein de donner une bulle dont j'ai vu le projet ; mais quand il sentit que le cardinal Albani vouloit absolument se rendre maître, il l'a laissé faire un plat de son métier, c'est-à-dire un bref au secrétaire des brefs.

La reine de Pologne et le cardinal son père font le spectacle de Rome depuis huit jours. Il y a eu ce matin consistoire, et le Pape a donné le chapeau au cardinal Morigia, et au cardinal d'Arquien ou de La Grange. La goutte apris cette nuit à ce cardinal, et l'a empêché de faire le jeune homme à cette cérémonie.

Pendant que j'écrivois cette lettre, le révérend père Cambolas est venu me voir, et m'a dit un fait arrivé ce matin, qui est assez curieux. Le prieur du couvent où il habite, et qui est en même temps curé de la paroisse, lui a dit avoir exhorté ce matin à la mort un jeune prêtre de vingt-cinq ans, auquel il a entendu faire un acte d'amour parfait, qui contenoit le sacrifice absolu de son éternité, demandant en termes formels à Dieu qu'il le damnât, afin que sa justice et sa gloire en parussent davantage. Ce bon Père a été effrayé d'une pareille disposition; et ce n'a pas été sans peine qu'il a fait faire au mourant des actes de foi et d'espérance, et des demandes expresses du salut: après quoi il lui a administré les sacrements, et il est mort. Au sortir de là ce religieux a raconté le tout à son général, au père Cambolas, et à plusieurs autres des principaux religieux. Le fait est constant, et me confirme dans le soupçon que j'ai toujours eu que cette pernicieuse doctrine est plus enracinée dans Rome qu'on ne le croit. Piût à Dieu qu'elle ne le soit pas autant en France!

Rome, ce 30 mars 1699.

LETTRE CCCCXLVIII.

DE L'ABBÉ BOSSUET A SON ONCLE.

Sur un indult qu'il desiroit obtenir; des remerciments qu'il convenoit de faire à ceux qui avoient servi avec zèle dans la cause; et le sujet pour lequel le cardinal de Bouil

lon interrompit le lecture du bref.

Un grand rhume, avec un peu de fièvre, m'empêche de vous écrire longuement. Je vous envoie copie de la lettre que je dictai hier pour M. de Paris, par laquelle vous apprendrez tout ce qui peut vous intéresser.

Je songe très sérieusement à partir aussitôt que je le pourrai, et que j'en aurai la liberté, c'est-à-dire après avoir vu ici ce qu'on jugera à propos de faire en France, et ce que M. de Cambrai fera. J'espère le savoir à peu près au commencement de mai, et pouvoir être ainsi à Venise à l'Ascension. Mais je serois bien aise de ne pas sortir de ce pays-ci sans faire les derniers efforts pour obtenir l'Indult pour les bénéfices de mon abbaye. Les circonstances seront favorables; et si M. le prince de Monaco veut bien m'aider là-dedans, je compte en venir à bout. Voyez, s'il vous plaît, en quoi vous pouvez m'aider du côté du roi et du nonce. Si M. de Monaco pouvoit dire ici que cela fera plaisir au roi, ce seroit un bon moyen pour réussir. Il faut toujours que vous en écriviez à ce ministre et à M. le cardinal Panciatici. Vous ne devez pas oublier dans votre lettre de lui témoigner la satisfaction qu'on a du zèle avec lequel il s'est porté contre l'erreur. Vous ferez bien aussi d'écrire au cardinal Casanate, relativement à l'affaire terminée, une lettre de confiance. On doit tout attendre de son amitié pour vous, et de son zèle pour l'honneur de l'Église. Je m'attends que vous écrirez aussi une belle lettre à M. Giori, sur son zèle et les services qu'il a rendus.

J'ai reçu, par le courrier de M. de Torcy, une douzaine d'exemplaires des Passages éclaircis, et de la Réponse du Théologien de M. de Chartres. Je me suis fait lire le premier écrit, et je l'ai trouvé excellent et démonstratif; on l'attendoit ici.

J'apprends dans le moment que Sa Sainteté témoigne n'être pas fâchée des nouvelles instances du roi, voyant par-là que la condamnation du livre de M. de Cambrai en sera reçue plus agréablement. On m'a dit aussi qu'il commence à s'apercevoir de l'artifice du cardinal Albani, auteur du bref. Il est fâché de n'avoir pas fait une bulle; au moins il le témoigne.

[ocr errors]

endroits, qu'il paroit de plus en plus être biett aise de ce qu'il a fait depuis les lettres du roi et les applaudissements qu'a donnés à son décret le grand-due, qui véritablement s'est comporté à merveille dans cette affaire.

grande conséquence pour moi, et peut être fort L'obtention de l'indult que je desire est de utile à d'honnêtes gens, à qui je serai par-là en état de rendre service.

