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rive cette semaine, et il peut paroître à tout moment. Tout veut que je l'attende mais aussitôt que je l'aurai vu, je pars sans aucun retardement.

J'ai reçu trois imprimés des procès-verbaux de votre assemblée, qui m'ont été adressés par M. Ledieu. Je crois pouvoir vous assurer que cette cour ne sera rien moins que contente du personnage qu'y font les évêques; mais je suis le plus trompé du monde si elle ose en témoigner de la peine, au moins publiquement. Comme j'ai su que le cardinal Spada avoit envoyé ce procès-verbal de la part du Pape au cardinal Casanate, j'allai hier chez cette Eminence, pour voir ce qu'elle m'en diroit. Elle l'avoit lu et renvoyé au cardinal Spada, avec quelques notes sur les endroits qui lui paroissoient les plus délicats. Généralement cette cour sent le coup, et voit réduit en pratique le Nisi Ecclesiæ consensus accesserit, du quatrième article de l'assemblée de 1682.

Le cardinal Casanate me dit franchement qu'il avoit cru que les évêques ne parleroient pas si fortement, et che il negozio anderebbe piu piano; c'est-à-dire, qu'on ne diroit rien qui pût faire de la peine à cette cour. Je le fis entrer dans le particulier des points qu'il pouvoit trouver repréhensibles, et il ne put me citer que deux endroits: l'un, où l'on dit que « les évêques ne doivent point être réputés sim» ples exécuteurs des jugements des papes; » et l'autre, page suivante, où il est dit des décrets des papes, « qu'étant suivis du consentement » de toute l'Église, ils ont entièrement fini les » questions. Par où, dit-il, on semble rappeler » le quatrième article de l'assemblée de 1682, » Nisi Ecclesiæ consensus accesserit. »

Quant au consentement de l'Église, qui, sans concile général, finissoit les affaires, je lui montrai que c'étoit un fait appuyé sur des exemples fameux, comme celui de la condamnation de l'hérésie de Pélage, qui avoit fait dire à saint Augustin, après l'acquiescement des Églises dispersées au jugement des évêques d'Afrique et du Pape : Causa finita est. Enfin, je lui représentai que les évèques de France n'avoient fait que suivre pied à pied la conduite de leurs prédécesseurs.

Il convint avec moi du droit des évêques de juger en première instance. Mais ce qui fait de la peine ici, c'est que les évêques veuillent juger après la décision du Pape, ce qui est, dit-on, une marque de supériorité. Je lui demandai si les évêques, dans les conciles généraux, n'étoient pas de vrais juges, quoique les papes eussent prononcé sur la matière contestée; et c'est à quoi on ne sauroit répondre que du verbiage. Il m'avoua à la fin que le tout pouvoit passer, et étoit fait avec grande adresse; mais qu'il savoit qu'on vouloit s'alarmer là-dessus, et qu'il l'empêcheroit de tout son possible. Je l'en ai supplié, et il m'a paru très bien disposé.

Il faut avouer que, dans cette cour, durus est hic sermo. Mais il faut qu'ils le passent, par la raison qu'on ne peut rien faire contre la vérité, et qu'ils craignent le clergé de France.

Cette circonstance ne m'est pas trop favorable pour la grace que je demande.

Je vis samedi le Pape, qui m'accabla d'honnêtetés, et me dit les choses les plus obligeantes pour vous; mais qui me parut très difficile sur le fait de mon indult. Il m'a dit qu'il y penseroit et repenseroit. Franchement, je crains bien de ne le pouvoir emporter sans M. de Monaco ; ce sera ma dernière ressource. Je prendrai dans deux jours congé de Sa Sainteté, et verrai ce qui en est et ce qu'on en peut attendre.

Enfin le Pape donna audience jeudi, au sortir du saint-office, à M. le cardinal de Bouillon, et j'en ai été très aise. Je sais, et du Pape et de M. Aquaviva, que M. le cardinal de Bouillon lui parla un peu durement. Il m'a paru que Sa Sainteté avoit été très mécontente de cette Éminence; mais elle a bien voulu user d'indulgence, par amitié pour le roi, dont M. le cardinal de Bouillon est ambassadeur. Quant à sa personne, on ne peut pas, je vous assure, en être plus mal satisfait que le Pape l'est.

