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marchandises; mais telles manufactures ruineraient la France, et cette proposition n'est bonne que pour la seule Guyenne, dont la manufacture est en vins.

>> DES AUTRES DENRÉES DE LA GUYENNE.

» Prunes. On en charge depuis 15 à 20,000 barriques, chacune de 4 à 5 quintaux, et cette partie monte jusqu'à 300,000 liv.

» Miel. - On fait état de 2 à 300 tonneaux, ou 12 à 1,800 tierçons, laquelle partie va encore à 300,000 liv.

» Graine de lin.

On en charge à Bordeaux de 3 à 4,000 sacs, et à Libourne jusqu'à 8,000. Cette partie, à 6 liv. par sac, monte à 24,000 écus.

» Résine. On en envoie de 100 à 150 milliers, qui ont coûté 300,000 liv.

» Térébenthine. 30 à 40 tonneaux, 30,000 liv. » Huile de térébenthine. -30 à 40,000 tonneaux, 40,000 liv.

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40 à 50,000 tonneaux, 15,000 liv. 1,000 caisses, 100,000

» Savon de Bordeaux.

livres.

» Papier.

3,000 balles, 300,000 liv.

>> On observera que le prix de ces marchandises hausse et baisse tous les ans, et que les commis du bureau des fermes surchargent les denrées de certains droits qui reviennent à leur profit, indépendamment de la ferme, ce qui charge trop le commerce. Tels sont les droits d'acquêts ou de signature, les 40 sous par tonneau qu'on exige pour les billets

qu'on leur rend lorsqu'on ne peut les employer, et bien d'autres prétendus droits qui dégoûtent les commerçants et surchargent leur commerce.

>> DENRÉES DES ILES FRANÇAISES.

>> Le commerce des îles de l'Amérique forme, pour ainsi dire, une nouvelle marine en France par le nombre des vaisseaux qu'on bâtit pour les y envoyer, et par le grand nombre de maîtres, de pilotes et de matelots qui s'y forme. Il est aussi un grand débouché pour les denrées de la province de Guyenne, qui envoie dans ces îles des vins rouges, peu de blancs, des eaux-de-vie, du vinaigre, des farines, du bœuf salé, des cochons salés, des produits manufacturés de France, comme draps, toiles, chapeaux, souliers, bas, instruments et meubles, chaudières pour le sucre, harnais de chevaux, papier, livres, etc., etc. Les marchandises en retour sont sucre, indigo, gingembre, bois de teinture, sirops, confitures, cotons, cafés, cacao.

>> CAFÉ ET CACAO.

>> On commence à produire beaucoup de cafés dans les îles. Celui qui arrive à Bordeaux est enlevé, en grande partie, pour l'étranger; il s'en faut pourtant bien qu'il vaille celui du Levant, dont le grain est plus petit, plus verdâtre et plus aromatique; mais on peut espérer que ces insulaires connaîtront les défauts de leur culture et de leurs apprêts, et qu'en faisant plus mûrir et plus sécher le café, ils lui ôte

ront le goût de verdeur, de terroir et d'amertume qui s'y trouve; car, pour l'aspect du soleil, il est presque le même dans les îles qu'à Moka, en Arabie. On soupçonne que la terre où l'on plante le café aux îles est trop grasse, parce que le grain est trop gros, trop blanc, d'un goût vert et peu aromatique; on peut essayer un terrain moins gras, et il n'en manque pas dans des pays aussi chauds. On croit encore que les arbres à café y sont trop jeunes, et c'est d'où peut venir la grosseur du grain; car tout vieil arbre produit de petits fruits. D'ailleurs, cet arbre parvient ordinairement à la grosseur de la cuisse, tandis qu'aux îles, il n'est encore que de la grosseur du bras, et ne produit que depuis 3 jusqu'à 5 livres de grain. Par la suite, le café pourra se donner à 8 et 10 sous la livre, comme le cacao se donnait avant la destruction des cacaotiers. Par l'usage du café aux îles, les sucres auront plus de consommation, et le café prendra la place du cacao. Ce commerce peut améliorer le nôtre si la compagnie des Indes ne s'y oppose pas; elle aurait bien mauvaise volonté si elle s'y opposait et le traversait, puisqu'elle a été formée avant que le café ne fût planté aux îles : elle peut se contenter de celui du Levant. La seule chose à faire est de faciliter le commerce de cette graine avec un droit modique d'entrée et de consommation à proportion des sucres. Ce moyen augmentera le commerce des îles et de Guyenne.

