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dements d'un Royaume Chrétien, dit des Afturies, puis d'Oviedo, enfin de Léon. Sa OCTO. 22. valeur & fa piété lui mériterent de grands fuccès. Alphonfe fon fucceffeur, furnommé le Catholique, marcha fur fes traces, & eut le même bonheur.

Les Gouverneurs Sarrazins, & fur-tout le troifieme, nommé Abdéramene, fe conduifirent avec beaucoup de cruauté. Ils porterent fouvent leurs armes dans le Midi de la France. Mais ils furent vigoureusement repouffés par Charles Martel, En 759, Abdéramene, fur nommé Adahil, s'affranchit de la dépendance des Sultans d'Egypte, prit le titre de Roi, & fixa fa cour à Cordoue. Les autres Gouver neurs Sarrazins fuivirent fon exemple. Lorfque le feu de la guerre eût été amorti, ces Princes Infideles tolérerent les Chrétiens dans leurs Etats; ils leur permirent même, à certaines conditions, de bâtir des Eglifes & des Monafteres; mais dans le neuvieme fiecle, la perfécution contre le Chriftianifme recommença à Cordoue, & continua fous les re gnes d'Abdéramene II, & de fon fils Mahomet. Une multitude innombrable de Martyrs fcellerent leur foi par l'effufion de leur fang. On compte parmi les plus célebres, Nunillon & Alodie. C'étoient deux fœurs d'une extraction noble. Leur pere étoit Mahométan, & leur mere Chrétienne. Celle-ci devenue veuve, se remaria à un autre Mahométan. Nunillon & Alodie, qui avoient été élevées dans la Religion Chrétienne, eurent beaucoup à fouffrir de la brutalité de leur beau-pere, qui occupoit un rang diftingué dans la Caftille. On voulut inutilement engager les deux Saintes

dans le mariage; elles avoient réfolu de fervir Dieu dans la virginité. Enfin, elles obtinrent la permiffion de fe retirer chez une tante, qui étoit une Chrétienne pleine de ferveur. Elles eurent alors une entiere liberté de vaquer aux exercices de leur Religion, qu'elles n'interrompoient qu'autant qu'elles y étoient forcées par d'autres devoirs.

La Ville où elles vivoient, fe nommoit Barbite ou Vervete. On croit que c'eft Caftro Viejo près de Najare en Caftille, fur les fron tieres de la Navarre. Cette Ville étoit foumife aux Sarrazins, lorsqu'Abdéramene fit publier fes Edits contre les Chrétiens. Nunillon & Alodie étoient trop connues par leur naiffance, leur ferveur & leur zele, pour qu'on ne les arrêtât pas des premieres. Ayant été conduites devant le Juge, elles montrerent une conftance inébranlable. On voulut inutilement les intimider par des menaces, & les féduire par des careffes. Tous les moyens qu'on avoit employés étant inutiles, on les livra à des femmes impies, dans l'efpérance qu'elles viendroient à bout de les gagner ou de les corrompre. Mais J. C. protégea fes époufes par les lumieres & la force de fa grace. Enfin, les femmes à la méchanceté defquelles on les avoir abandonnées, déclarerent aux Juges que rien n'étoit capable de les faire renoncer au Chrif tianifme. On les condamna donc à être décapitées dans la prifon où elles avoient été renfermées. La Sentence fut exécutée le 22 Octobre 851 (a). On les enterra dans le même lieu. On garde la plus grande partie de leurs

(a) Moralès met leur martyre en 840.

OCTO .11.

Reliques dans l'Abbaye de Saint Sauveur de Lejer en Navarre. Leur fête fe célebre avec un concours prodigieux de Peuple, à Bofca & à Huefca en Arragon.

Voyez Saint Euloge, Memorial. I. 2. c. 7 ; Moralès, in Schol, ad Eulog. p. 286; Mariana &c.

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OCTO, 23.

XXIII JOUR D'OCTOBRE.

ST. THÉODORET,

PRÊTRE, MARTYR,

Tiré de fes Actes authentiques, dont il eft fait mention dans Sozomene, l. 5, c. 8; & dans Théodoret, l. 3. c. 13. Ils ont été publiés par Mabillon Vet. Analect. T. 4. p. 127 ; & par Ruinart, A&t. finc. p. 592. Voyez Baillet, &c.

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L'An 362.

