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Pour protéger nos colons, le Gouvernement ne soumit le tabac de nos îles qu'à un droit de 2 liv. le quintal et imposa les tabacs étrangers d'un droit d'entrée de 13 liv.

Café.

Rauwol fut le premier qui porta du café d'Orient en Europe, en 1583. Prosper Alpin découvrit en 1590 l'arbre du café en Égypte, sous le nom de boun. Ce ne fut cependant qu'en 1645 que l'on commença à en prendre en Italie. Les premiers établissements pour prendre du café furent ouverts à Londres en 1652, et à Paris en 1669, époque où la livre de cette denrée valait jusqu'à 40 écus. En 1743, un sieur Resson, lieutenant général d'artillerie en France, donna un pied de café au Jardin des Plantes de Paris, et en 1720 un autre pied, élevé dans ce même jardin, fut transféré aux Antilles par le capitaine Declieux, qui aima mieux, pendant la traversée, endurer la soif, pour arroser et conserver ce précieux arbuste. C'est de ce pied que sont venus tous les caféiers cultivés à la Martinique, à la Guadeloupe, Saint-Domingue et les autres îles.

Cacaotier.

Cette plante n'était pas connue avant la découverte de l'Amérique; elle croît naturellement dans la Guyane, le Venezuela, les Antilles et le Mexique. Le chocolat, qui est le produit de la fève de cacao, était une boisson très-aimée des anciens peuples du Mexique; elle fut apportée du Mexique en Espagne

après la conquête de Fernand Cortez; mais l'usage n'en fut général en Europe et ne devint un objet considérable de commerce que vers la fin du XVIIe siècle.

The.

Quoique l'usage de l'infusion du thé soit aussi ancien en Chine que sa culture, les Européens ne l'adoptèrent que fort tard, et pour la première fois vers le milieu du XVIIe siècle, par les soins de la Compagnie hollandaise des Indes-Orientales. Toutefois, le thé n'est devenu une boisson d'usage général que chez les Hollandais, les Américains et les Anglais, et quoique la consommation en France ait une certaine étendue, l'importation s'en fait presque entièrement par le commerce maritime des Anglais et des Américains.

Indigo.

L'indigo, connu depuis les temps les plus reculés, n'entra dans le commerce de l'Europe qu'après la découverte du cap de Bonne-Espérance. Défendu en France par édit de François Ier et de Henri IV, on ne le voit figurer dans les cargaisons de nos bâtiments qu'au milieu du XVIIe siècle.

Marchandises diverses.

Les rhums, tafias, bois de teinture américains, vanille et autres produits du nouveau monde, ne sont entrés dans le commerce et ne figurent dans les cargaisons bordelaises que vers le milieu du XVIIIe siècle.

Ajoutons avant de terminer cet article que, d'un autre côté, certains objets ont perdu aujourd'hui dans le commerce bordelais l'importance qu'ils avaient dans le XVI et le XVIIe siècle. Ainsi, les Anciens Statuts de Bordeaux contiennent un chapitre spécial de dix articles sur les pastels en balles, ce qui prouve qu'à cette époque cette marchandise était un élément beaucoup plus considérable du commerce de notre ville qu'il ne l'est de nos jours.

L'ambre gris figurait également parmi les articles du commerce bordelais; on le trouvait fréquemment sur la côte nord et sud du golfe entre l'Adour et la Gironde et sur les bords du bassin d'Arcachon. La ville de Bordeaux a offert plusieurs fois en cadeau, aux rois et princes qui la visitaient, une pièce d'ambre gris renfermée dans une boîte en vermeil (1).

ARTICLE VII.

PRINCIPALES INSTITUTIONS COMMERCIALES CRÉÉES A BORDEAUX PENDANT LES XVI ET XVII SIÈCLES.

Tribunal de commerce de Bordeaux.

Cette juridiction fut établie à Bordeaux par édit du mois de décembre 1563, sous le règne de Charles IX; le président seul prenait le nom de juge; les autres. négociants appelés à composer le tribunal étaient nommés consuls.

Pour être nommé membre du tribunal consulaire, il fallait avoir un intérêt de 2,000 fr. au moins sur

(1) Dom Devienne, Hist. de Bordeaux, p. 196. Chron. bordelaise, p. 109.

un navire au-dessus de 300 tonneaux et de construc

tion française.

Foires.

L'importance des foires était beaucoup plus grande autrefois; cela tenait à plusieurs causes la difficulté des communications, la spécialité presque exclusive des produits industriels de chaque pays, la suspension des priviléges de la localité, qui avait lieu en temps de foire, au grand avantage des commerçants des autres villes et des consommateurs.

Les deux grandes foires de Bordeaux furent établies en 1565 par lettres-patentes du roi Charles IX, l'une au mois de mars et l'autre au mois d'octobre, pour quinze jours chacune. Ces foires étaient franches, c'est-à-dire exemptes de tout droit de convoi et de courtage à la sortie, excepté les eaux-de-vie, sel et graine de lin, qui payaient les droits de convoi, de comptablie et de courtage.

Les limites de la foire pour la sortie étaient entre les deux esteys ou ruisseaux de Sainte-Croix; ce qu'on appelait le coutumas.

Pour jouir du privilége de la foire, les marchandises devaient être chargées entre ces deux esteys; ceux qui chargeaient plus haut ou plus bas devaient les droits de comptablie; avant minuit, le dernier jour de la foire, les vaisseaux ou barques devaient être hors le coutumas; ils étaient obligés de souffrir la visite des visiteurs de sortie, qui donnaient au bureau extérieur l'état de chargement de chaque vaisseau ou barque. Après la visite, ceux qui

n'avaient qu'une partie de leur cargaison pouvaient entrer dans le coutumas pour l'achever, en payant les droits des marchandises qu'ils chargeaient après foire.

Quant aux marchandises importées pour la foire, elles étaient toutes exemptes du droit de comptablie; mais pour jouir de ce privilége, les vaisseaux et barques devaient s'arrêter jusqu'à l'heure de minuit, la veille du premier jour de la foire, plus bas que l'estey de Bis, en Médoc. Pour les bateaux qui arrivaient par le haut de la Garonne et de la Dordogne, les premiers devaient s'arrêter au-dessus du ruisseau de Saint-Martin, les seconds au ruisseau du Fleix. Les voitures chargées stationnaient aux limites de la sénéchaussée (1).

Bourse.

Toutes les nations de l'antiquité ont eu des lieux de réunion ayant à peu près le même but que nos bourses de commerce, collegia mercatorum. Chez les peuples modernes, leur création date en général du XVIe siècle. Celle de Bordeaux fut fondée au mois de février 1571; lieu, suivant les termes des anciens édits, qu'on appelle change, estrade ou bourse, où deux fois le jour les marchands, facteurs et fabricants peuvent converser pour répondre et rendre raison les uns aux autres de leur trafic et faire les entreprises qu'ils ont par ensemble accoutumés à faire.

(1) État des Droits de Bordeaux.

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