pofat de jetter une bombe à une distance plus grande que celle où la charge de poudre peut la porter, & que d'ailleurs on peut trouver dans plufieurs cas, pour le finus de l'angle double de l'inclinaison cherchée, un nombre plus grand que les finus des colonnes de la Table précédente, il eft à-propos, pour éviter toute difficulté à cet égard, de chercher d'abord après le coup d'épreuve, la plus grande distance où la bombe peut être jettée avec la charge dont on veut fe fervir, c'est-à-dire fa portée fous l'angle de 45 degrés. Cette plus grande distance étant connue, on fera cette analogie.

Comme la plus grande diftance
Eft à la diftance donnée,
Ainfi le finus total

Eft au finus cherché.

Ce finus étant trouvé, les angles qui y correfpondent dans la Table font ceux qui fatisfont au Problême.

Pour refoudre de cette maniere le Problême précédent, on fera donc d'abord cette analogie.

On trouvera cette distance, ou le quatrieme terme de la regle, de 700 toises. Cette plus grande distance étant ainfi connue, on fera cette seconde analogie:

Faisant la regle on trouvera 6428, pour le quatrieme terme, comme on l'a trouvé

ci-devant.

ARTICLE IX.

Maniere de pointer le Mortier, ou, ce qui eft la même chofe, de lui donner telle inclinaison qu'on voudra.

Nous venons de parler du pointement

du Mortier; voici la maniere dont il se fait.

Soit A le Mortier (Pl. XII.) monté fur fon affut, auquel on veut faire faire, par exemple, un angle de 50 degrés avec

l'horison. On placera un quart de cercle (a) CD, divifé en degrés, à l'ouverture du Mortier, enforte que le côté CF de ce quart de cercle foit parallele à l'ame du Mortier. Au centre F de cet inftrument il y aura un fil attaché, à l'extrémité duquel pendra un plomb G; on élevera le Mortier jufqu'à ce que le fil FG tombe fur le so degré du quart de cercle, en commençant à compter du point D, & alors le Mortier fera un angle de so degrés avec l'horison. On lui donnera de même telle autre inclinaifon qu'on voudra.

Il est évident que l'arc DG eft la mefare de l'inclinaifon du Mortier; car fi le Mortier étoit parallele à l'horifon, le fil FG tomberoit fur le côté FD du quart de cercle ; or à mefure que l'on élevera le Mortier, le fil defcendra vers C, donc, &c.

(a) Pour pointer le Mortier facilement & exactement, il faut un quart de cercle tel qu'il eft représenté Pl. XII. avec une regle CB, parallele au rayon F D: en pofant cette regle diamétralement fur la bouche du Mortier, le filet FG fait voir d'abord l'angle DFG que fait le Mortier avec l'horifon.

ARTICLE X.

De l'épreuve des Mortiers.

POUR éprouver les Mortiers, on doit commencer d'abord, fuivant l'Ordonnance du 7 Octobre 1732, par les examiner, en grattant avec un inftrument bien aceré, les endroits où l'on foupçonne qu'il y a quelque défaut, & lorfqu'on n'y remarque rien qui puiffe les faire rebuter, on procede à leur épreuve, en les tirant avec toute la quantité de poudre que leur chambre peut contenir.

Pour cela on pofe le Mortier à terre; les tourillons y font un peu enfoncés, & appuyés fur des billots de bois, pour empêcher qu'ils ne s'enterrent trop. On tire le Mortier trois fois avec des bombes du calibre qui lui convient. Ces bombes font pleines de terre mêlée de fciure de bois; enfuite on bouche la lumiere du Mortier, & on le remplit d'eau pour voir s'il s'y eft fait quelque évent ou ouverture. Après cela on le fait bien laver & bien gratter, & lorfqu'on n'y reconnoît point de chambres, ni aucune chofe qui puiffe lui pré

judicier, le Mortier eft reçu; autrement lorfqu'on y reconnoît des défauts capables de nuire à fon fervice, on en fait caffer les anfes, & le Fondeur ne peut rien prétendre pour fa façon.

Des Bombes tirées à ricochet..

EN parlant du tir du Canon, nous avons

obfervé que M. le Maréchal de Vauban étoit l'inventeur du ricocher, invention qui rend, pour ainfi dire, inutiles les défenfes de l'ennemi, & qui a beaucoup perfectionné l'attaque des Places. On n'en a guere fait ufage qu'avec le Canon, à moins que l'on ne veuille donner le nom de ricochet aux bombes que l'on jette avec les Obus (efpece de Mortiers dont nous parlerons dans la fuite), qui véritablement répondent affez à l'effet du ricochet, puifque leur ufage eft de rouler dans des corps de Troupes, & d'y faire beaucoup de dommages; mais dont on ne fe fert que depuis la derniere guerre, au moins en France, dans l'attaque des Places.

Meffieurs les Commandans de l'Ecole d'Artilleric