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que Bordeaux envoyait encore à cette époque du café d'Orient dans les colonies; on y voit figurer en effet 1,115 liv. de café à 2 liv. 10 sous la livre.

Quant à l'importation à Bordeaux, elle présente, dans cette même année, une valeur totale de 4,735,155 liv., comme suit:

1° D'Angleterre, 543,624 liv. chanvre, fer, froment, beurre.

2o De Hollande, 1,684,228 liv., où l'on trouve 254,830 liv. fromage à 25 liv. le quintal, et 1 million 281,185 liv. garance à 45 liv. le quintal.

3o Du Nord, 331,564 liv. planches, merrain, cuivre, fer, etc.

4o D'Espagne, 79,539 liv. huile, cochenille, fer en barre.

5o Des îles françaises d'Amérique, 2,096,198 liv., soit sucre à 20, 26 et 36 liv. le quintal: indigo à 3 liv. 12 sous la livre, coton à 80 liv. le quintal; cacao à 8 sous la livre.

En résumé, l'exportation étant de 8,044,181 liv. tournois, et l'importation de 4,735,155 liv., Bordeaux restait créancier pour solde d'une somme de 3,309,025 liv.

Les droits d'entrée et de sortie étaient à peu près en France ce que nous les avons vus dans le siècle précédent; toutefois, en 1717, le roi retira le droit de 4 sous par livre sur le vin, ce qui réduisit les droits de sortie de 20 liv. à 16 liv. 19 sous.

Il existait, en outre, sous le nom de droit du domaine d'Occident, une perception de 3 1⁄2 p. 100

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sur la valeur de toutes les marchandises coloniales à leur entrée dans le port et calculée sur les prixcourants établis par semestre. La correspondance nombreuse, conservée aux archives, entre la chambre de commerce et M. Bachelier, directeur général des fermes du roi, prouve combien l'assiette de ce droit présentait d'incertitude et de difficultés.

Chaque chargement partant de Bordeaux était également soumis au paiement d'un droit qu'on appelait le chapeau de maître. Cette gratification, appartenant au capitaine, était modérée dans le principe et ne dépassait pas le prix du fret d'un tonneau ; mais pendant la guerre, les bâtiments neutres, se trouvant maîtres du commerce, portèrent le droit du chapeau de maître à un prix exorbitant. Un arrêt de 1712 le réduisit toutefois à 1 liv. 10 sous par tonneau.

Quant aux droits étrangers, la guerre des tarifs marchait dans une progression malheureuse, surtout avec les Anglais; les droits d'entrée en Angleterre, sur les vins français, étaient alors de 55 liv. sterling par tonneau, soit 1,375 liv. Dans le traité d'Utrecht, le gouvernement anglais persista dans le maintien de ce tarif; de son côté, la France maintint le sien sur les étoffes anglaises et continua la prohibition des marchandises venant des Indes.

Cependant ces entraves de détail ne purent arrêter la force ascendante du commerce bordelais. Sous l'influence de la paix, des mesures législatives et du progrès colonial, il prit un développement rapide; en 1724, son mouvement avait à peu près doublé ;

la valeur générale des importations s'élevait à 10 millions 567,032 liv., et celle des exportations à 15 millions 207,587 liv.; ce qui établissait en faveur de Bordeaux une balance de 4 millions 640,554 liv. Nous devons recueillir ici le tableau des bâtiments marchands existants à cette époque dans notre port:

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Au milieu de ces progrès et malgré les difficultés qu'avaient fait naître sur notre place et dans la France les désordres financiers de la régence, la chambre

(1) Encyclopédie méthodique, t. II, p. 256.

de Bordeaux dirigeait la tutelle du commerce avec une sagesse, une fermeté et une intelligence dignes des plus grands éloges, tantôt arrêtant les abus fréquents des fermiers de l'État, tantôt éclairant le Gouvernement lui-même; ainsi, en 1723, les sousfermiers de plusieurs sénéchaussées, abusant du contrôle impuissant qui surveillait leurs opérations, établirent des droits arbitraires sur la sortie des huiles de Provence, sur les vins de Guyenne partant de Calais et sur les toiles chargées dans le port de Bordeaux; notre chambre de commerce s'adressa au Gouvernement lui-même, et ses réclamations persistantes obtinrent bientôt la réforme de ces abus. Quelques années plus tard, les faillites ayant pris sur notre place une recrudescence alarmante, le ministre demanda des informations, et la chambre fit entendre ses conseils dans un mémoire resté célèbre. Selon elle, pour diminuer les faillites, il ne fallait ni créer des rigueurs, ni gêner la liberté du commais le favoriser au contraire, soit par l'amélioration des tarifs, soit en limitant le monopole des grandes compagnies, soit enfin en maintenant sur la place l'abondance du numéraire et en imposant aux fermiers généraux l'obligation de prendre le papier des bonnes maisons, ce qu'ils s'obstinaient

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à refuser.

A la même époque, le commerce de Bordeaux fit de grands sacrifices pour aider l'État à améliorer les passes du fleuve.

De 1725 à 1740, Saint-Domingue et les autres

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