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>> Ces droits sont si forts, que l'Angleterre consomme aujourd'hui beaucoup moins de nos vins, et que la plus grande partie de ceux que nous lui envoyons sont expédiés pour ses possessions lointaines.

» Les vins qui sortent de la mère-patrie anglaise pour ses colonies jouissent d'un drawback de 95 pour 400 sur les droits, de sorte que les habitants de Calcutta boivent nos vins à meilleur marché que les habitants de Londres.

>>> Les vins de Portugal, pendant la guerre actuelle, ont été portés, de 30 guinées qu'ils payaient lors du traité, à environ 73 guinées le tonneau. Les droits sur ces sortes de vins se perçoivent par pipe, mais nous avons supputé leur coût par tonneau, afin de rendre la comparaison plus facile.

» L'habitude de boire du vin se propage en Angleterre, et bien que ceux de Portugal, en raison du coût d'achat et des droits d'entrée, reviennent trèscher, on en fait une consommation immense.

il

» Nous avons su que pendant la guerre actuelle, est arrivé un convoi à Londres, venant d'Oporto, ayant à bord 45,000 pipes de vin, représentant une valeur de plus de 32 millions de notre monnaie.

» La cherté des prix n'ayant pas diminué le goût des Anglais pour le vin, ce goût, au contraire, s'accroissant d'une manière remarquable, cette nation se trouve justement dans les dispositions et la direction qui nous conviennent, et un traité de commerce avec elle peut nous assurer de grands avantages.

>> On n'est pas généralement d'accord sur la question

de savoir si les Anglais aiment mieux nos vins que les vins d'Oporto. Les Anglais boivent plus de vins d'Oporto que de vins de France, mais c'est à cause de la différence considérable dans le prix. Ce qui fait douter que les Anglais aiment mieux les vins d'Oporto que les nôtres, c'est que dans les dîners de cérémonie, chez les gens riches, on ne se sert que du claret ou des vins de France et des vins de Madère; mais ce qui est une raison de nous faire donner la préférence, c'est que le claret est le vin le plus honorable en Angleterre, et qu'il est impossible de dire les quantités que l'on en consommerait si, au lieu de payer chaque bouteille 10 à 12 fr., prix actuel, on pouvait le vendre de 3 à 4 fr.

» Or, ce changement serait l'effet naturel de la diminution des droits de douane; car, si nos vins, à leur entrée en Angleterre, ne payaient plus que 600 fr. par tonneau au lieu de 2,700, nous pourrions envoyer des vins dont la valeur n'excéderait pas 15 à 1,800 fr., tandis qu'aujourd'hui il n'y a que les premiers crûs qui soient propres à cette consommation, et ceux-là valent 4, 5, et 6,000 fr. le tonneau en France, au moment où ils sont expédiés pour l'Angleterre.

» Il est tout simple que la France demande à jouir d'une diminution des droits proportionnels sur les eaux-de-vie.

>> Les eaux-de vie de France ont de nombreux consommateurs en Angleterre. Celles de Cognac y sont les plus estimées, et dans ce moment même plusieurs

maisons de la ci-devant province de Saintonge sont uniquement occupées à faire ce commerce avec l'Angleterre.

>> Bordeaux en envoie beaucoup pour Londres et les autres ports anglais, mais moins encore que Cognac.

>> Si nous parvenions à faire réduire de 50 p. 100 les droits auxquels nos eaux-de-vie furent fixées par le traité de 1786, cet article seul pourrait s'élever à une somme presque aussi forte que la valeur des marchandises manufacturées que nous enverraient les Anglais.

» On ne saurait donc réclamer une attention trop particulière en sa faveur. Nous savons qu'en Espagne et dans le royaume de Naples, quelques maisons anglaises cherchent à établir des brûleries dans le genre de celles qui existent en France, et si nous ne faisons avec l'Angleterre un traité qui nous autorise à y introduire nos eaux-de-vie à aussi bon marché que les nations les plus favorisées ou à peu près, nous courrons le risque de perdre ce commerce qui, jadis, fut très-florissant, et qui, au moyen de sages combinaisons, pourrait le devenir bien davantage encore.

» Les droits sur les vinaigres n'ont été augmentés

que de 10 p. 100 à peu près. Cet article avait été

fixé si haut, ainsi que nous l'avons déjà fait observer, qu'il paie trois fois plus de droits qu'il ne coûte en France. Il faut demander une réduction au moins de 50 p. 100 sur le taux de l'ancien traité et même davantage, si c'est possible.

» Les vinaigres ont de l'emploi dans les trois royau

mes unis, non-seulement pour la consommation des ménages, mais aussi pour quelques fabriques; et si les droits étaient réduits à un taux modéré, nous pourrions en exporter beaucoup.

» Il sera nécessaire et juste de demander aussi que les vins, eaux-de-vie et vinaigres, introduits de France en Irlande, ne paient que les deux tiers des droits fixés pour leur introduction en Angleterre. Cette base fut à peu près celle du traité de 1786. La réunion de l'Irlande à l'Angleterre n'est pas un obstacle, car le système des douanes n'est pas uniforme, et, dans ce moment, nos liquides paient moins à leur entrée en Irlande qu'à leur entrée en Angleterre.

» Les Irlandais consomment beaucoup plus de nos liquides que les Anglais; cette distinction peut améliorer beaucoup les résultats que nous devons espérer du traité. Il faut donc insister d'une manière absolue sur ce point.

>> Mais ce ne serait pas assez de fixer les droits que paieront nos liquides à leur introduction dans les trois royaumes unis, de faire en sorte qu'ils soient à tant pour cent de la valeur, et à défaut, qu'ils ne paient que la moitié des droits établis dans le traité de 1786; il faudra que nous portions nos regards encore plus loin, que nous stipulions que ces droits ne pourront être surchargés pour raison d'accise ou tout autre impôt créé ou à créer, et qu'après avoir payé le droit convenu, à l'entrée, ils pourront circuler dans l'intérieur des trois royaumes unis sans autres droits ou charges quelconques.

>> Puis, nous aurons à nous réserver que le drawback de 95 p. 100 accordé sur les vins, etc., réexpédiés pour les possessions lointaines des Anglais, soit maintenu. Ce drawback est cause que les Anglais achètent une quantité considérable de nos vins, et il fait par conséquent partie des réserves qui sont essentielles à faire insérer dans le traité.

» Nous aurons à stipuler surtout la proportion qu'il y aura entre les droits à payer par nos liquides et ceux à payer par ceux du Portugal. Il faudra employer tous les moyens possibles pour que nous soyons admis au même prix. Mais dans le cas où nous ne pourrions pas y parvenir, il sera au moins nécessaire de convenir que si les Anglais accordent quelque diminution en faveur du Portugal, nous jouirons de suite d'une diminution proportionnelle.

>> Nous sommes persuadés que, si la différence n'est pas trop grande entre les conditions accordées aux vins du Portugal et celles accordées aux nôtres, nous parviendrons à fournir à une grande partie de la consommation de l'Angleterre, et cette consommation est, nous le croyons, beaucoup plus considérable qu'on ne le présume en général.

» D'après des relevés exacts, faits sur les registres des douanes anglaises, il paraît que la quantité de vins qui se consomme dans les trois royaumes unis ou dans leurs possessions lointaines, s'élève à 60 mille tonneaux. Pendant le dernier traité, nos exportations annuelles en Angleterre, des vins, eau-de-vie et vinaigre, s'élevèrent à une valeur d'environ 14 mil

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