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toutes les autres vertus dans un degré éminent. Saint Euthyme avoit tant de vénération pour lui, qu'il lui adressoit ceux de ses disciples qu'il vouloit faire parvenir à une haute perfection. Saint Gérasime mourut le 5 mars 475. Il est nommé en ce jour dans le martyrologe romain.

Voyez la vie de saint Euthyme, par le moine Cyrille, c. 77, 89, 95; Bollandus, d'Andilly, Tillemont et Baillet.

SAINT THÉOPHILE,

ÉVÊQUE DE CÉSARÉE EN PALESTINE.

CE saint rendit de grands services à l'Eglise dans l'affaire des quartodécimans, et aida beaucoup au pape Victor à établir l'uniformité dans la célébration de la pâque. Il assembla pour ce sujet un concile à Césarée', et composa, au nom de tous les pères, une lettre synodale singulièrement estimée de saint Jérôme, pour combattre ceux qui, comme les Juifs, faisoient la pâque le 14 de mars; il y disoit entre autres choses, que la coutume de célébrer la résurrection de Jésus-Christ le dimanche, étoit de tradition apostolique. Il mourut vers la fin du second siècle. Le martyrologe romain, qui le nomme en ce jour, dit de lui qu'il s'est rendu illustre par sa sagesse et par l'intégrité de sa vie. Voyez Eusèbe, Hist. l. 5, c. 23, 24; saint Jérôme, Catal. c. 45, p. 118; Conc. t. I, p. 596.

SAINT VIRGILE,

ÉVÊQUE D'ARLES.

VIRGILE naquit sous le règne de Clotaire Ier, dans l'Aquitaine. A peine fut-il en âge de disposer de sa liberté, qu'il se retira dans le monastère de Lérins; on l'en tira ensuite pour le faire supérieur d'une maison de clercs ou de religieux à Autun en Bourgogne. Il s'acquitta si saintement de cet emploi, qu'il mérita d'être

'Nous avons des actes que l'on a fait passer pour ceux du concile de Césarée depuis le vénérable Bède; mais il n'y a point de preuves satisfaisantes de leur authenticité. Voyez Tillemont, tom. III, pag. 105, 623 et 633.

2 L'auteur de sa vie, qui écrivoit dans le huitième siècle, le fait abbé de Lérins ; mais Grégoire de Tours, et plus ancien et mieux instruit, dit simplement qu'il fut supérieur à Autun.

élevé sur le siége épiscopal de la ville d'Arles en 588. Quelque temps après, c'est-à-dire en 595', saint Grégoire le Grand lui envoya le pallium. Il accompagna cet envoi d'une lettre, dans laquelle il donnoit de grands éloges à la charité et aux autres vertus épiscopales de Virgile. Il y exhortoit à bannir entièrement la simonie, à supprimer la vénalité des dignités ecclésiastiques, à éloigner les néophytes des ordres sacrés, et à détruire tous les abus qui défiguroient la face de l'Eglise gallicane. Il l'établit en même temps vicaire du saint siége2; mais ce vicariat apostolique s'étendoit seulement sur les églises des royaumes de Bourgogne et d'Austrasie, dont Childebert II étoit en possession depuis la mort de Gontran son oncle. Les lettres que saint Grégoire écrivit en cette occasion aux évêques des deux royaumes, et à Childebert lui-même qui avoit sollicité pour notre saint le pallium et le vicariat, montrent la haute idée qu'on avoit partout de la vertu et de la capacité de Virgile; elles font voir aussi de quelle importance étoit alors le siége de l'église d'Arles.

Saint Grégoire voulut aussi que saint Augustin, apôtre d'Angleterre, reçût l'onction épiscopale des mains du saint évêque d'Arles. Les prédications d'Augustin et de ses compagnons eurent une telle efficace, que saint Grégoire fut obligé de lui envoyer, en 601, de nouveaux missionnaires pour l'aider à recueillir l'abondante moisson qui se présentoit. Le prêtre Laurent et l'abbé Mellit étoient les chefs de ces vertueux ouvriers. Saint Grégoire les recommanda encore à saint Virgile, pour lequel il avoit toujours beaucoup de vénération. Mabillon place sa mort vers l'an 614, et Baillet vers l'an 624; mais il paroît certain qu'ils se sont trompés l'un et l'autre, et que saint Virgile mourut le 10 octobre 6103. Il fut enterré dans l'église de Saint-Genez, dite encore de Saint-Honorat, ou de Notre-Dame de Grâce, laquelle est à quelque

'La lettre que saint Grégoire écrivit à saint Virgile, en lui envoyant le pallium, est du 6 juin, indiction' XIII. Or, cette indiction concourt avec l'année 595. On doit donc suivre cette date.

