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haut en bas, qui sert de rampe et qui aide à monter ou à descendre.

On cite un très-bel escalier en bois dans les fameuses salines de Pologne, qui est réservé pour les grands personnages qui les visitent; c'est par conséquent un ouvrage de luxe, qui n'est d'aucun intérêt pour nous. On en cite un autre à Fahlun, en Suède, qui descend à 50 toises, et un troisième à Idria, qui est voûté et qui plonge jusqu'au fond des

travaux.

La manière de descendre dans les salines de la Bavière et du pays de Saltzbourg ressemble beaucoup à ces jeux nommés montagnes russes, puisque ce sont de petits chariots qui glissent sur des plans inclinés avec une assez grande rapidité. Cette poste de montagne, Rollen, ainsi qu'on l'appelle, est trèscommode pour les curieux, et présente aussi quelques avantages pour le service. Mais de tous les moyens de descendre dans les puits, la beine est celui qui présente le moins de sécurité et qui est sujet au plus grand nombre d'inconvéniens. Si l'on n'a point d'autre moyen de sortir d'une mine et qu'il survienne un accident qui oblige tous les ouvriers à évacuer les travaux à la fois, ils se précipi tent sur la beine, cherchent à s'y accrocher tous; les plus faibles et derniers venus ne peuvent sortir, ils sont forcés d'attendre que la beine soit montée et que l'autre soit descendue. La confusion fait perdre la tête à

ceux qui conduisent les chevaux ou qui gouvernent la machine, et les malheureux qui n'ont pu profiter du premier voyage sont perdus sans retour.

Si l'on n'a d'autre moyen de descendre que la beine, il peut arriver que l'on rencontre · de mauvais air, que l'on ne puisse pas se faire entendre pour se faire remonter, et que l'on vous plonge malgré vous dans un air qui vous asphyxie.

Enfin, en mettant de côté tous les accidens qui résultent cependant assez souvent de la rupture des câbles, de l'emportement des chevaux, de l'inattention des conducteurs, etc., il est certain que les mineurs qui foncent un puits et qui ne peuvent demander à être remontés qu'après avoir mis le feu à leur mèche, peuvent être exposés à recevoir tout le coup de mine, si la machine ou les chevaux ne partent pas au premier signal.

Je conseille donc de ne jamais foncer de puits sans y établir de bonnes échelles à deux montans, et sans les maintenir en bon état, pour l'entrée et la sortie des ouvriers. Cent ouvriers peuvent se sauver à la fois par échelles, et dix au plus peuvent s'accrocher à une beine.

les

Dans les mines du centre de l'Angleterre, à Dudley, Sheffield, Manchester, Newcastle, etc., les mineurs descendent dans les beines. Dans les mines métalliques de Cornouailles, du Derbyshire, du Devonshire, etc., ils des

cendent à l'échelle par des puits qui appartiennent ordinairement à d'anciens travaux :

il

y a certaines mines où les directeurs et les employés supérieurs descendent assis dans des fauteuils, ou à califourchon sur des selles garnies d'étriers; moyens des plus mauvais, qui ne permettent pas au directeur de faire ses observations aux maîtres mineurs ou boiseurs au fur et à mesure qu'il descend, parce qu'il est seul.

Aux mines de houille d'Anzin, où les puits varient de profondeur entre 6 et 1500 pieds, il est défendu aux ouvriers de descendre par la beine; ils circulent par les échelles, et afin qu'ils en prennent l'habitude dès leur enfance, on donne une légère rétribution aux jeunes garçons, pour qu'ils ne fassent que monter et descendre les échelles. Cette espèce de gymnastique est bien entendue, et fait suite à l'éducation primaire que ces enfans reçoivent dans les écoles gratuites et mutuelles de ce magnifique établissement.

Nous avons décrit les indices éloignés, les indices prochains et les indices certains de la présence des minéraux utiles, leurs dispositions différentes dans le sein de la terre, et les vicissitudes auxquelles les couches et les filons sont assujettis; nous avons indiqué la marche qu'il faut suivre pour explorer la surface d'une contrée dans laquelle on soupçonne la présence de quelques minerais, les différens travaux, au moyen desquels on par

vient à s'assurer de la présence et de l'abondance des substances qui font le sujet de nos exploitations; nous avons examiné tous les degrés de consistance ou de solidité des roches; nous avons décrit tous les moyens et tous les outils dont on fait habituellement usage pour les entailler ou les abattre, pour faire sauter les rochers, aplanir les obstacles, tirer des matériaux divers, et pour se frayer des routes souterraines, au moyen desquelles on peut aller à la recherche des minéraux les plus précieux, les plus rares ou les plus utiles.

Nous sommes donc arrivés au point où, tout étant reconnu et tout étant préparé pour asseoir une exploitation proprement dite, il ne s'agit plus que d'opérer par les moyens les plus économiques et les moins périlleux, l'extraction et l'enlèvement au jour des substances minérales qui font la base de nos exploitations, et c'est ce sujet important qui terminera ce second chapitre.

S. 4.

Exploitation des tourbières.

Le principal but que l'on doit chercher à atteindre, et les différentes conditions qu'il faut tâcher de remplir, lorsqu'on attaque une tourbière encore vierge, est d'en extraire la plus grande quantité possible de tourbe, avec toute l'économie et toute la prudence

que les localités comportent; de diminuer le moins qu'on pourra la valeur du terrain de la surface, et par dessus tout, d'assurer l'écoulement des eaux, tant pour le moment présent que pour l'avenir, afin de préserver la contrée des inconvéniens attachés aux grands dépôts d'eaux stagnantes et marécageuses.

On atteint ce but et l'on satisfait à ces différentes conditions, en commençant les travaux par la partie la plus basse de la vallée, par son extrémité la plus inférieure; en faisant usage d'instrumens particuliers qui accélèrent l'extraction, et surtout en ouvrant des tranchées, qui servent tout à la fois à l'asséchement des travaux et au transport de la tourbe au moyen de bateaux qui y sont spécialement destinés, et enfin en remblayant toutes les excavations qui en sont susceptibles avec les corps étrangers à la tourbe et avec celle qui n'est pas susceptible d'être versée dans le commerce: de cette manière on parvient, en divisant la tourbière en massifs isolés entourés de tranchées et de canaux, non-seulement à enlever toute la tourbe qui est susceptible de s'assécher, mais encore une portion de celle qui est submergée; car on pêche celle-la au moyen de différentes machines qu'on nomme dragues, et elle ne tarde point à prendre de la consistance en s'égout

tant.

Comme il importe infiniment de rassembler sous le plus petit volume possible la plus

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