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de l'Eglise, dans l'instruction publique, dans les écrits consolidés par la presse! Combien dans ce ciel, où l'humilité cède à la vue du vrai, ne doit-il pas bénir l'éternelle Miséricorde d'avoir répandu par sa main cette semence semée de Dieu et qui mûrit pour le jour de la moisson!1

Ainsi a vécu parmi nous, non pas exempt de l'humaine faiblesse, son nom d'homme le dit assez, mais exempt de tout vice, de tout défaut grave, de toute feinte, ce véritable Israélite sans fraude, apôtre par son exemple comme par sa parole. Ainsi en moins d'un demi-siècle s'est accomplie une destinée belle de science, de foi, de vertu, digne de se clore au milieu de la paix des hommes et d'être couronnée de la paix de Dieu. Les amis qui ont le plus intimement connu cette vie et ce caractère n'ont pas cru pouvoir mieux les résumer qu'en faisant graver sur le tombeau de Manuel ces paroles de saint Jacques : La sagesse qui vient d'en haut est premièrement pure, puis paisible, modérée, traitable, pleine de miséricorde et de bons fruits; elle n'est point difficultueuse ni dissimulée.

1 Epitaphe écrite par Klopstock sur le tombeau de sa femme.

L'AUTORITÉ

DES

ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS-CHRIST.

I.

Quand Jésus eut achevé ce discours, les troupes furent étonnées de sa doctrine; car il les enseignait comme ayant autorité et non pas comme les Scribes. - Matth. vII. v. 28, 29.

Jésus, notre Sauveur, venait de prononcer ce discours que S. Matthieu nous a conservé et qui nous est bien connu sous le nom de Sermon sur la Montagne. Il venait, en exposant sa divine morale, de tracer à ses rachetés les règles de cette vie nouvelle par laquelle ils sont tenus de glorifier son saint nom. Ce moment, mes frères, avait été bien sérieux et bien solennel. Le salut de l'homme n'était pas encore accompli, puisque le Médiateur n'avait pas encore livré son âme en oblation pour le péché; mais ces instructions qu'il avait adressées à ses disciples et au peuple avaient annoncé déjà à quel degré de pureté et de sainteté il voulait éle

ver les sentiments et les mœurs de ceux qui,mettraient leur confiance en lui pour être sauvés. Or, mes frères, vous vous représenterez sans peine quelle impression le fond même de ce discours avait dû faire sur toutes les âmes qui avaient encore quelque idée de leur origine et de leur destination. L'image de l'homme régénéré avait été offerte à l'homme déchu, et dans cette foule qui s'écoulait, après que le Fils de l'homme eut cessé de parler, on ne peut douter qu'il n'y eût bien des cœurs émus et bien des consciences réveillées; toutefois, mes frères, si les troupes avaient été frappées des choses que notre Maître leur avait dites, elles l'avaient été aussi de sa manière de les dire. Elles y avaient trouvé, en particulier, un caractère d'autorité dont elles étaient d'autant plus saisies qu'elles y étaient moins accoutumées. « Quand Jésus eut achevé ce discours, dit l'Evangéliste, les troupes furent étonnées de sa doctrine; car il les enseignait comme ayant autorité et non point comme les Scribes. »

Il nous a semblé utile, mes frères, de vous entretenir de cette autorité, qui, en effet, est un trait distinctif des enseignements de Jésus-Christ. Plusieurs d'entre nous ne s'en font peut-être pas encore une idée bien claire et bien exacte, ensorte qu'il sera bon de commencer par vous la faire connaître telle qu'elle paraît dans ce Sermon sur la Montagne où les troupes l'avaient remarquée. Après ćela, nous examinerons quels sont les avantages de cette autorité avec laquelle l'auteur de notre salut nous propose les devoirs de ses rachetés et de ses enfants. Il ne nous sera pas difficile de vous convaincre que nous devons la considérer comme

un grand bienfait, et que, sans elle, les leçons de notre divin instituteur ne pourraient avoir la même utilité, ni la même efficacité. Accordez-nous votre attention, mes frères; l'unique objet de cette méditation est de vous faire sentir le bonheur d'appartenir à un Maître tel que le nôtre, et notre unique désir est que vous entriez tous en possession de ce bonheur en acceptant le salut et en vous soumettant à l'empire de celui qui est le chef, Jésus-Christ. Dieu veuille, mes frères, que tel soit l'effet de nos réflexions! Ainsi soit-il.

Le costume et les manières de Jésus-Christ ne donnèrent sans doute pas l'idée d'un de ces docteurs en Israël dont la plupart exerçaient tant d'influence sur l'esprit de leur peuple. C'était, selon toute apparence, un homme fort uni et fort simple, qui avait conservé l'extérieur de la classe obscure et illettrée dans laquelle sa naissance l'avait placé et qui n'affectait rien des dehors de la sagesse et du savoir. Il y avait loin d'un pa

reil homme à ces Scribes et à ces Pharisiens dont la bouche était toujours remplie de sentences et de décisions, et dont les vêtements même, tout couverts de passages de la loi, annonçaient leurs prétentions d'en être les seuls interprètes. Les auditeurs de Jésus-Christ cependant ne tardèrent pas à voir qu'il y avait en lui bien plus qu'un pauvre artisan, et de bonne heure ils lui donnèrent ce nom de maître dont ils avaient coutume de saluer leurs conducteurs spirituels. Or, mes frères, Jésus-Christ ne repoussa point ce titre. Il l'accepta, au contraire; il déclara nettement qu'il pouvait y prétendre mieux que personne ; il usa même en plein des priviléges qui y étaient attachés ; et son autorité con

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