осто.

lequel vivoit à Luxeul depuis 594.

Saint Faron paffa fes premieres années à la OCTO. 28. Cour de Théodebert II; & fa Vie y fut plutôt celle d'un reclus, que celle d'un courti fan. Après la mort de ce Prince & celle de Thierri fon frere & fon fucceffeur, le Saint paffa en 613, à la Cour de Clotaire H, qui réunit en fa perfonne toute la Monarchie Françoise.

Des Ambaffadeurs Saxons ayant manqué de respect à Clotaire, il les fit mettre en prison, & jura de laver dans leur fang Pinjure qu'il avoit reçue d'eux. Faron obtint de lui qu'il différât de vingt-quatre heures l'exé cution de la Sentence. Ce terme expiré, il leur pardonna, & les renvoya même chez eux comblés de préfents. Mabillon cite des Chartes que le Saint foufcrivit en qualité de Référendaire ou de Chancelier (5).

Du Pleffis releve (6) Yepez, qui avance que Saint Faron prit l'habit Monaftique à Rébais (7); l'Abbaye de ce nom n'existoit point alors. Tritheme s'eft également trompé en difant qu'il fe fit Moine à Luxeul (8). Il eft certain qu'il paffa du fiecle dans le Clergé Séculier. Voici de quelle maniere s'opéra fon entiere converfion.

Quoiqu'il fît un faint ufage du crédit que fes vertus & fes talents lui donnoient à la Cour, qu'il y menât une vie édifiante & parfaitement conforme aux maximes de l'E

vangile, il n'en étoit pas moins effrayé des dangers auxquels on eft expofé dans le monde, & il s'affligeoit intérieurement de l'impoffi- OCTO. 28. bilité où il étoit de fervir Dieu fans diftraction. Enfin, à la fuite d'un entretien qu'il avoit eu fur ce fujet avec Sainte Fare fa foeur, il réfolut de ne plus différer l'exécution du deffein qu'il méditoit depuis long-temps, de renoncer au commerce des hommes. Il trouva Blidéchilde fa femme dans les mêmes difpofitions, & ils fe féparerent, d'un mutuel confentement. Blidéchilde prit le voile, & choifit pour demeure un lieu folitaire dans une de fes Terres, qu'on croit être Aupigny. Elle y mourut quelques années après en odeur de fainteté. Saint Faron reçut la Tonfure cléricale, & devint l'ornement du Clergé de Meaux. On le donna pour fucceffeur à Gondoald, Evêque de cette Ville

626.

vers l'an

Le faint Prélat travailla avec un zele infatigable au falut des ames confiées à fes foins. Il portoit à la perfection ceux qui profeffoient déja le Chriftianifme, & retiroit des ténebres de l'Idolâtrie ceux qui y étoient encore plongés. On lit dans fa Vie, qu'il rendit la vue à un aveugle, en lui adminiftrant le Sacrement de Confirmation, & qu'il opéra plufieurs autres miracles. Il affifta au Concile de Sens, en 650, Il attira dans fon Diocese les perfonnes recommandables par leur fainteté, & fut l'ame de diverfes fondations qui avoient pour objet l'avancement de la vertu, & la gloire de la Religion. Ses exhortations foutenues de fes exemples, infpirerent à fes Diocésains les Tome X.

Gg

OCTO. 28.

fentiments dont il étoit pénétré lui-même (a). Il donna une retraite dans fon Diocese à

(a) On compte parmi les plus fideles imitateurs de fes vertus, un de fes proches parents qui vivoit à la Cour. C'eft Saint Authaire, vulgairement appellé Saint Oys. | Il faifoit fa réfidence principale à Uffy fur Marne, & il eft honoré dans l'Eglife Paroiffiale de ce Village, avec le titre de Patron.

Théléhilde fa foeur, fut premiere Abbeffe de Jouarre, où il y avoit un double Monaftere. Elle mourut vers l'an 660, & on l'honore à Meaux le 10 d'Octobre.

Sainte Bertile, Religieufe de Jouarre, où elle avoit été long-temps Prieure & Affiftante de Sainte Théléhilde, fut appellée à Chelles par Il eut deux fils, Adon & Da- Sainte Bathilde, en 646, & don, ou S. Quen, qui furent choifie Abbeffe de ce Monafteélevés tous deux à la Cour de re, fitué dans le Diocese de Dagobert I. Adon fut fait Tré- Paris. Elle le gouverna quaforier, & Dadon, Référen-rante-fix ans & mourut en daire. Ils fervirent l'un & l'au- | 692. tre, leur Prince avec zele; Tandis qu'Adon fanctifioit mais ils s'occuperent princi- | la forêt de Jouarre par le palement des moyens de par- faint établiffement dont nous venir à la poffeffion des vé- venons de parler, fon frere ritables biens. Le premier fonda, vers l'an 634, l'Abprit la réfolution de fe con- baye de Resbac ou Rebais, facrer à Dieu dans la retrai- à trois lieues de Jouarre. te, & fonda, vers l'an 630, Saint Agile ou Saint Aile le Monaftere de Jouarre dans Moine de Luxeul, qui eft la forêt de ce nom, en Brie, honoré le 30 Août, fut le à l'Orient, & à quatre lieues premier Abbé de cette Maide Meaux. Il s'y renferma, fon. Saint Philibert fon difpour ne plus penfer qu'à Dieu ciple & fon fucceffeur à Re& à fon falut, & il y mou- bais, fonda depuis les Abrut de la mort des Juftes. Plu-bayes de Jumieges; de Nerfieurs perfonnes de la premiere moutier de Pavilly diftinction fe mirent fous fa Montiviliers, & de Saint Beconduite, entre autres Agil- noit de Quincy. S. Régule, bert qui, ayant paffé en An- difciple de Saint Philibert, gleterre, fut élu Evêque de fut élu Archevêque de Reims, Dorchefter, pour remplacer & fonda l'Abbaye d'Orbais Saint Birin, mort depuis au Diocefe de Soiffons. Saint quelque-temps. I revint en- Gautier, Moine de Rebais, fuite en France, & fut placéen 669, fut le Fondateur fur le Siege de Paris. Sainte! & le premier Abbé du Mo

