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LE SOUVENIR

DE LA

RESURRECTION DE JESUS-CHRIST.

VIII.

Souviens-toi que Jésus-Christ qui est de la race de David est ressuscité des morts. 2 Tim. II, v. 8.

La solennité qui nous réunit dans ce temple doit, sans contredit, faire sur nous une bien vive et bien profonde impression. Il semble tout naturel que, dans cette fête qui tient le premier rang parmi nos fêtes chrétiennes, tous les soucis, toutes les inquiétudes dont nous pouvons être obsédés fassent place au dedans de nous à la pensée de la résurrection de Jésus-Christ. On aurait réellement peine à reconnaître un chrétien dans tout homme dont le cœur ne serait pas rempli maintenant du saint cantique. « La droite de l'Eternel est

haut-élevée; la droite de l'Eternel a fait vertu, l'Eternel n'a pas permis que son Bien-Aimé restât dans le sépulcre, ni que son Saint connût la corruption. » Mais si ces pieux sentiments sont tout à fait de saison aujourd'hui, croyez-vous, mes frères, qu'ils cesseront de l'être demain? Pourrons-nous, à dater de ce jour, oublier la grande victoire de notre Rédempteur sur la mort, jusqu'à ce qu'un nouveau jour de Pâques vienne en quelque sorte nous forcer de nous la rappeler? Si c'est là, mes frères, ce que beaucoup de gens font, ce n'est point ce que St. Paul nous enseigne. Ecoutons-le seulement lorsqu'il dit à Timothée : «Souviens-toi que Jésus-Christ qui est de la race de David est ressuscité des morts. » L'avertissement que l'apôtre donne ici à son disciple nous concerne certainement aussi tous tant que nous sommes; et si nous voulons y avoir égard, nous ferons de la résurrection de Jésus-Christ une de nos pensées les plus familières et les plus habituelles.

Les avantages de plus d'un genre qu'il y aura à nous conformer ainsi au précepte de St. Paul nous frapperont bientôt, mes frères. Nous allons, en effet, suivre le fidèle dans diverses circonstances où il lui arrive bien souvent de se trouver; et lorsque vous aurez vu quelles forces et quelles consolations il puise alors dans le souvenir du glorieux événement que nous célébrons en ce jour, vous comprendrez sans peine combien il est bon pour lui d'être plein de ce souvenir, selon l'exhortation de St. Paul. Ce sujet nous fournira, mes frères, l'occasion de vous faire envisager la résurrection de Jésus-Christ sous les principaux points de vue qu'elle peut présenter, et qui sont tous également beaux et

également pratiques. Plus vous réfléchirez à cette admirable manifestation de la puissance éternelle, plus les conséquences qui en découlent vous étonneront par leur variété et leur importance. Bénis, père de grâce et de bon secours, les méditations où nous allons entrer; et dans ce jour qui nous retrace les plus touchantes merveilles de ton pouvoir et de ton amour, daigne mettre le comble à tes bienfaits, en nous faisant pleinement connaître Jésus-Christ, et la vertu de sa résurrection! Ainsi soit-il.

I.

Les personnes qui entrent dans le chemin du salut ne tardent pas, mes frères, à faire l'expérience des fréquentes et étranges vicissitudes auxquelles la vie chrétienne est sujette. Il y a des temps où la piété se soutient, où elle fait même des progrès sensibles, où toutes les circonstances dans lesquelles on se trouve contribuent à la nourrir et à la développer; mais il y en a aussi où elle languit dans notre cœur, où elle diminue à un degré alarmant, où les ténèbres et les tentations de la terre semblent bien près de l'emporter sur elle, Or, mes frères, c'est dans ces pénibles moments surtout que le chrétien peut apprendre à connaître les inépuisables ressources de sa foi. Il n'a besoin, en effet, que d'ouvrir le livre de vérité pour y trouver un trésor de pensées fortes et sanctifiantes qui sont un vrai cordial pour son âme attiédie ou abattue; et parmi ces pensées, celle de la résurrection de Jésus-Christ tient incontestablement une des premières places.

Il peut suffire, pour bien sentir tout cela, de nous représenter le fidèle dans ces graves circonstances où les vues de Dieu dans le gouvernement des choses humaines sont si difficiles à discerner par nos faibles yeux mortels. La cause de la vérité et de la piété peut, sans aucun doute, compter sur son appui, et il le lui a trèssolennellement promis; mais, avec tout cela, il est des temps où il paraît lui retirer cet appui, sans lequel pourtant elle ne saurait prospérer. Ses défenseurs ont beau alors n'épargner ni soins, ni travaux, ni sacrifices, ni prières pour lui assurer la victoire qui lui est due; leurs projets les plus raisonnables et les plus saints, leurs entreprises les plus utiles et les mieux conduites échouent contre le malheur des circonstances ou la malice des hommes. On dirait, en vérité, que tous les mécomptes, tous les revers sont réservés à ceux qui n'ont que le bien général pour objet, et qui n'emploient, pour l'opérer que les moyens dont la sagesse divine elle-même proclame la légitimité et l'efficacité. Ce qui est surtout fait pour nous frapper, mes frères, c'est que dans ces mêmes temps où les affaires du royaume des cieux semblent aller si mal, le parti du mensonge et de l'immoralité obtient quelquefois, au contraire, les succès les plus étonnants et, en apparence, les plus désastreux. Les événements s'arrangent pour le servir; les résistances même des gens de bien tournent à sa gloire. On pourrait croire que le monde appartient à ceux qui ne songent qu'à l'égarer ou à le corrompre et que rien ne pourra plus mettre obstacle à leurs funestes desseins. Ce sont là, mes frères, de grandes épreuves pour tous les croyants sans aucune

exception. Le fidèle même le plus résigné et le plus affermi en est quelquefois ébranlé; l'abattement, le découragement s'empare de lui, et dans la tristesse dont son âme est saisie, on l'entend peut-être répéter avec amertume les paroles du prophète : « Mes pieds m'ont presque manqué, et il s'en est peu fallu que mes pas n'aient glissé, parce que j'ai vu la prospérité des méchants.» Cependant, mes frères, ces tristes moments peuvent-ils être de longue durée ? le fidèle peut-il tarder beaucoup à recouvrer pleinement et entièrement sa confiance en Dieu? Non, car entre mille raisons de compter sur le rocher de son salut, il a le souvenir de la résurrection de Jésus-Christ. Dans cette résurrection, en effet, nous voyons la révélation la plus surprenante et la plus magnifique de cette justice éternelle qui permet quelquefois que les pervers soient heureux un moment, qui a même l'air de leur sacrifier les siens, mais qui néanmoins arrive tôt ou tard pour les confondre et pour assurer le triomphe de ceux qui se sont dévoués pour elle. « Jésus le Nazaréen, disait St. Pierre aux Israélites, personnage approuvé de Dieu par les merveilles, les miracles et les prodiges que Dieu a faits par lui au milieu de vous, comme aussi vous le savez, ayant été livré par le conseil défini et par la prescience de Dieu, vous l'avez pris, vous l'avez mis en croix, et vous l'avez fait mourir par la main des iniques ; mais Dieu l'a ressuscité, ayant brisé les liens de la mort, parce qu'il n'était pas possible qu'il y fût retenu.» Après une pareille démonstration de la fidélité de Dieu à tenir ses promesses, ne plaignons pas le fidèle, lors même que les secrètes intentions du maître souverain des événe

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