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13,000 livres sterlings. Il faudrait cent chevaux pour faire ce même service.

Je dois ces détails, et beaucoup d'autres, à l'extrême obligeance de mon ami, M. Conrad, ingénieur en chef des ponts et chaussées, qui a bien voulu me les apporter d'Angleterre à la fin de 1824.

La planche XVI représente la plupart de ces petits chariots, dessinés d'après nature sur diverses exploitations et dans différens pays.

Les figures 1 et 2 représentent le courriaux des mines de lignite de Provence; 3 et 4, le chariot du pays de Mansfeld; 5, la conque; 6, le bac en fer battu cerclé, d'Écosse; 7, le chien hongrois avec son guide; 8, le petit chariot d'Écosse; 9, le chariot sur lequel on charge de grands paniers de houille; 10, la brouette tyrolienne; et 11, la couffe de sparterie, employée à porter le menu lignite de Provence le tout dessiné sur l'échelle de 12 millimètres pour un pied.

Il serait superflu de s'appesantir davantage sur les détails de leur construction, elle peut. varier avec les circonstances locales; mais on doit toujours viser à la solidité et surtout à la légèreté : cinq livres de plus ou de moins sur un chariot ou sur une brouette ne sont point à dédaigner, puisque cet excès de poids est pris sur la quantité de houille que l'on peut transporter à chaque voyage. Ainsi, par exemple, si l'on pouvait diminuer vingt livres du poids de ces petits chariots anglais qui en

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pèsent trois cents, et si l'on suppose que cun d'eux fait vingt-cinq voyages en vingtquatre heures, ce qui n'est certainement pas exagéré, on arrive à ce résultat, que sur trois cents jours de travail ce même chariot aurait sorti mille hectolitres de houille de plus; que l'on multiplie cette économie seulement par mille chariots, on verra qu'un million d'hectolitres, sortis sans augmentation de frais, vaut bien la peine d'enlever quelque chose à la solidité des chariots, des brouettes, des beines, dût-on les renouveler un peu plus

souvent.

S. 4.

Transport intérieur par les chevaux et les

mulets.

Si la solidité de la roche et la pente des travaux souterrains permettaient d'introduire des animaux dans toutes les mines, on s'en trouverait fort bien, et il me semble qu'on ne doit jamais balancer à le faire toutes les fois que la chose est possible; au moins, je n'ai jamais été à même d'apprécier les inconvéniens qui peuvent cependant être attachés à ce moyen de transport souterrain; je sais qu'on l'emploie avec succès et depuis des siècles dans les grandes salines de la Gallicie; que de longues files de mulets entrent et sortent d'eux-mêmes dans les mines du Mexique; que dans les grandes carrières de Maestricht les voitures circulent comme sur les chemins;

qu'en Angleterre, et particulièrement dans quelques mines de Newcastle 1 et dans les salines de Northwich, on se sert de chevaux pour traîner dans des galeries garnies d'ornières de fonte, des chariots portant chacun deux paniers de houille pesant 600 kil., que le voyage se fait toujours au trot et que I l'on habitue ces animaux à tenir la tête toujours baissée, en les plaçant d'avance dans des écuries qui n'ont que la hauteur des galeries, 2 mètres environ; que l'on a introduit des chevaux dans les mines du comté de la Mark, du Hartz et de la Silésie, et que l'on s'en trouve fort bien.

Les chevaux et les mulets sont, je crois, les seuls animaux qu'il convient d'introduire dans les travaux souterrains, et seulement comme bêtes de trait plutôt que comme bêtes de somme; je me rappelle cependant avoir vu un malheureux boeuf auquel on avait abattu les cornes, et que l'on faisait marcher dans une roue pour élever des tines du fond d'un puits; mais on se dégoûta bientôt de la lenteur de ce nouvel ouvrier, que l'on mit à la porte.

S. 5.

Transport souterrain par eau. En parlant de l'exploitation des tourbières, nous avons vu que l'on profitait souvent de

Il y a quelques années, on comptait déjà deux cents chevaux vigoureux dans l'intérieur de ces mines. (Gallois.)

la tranchée même que l'on avait creusée et qui s'était remplie d'eau, pour la changer en un canal de transport. Maintenant il s'agit d'une navigation souterraine, dont les Anglais nous ont donné le premier exemple, et qui jusqu'ici n'a point été imité en France. Ce moyen de transport, qui est le meilleur de tous, n'est pas praticable partout : une foule de localités s'y refusent; mais il me semble que toutes les fois qu'une galerie de rabais est très-longue, et qu'elle sert tout à la fois à l'écoulement des eaux et à la sortie des minerais, on ne doit point hésiter à la convertir en un canal souterrain, sur lequel on transportera tous les déblais et tout le minerai beaucoup plus économiquement que par tout autre moyen; puisqu'un cheval traîne sur un canal seize fois plus de charge que sur une route: il suffit pour cela que la galerie n'ait pas trop de pente, et qu'on la tienne un peu plus haute qu'on ne le fait ordinairement: supposons qu'on lui donne 2 mètres sous bois et que l'on établisse à l'extrémité antérieure une digue de 0,66 de haut, il restera encore 1,34 pour le passage du bateau, et ne restâtil qu'un mètre, cette distance entre le niveau de l'eau et le plafond de la galerie serait bien encore assez grande pour le service du bateau plat, long et étroit, qui irait et reviendrait d'un bout à l'autre de la galerie. Suivant les circonstances locales, il faudrait quelquefois prolonger ce canal souterrain

de quelques mètres en dehors, afin que le bateau pût jeter son chargement sur une place convenable, et pour la conduite il y aurait mille moyens de la rendre aussi facile qu'on pourrait le désirer soit avec une cordelle fixe, soit en s'aidant du boisage et d'une gaffe, etc. Le canal souterrain de la houillère de Fuchsgrube en Silésie a 4 pieds 6 pouces (1,50) de large, 8 pieds (1,66) de haut, et l'eau s'y élève de 3 pieds (1TM) : les bateaux portent ordinairement 50 mesures, et pourraient en porter bien davantage.

Le transport souterrain par eau est économique, non-seulement parce qu'avec la même force on obtient un resultat bien supérieur à tout autre, mais aussi parce qu'on épargne les planches ou les limandes. que le roulage exige. L'évaporation étant peu considérable sous terre, une faible source suffit à l'entretien d'un petit canal de cette espèce; mais, je le répète, il est à regretter que beaucoup de mines se refusent à ce mode de transport, que l'on n'a pas encore essayé en France. J'avais disposé une galerie d'écoulement à cet effet, et j'ai toujours regretté de n'avoir pas pu mettre cette méthode à exécution, parce que je la crois très-bonne et qu'elle est réalisée fort en grand dans la mine de FitzWilliam en Angleterre, dans celle du duc de Bridgewater et dans les houillères de la Silésie, particulièrement dans la mine de Fuchsgrube, où l'on à converti une galerie de 1000 mètres,

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