Il ne me fut pas difficile de justifier ces deux endroits, ainsi que l'esprit qui a dirigé à cet égard le procès-verbal ; et après avoir établi que les évêques, hors des conciles généraux et dans les conciles généraux, sont véritables juges des matières de foi, il ne put pas raisonnablement disconvenir de la conséquence qu'ils ne devoient pas être réputés simples exécuteurs, etc. Mais il n'eut rien à me répondre quand je lui fis voir qu'on ne recevroit pas avec plus de soumission et de respect, et d'une autre manière, un décret d'un concile général convoqué par le Pape, où le Pape auroit présidé, et auquel l'Église de France n'auroit pas assisté; qu'en ce cas l'acceptation de l'Église de France seroit On m'a averti que M. le cardinal de Bouillon nécessaire, et qu'alors les évêques seroient aussi avoit écrit en cour que j'avois traversé son aubien juges de la foi et de la conformité des dé-dience: il seroit bien ingrat et bien méchant, si crets avec la tradition, que s'ils prononçoient dans le concile.

cela étoit. Je puis assurer que j'ai agi tout au contraire, et que j'ai pris la liberté de témoigner

au Pape qu'il ne pouvoit rien faire de plus agréable au roi, que de recevoir son ministre. M. le cardinal de Bouillon m'a fait l'honneur de me remercier des démarches qu'il sait que j'ai faites dans cette affaire ; et je puis vous assurer que ce qui a le plus déterminé le Pape à accorder l'audience a été de voir que tous les François, même ceux que M. le cardinal de Bouillon n'aimoit pas, étoient tous réunis à lui procurer cette grace, et tâchoient d'engager le Saint-Père à distinguer le ministre du cardinal.

M. Giori n'oublie aucun bon office auprès de Sa Sainteté pour obtenir ma grace; mais je puis vous assurer (et je crois m'y connoître) qu'elle est bien moins disposée pour moi à présent, qu'elle l'étoit il y a huit jours. Je ne fais et ne ferai point semblant de m'en apercevoir.

Rome, ce 16 juin 1699.

LETTRE CCCCLXXXIX.

DE L'ABBÉ PHELIPPEAUX A BOSSUET. Sur le procès-verbal de l'assemblée provinciale de Paris; deux écrits déférés à l'inquisition; et l'affaire du curé

de Seurre.

Le procès-verbal de l'assemblée provinciale de Paris est également plein de sagesse et de science ecclésiastique: on y donne à Rome tout ce qui lui convient, et on conserve avec force et avec gravité l'honneur de l'épiscopat et les libertés fondamentales de l'Église de France. On sent bien l'esprit qui a gouverné cette assemblée. Par-là M. de Cambrai, aussi bien que ses adhérents, demeurent sans ressource; l'erreur est bien notifiée à tout le monde chrétien, et rien n'est plus éclatant que la condamnation de son livre.

On a déféré à l'inquisition le Post-scriptum contenant des remarques sur le bref, et la solution du problème ecclésiastique. Je ne doute nullement que l'un et l'autre ouvrage ne reçoivent bientôt la flétrissure qu'ils méritent.

Le curé de Seurre pourra bien, dans la suite, donner un spectacle à Rome; et cette cour demeurera persuadée de la justice du procédé des trois évêques, et de la nécessité où ils étoient de s'élever contre cette secte, si répandue et si dangereuse.

On parle diversement de l'audience que M. le cardinal prétend avoir eue du Pape, le jeudi après

*Cet écrit a pour titre : POST-SCRIPTUM de la seconde Lettre d'un Theologien à M. l'éréque de Meaux, avec des remarques sur le nouveau bref du Pape. Il est rapporté tout entier dans la Relation de l'abbé Phelippeaux, IIe part., p. 250.

la congrégation du saint-office, tenue devant Sa Sainteté. On attend incessamment M. de Monaco : il est temps qu'il arrive, et que nous partions. Je suis, avec un profond respect, etc. Rome, ce 16 juin 1699.

LETTRE CCCCXC.

DE BOSSUET A SON NEVEU.

Il souhaite qu'on ménage l'autorité du Saint-Siége; et approuve la conduite de son neveu dans l'affaire du cardinal de Bouillon.