* Il pouvoit en cette qualité juger les causes majeures en première instance, tenir des conciles, etc.

3 On a fixé cette date d'après deux lettres du pape Boniface IV, adressées l'une à Florien, évêque d'Arles, et l'autre au roi Thierri: elles sont dans un Ms. du dixième siècle qui se garde dans la bibliothèque ambrosienne à Milan. Comme elles sont intéressantes, et qu'elles n'ont jamais été imprimées, M. l'abbé Bonnement, promoteur du diocèse d'Arles, les a fait copier en 1773; le sous-préfet de la bibliothèque ambrosienne a légalisé cette copie, et M. le cardinal Pozzoboneli a délivré un certificat qui en constate l'authenticité. Nous obligerons sûrement les amateurs de l'antiquité ecclésiastique, en faisant imprimer ces deux lettres à la fin de notre troisième volume.

M. l'abbé Bonnement, qui nous a communiqué ses lumières sur la vie de saint

distance de la ville d'Arles. On fait sa fête à Lérins le 5 mars, et le 10 d'octobre dans le diocèse d'Arles.

Voyez saint Grégoire le Grand, l. 1, ep. 47; l. 5, ep. 43; l. 6, ep. 53; l. 9, ep. 106, 111 et 114; Grégoire de Tours, Hist. l. 9, c. 23, et la vie anonyme du saint, écrite au huitième siècle, avec les notes de Barralis, historiographe de Lérins, et celles de Mabillon, sect. 2, Ben.

SAINT DRAUSIN,

ÉVÊQUE DE SOISSONS.

DRAUSIN OU DROSIN' naquit dans le Soissonnois, de parents recommandables par leur piété et leur noblesse. Il fut élevé sous la conduite de saint Anseric son évêque, qui l'admit en 649, au nombre des clercs de son église. Devenu archidiacre de Soissons, il travailla avec succès à corriger plusieurs abus, et à faire fleurir la piété. Bettolen, successeur de saint Anseric, démis de son évêché, engagea le clergé et le peuple à élever notre saint sur son siége. Le nouvel évêque, quoique d'une complexion très-foi·ble, se livra avec une ardeur infatigable aux fonctions du ministère. Il visitoit souvent son diocèse, et exerçoit tous les devoirs de la charité envers les pauvres, les prisonniers et les pèlerins. Il båtit en 657, à une lieue et demie de Compiègne, l'abbaye de Virgile d'Arles, et sur les vies de plusieurs autres saints, raisonne ainsi d'après les deux lettres de Boniface IV. Childebert, roi d'Austrasie et de Bourgogne, qui demanda le pallium pour saint Virgile, laissa deux fils, Thierri et Théodebert : le premier régna en Bourgogne, et le second en Austrasie. Virgile avoit exercé la fonction de vicaire apostolique sur les deux royaumes. Il ne faut donc pas s'étonner si Thierri et Théodebert demandent le pallium pour son successeur. C'est de ces deux princes que Boniface IV parle à Florien lorsqu'il lui dit : Congaudeo quòd gravitatem..... præcellentissimorum regum... epistolæ... Mais pourquoi le pape ne répond-il qu'en 613, année à laquelle conviennent les dates données? Pourquoi encore ne répond-il qu'à Thierri? En voici la raison. L'histoire nous apprend que Thierri et Théodebert, après avoir vécu long-temps dans une grande intelligence, se brouillèrent vers l'an 611, par les intrigues de la reine Brunehaut leur aïeule. Ils en vinrent aux mains; Théodebert fut défait par son frère, et assassiné par Brunehaut en 612. Ce fut avant leur démêlé que les deux princes écrivirent en faveur de Florien, c'est-à-dire, au plus tard en 610. Ils se déclarent la guerre avant que le pape fasse sa réponse. Théodebert est défait, puis enfermé, et enfin assassiné par l'ordre de son aïeule. Pendant les débats, le pape ne répond point; mais l'affaire ayant été terminée en 612, par la mort de Théodebert, il répond enfin à Thierri, et écrit à Florien le 25 août 615 : d'où il suit, en dernière analyse, que saint Virgile est mort probablement le 10 octobre 610. Cette discussion a paru nécessaire pour constater une date qui ne s'accorde point avec celle qu'avoient suivie des auteurs estimés pour leur exactitude. On l'appele en latin, Drausius, Drauscio, Drautio.