JULIEN, oncle de l'Empereur de ce nom,

2

& Apoftat comme lui, étoit devenu Comte ou Gouverneur de l'Orient dont Antioche étoit la capitale. Ayant appris qu'il y avoit une grande quantité de vafes d'or & d'argent dans le tréfor des principales Eglifes des Catholiques, il réfolut de s'en emparer; & pour y parvenir plus facilement, il publia un Edit qui banniffoit tous les Eccléfiaftiques de la Ville. Le faint Prêtre Théodoret qui, durant le regne de l'Empereur Conftance, avoit montré beaucoup de zele pour la deftruction des

Idoles, & qui avoit bâti des Eglifes & des Oratoires fur les tombeaux des Martyrs, étoit chargé de la garde des vafes facrés qui appartenoient aux Catholiques (a). Il ne voulut point abandonner ceux qu'on lui avoit confiés ; & il continua d'affembler les Fideles pour les inftruire, & pour offrir le facrifice. Le Comte Julien le fit arrêter, & on le lui amena les mains liées derriere le dos. Lorsqu'il le vit devant lui, il lui fit des reproches fur ce qu'il avoit renverfé les ftatues des Dieux & bâti des Eglifes fous le regne précédent. Théodoret avoua tout; mais en même-temps il dit à Julien qu'il avoit autrefois adoré le Dieu des Chrétiens, & qu'en abandonnant fon culte, il s'étoit rendu coupable de la plus crimi nelle apoftafie. Le Comte ordonna qu'on le battît fous la plante des pieds, & qu'on le frappât au vifage. Enfuite il le fit attacher à quatre pieux, & on lui tira les jambes & les bras, avec des cordes & des poulies. Ses os furent tellement difloqués & fes nerfs fi allongés, que fon corps paroiffoit avoir huit pieds de long. Julien le railloit pendant tout ce temps-là. Mais le Martyr l'exhortoit à rentrer en lui-même, & à rendre gloire au vrai Dieu & à Jefus-Chrift fon Fils, par qui toutes chofes ont été faites. On l'étendit fur le chevalet ; & tandis que fon fang ruiffeloit de toutes parts, Julien lui difoit: » Je vois que Vous » ne fentez point affez vos tourments. Je ne les

(a) La grande Eglife étoit tholiques. V. Théodoret, 1. alors entre les mains des 3. c. 8 ; & les Bollandiftes Ariens. Ainfi Théodoret n'é-T. 3. Maii, in Tr. pralim. pe toit le garde que du tréfor 9. n. 34.

de quelques Eglifes des Ca

OCTO. 23:

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fens point, répondit le Martyr, parce que OCTO. 23. Dieu eft avec moi». Le Comte lui fit appliquer des torches ardentes fur les côtés, Durant cette horrible torture, le Saint levoit les yeux au Ciel, & prioit Dieu de glorifier fon nom dans tous les fieçles, A ce moment, les Bourreaux tomberent, le vifage contre terre. Le Comte lui-même fut d'abord effrayé ; mais reprenant fon caractere cruel, il ordonna aux Bourreaux d'appliquer de nouveau leurs torches contre le corps du Martyr. Ceux-ci refuferent d'obéir, en difant qu'ils avoient vų des Anges s'entretenir avec Théodoret. Julien, furieux, commanda qu'on allât les précipiter dans la mer. Devancez- moi, mes freres, » leur dit Théodoret. Je vous fuivrai en vain» quant l'ennemi » ; & comme Julien demandoit quel étoit cet ennemi : » C'est, reprit lę » Martyr, le Démon pour lequel vous com» battez. Jefus-Chrift le Sauveur du monde, >> eft celui qui donne la victoire ». Il expliqua enfuite comment Dieu avoit envoyé fon Verbe dans le monde; de quelle maniere le Verbe s'étoit revêtu de la nature humaine dans le fein d'une Vierge, pour fauver les hommes par fes fouffrances & fa mort. Julien, qui ne pouvoit plus contenir fa fureur, menaça Théodoret de lui ôter la vie fur-le-champ. » C'est » tout mon défir, lui dit le Saint. Pour vous 2 » vous mourrez dans votre lit, en fouffrant » d'horribles tourments. Votre maître qui se » flatte de vaincre les Perses, sera lui-mêmẹ » vaincu ; une main inconnue lui ôtera la » vie, & il ne verra plus les terres des Ro» mains ». Le Comte condamna le Saint à être décapité, & la Sentence fut exécutée en 362.

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