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Montez là-haut.

ARNOLPHE.

Point de bruit davantage,,

AGNES:

Mais quoy, voulez-vous.....
ARNOLPHE.

C'eft affez

e fuis Maiftre, je parle, allez, obeïflez.

Fin du Second Alter.

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SCENE PREMIERE..
ARNOLPHE, AGNES, ALAIN,..
GEORGETTE.

ARNOLPHE..

Uy, tout a bien efté, ma joye eft fans pareille,

Vous avez là fuivy mes ordres à merveille,

Cofondu de tout poinct le blondin feducteur? Et voila dequoy fert un fage directeur. Voftre innocence, Agnes, avoit efté furprise, Voyez, fans y penser où vous vous eftiez mife. Vous enfiliez tout droit, fans mon inftruction, Le grand chemin d'Enfer. & de perdition. De tous ces Damoiseaux on fçait trop les coû[mes, Ils ont de beaux canons, force rubans, & pluGrands cheveux,belles dents, & des propos fort: doux:

tumes,

Mais comme je vous dis, la griffe eft là deffous Et ce font vrais Satans, dont la gueule altérée Del'honneur feminin chercher à faire curée :

Mais encore une fois, grace au foin apporté,
Vous en eftes fortie avec honnefteté.
L'air dont je vous ay veu luy jetter cette pierre,
Qui de tous fes deffeins a mis l'efpoir par terre..
Me confirme encor mieux à ne point differer
Les Nopces, où je dis qu'il vous faut preparer.
Mais avant toute chofe il eft bon de vous faire
Quelque petit difcours, qui vous foit falutaire.
Un fiege au frais icy. Vous, fi jamais en rien...
GEORGETTE.

De toutes vos leçons nous nous fouviendrons bien,

Cet autre Monfieur là nous en faifoit accroire, Mais....

ALAIN.

S'il entre jamais, je veux jamais ne boire,. Auffi bien eft-ce un fot, il nous a l'autre fois Donné deux efcus d'or qui n'eftoient pas de poids.

ARNOLPHE.

Ayez donc pour fouper tout ce que je defire, Et pour noftre contract, comme je viens des

dire,

Faites venir icy l'un ou l'autre au retour,
Le Notaire qui loge au coin de ce carfour.

A

SCENE II..

ARNOLPHE, AGNES..

ARNOLPHE affis.

Gnes, pour m'écouter, laiffez-là vostre ou

vrage,

Levez un peu la tefte, & tournez le visage:
Là, regardez- moy là, durant cet entretien;
Et jufqu'au moindre mot imprimez-le vous
bien,

Je vous époufe, Agnes, & cent fois la journée.
Vous devez benir l'heur de voftre destinée,
Gontempler la baffeffe où vous avez esté,
Et dans le mefme temps admirer ma bonté,
Qui de ce vil eftat de pauvre Villageoife;
Vous fait monter au rang d'honorable Bour-
geoife,

Et jouyr de la couche & des embrassemens,
D'un homme qui fuyoit tous ces engagemens;
Et dont à vingt partis fort capables de plaire,
Le cœur a refute l'honneur qu'il vous veut faire.
Vous devez toûjours, dis-je, avoir devant les
yeux

Le peu que vous eftiez fans ce noeud glorieux,
Afin que cet objet d'autant mieux vous inftruise,
A meriter l'eftat où je vous auray mife;

A toûjours vous connoiftre, & faire qu'à jamais
Je puifle me louer de l'acte que je fais.
Le mariage, Agnes, n'eft pas un badinage,
A d'aufteres devoirs le rang de femme enga

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à

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Et vous n'y montez pas,
ce que je pretens,
Pour eftte libertine & prendre du bon temps.
Voftre fexe n'eft là que pour la dépendance;
Du cofté de la barbe eft la toute-puiffance:
Bien qu'on foit deux moitiez de la focieté,
Ces deux moitiez pourtant n'ont point d'égalité?
L'un eft moitié fuprême, & l'autre fubalterne,
L'une en tout eft foûmife à l'autre qui gouverne::
Et ce que le foldat dans fon devoir inftruit,
Monftre d'obeïflance au Chef qui le conduit
Le Valet à fon Maiftre, un Enfant à fon Pere,
A fon Superieur le moindre petit Frere,
N'approche point encor de la docilité,
Et de l'obeïflance,& de l'humilité,

Et du profond refpect, où la femme doit eftre
Pour fon Mary, fon chef, fon Seigneur, & for
Maiftre...

Lors qu'il jette fur elle un regard ferieux,
Son devoir auffi-toft eft de baiffer les yeux?
Et de n'ofer jamais le regarder en face,
Que quand d'un doux regard il luy veut faire
grace:
[d’huy.
C'eft ce qu'entendentamal les femmes d'aujour
Mais ne vous gaftez pas fur l'exemple d'autruy.
Gardez-vous d'imiter ces coquettes vilaines,
Dont par toute la Ville on chante les fredaines:
Et de vous laiffer prendre aux affauts du malin,
C'eft à dire, d'oüir aucun jeune blondin.
Songez qu'en vous faifant moitié de ma person-
[donne,
C'est mon honneur, Agnes, que je vous aban-
Que cet honneur eft tendre, & fe bleffe de peu,
Que fur un tel fujet il ne faut point de jeu,
Et qu'il eft aux Enfers des chaudieres boüillan-
[vantes,
Où l'on plonge à jamais les femmes mal vi---

ne:

tes,

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