Je ne puis trop vous recommander M. Madot: je vous ai écrit, par ma lettre du 24, bien des choses sur ce chapitre. Le cardinal de Bouillon est furieux contre lui, parcequ'il le craint.

Les dépenses extraordinaires ont été ici plus loin qu'on ne pourroit se l'imaginer. Mais j'ai cru ne devoir rien épargner pour réussir dans une affaire où il s'agissoit de l'intérêt de l'Église et du bien de l'état et où tout rouloit, j'ose vous le dire, sur moi.

Je ne sais si je vous ai marqué précisément à quel sujet le cardinal de Bouillon interrompit la lecture du bref, qui se faisoit en présence du Pape, le lundi 12, jour du jugement. Ce fut pour demander qu'on ajoutât après les propositions ces mots : quas auctor non agnoscit suas. Il se fondoit sur ce qu'on n'a pas interrogé juridiquement l'auteur, comme l'avoit été Molinos, qui reconnut ses propositions; et que, loin d'être favorisé par l'aveu de M. de Cambrai, il protestoit au contraire qu'on tronquoit et altéroit ses textes. Mais les belles représentations du cardinal de Bouillon ne touchèrent personne; il fut sifflé par les cardinaux, et le Pape ordonna qu'on passât outre : trois fois cependant il interrompit la lecture, et trois fois on méprisa tous ses vains discours.

Je vous envoie quelques exemplaires du bref, pour vous servir, en cas qu'on ne juge pas à propos de l'imprimer en France.

Rome, ce 31 mars 1699.

EPISTOLA CCCCXLIX.
CAMERACENSIS ARCHIEPISCOPI AD
INNOCENTIUM XII *.

Pontifici renuntiat se censuræ libri sui adhærere, eumque,
per mandatum, sine ulla restrictione condemnaturum,
simul atque id sibi à rege licere resciverit.

SANCTISSIME PATER,

Audita Beatitudinis Vestræ de meo libello sententiâ, verba mea dolore plena sunt; sed

*Cette lettre, et les trois pièces que nous y joignons, quoiportantes pour être omises dans cette correspondance. Elles

On vient encore de m'assurer, de plusieurs qu'elles ne soient pas tout-à-fait de même date, sont trop im

animi submissio et docilitas dolorem superant. Non jam commemoro innocentiam, probra, totque explicationes ad purgandam doctrinam scriptas. Præterita omnia omitto loqui. Jam apparavi mandatum per totam hanc diœcesim propagandum, quo censuræ apostolicæ humillimè adhærens, libellum cum vigenti tribus propositionibus excerptis, simpliciter, absolutè et absque ullâ vel restrictionis umbra condemnabo, eâdem pœna prohibens, ne quis hujus diœcesis libellum aut legat, aut domi servet. Quod mandatum, beatissime Pater, in lucem edere certum est, simul atque id mihi per regem licere rescivero. Tum in me nihil moræ erit, quominus id intimæ et plenissimæ submissionis specimen per omnes Ecclesias, necnon et per gentes hæreticas disseminetur. Nunquam enim me pudebit à Petri successore corrigi, cui fratres confirmandi partes commissæ sunt.

Ad servandam sanorum verborum formam, igitur libellus in perpetuum reprobetur. Intra paucissimos dies id ratum faciam. Nulla erit distinctionis umbra levissima, quâ decretum

sont d'ailleurs nécessaires pour l'intelligence des lettres postérieures de Bossuet et de son neveu. Nous ajoutons ici quelques faits relatifs à ces pièces, dont il est bon que le lecteur solt instruit.

Rome, l'abbé de Chanterac l'expédia à l'archevêque de Cam

son mandement, et écrivit au marquis de Barbezieux, secré

eludi possit, aut tantula excusatio unquam adhibeatur. Vereor equidem, uti par est, ne Beatitudini Vestræ sollicitudine omnium Ecclesiarum occupatæ molestus sim. Verùm ubi mandatum ad illius pedes brevi mittendum, ut submissionis absolutæ signum, benignè acceperit, meum erit ærumnas omnes silentio perferre. Summâ cum observantiâ et devoto animi cultu ero in perpetuum, etc.

FRANCISCUS, archiep. Cameracensis.

Cameraci, 4 aprilis 1699.

LETTRE CCCCL.

DE FÉNELON A L'ÉVÊQUE D'ARRAS.

Il lui annonce sa soumission absolue à la condamnation de son livre, et la publication prochaine de son mandement à ce sujet.

