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RÉSUMÉ DU BÉNÉFICE DU PORT DE BORDEAUX DANS

SON COMMERCE AVEC LES PORTS ÉTRANGERS PENDANT NEUF ANNÉES, DE 1750 INCLUSIVEMENT JUSQU'A 1758, SUIVANT les registres DES IMPORTATIONS ET EXPORTATIONS DE SON COMMERCE, SAVOIR :

BÉNÉFICE DU PORT DE BORDEAUX

dans son commerce avec :

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Il résulte donc que l'étranger a été rendu débiteur envers le commerce de Bordeaux du principal cidessus, dont le fonds doit être rentré en arbitrage de change ou en marchandises.

RÉSUMÉ DES IMPORTATIONS ET EXPORTATIONS POUR

LES ILES FRANÇAISES DE L'AMÉRIQUE PENDANT LES
DITES NEUF ANNÉES 1750, JUSQUES ET Y COMPRIS
L'ANNÉE 1758, savoir:

MONTANT des importations des denrées territoriales des îles françaises pendant les dites neuf années, ci.. 132,222,557 liv.

...

MONTANT des exportations du

port de Bordeaux pendant les dites neuf années pour les îles françaises, ci.. 66,104,014 liv. Id. pour la Guinée.. 1,353,985

67,457,999

64,764,558 liv.

Le résultat des importations des colonies dans le port de Bordeaux, présente un bénéfice-au commerce de 64,764,558 liv., laquelle somme est entrée dans le principal de celle dont l'étranger a été constitué débiteur du commerce de Bordeaux (1).

Toutefois, il ne faut pas cesser de faire remarquer que dans cette énorme progression du commerce bordelais, le mouvement des vins, eaux-de-vie et farines, c'est-à-dire du commerce naturel de notre port, était toujours resté dans les mêmes conditions.

La fin de la guerre de sept ans fut déplorable pour notre commerce; Bordeaux y perdit plus de la moitié de ses navires; une grande partie de nos colonies tomba au pouvoir de l'ennemi.

Les malheurs de notre place ne firent qu'exciter

(1) Archives départementales, Commerce, carton C., no 754.

le patriotisme de ses habitants; une souscription, couverte des premières signatures bordelaises, offrit au roi un vaisseau de premier rang; noble et généreux exemple, digne d'un grand port maritime, et que Bordeaux a renouvelé plusieurs fois (1).

Au surplus, ce n'était là, selon nous, que l'accomplissement d'un devoir; si le Gouvernement et tous les sujets sont gardiens solidaires de l'honneur national, cette vérité est plus décisive encore à l'égard du commerce; il recueille pendant la paix toutes les conséquences de la grandeur et de la force da pays, il doit les défendre pendant la guerre sans ménager ni son sang ni sa fortune.

Notre chambre de commerce manifesta de nouveau le patriotisme le plus énergique, lorsqu'on apprit, en 1761, que la cession du Canada devait être comprise dans les conditions de la paix. Il serait difficile de trouver, même dans les pays de grande liberté politique, un langage plus rempli de franchise, d'indépendance et d'élévation. Ce document honore trop le commerce de Bordeaux pour n'être pas recueilli dans cette histoire :

(1) Lettre de la Chambre de commerce de Guyenne à M. le duc de Choiseul« Monseigneur, la bienveillance et la protection dont Votre Grandeur honore le commerce, nous font espérer qu'elle accueillera avec bonté l'extrait de là délibération de la chambre de commerce de la province de Guyenne; nous nous sommes occupés de décider par 'exemple les négociants à concourir à la construction d'un vaisseau que la province est dans l'intention d'offrir à Sa Majesté; nous avons suivi sur cet objet les mouvements de zèle et de patriotisme que votre glorieux ministère inspire à tous les sujets. Nous sommes, etc. »

« La Chambre de commerce de Guyenne à M. le duc de Choiseul :

>> Monseigneur,

>> L'importance du sacrifice projeté pour obtenir la paix, manifeste bien sensiblement la tendre et paternelle sollicitude de Sa Majesté pour le repos et le bonheur de ses peuples; mais si en bénissant la main du bienfaiteur il nous est permis de réfléchir sur le bienfait, la paix n'a pas tous nos vœux s'il doit en coûter la cession du Canada.

>> Cette colonie, si précieuse par sa situation, relativement à la sûreté des îles, si utile par la nature de son commerce, considéré dans l'intérêt des différents états qui y versent leurs produits, si redoutable enfin pour nous entre les mains des Anglais, nous paraîtrait une perte irréparable, et la continuation de la guerre serait peut-être moins funeste. Intimement persuadés que les circonstances essentielles de cette colonie n'ont point échappé à votre attention, Monseigneur, qu'il nous soit permis d'en hasarder le tableau pour justifier nos regrets, et qu'il ne paraisse pas que nous sommes affectés de la privation sans en connaître le mérite.

» Le Canada fournissait en temps de paix, au commerce de France, deux objets considérables: 60 vaisseaux sortaient chaque année de nos ports pour y transporter les choses propres à la consommation; 150 autres y allaient pêcher la morue. Le chargement de ces 60 vaisseaux était composé de vins, d'eaux-devie, de draperies fines et communes, et générale

ment de tous les objets de consommation et de luxe; on en peut évaluer le capital à 10 millions, et à 2 millions le profit qui en résultait. Le produit de ces chargements était employé partie en lettres sur les trésoriers de Sa Majesté, et les dépenses que comportait le service du Roi dans la colonie en étaient ainsi acquittées avec d'autant moins de frais, partie en pelleteries provenant de la chasse des sauvages, marchandises qui, devenant en France un objet de commerce, était dans le Canada une occasion de liaison avec ces mêmes sauvages que l'on a toujours utilement employés à la défense de la colonie, partie enfin en était convertie en huile de loup marin et en morues provenant de la pêche des habitants.

>> Tandis qu'un certain nombre de ces vaisseaux transportaient ces objets en France, les autres chargeaient des bois de charpente qu'ils apportaient aux îles. Ce n'est point les seuls avantages que les îles en recevaient ces mêmes vaisseaux, en augmentant le nombre de ceux qui s'y trouvaient déjà, faisaient diminuer le prix du fret, et la colonie remettait en France ses denrées à moins de frais. Les îles trouvaient aussi dans le Canada le débouché des tafias et des sirops, débouché utile qui, joint à la circonstance de la diminution du fret, lie l'intérêt des îles à la conservation du Canada.

» Tel était l'état du commerce du Canada avant la guerre; mais ce n'est pas tout ce que le Canada pourrait fournir; nous ne croyons pas déplacé d'en parler ici, puisque, raisonnant sur le mérite de la colonie,

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