Votre lettre du 2 m'a été envoyée ce matin par un exprès de votre frère, par lequel je réponds. Plus Rome est raisonnable, plus je souhaite qu'on la ménage et qu'on en conserve l'autorité, où consiste le salut et le soutien de l'Église et de la catholicité.

J'attends avec impatience le succès de votre demande pour l'indult. Les lettres que m'ont écrit sur ce sujet M. le cardinal Panciatici et M. le cardinal Casanate, en réponse aux miennes, sont très obligeantes, particulièrement celle du dernier.

Je suis ravi de la réponse du grand-duc sur le sujet de M. de Madot. J'ai instruit amplement sur cette affaire, et j'ai envoyé des mémoires les plus circonstanciés que j'ai pu, par les voies les plus efficaces.

Vous avez bien fait de parler au Pape comme vous avez fait. Je rendrai compte de tout, et M. le cardinal de Bouillon doit vous être fort obligé. Il ne paroit pas qu'à la cour on prenne grande part à son démêlé avec l'ambassadeur de l'empereur, dont on sait les causes; et ou s'en explique presque publiquement.

Meaux, ce 20 juin 1699.

LETTRE CCCCXCI.

DE L'ABBÉ BOSSUET A SON ONCLE. Sur le cardinal de Bouillon et le prince de Monaco. Je n'ai point reçu de lettre de Paris les deux derniers ordinaires; je suppose que je trouverai le tout à Florence, d'où je vous écrirai la première fois.

M. Poussin vous dira tout le particulier de ce qui se passe ici. Il me presse d'écrire sur le cardinal de Bouillon, et la dernière affaire qu'il a eue. Je vous dirai que ce cardinal a tout sujet de se louer de moi; mais il est assez malin pour ne le vouloir pas faire : au contraire, il n'aime pas les gens à qui il peut avoir quelque obliga

tion. Au reste, ce que j'ai cru devoir faire, je | dans les lieux où je serai obligé de m'arrêter. l'ai fait par un autre principe que celui d'avoir l'honneur de ses bonnes graces.

J'ai commencé ce matin à entretenir M. le prince de Monaco. J'en suis très content; il fera assurément des merveilles. Il est capable de tout, veut être instruit, est noble, magnifique, et aime le roi. Le Pape ne peut plus souffrir le cardinal de Bouillon, et veut voir le prince de Monaco, quoiqu'il n'ait pas fait son entrée.

Je parlerai demain à ce ministre de la grace que je demande, et que je n'aurai point sans

son secours.

Rome, ce 25 juin 1699.

LETTRE CCCCXCII.

DE L'ABBÉ BOSSUET A SON ONCLE.

Sur les bontés que le Pape lui avoit témoignées dans son audience de congé; et la sensation que faisoit à Rome le procès-verbal de l'assemblée de Cambrai.

J'ai une impatience très grande de me voir hors d'ici, et de pouvoir vous rejoindre.

On ne fera ici semblant de rien sur vos assemblées; on sait tout. On a vu le procès-verbal de Cambrai; on y reconnoît bien l'esprit de M. de Cambrai et ses bonnes intentions: cela ne lui fait pas honneur.

Rome, ce 29 juin 1699.

LETTRE CCCCXCIII.

DE L'ABBÉ BOSSUET A SON ONCLE.

Sur le jugement qu'on portoit à Rome de la conduite de M. de Cambrai daus l'assemblée de sa province; et le silence politique de la cour de Rome à l'égard de ces assemblées.

Nous partîmes hier de Rome en bonne santé, Dieu merci, et sommes arrivés jusqu'ici en très bon état.

voient manifestement le caractère et l'esprit de l'auteur. M. le cardinal Casanate m'a dit, fait ce que les cardinaux du saint-office devoient avant-hier, que M. l'évêque de Saint-Omer avoit faire, en obligeant M. de Cambrai de s'expliquer plus clairement ; et que l'attache de cet archevêque à ses explications faisoit bien voir les sentiments qu'il retenoit dans son cœur. On ne parlera de rien. Je suis sûr que la cour de Rome n'osera faire le moindre bruit sur ce qui se passe dans les assemblées. Elle voudroit bien qu'elles fussent toutes finies, pour n'en entendre plus parler.