Permettez-moi, monseigneur, de vous dire grossièrement que vous avez été trop réservé en gardant le silence. Qui est-ce qui me parlera, sinon vous, qui êtes l'ancien de notre province? Il n'y a rien, monseigneur, que vous ne me puissiez dire sans aucun ménagement. Quoique je sente ce qui vient d'être fait, je dois néanmoins vous dire que je me sens plus en paix Dès que le bref contre le livre des Maximes eut été publié à que je n'y étois il y a quinze jours. Toute ma brai par un courrier. Avant de l'avoir reçu, ce prélat, qui conduite est décidée. Mon supérieur, en déciavoit d'abord appris par Paris la condamnation de son livre, dant, a déchargé ma conscience. Il ne me reste manda à l'abbé de Chanterac qu'il attendoit lu bulle pour plus qu'à me soumettre, à me taire, et à porter mesurer sur ses paroles celles de son mandement d'acceptation, qu'il se proposoit de faire le plus simple et le plus la croix dans le silence. Oserai-je vous dire que court possible. Il n'eut pas plutôt reçu le bref, qu'il acheva c'est un état qui porte avec lui la consolation taire d'état, afin d'avoir l'agrément du roi pour le publier. pour un homme droit, qui ne veut regarder Sans attendre la réponse du ministre, ne voulant pas que le que Dieu, et qui ne tient point au monde? Mon voya à l'abbé de Chanterac une lettre (celle du 4 avril) pour mandement est devenu, Dieu merei, mon uniêtre remise à Sa Sainteté, avec une copie de son mandement que affaire, et il est déja fait. J'ai tâché de projeté, qu'il ne vouloit pas encore faire présenter officielle-choisir les termes les plus courts, les plus simment, de peur, disoit-il, qu'on ne le fit passer pour mauvais François, si on savoit qu'il eût reconnu un jugement ples et les plus absolus. Il seroit déja publié, de Rome sans y avoir été autorisé par le roi. si je n'attendois les ordres du roi, que j'ai demandés à M. de Barbezieux, pour ne blesser point les usages du royaume, par rapport à la réception des bulles et autres actes juridiques de Rome. Voilà, monseigneur, l'unique raison qui retarde la publication de mon mandement. Il coûte, sans doute, de s'humilier; mais la moindre résistance au Saint-Siége coûteroit cent fois davantage à mon cœur ; et j'avoue que je ne puis comprendre qu'il y ait à hésiter en une telle occasion. On souffre; mais on ne délibère pas un moment. Je serai, etc.

Pape eût le moindre doute sur son entière soumission, il en

Le 27 avril, il se tint à Rome une congrégation dans laquelle on lut la lettre de Fénelon au Pape, et celle qu'il avoit écrite à l'évêque d'Arras, dont ce prélat avoit répandu des copies.

Tout le monde en fut satisfait, et le Pape chargea le cardinal

Albani de faire à l'archevêque de Cambrai une réponse honorable. Le bref étoit dressé, quand l'abbé Bossuet, en ayant eu connoissance, parvint, à force d'intrigues, à le faire suppri

mer. (Voyez ses lettres des 5, 12 et 19 mai, ci-après.)

Dans cet intervalle, Fénelon avoit reçu la réponse du ministre pour la publication de son mandement. Aussitôt il s'empressa de l'envoyer au Pape, avec une nouvelle lettre en

celle du 10 avril, qui paroît ici pour la première fois.) On verra, dans les lettres de l'abbé Bossuet, qu'il se donna bien des mouvements pour en avoir communication; mais inutilement. Elle fat tenue si secrète, qu'excepté le cardinal Albani et probablement le cardinal de Bouillon, aucun des autres n'en eut connoissance. Le Pape y répondit par son bref du 12 mai. Voyez l'Hist. de Fénelon, liv. III, n. 77 et suiv., tom. II, pag. 254 et suiv., 3e édit.

Nous n'insérons pas ici le mandement de Fénelon, parcequ'il se trouve dans la Relation faite à l'assemblée de 1700. ci-dessus, tom. y. (Édit. de Vers.)

EPISTOLA CCCCLI.

CAMERACENSIS ARCHIEPISCOPI AD INNOCEN

TIUM XII.

Mandatum, quod epistolà præcedenti renuutiaverat, Pontifici mittens suam brevi apostolico plenissimam adhæsionem iterat, seususque reverentiæ et amoris filialis

CCCCLII.

BREVE INNOCENTII XII AD ARCHIEPISCOPUM CAMERACENSEM.

INNOCENTIUS PAPA XII.