de

Saint Fiacre, & dirigea dans les voies du falut un grand nombre d'ames de l'un & de l'autre fexe. Il eut beaucoup de part aux pieux éta OCTO. 28. bliffements qui fe firent de fon temps. Quelque temps avant fa mort, il fonda dans les Fauxbourgs de Meaux où il avoit une Terre, le Monaftere de Sainte Croix, qui porte aujourd'hui fon nom, & qui appartient à la Congrégation de Saint Maur. Il y mit des Religieux de Luxeul qui fuivoient l'Institut de Saint Colomban. On fubftitua depuis à cette Regle, celle de Saint Benoit. La célebre Abbaye de Prum, fondée par le Roi Pepin dans les Ardennes, en 763, étoit une filiation de celle de Sainte Croix. Saint Faron alla dans le Ciel recevoir la récompenfe de fes vertus, le 28 Octobre 671, à l'âge d'environ 80 ans. Il y en avoit quarante-fix qu'il gouvernoit l'Eglife de Meaux (9).

Voyez les trois Vies latines de Saint Faron la premiere par Hildeger, Evêque de Meaux, dans le neuvieme fiecle, ap. Mabillon, Act. Benedict. T. 2, p. 606; la feconde, écrite en Vers par Fulcoïus, Soudiacre de Meaux, dans le onzieme fiecle; la troifieme, qui est anonyme a été publiée par Surius, qui en a changé le ftyle. Mais l'original MS. fe trouve à l'Abbaye de Saint Faron. On doit confulter auffi D. Touffaint Du Pleffis, Bénédictin de

naftere de Saint Germain,, aujourd'hui Saint Martin de Pontoife. Il eft honoré le 8 d'Avril. On peut voir fur l'hiftoire & les miracles de ces Saints, Mabillon, Aa. ~SS, Ord, S, Bened, & Annal.

Benedict. &c. On peut voir
auffi la Vie de Sainte Fare,
fur les pieufes fondations qui
furent faites à Meaux dans le
temps dont il s'agit ici.
(9) V. Le Cointe, Annal,
Eccles. Franc.

осто. 28.

la Congrégation de Saint Maur, Hift. de PEglife de Meaux, T. 1. l. 1. n. 41, 42, 43, 64, 73; notes 22, 23, 24, 36. Le même Auteur a donné auffi la Relation du pillage de l'Eglife de Saint Faron par les Huguenots ibid. l. 4. n. 49, 50, p. 358, T. 2, p. 664.

SAINT NEOT, ANACHORETE EN ANGLETERRE.

ON attribue généralement à Saint Néot le

projet de la fondation de la premiere & de la plus célebre Univerfité d'Angleterre, qu'exécuta le Roi Alfred (a). Quelques Auteurs le

On ne peut douter que S. Grimbald n'ait enfeigné à Oxford, & l'on y voit encore fa Chaire dans l'Eglife de Saint Pierre. Jean le Saxon fut un de fes Collegues. Quant à Saint Néot, il ne quitta point fa folitude. Il reftoit

(a) Les principales Ecoles, tendre des Ecoles que le Prinque fonda le Roi Alfred, par ce établit dans fon propre le confeil de Saint Néot, fu- Palais. rent celles d'Oxford, fuivant Wood, qui cite les Archives de l'Univerfité de cette Ville, & fuivant Brompton, Guil laume de Malmesbury, Higden, Harpsfied, &c. Wood penfe que ce Prince fonda à Oxford un College pour toutes les Sciences, outre la Gram-au rapport d'Afférius, fix maire. Ayliffe, qui eft moins mois de l'année à la Cour exact, prétend dans son Hif- | d'Alfred; mais il alloit toutoire d'Oxford qu'Alfred jours paffer les fix autres mois fonda trois Colleges dans cet-¡ dans fon Monaftere de Méte Ville. La même chose est névie ou de Saint David. affirmée par Jean Rouse ou Il y a dans Afférius un pasRoff, Hiftorien de Warwich, fage où il eft fait mention d'u lequel mourut en 1491. Affé-ne difpute qui s'éleva entre rius de Ménévie ne nomme les anciens & les nouveaux point Oxford, dans fa Vie Etudiants d'Oxford, fous S. d'Alfred. Son récit peut s'en- ' Grimbald. Mais il paroît que