J'ai laissé à Rome tout tranquille sur ce qui Je vous écris un mot par le courrier que M. de Monaco renvoie à la cour. Je pars sans se passe en France dans les assemblées provinfaute demain. J'ai pris congé ce matin de Saciales. On a lu le procès-verbal de Cambrai : ils Sainteté, dont j'ai reçu toutes les marques de bonté imaginables pour vous et pour moi. Je vous rendrai compte du particulier de cette audience. Le Pape m'a prié de vous assurer, aussi bien que M. de Paris, de son affection, de son estime, et de tout ce que vous pouvez desirer. J'ai entendu sa messe ce matin, il se porte fort bien. J'ai su qu'il avoit de la peine à m'accorder la grace de l'indult, que je lui ai demandée : il a dit qu'il craignoit l'exemple. J'ai cru ne devoir pas hasarder un refus, parceque M. de Monaco auroit plus de peine ensuite à ramener le Pape. Le ministre a reçu des ordres de s'employer pour moi dans cette affaire. Je lui ai remis votre lettre, et il m'a comblé de bontés. Il veut demander cette grace à Sa Sainteté à sa première audience : je lui ai donné toutes les instructions

nécessaires. M. le cardinal Panciatici m'a encore

donné parole ce matin qu'il ne me seroit pas contraire. M. l'ambassadeur commencera par lui parler de cette affaire. J'ai lieu de tout espérer des offices de ce ministre, qui eut samedi sa première audience de Sa Sainteté, conduit par M. le cardinal de Bouillon. On ne peut être par M. le cardinal de Bouillon. On ne peut être plus content que l'est de lui le Pape, qui m'a fait l'honneur de s'étendre beaucoup avec moi sur ce sujet, ce matin.

Je vous dirai les correspondances que j'ai établies ici, qui sont sûres, bonnes et secrètes. Comptez, à coup sûr, que je pars demain. Je ferai le moins de séjour qu'il me sera possible

M. de Monaco est bien résolu de ne rien oublier pour m'obtenir mon indult. J'ai appris, un moment avant que de partir de Rome, qu'un de mes amis ayant parlé de cette affaire au Pape, et lui ayant représenté que c'étoit une grace qu'il pouvoit m'accorder, et qu'il paroissoit même

stances présentes, le Pape avoit témoigné être un peu dur de me la refuser dans les circondisposé à me la faire, et avoit demandé mon placet. J'en ai fait avertir M. de Monaco, pour qu'il pût profiter des dispositions favorables de Sa Sainteté, qui a la bonté de témoigner à tout le monde son contentement à mon égard.

De Poggi-Bonzi, à vingt milles de Florence, 5 juillet 1699.

LETTRE CCCCXCIV.

DE L'ABBÉ BOSSUET A SON ONCLE.

Sur les bontés que le grand-duc lui avoit témoignées; l'es

time et l'amitié qu'il avoit fait paroître pour le prélat. J'arrivai ici le lendemain de ma lettre précédente. J'ai trouvé cette cour comme je l'avois laissée, et en particulier M. le grand-duc plus honnête et plus plein de bonté que jamais pour vous et pour moi. Comme M. l'envoyé de France m'a voulu loger cette fois chez lui, M. le grandduc s'est contenté de m'envoyer un magnifique présent de toutes sortes de rafraîchissements et de provisions. J'ai eu l'honneur de le voir trois fois dans les quatre jours que j'ai été ici, plus d'une heure chaque fois. Il m'a paru, comme à tout le monde, que ce prince avoit quelque plaisir de m'entretenir. Nous avons parlé de bien des choses, dont je vous rendrai compte quand je vous verrai, et vous jugerez de la confiance qu'il a bien voulu avoir en moi, et qu'il compte sur vous comme sur un ami. Les sentiments qu'il a pour vous, et les expressions avec lesquelles il les témoigne, sont au-delà de tout ce que je puis vous dire.

Vous aurez vu, par mes précédentes, l'esprit de la cour de Rome sur tout ce qui se passe en France je n'ai rien appris de nouveau. Je puis madame la princesse des Ursins, ont été fachés vous dire qu'autant mes amis, et en particulier de me voir partir, autant M. le cardinal de Bouillon en a été ravi: c'est une épine à son pied de moins. Cette Éminence m'a dit un adieu très tendre, m'a embrassé, et m'a chargé de vous dire que rien ne pouvoit empêcher qu'elle ne

vous honorât et ne vous aimât toute sa vie.