Venerabilis Frater, ubi primùm accepimus

erga Ecclesiam matrem atque optimum Pontificem, sig- Fraternitatis Tuæ, mense aprili proximè elapso,

nificat.

SANCTISSIME PATER,

Mandatum, quod jam per hanc diœcesim propalatur, ad Beatitudinis Vestræ pedes humillimè sisto, ut certior fiat me apostolico brevi, quo libellus de sanctorum Placitis, etc., damnatus est, plenissimè, simplicissimè, et absque ullâ restrictione adhærere. Ex scriptis apologeticis per biennium excusis, ni fallor, innotuit me, in edendo libello, illusioni patrocinari nullate- nus voluisse; imò fuisse infensissimum. Insuper, ut iisdem scriptis declaravi, nihil certè piguisset ab eo tuendo desistere, ad pacem componendam. Verùm, sanctissime Pater, religio vetuit, ne alienæ sententiæ, reluctante conscientiâ, obsequerer, ad repudiandum uniformem, ut mihi tum videbatur, tot sanctorum cujusque ætatis sermonem, nisi Sedis apostolicæ auctoritas accederet. Etenim testis est mihi cordium scrutator et judex Deus, id potissimùm mihi cordi fuisse, ut sanctorum experimenta et dicta, in libello simpliciter relata, plerumque temperarentur. Unde arbitrabar me abunde consuluisse, ne textus unquam trahi posset ad sensum alienum ab eo, quem in apologeticis scriptis ingenuè et constanter asserui. Verum tamen, sanctissime Pater, jam meum est cre-" dere mentem meam eo in libello malè esse explicitam, meque in cautionibus adversùs errorem adhibendis proposito arduo excidisse. Ad hoc fatendum facilè me movet tanta auctoritas, quam suscipiens tantulas ingenii vires nihili facio. Igitur nihil queror, nihil postulo, sanctissime Pater. Hoc unum mihi solatio erit, scilicet tribulationem humili et obedienti animo, quoad vixero, perferre. Eadem prorsus erit semper, Deo dante, erga Sedem apostolicam reverentia et devotio; idem constans erga Ecclesiam matrem et magistram amor filialis. Easdem preces singulis diebus fundam, ut piissimus Pontifex gregem dominicum fructuosè, pacificè ac diutissimè pascat. Æternum ero intimâ cum observantia, et religioso animi cultu, sanctissime Pater, etc.

Cameraci, 10 aprilis 1699.

[ocr errors]

ad nos datas litteras, unaque cum illis exemplar mandati, quo apostolicæ nostræ, libri à te editi cum viginti tribus inde excerptis propositionibus, damnationi humiliter adhærens, eam commisso tibi gregi prompto obsequentique animo edixisti; summoperè lætati sumus. Novo siquidem hoc debitæ ac sinceræ tuæ erga nos et hanc sanctam Sedem devotionis atque obedientiæ argumento, illam quam de Fraternitate Tuâjampridem animo conceperamus, opinionem abunde confirmasti. Nec sanè aliud nobis de te pollicebamur; qui ejusmodi voluntatis tuæ propositum disertè explicasti, ex quo ab hâc cæterarum matre et magistrâ Ecclesiâ doceri ac corrigi demissè postulans, paratas ad suscipiendum verbum veritatis aures exhibuisti'; ut quid tibi aliisque de libro tuo præfato, contentâque in eo doctrinâ sentiendum esset, prolato à nobis judicio statueretur. Tuæ itaque sollicitudinis zelum, quo pontificiæ sanctioni alacriter obsecutus fuisti, plurimùm in Domino commendantes, pastoralibus laboribus ac votis tuis adjutorem et protectorem omnipotentem Deum ex animo precamur; tibique, venerabilis Frater, apostolicam benedictionem peramanter impertimur. Datum Romæ, sub annulo Piscatoris, die 12 Maii, anno 1699, pontificatûs nostri octavo.`

[blocks in formation]

Il lui rend compte des lettres qu'il avoit reçues; et juge peu nécessaire et dangereux de demander une bulle à la place du bref.

Permettez-moi, monseigneur, dans la petite peine que j'ai à écrire, de vous rendre compte, par une main étrangère, des lettres que j'ai recues de mon neveu hier et aujourd'hui, du 24 et du 31 mars.

M. le cardinal de Bouillon étoit fort fâché contre M. Madot, et je crois être obligé de vous en avertir, afin que vous préveniez les mauvais offices, tant contre lui que contre mon neveu. Le sujet de sa plainte est qu'il nous a avertis, vous et moi, par un homme exprès, et que ce gentilhomme lui a offert son

« PrécédentContinuer »