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Dans cette position désastreuse, le commerce de Bordeaux donna de nouvelles preuves de patriotisme et de dévoûment aux intérêts généraux. La chambre fit entendre les conseils les plus salutaires; mais il ne fallait alors que la soumission absolue et le silence; le Gouvernement supprima les chambres de commerce, qui ne furent rétablies que par arrêté du 3 nivôse an XI.

Paix d'Amiens.

anglaise.

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CHAPITRE VII.

DIX-NEUVIÈME SIÈCLE.

Reprise des hostilités. Pertes du commerce de Bordeaux.-Mesures extrêmes à l'égard des marchandises de fabrique Paix de 1814. Reprise rapide du commerce. Après l'événement des Cent jours, il reste languissant et paralysé. Les anciens éléments n'existaient plus. -Efforts énergiques des armateurs bordelais pour créer de nouveaux rapports. Sud et les grandes Indes. Révolution de 1830. Réformes douanières faibles et timides. l'influence manufacturière dans les chambres.

Expéditions pour la mer du

Luttes parlementaires.

Supériorité de Le principe protec

tionniste triomphe. Cependant le système de la liberté commerciale fait des progrès en Angleterre. — Ligue du libre-échange. — Cobden vient en France. Sa réception à Bordeaux. Toutes les grandes questions commerciales sont de nouveau agitées de 1842 à 1848. Le Gouvernement promet des réformes, mais en élude l'accomplissement. Révolution de 1848. - Voyage du président de la République à Bordeaux. - Empire. Traité de 1860. - Tableau du com

merce de Bordeaux.

-

Observations finales.

§ Ier.

De 1800 à 1830.

On a vu que la guerre maritime déclarée en 1793 avait arrêté complètement le commerce de Bordeaux. En cherchant à frapper son ennemi dans sa fortune, la France n'était parvenue qu'à augmenter ses propres embarras. La fraude s'exerçait audacieusement; le pouvoir se voyait même forcé de la tolérer en présence du chômage désastreux de nos raffineries nationales. Sur plusieurs places, et notamment à

Bordeaux, une grande partie du peuple était sans travail.

Ce fut dans cette situation qu'eurent lieu les pré.. liminaires du traité de paix qui fut signé à Amiens, le 27 mars 1802.

Les affaires reprirent aussitôt une assez grande animation, malgré les changements produits dans nos rapports par l'insurrection de Saint-Domingue. Un grand nombre de navires de Bordeaux furent expédiés pour les colonies occidentales, l'île de France, la traite des noirs, le Sénégal et la Louisiane.

Toutefois, les engagements internationaux rompus en 1793, ne pouvaient renaître qu'en vertu d'un renouvellement du traité de commerce. Des conférences furent ouvertes, le Gouvernement s'adressa aux places maritimes pour demander leur avis sur les principales questions qu'il s'agissait de résoudre; M. Portal rédigea, au nom du commerce de Bordeaux, un mémoire où les intérêts commerciaux de la France sont étudiés avec une supériorité remarquable. Après avoir démontré que le traité de 1786, conçu dans un très-bon esprit, aurait produit des avantages considérables pour notre commerce, si le temps le lui avait permis, l'auteur examine quelles devaient être les conditions essentielles du nouveau traité, en tenant compte des défauts que l'expérience avait fait reconnaître dans le premier :

« L'expérience du premier traité, dit-il, doit servir de guide pour les bases à établir dans celui que

l'on croyait utile de faire de nouveau avec l'Angle

terre.

» On a remarqué que les vins, les eaux-de-vie et les vinaigres étaient soumis à des droits fixes tellement forts, qu'ils pouvaient être considérés comme prohibitifs. C'est donc sur ces denrées, qui forment le principal moyen d'échange de la France, que nous devons surtout arrêter notre pensée et nos observations.

» Nous dirons d'abord que les droits de douane pour l'introduction en France des marchandises anglaises étant basés sur la valeur de ces mêmes marchandises, il serait juste et naturel que nos liquides fussent admis en Angleterre d'après la même règle.

fois

>> On conviendrait de part et d'autre que, toutes les que les préposés des douanes suspecteraient quelque infidélité, ils pourraient garder la marchandise en payant la valeur déclarée et 40 p. 400 en sus.

>> Ce moyen serait, autant que possible, une garantie de l'exactitude réciproque, et pourrait répondre aux objections de tromperie et de fraude.

>> Il est possible que les Anglais ne veuillent pas admettre généralement ce système de droits sur la valeur, système qui les rendrait nos tributaires pour des sommes considérables, et qu'ils s'obstinent à demander que nos liqueurs soient soumises à des droits fixes.

» De notre côté, il sera utile que nous insistions. très-fort sur ce point. Nous devons leur dire Vous allez avoir en France des consommateurs nombreux

pour les marchandises de vos fabriques; ce que nous avons à vous envoyer des nôtres ne sera pas aussi considérable, même en y réunissant celles dont nous avons à demander l'admission supplétive; il nous faut une compensation et nous ne pouvons la trouver que dans la faveur que nous réclamons pour nos vins, nos eaux-de-vie et nos vinaigres. Si vous voulez un traité, il faut qu'il soit juste, égal, et il ne peut l'être qu'aux conditions que nous vous proposons. >> Les Anglais ont envie de faire un traité avec nous, et nous ne serions pas étonnés qu'ils se déterminassent à accepter ces bases.

» Mais dans le cas où il y aurait impossibilité de les faire adopter, notre insistance sur ce point nous placera en bonne position pour demander et obtenir que les droits sur nos liquides soient fixés à 50 p. 100 au moins au-dessous de ceux qui avaient été stipulés dans le traité de 1786.

>>> Nous payions, d'après le traité, 50 guinées par tonneau de vin, 32 guinées 10 schellings 10 deniers par tonneau de vinaigre, et 7 schellings sterling par gallon d'eau-de-vie.

Depuis la guerre, les Anglais ont beaucoup augmenté leurs droits de douane sur les vins et les eaux-de-vie, et ils les ont à peu près maintenus sur nos vinaigres. Dans ce moment nous payons à l'introduction:

2,558 fr. >> c. par tonneau de vin. . .)

770

22

>>> par tonn. de vinaigre.. crû de Bordeaux. 25 par velte d'eau-de-vie.)

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