M. l'ambassadeur m'a paru vouloir faire des merveilles pour mon indult. J'espère, plus que jamais, l'obtenir par son moyen. M. le grandduc fera aussi agir sous main.

Je vous envoie une lettre de M. le nonce, que j'ai reçue à Rome, par laquelle vous verrez les ordres qu'il a reçus du Pape par M. le cardinal Spada sur mon chapitre *, et que tout ce que je vous ai mandé là-dessus est bien vrai. Ne perdez pas cette lettre, je vous en prie.

Vous avez raison de toujours supposer que la cour de Rome est contente de la réception de son décret en France. Ils n'oseront jamais, ou je serois bien trompé, faire paroître là-dessus

aucun mécontentement.

On n'a point fait mention, dans le bref de Sa Sainteté à M. de Cambrai, de la première lettre, où il parle de innocentiam, etc., par deux raisons l'une, pour ne pas témoigner l'approuver en rien; et l'autre, parcequ'il n'adressoit pas son mandement par cette lettre. On a parlé de la seconde, par laquelle il envoyoit sa soumission, et qu'on n'a jamais pu voir ici.

Florence, 9 juillet 1699.

Le premier jour que j'eus l'honneur de le voir, il me dit qu'il m'attendoit, pour voir avec moi ce qu'il pourroit faire pour M. de Madot; et puis il m'ajouta qu'il lui avoit destiné le commandement d'une compagnie de carabiniers à cheval, de deux cents maîtres, qui est tout ce qu'il a de meilleur, de plus honorable et de plus utile en même temps. Vous jugez combien j'ai été sensible à ces marques essentielles de bonté. M. de Madot est plus que content : il vous écrira en détail et plus au long ce que c'est que cet emploi. S. A. S. m'a promis de vous envoyer son portrait et ceux de sa maison, que vous souhaitez; et la demande que je lui en ai faite lui a été très agréable. Vous lui ferez assurément plaisir de lui écrire, pour le remercier des bontés Il justifie la manière dont les évêques avoient accepté le dont elle m'a de nouveau honoré, de ce qu'elle a fait pour M. de Madot, à votre seule considération, et des portraits qu'elle m'a promis pour orner votre salon de Germigny.

J'ai vu M. le cardinal de Médicis à sa campagne; et ici deux fois M. le grand-prince et madame la grande-princesse, qui m'ont parfaitement bien reçu. Madame la grande-princesse m'a mené voir, dans la chambre où elle couche, les portraits des princes ses neveux, et de madame la duchesse de Bourgogne. Elle m'a paru très sensible à l'attention que la cour de France a eue, de fui faire le plaisir de lui envoyer ces portraits.

LETTRE CCCCXCV.

de m. de noailLES, ARCHEVÊQue de paris A L'ABBÉ BOSsuet.

bref du Pape.

monsieur, parceque je vous croyois en chemin; Il y a quelque temps que je ne vous ai écrit, mais apprenant, par votre lettre du 16, que vous étiez encore à Rome, je ne veux pas manquer à vous remercier de votre soin à me mander ce qui se passe où vous êtes.

Je comptois bien qu'on seroit un peu fâché de ce que notre procès-verbal porte de favorable à l'épiscopat; mais j'espère que les réflexions

*On a vu, dans les lettres précédentes, que le nonce avoit eu ordre de Sa Sainteté de témoigner au roi la satisfaction qu'elle avoit de la conduite de l'abbé Bossuet à Rome.

A Rome, ce 7 juillet 1699.

apaiseront les premiers mouvements de chagrin. | sion sincère avec laquelle je suis bien certaineOn verra, par les autres procès-verbaux, que ment, monsieur, etc. nous avons été bien modérés; et on trouvera qu'en toute occasion semblable les évêque en ont usé de même, surtout ceux de France. Notre conscience et notre honneur ne nous permettoient pas de faire autrement.

Je compte que vous aurez eu M. de Monaco

LETTRE CCCCXCVII.

DE BOSSUET A SON NEVEU.