Saint-Pierre-de-Retondes, et y mit des religieux qu il gouverna lui-même dans une parfaite régularité'. Ce fut par ses conseils qu'Ebroïn, maire du palais, et Leutreude sa femme, fondèrent l'année suivante, aux portes de Soissons, un monastère de filles, qui fut achevé en 661; mais on le transféra depuis dans la ville, et il subsiste encore aujourd'hui sous le nom d'abbaye de Notre-Dame de Soissons. Saint Drausin mourut vers l'an 676, et fut enterré dans le monastère situé hors de la ville. On porta son corps dans la nouvelle église de la ville le 2 juin 680. Les martyrologes de France et des Pays-Bas nomment saint Drausin en ce jour.

Voyez dans Bollandus la vie du saint, par un anonyme; l'Histoire de Notre-Dame de Soissons, par dom Michel Germain, bénédictin, p. 187 et suiv.; Baillet, etc.

SAINT ROGER,

RELIGIEUX FRANCISCAIN.

ROGER étoit un disciple de saint François d'Assise, qui le reçut dans son ordre en 1216, et l'envoya ensuite en Espagne, quoiqu'il ne fût que laïque, au rapport de Wadding. Il possédoit l'esprit de pauvreté dans un degré éminent, et son bienheureux père le regardoit comme celui de ses disciples qui avoit le plus de charité. Le don de prophétie et celui des miracles le rendirent fort célèbre pendant sa vie, et après sa mort arrivée en 1256. Son chef est à Villa-Franca au diocèse d'Astorga, et le reste de son corps à Todi en Italie, où l'on dit en son honneur un office particulier qui a été approuvé par Grégoire IX. Saint Roger est honoré en ce jour par les franciscains, auxquels Benoît XIV a permis d'en faire la fête.

Voyez Henschénius, p. 418, et les Annales de Wadding, publiées à Rome par Fonséca en 1732, t. 2, p. 413, 414.

' Ce monastère n'est plus aujourd'hui qu'un prieuré sans cloître et sans religieux, dépendant de l'abbaye de Saint-Médard de Soissons.

LE B. JEAN-JOSEPH DE LA CROIX,

FRERE MINEUR DE L'OBSERVANCE'.-Année 1704.

Ce saint homme naquit, vers l'an 1654, à Isela, dans le

royaume de Naples. Ses parents, qui tenoient un rang distingué dans cette île, lui inspirèrent de bonne heure tous les sentiments de la piété chrétienne, et ils eurent la consolation de voir cet enfant chéri comblé dès ses plus jeunes années de toutes les bénédictions du ciel. A la fuite des divertissements et des plaisirs du monde, à la pratique de la mortification et de l'oraison, à l'abnégation entière de sa volonté propre, il joignoit une tendre dévotion envers la sainte Vierge, et trouvoit une source de délices ineffables dans la contemplation presque continuelle des mystères de la passion et de la présence de Jésus-Christ dans l'adorable sacrement de l'Eucharistie.

Lorsqu'il fut en âge, il entra comme novice dans l'ordre de Saint-François, et choisit l'un des monastères où avoit été introduite récemment la réforme opérée par le père Jean de SaintBernard, religieux espagnol. A peine pourroit-on se faire une idée de la ferveur, de l'humilité, de l'esprit de pauvreté qui animoient ce saint homme. Aussi se vit-il bientôt appelé à entrer dans le sacerdoce, malgré lá vive répugnance qu'il témoignoit pour cette dignité sublime. Chargé plus tard de la direction des novices de son couvent, il remplit cette tâche difficile avec tant de zèle et de succès, que plusieurs de ses disciples devinrent de grands saints, et reçurent même le don des miracles.

Jean-Joseph de la Croix devint ensuite supérieur général des Franciscains de l'étroite observance en Italie. Par son zèle, ses soins et sa persévérance, malgré les intrigues et les calomnies de quelques mauvais religieux qu'il supporta avec autant d'humilité que de patience, il vint à bout de faire régner partout l'obéissance, la discipline et l'amour de la paix.

Mais s'il travailloit d'une manière infatigable à gouverner saintement les monastères qu'il avoit sous sa juridiction, il s'occupoit encore plus de lui-même et de sa propre sanctification. Enfin, parvenu à l'âge de quatre-vingts ans, et conservant encore, dans cette grande vieillesse, le même zèle pour le salut des âmes, il

Voyez le décret de sa béatification, et la légende de son office. La Vie des Saints, imprimée à Mayence, par les docteurs Raës et W ́ciss.

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