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SCENE

VII.

TITUS, ANTIOCHUS, PAULIN;

QU'AVEZ

ARSACE.

ANTIOCH US.

U'AVEZ-VOUS fait, Seigneur? L'aimable Bérénice
Va, peut-être, expirer dans les bras de Phénice.
Elle n'entend, ni pleurs, ni confeil, ni raison ;
Elle implore à grands cris le fer & le poifon.
Vous feul vous lui pouvez arracher cette envie ;
On vous nomme, & ce nom la rappelle à la vie.
Ses yeux toujours tournés vers votre appartement,
Semblent vous demander de moment en moment.
Je n'y puis réfifter, ce fpectacle me tue.

Allez, Seigneur, allez vous montrer à sa vue.
Sauvez tant de vertus, de graces, de beauté,
Ou renoncez, Seigneur, à toute humanité.
Dites un mot.

TITUS.

Hélas, quel mot puis-je lui dire ! Moi-même, en ce moment, fais-je fi je refpire?

SCENE VIII.

TITUS, ANTIOCHUS, PAULIN; ARSACE, RUTILE.

RUTILE.

SEIGNEUR, tous les Tribuns, les Confuls, le Sénat

Viennent vous demander au nom de tout l'Etat, Un grand Peuple les fuit, qui, plein d'impatience, Dans votre appartement attend votre présence.

TITUS.

Je vous entends, grands Dieux! vous voulez raffurer Ce cœur que vous voyez tout prêt à s'égarer.

PAULIN.

Venez, Seigneur, paffons dans la chambre prochaine; Allons voir le Sénat.

ANTIO CHUS.

Ah, courez chez la Reine!

PAULIN.

Quoi, vous pourriez, Seigneur, par cette indignité, De l'Empire à vos pieds fouler la majesté !

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Il fuffit, Paulin, nous allons les entendre
(à Antiochus.)

Prince, de ce devoir je ne puis me défendre.
Voyez la Reine. Allez. J'espère, à mon retour,'
Qu'elle ne pourra plus douter de mon amour

Fin du quatrième Alte,

ACTE V.

SCENE PREMIERE.

ARSACE.

Où pourrai-je trouver ce Prince trop fidele?

Ciel, conduifez mes pas, & fecondez mon zèle.
Faites qu'en ce moment je lui puisse annoncer
Un bonheur, où peut-être il n'ose plus penfer.

SCENE I I.

ANTIOCHUS, A.RS A CE.

ARSA C E.

AH, quel heureux deftin en ces lieux vous renvoie,

Seigneur ?

ANTIOCH US.

Si mon retour t'apporte quelque joie, Arface, rends-en grace à mon feul défefpoir.

ARSAC E.

La Reine part, Seigneur.

ANTIOCH US.

Elle part?

ARSA C E.

Dès ce foir?

Ses

Ses ordres font donnés. Elle s'eft offenfée

Que Titus à fes pleurs l'ait fi long-temps laiffée.
Un généreux dépit fuccède à fa fureur.
Bérénice renonce à Rome, à l'Empereur;

Et même veut partir, avant que Rome instruite
Puiffe voir fon défordre, & jouir de sa fuite.

Elle écrit à Céfar.

ANTIOCHU S.

Et Titus?

A fes

O Ciel, qui l'auroit cru!

ARSACE.

yeux Titus n'a point paru.
Le Peuple, avec transport, l'arrête, l'environne
Applaudiffant aux noms que le Sénat lui donne.
Et ces noms, ces respects, ces applaudiffemens,
Deviennent pour Titus autant d'engagemens,
Qui le liant, Seigneur, d'une honorable chaîne,
Malgré tous fes foupirs, & les pleurs de la Reine,
Fixent dans fon devoir ses vœux irréfolus.
C'en eft fait. Et peut-être il ne la verra plus.

ANTIOCH US.

Que de fujets d'efpoir, Arface, je l'avoue!
Mais d'un foin fi cruel la fortune me joue;
J'ai vu tous mes projets tant de fois démentis,
Que j'écoute, en tremblant, tout ce que tu me dis.
Et mon cœur, prévenu d'une crainte importune,
Croit même en efpérant, irriter la fortune.

Tome II,

D

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Mais que vois-je? Titus porte vers nous fes pas.

Que veut-il?

SCENE

I I I.

TITUS, ANTIOCHUS, ARSACE.

D

TITUS à fa fuite.

EMEUREZ, qu'on ne me suive pas.

Enfin, Prince, je viens dégager ma promeffe.
Bérénice m'occupe, & m'afflige fans ceffe.

Je viens, le cœur percé de vos pleurs & des fiens,
Calmer des déplaifirs moins cruels que les miens.
Venez, Prince, venez, je veux bien que vous-même,
Pour la dernière fois, vous voyiez fi je l'aime.

SCENE IV.

ANTIOCHUS, ARSsace.

ANTIOCH US.

HÉ bien, voilà l'espoir que tu m'avois rendu!

Et tu vois le triomphe où j'étois attendu !

Bérénice partoit justement irritée,

Pour ne la plus revoir Titus l'avoit quittée!

Qu'ai-je donc fait, grands Dieux! Quel cours infortuné

A ma funefte vie aviez-vous destiné!

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