» Le cacao de la Martinique a pris le dessus sur celui de Caracas, soit à cause de sa bonté, soit à

cause de sa rareté. Il est très-difficile de multiplier les cacaotiers, et ils ne portent de beaux fruits qu'à la troisième année. Toutefois, il vient peu de cacao de la Martinique; mais il en vient beaucoup de Joachim et de Caracas, et l'entrepôt en est permis. On estime que le droit de consommation dans tout le royaume devrait être réduit à 2 sous par livre, tant pour celui qui vient de nos îles que pour celui de l'étranger, parce que le droit de 15 sous par livre pour le cacao étranger ne produit rien aux fermes, et c'est à quoi les fermiers devraient penser, sans se tenir si rigides. Au reste, un cacaotier ne produit qu'environ 1 livre, de noix, au lieu qu'un arbre de café produit jusqu'à 5 livres de grains, ce qui fait que les cafés remplacent avantageusement les cacaotiers qui se sont perdus à la Martinique.

» SUCRE DES ILES.

>> On se plaint du trop haut prix des sucres, et il semble que cette plainte est mal fondée, parce que le bas prix des sucres fait 1° tomber celui des habitations qui le vendent; 2° les armateurs chargés de sucres sont obligés de les porter à Cadix pour les échanger avec des huiles et autres marchandises; 3o les sucres portés en France sont mis en dépôt pour l'étranger, afin d'épargner les droits d'entrée et de consommation; 4° les sucres sont à si bas prix, que les droits de bureaux surpassent la valeur de la denrée, circonstance qui doit faire tomber toute denréc sujette à pareils droits. Pour juger du prix des

sucres dans l'Amérique, il ne faut que voir le nombre de nègres occupés à la culture de la terre et aux chaudières, ce qu'on peut comparer à la culture de nos vignes et à nos vaisseaux vinaires. Ce sucre brut n'est vendu que 15 liv. le quintal, le fret de vaisseau est de 40 liv., les droits d'entrée et de consommation en France vont à 15 liv., le travail des raffineurs va à 5 liv. le tout monte à 45 liv. Cependant, le sucre blanc n'est vendu que depuis 45 jusqu'à 50 liv. On voit le peu de profit qui en revient au propriétaire de l'Amérique et la ruine de cette colonie, si les sucres ne se soutiennent pas par la consommation qu'en peut faire l'usage du café et du cacao; cepen-, dant, il est certain que les sucres y sont à un prix trop haut pour les armateurs. Cette cherté vient des marchandises portées de France et des autres lieux aux îles, parce que la quantité, surpassant celle des sucres, met les marchandises à bas prix. On échange ces marchandises avec des sucres, et le prix s'en règle sur le nombre des marchandises et des vaisseaux qui arrivent; c'est ce qui fait que les armateurs y perdent souvent beaucoup, ne prenant en retour que des sucres chers pour des marchandises qu'ils ont données à bon marché, à cause de la quantité qui en avait été portée. Cette cherté est encore causée par le commerce que l'on y souffre des étrangers et des interlopes qui achètent les sucres avec de l'argent de billon de 30 à 40 p. 100 trop léger, et encore par le commerce des nègres qu'ils y apportent, ce qui fait tomber notre commerce de Guinée en Afri

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