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convoi à la disposition du maréchal Matignon. Ce droit, d'abord modique, fut augmenté pendant les guerres. Henri IV le fit réglementer. A la suite de difficultés, le bureau en fut établi à Royan, par arrêt du 3 octobre 1652, peu de temps après transféré à Blaye, et, enfin, rétabli à Bordeaux, quand le calme y fut revenu.

Ce droit se percevait à la sortie par mer, en tout temps de l'année, sur les vins, eaux-de-vie, vinaigres, sel, miel, prunes, graines et toutes autres marchandises non sujettes aux priviléges de foire. Le tarif était de 13 livres par tonneau sur les vins bordelais.

Droit de courtage.

Le droit de courtage appartenait autrefois aux courtiers royaux. Le roi, en 1635, créa à Bordeaux soixante offices de courtiers, qui furent supprimés en 1642. En 1680, les droits attribués aux courtiers furent réunis à la ferme de convoi et comptablie, et Sa Majesté s'obligea à payer 500 liv. par an à chaque courtier. Il y en avait trente-trois à cette époque sur notre place.

Les droits de courtage étaient : A l'entrée, 1 p. 100 pour français et étrangers. A la sortie, ce droit se percevait comme suit: 30 sous par tonneau de vin de ville et vin de haut; 30 sous par tonneau de vinaigre et par pièce d'eau-de-vie; 30 sous par tonneau de miel et par tonneau de térébenthine; 2 sous 6 deniers par quintal de prunes; 10 sous par balle de pastel; et

10 sous par tonneau de toute sorte de grains, graine de lin, légumes, marrons, châtaignes et noix. Ces droits n'étaient point sujets au privilége des foires.

Droit de foraine.

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Ce droit n'était perçu à Bordeaux que sur les marchandises du Levant et de l'Italie passant par le Languedoc, et sur celles du crû de cette province; les dites marchandises étaient déclarées au bureau d'Auvillars, pour être entreposées à Bordeaux, et ensuite envoyées dans les pays étrangers.

Il y avait dix espèces de marchandises du crû de Languedoc qui payaient les droits au bureau d'Auvillars, quoiqu'elles fussent destinées pour Bordeaux : c'étaient les vins, eaux-de-vie, prunes, safrans, graines de lin et de jardin, verdet, peaux de chevreau, plumes d'oie, merrains; en sorte que, lorsque ces marchandises se chargeaient à Bordeaux pour le pays étranger ou pour les provinces du royaume réputées étrangères, le marchand ou particulier devait représenter au bureau de la foraine le certificat des droits perçus au bureau d'Auvillars.

A la sortie, les droits de foraine sur les vins de Frontignan et autres étaient de deux sous tournois par pot (1).

Droits d'octroi.

Quoique les droits d'octroi n'aient pas un rapport direct avec le commerce, ils produisent, cependant,

(1) Recueil des anciens Droits de Bordeaux.

une certaine influence sur son mouvement, par l'augmentation qu'ils apportent dans l'intérieur des villes, au prix d'un grand nombre de marchandises.

L'origine des droits d'octroi paraît remonter à l'établissement même du régime municipal. Ces taxes ne furent pas d'abord permanentes; elles étaient temporairement autorisées et établies pour couvrir quelques dépenses extraordinaires (1).

Ces droits ne pouvaient être établis que par la majorité de l'assemblée des Cent-Trente; et, comme de nos jours, ils portaient sur quatre divisions d'objets de consommation: les boissons et liquides, les comestibles, les combustibles, les fourrages et matériaux.

Liquides.

Les droits sur les vins, appelés droits d'échats et don gratuit, étaient perçus comme suit :

Vins bordelais, 5 liv. 5 sous par barrique.

Don gratuit, 2 liv. 12 sous 6 deniers par barrique.
Vins du haut pays, 1 liv. la barrique.

Bière et cidre, 10 liv. la barrique.
Vin-liqueur, 10 sous le pot.

Droit sur les bestiaux appelé du pied fourché.

Bœuf, 20 liv. par tête.

Vaches, 12 liv. par tête.
Veaux, 1 sou la livre.

Moutons, 20 sous par tête.

(1) Chron. de Bordeaux, 1654.

Chèvres, 12 sous la livre.

Cochons, 7 sous la livre.

Droits sur gemmes, résines, goudron et térébenthine, nommés droits sur les kas.

Kas ou barriques, 5 sous.

Tierçons, 5 sous 4 deniers.

Pains, 1 sou 4 deniers.

Barils, 1 sou.

Miel, 9 sous.

Charbon, 4 sous le kas.

Chevrons, 2 sous la douzaine.

Planches, 1 sou 4 deniers la douzaine.

Barres, 1 sou 8 deniers la douzaine.
Lattes, 1 sou 4 deniers la douzaine.

Droits sur les grains et farines.

Froment, 7 sous 6 deniers le boisseau.

Méture, 6 sous le boisseau.

Seigle, 4 sous 6 deniers le boisseau.

Menus grains, 3 sous le boisseau.

Son, 2 sous 6 deniers le boisseau.

Droits sur le poisson salé.

Saumons et sardines, 20 sous la barrique.

Harengs, 15 sous le baril.

Morue sèche, 10 sous le quintal.

Poisson vert, 8 liv. le mille.

Congres, 20 sous le quintal.

Maquereaux et cabillauds, 10 sous le baril.

Ce tarif a été perçu, à quelques modifications de détail près, pendant le XVIIe et le XVIIIe siècle.

ARTICLE VI.

OBJETS PRINCIPAUX INTRODUITS DANS LE COMMERCE DE BORDEAUX PENDANT LES XVIe ET XVII SIÈCLES.

Plusieurs de ces objets devinrent des éléments si importants du commerce de notre ville, qu'il est indispensable de signaler l'époque de leur introduction et les détails historiques qui s'y rattachent.

Sucre.

La canne à sucre est une plante originaire des Indes orientales; l'usage du sucre ayant été introduit en Europe par le commerce des républiques italiennes, des plantations furent établies en Égypte, en Sicile et dans quelques provinces de l'Espagne; mais le sucre ne devint un objet important de commerce qu'après la découverte de l'Amérique et du cap de Bonne-Espérance. A partir du XVIIe siècle, ce fut un des négoces que les nations de l'Europe se disputèrent avec le plus de vivacité, et qui devint la base des plus grandes fortunes commerciales. Ainsi que nous le verrons, le port de Bordeaux posséda et possède encore une large part dans cet immense commerce, qui, néanmoins, ne date sérieusement pour notre ville que des premières années du XVIIIe siècle.

Tabac.

Le tabac fut introduit en France par Jean Nicot en 1560, sous le règne de François II. Nos colonies d'Amérique ne tardèrent pas à le cultiver avec succès.

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