Bourgogne.

peu de jours après la date de votre lettre, et Sur une lettre du prince de Monaco, et sur la duchesse de qu'ainsi vous êtes présentement en marche. Je vous souhaite un heureux voyage, et une prompte arrivée en ce pays. Je me fais par avance un grand plaisir de vous y entretenir de vos peines et de vos exploits, et de vous assurer de vive voix, monsieur, que je suis à vous avec les sentiments que vous méritez.、

Le 6 juillet 1699.

LETTRE CCCCXCVI.

DU PRINCE DE MONACO A BOSSUET.

Sur le desir qu'il avoit d'obtenir pour son neveu l'indult qu'il sollicitoit, et les expressions honorables avec les quelles le Pape avoit parlé de ce prélat.

J'ai reçu la lettre, monsieur, dont vous m'avez honoré, le 29 du mois de mai; je suis très sensible aux expressions obligeantes que vous me faites de votre amitié, qui m'est infiniment chère, et que je voudrois bien pouvoir mériter par de véritables services.

M. l'abbé Bossuet est parti depuis quelques jours: j'en ai été très fâché. Il m'a laissé un mémoire au sujet de l'indult de son abbaye, pour lequel il avoit déja fait quelque tentative inutile

J'ai reçu vos lettres de Rome du 27 et du 29 juin, par des courriers extraordinaires, et depuis par l'ordinaire celle du 23. Selon celle du 29, vous devez être parti le lendemain. M. de Monaco n'avoit pas encore reçu ma lettre que vous lui avez rendue. Il promettoit d'agir pour votre indult le plus efficacement qu'il lui seroit possible, et parloit très obligeamment pour vous à M. le marquis de Torcy.

Je me réjouis avec vous du plaisir que vous avez eu d'embrasser M. le comte de Brionne, qui vous aura procuré une bonne réception dans la cour de Turin. Je n'en puis point douter, après la manière obligeante dont madame la duchesse de Bourgogne a bien voulu écrire de vous et de moi. Cette princesse est toujours la merveille et les délices de la cour: elle croît sensiblement, et on est ravi de l'avoir. Je pars demain pour Meaux, où quelques affaires m'appellent. J'embrasse M. Phelippeaux. A Paris, ce 12 juillet 1699.

LETTRE CCCCXCVIII.

DE L'ABBÉ BOSSUET a son oncle.

et surtout à la cour de Modène.

auprès du Pape. Je prendrai mon temps pour Il lui rend compte des honnêtetés qu'il a reçues à Bologne, faire de nouvelles instances à Sa Sainteté, en conséquence même de ce que m'en a écrit M. le marquis de Torcy de la part du roi; et il ne tiendra pas à mes soins ni à mes sollicitations que vous, monsieur, et M. votre neveu, n'ayez

Je partis, comme vous l'avez vu par ma lettre du 9 de ce mois, de Florence la nuit du même jour que je passai les montagnes très fâcheuses de l'Apennin, qui durent près de trente lieues justous deux en cela un entier contentement. qu'à Bologne, où j'arrivai le lendemain 10, à Je n'ai encore été admis qu'une fois à l'au-midi. Je suis resté le samedi et le dimanche à dience du Saint-Père; j'en aurai bientôt une Bologne, où j'ai vu les deux cardinaux qui y autre : cependant il m'a déja parlé très avanta- résident, que je n'avois pas vus à Rome. L'un geusement de vous, m'ayant dit, en propres est le cardinal Buoncompagno, archevêque, et termes, qu'il vous regardoit comme un évêque l'autre le cardinal Dada, légat. Le premier est également doué de vertus, de piété et de doc- un très excellent évêque, et très bon homme; et trine. M. le cardinal de Bouillon étoit présent, l'autre, un très habile homme, et qui a beauet je lui dois la justice de vous dire qu'il fit sur coup d'esprit, très informé de tout ce qui se cela son devoir, de même manière que je fis le passe partout. Il me donna le dimanche un dîmien. Je souhaite avoir de fréquentes occasions ner magnifique, et ces deux cardinaux m'ont fait toutes les amitiés et les honneurs imaginade le remplir par d'autres endroits, afin de vous donner des preuves convaincantes de la pas-bles. M. le cardinal Buoncompagno vouloit ab

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