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Damas, le duc d'Orléans, le préfet Chabrol venoient de quitter la ville; mais tous les officiers supérieurs étoient restés; à cinq heures Ja garnison se reporta sur le pont de la Guillotière. Napoléon avoit pour lui tous les lazzaronis de ce faubourg immense. L'armée qui venoit de Grenoble, commença à faire son entrée à Lyon à sept heures du soir, ayant à sa tête Napoléon; le lendemain 11, Napoléon passa en revue toute la division.

Napoléon reçut le même jour les principales autorités de Lyon. L'ingratitude des royalistes de Lyon, pour le comte d'Artois, fut vengée par Buonaparte; lorsque des jeunes gens de la garde nationale à cheval, de Lyon, vinrent présenter leurs hommages à Napoléon, réclamant l'honneur de garder sa personne, il leur dit : « Votre conduite envers le comte d'Artois me fait juger de ce que vous feriez pour moi si j'éprouvois un revers; je vous remercie de vos services ». Aussitôt son arrivée à Paris. Napoléon fit remettre la croix d'honneur au garde national qui n'avoit pas quitté le Prince.

13 MARS. Proclamation du roi aux Français sur la trahison de Napoléon.

-Trahison des généraux Lallemand frères, qui, à l'aide de faux bruits sur la situation de Paris, sont parvenus à séduire quatre escadrons de chasseurs royaux, etc. ›

Les ministres des puissances étrangères,

qui sont à Paris, révendiquent l'honneur d'être auprès de la personne du Roi, dans les occasions où ils pourroient, en l'environnant, donner une preuve de leur profond respect pour un Roi qui a déjà pénétré l'Furope de ce sentiment, par ses malheurs, par ses hautes vertus, et par un généreux exercice du pouvoir, si bien récompensé par l'amour de son peuple.

13 MARS. Le duc de Feltre Clarke), prête serment de fidélité entre les mains du Roi, en sa qualité de ministre de la guerre. Tous les - maréchaux et généraux employés dans les départemens, ont ordre de se rendre dans leurs commandemens respectifs; le maréchal Ney, qui commandoit à Besançon, et pouvoit y seconder les opérations de Monsieur, comte d'Artois, vient prendre congé du Roi ; en baisant la main de S. M., il lui dit, avec le ton du dévouement, et un élan qui sembloit partir de la franchise d'un vrai soldat français: que s'il atteignoit l'ennemi du Roi et de la France, il le ramèneroit dans une cage de fer. L'évènement a fait voir quelle basse dissimulation lui inspiroit alors le projet d'une perfidie que tous les militaires de l'Europe n'apprendront qu'avec indignation: car ce maréchal, en serrant la main du Roi, avoit dans sa poche une proclamation contre le monarque qui lui accordoit toute confiance.

Buonaparte, avant de quitter Lyon, avoit rendu de nombreux décrets, datés des 12 et 15 mars, dans lesquels il annonçoit déjà à tous les Français que leur empereur venoit de reprendre l'exercice du pouvoir souverain, et que l'interrègne avoit cessé.

Le 13 MARS, il arriva à Villefranche ; le même jour à Mâcon.

Le 15, Napoléon vint coucher à Autun; le lendemain, à Avalon; le 17, à Vermanton, où il déjeûna, et se rendit à Auxerre.

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Dès le 13, le maréchal Ney avoit rejoint Buonaparte à Lons-le-Saulnier, où il publia un ordre du jour daté de Lons le-Saulnier 13 mars, qu'on ne peut lire sans indignation; en voici la teneur: « Officiers, sous-officiers et « soldats; la cause des Bourbons est à jamais « perdue: la dynastie légitime que la nation française a adoptée va remonter sur le « trône: c'est à l'empereur Napoléon, notre « souverain, qu'il appartient seul de régner << sur notre beau pays! Que la noblesse des « Bourbons prenne le parti de s'expatrier encore, « ou qu'elle consente à vivre au milieu de nous, « que nous importe? La cause de la liberté et « de notre indépendance ne souffrira plus de « leur funeste influence. Soldats! les temps « ne sont plus où l'on gouvernoit les peuples « en étouffant tous leurs droits: la liberté

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« triomphe enfin, et Napoléon, notre auguste << empereur va l'affermir à jamais que dé«sormais cette cause si belle, soit la nôtre et << celle de tous les Français. Que tous les << braves, que j'ai l'honneur de commander se « pénètrent de cette vérité: Soldats! je vous «ai souvent menés à la victoire: maintenant « je veux vous conduire à cette phalange im« mortelle que l'empereur Napoléon conduit « à Paris, et qui y sera sous peu de jours: « et là, notre espérance, notre bonheur seront « à jamais réalisés, vive l'Empereur ! »

Signé, le prince de la Moskowi.

Le Roi ne pouvoit plus songer qu'à faire rétrograder les troupes; en s'avançant vers l'ennemi, elles lui fournissoient presque partout des auxiliaires. On se décida à former un corps d'armée devant Paris.

13 MARS. M. le duc de Berri avoit été nommé, par le Roi, général de cette armée, avec le maréchal Macdonald on conservoit un foible espoir de maintenir dans le devoir les troupes de la 1" division militaire, et celles qui formoient la garnison de Paris.

Ce fut alors que le Roi vint au milieu des représentans de la nation, dont il voulut s'entourer à la première approche du danger.

Le 17, on reçut une nouvelle désastreuse,

la trahison du maréchal Ney; Buonaparte marchoit sur Fontainebleau, et les troupes de Paris restoient muettes, ou ne laissoient apercevoir que le désir d'abandonner leurs drapeaux; la garde nationale parisienne étoit incertaine, d'après les bruits que les conspirateurs faisoient répandre, que l'Autriche étoit d'accord avec Buonaparte, pour le rétablir sur le trône, et Marie-Louise arrivoit à Paris avec son fils, et une trève de vingt ans.

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testation de M. Lainé, président de la chambre des députés, etc. · Discours du lord Castlereagh, etc.

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Le Roi voulant éviter toute effusion de sang, se détermine à quitter la capitale; mais, avant de partir, il donne, le 19 mars au matin, la proclamation suivante :

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