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La loi du 9 février 1832 organisa le système d'entrepôt et de transit sur des bases assez larges; mais elle ne modifia point la rigueur de nos tarifs.

Celle du 27 du même mois créa des entrepôts intérieurs dont on redoutait l'établissement pour les ports de mer, mais qui cependant ont produit en général d'assez bons résultats.

Dans cet état, et sous l'empire des causes que nous avons rappelées, le commerce de Bordeaux dépérissait chaque jour.

En 1826, le mouvement maritime avait été au long cours, savoir :

Entrée.... 445 navires français, portant 57,679 tonn.

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Entrée.... 261 navires français, portant 51,744 tonn.

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Ainsi, de 1826 à 1833, notre marine marchande au long cours présentait une différence en moins : A l'entrée, de 184 navires et de 5,935 tonneaux. A la sortie, de 121 navires et de 9,527 tonneaux. La seule compensation qu'offre cette époque de décadence est la persévérance infatigable du haut commerce bordelais dans l'étude et la défense de ses intérêts, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.

A l'intérieur, se place d'abord l'amélioration des

grandes voies de communication. Bordeaux demandait depuis longtemps la construction d'un pont sur la Dordogne, à Cubzac, pour faciliter ses rapports avec l'intérieur de la France et la capitale. La ville de Libourne, située en amont du point du fleuve où devait se construire le pont, protestait contre ce projet, qui entraînait, selon elle, la ruine de son commerce maritime. Après une lutte très-vive de part et d'autre, la construction du pont fut votée, conformément au vœu de Bordeaux, mais en le soumettant toutefois à des conditions d'élévation qui conciliaient tous les intérêts.

Le zèle du commerce de Bordeaux ne fut pas moins vif pour défendre ses droits lorsqu'il fut question des paquebots transatlantiques, et si notre port rencontra des influences et des intérêts puissants qui renversèrent une grande partie de ses espérances, il n'en resta pas moins victorieux par la force de ses raisons. Nous traiterons à part cette importante question, qui reparut souvent avant de recevoir une solution définitive.

A la même époque, notre chambre de commerce porta son attention sur plusieurs questions graves touchant à l'organisation de la place.

Ainsi, le Gouvernement, agissant dans cet esprit de centralisation qui fut une des grandes maladies de la monarchie, avait manifesté l'intention de supprimer les hôtels des monnaies existants en province pour ne conserver que l'établissement de Paris; notre chambre défendit la monnaie de Bordeaux avec le plus grand succès; ses raisons étaient, en effet, puis

santes les cargaisons pour le Mexique et le Pérou, partant de Bordeaux, se composent de quelques vins et eaux-de-vie, mais principalement d'objets manufacturés, tels qu'indiennes, soieries, meubles, tulles, étoffes de coton, papier et autres articles, d'où il suit que ces expéditions maritimes sont de la plus grande utilité pour ouvrir et conserver de vastes débouchés aux diverses branches de l'industrie française; or, les retours de ces chargements s'effectuent en grande partie en espèces d'or et d'argent ou lingots qu'il est du plus grand intérêt de réaliser sans le moindre retard et sans être surchargé de nouveaux frais; le placement immédiat de ces retours est une nécessité. La monnaie de Bordeaux a toujours offert aux propriétaires des espèces un placement prompt, facile et sûr; les divers directeurs des hôtels des monnaies plus rapprochés de Bordeaux que de Paris ont fréquemment fait acheter à Bordeaux de quoi alimenter des fabrications dont leurs départements avaient le plus grand besoin.

La monnaie de Bordeaux concourt puissamment au mouvement des affaires; elle a fourni en diverses occasions à la banque de Bordeaux, dont les billets n'avaient cours que dans la ville même, les moyens de soutenir et de multiplier les échanges à des époques à peu près périodiques où les habitants des campagnes réclament pour le paiement de leurs produits une grande quantité d'espèces nécessaires pour subvenir à des débours en numéraire assez considérables. Privée du secours immédiat de l'hôtel des monnaies

de Bordeaux, la banque, à ces époques, qui se renouvellent plusieurs fois dans l'année, pourrait être fort embarrassée pour l'échange de ses billets contre espèces. Les graves conséquences de cette perturbation se démontrent d'elles-mêmes. Ainsi, le placement à Bordeaux des retours du Mexique et du Pérou répand dans le département de la Gironde et dans ceux qui l'environnent une facilité de circulation et de paiement très-favorable au commerce. S'il ne subsistait plus qu'un seul hôtel des monnaies, les propriétaires des matières d'or et d'argent seraient obligés de supporter les frais et les risques de route, et d'ajouter encore une perte aux prix du fret et des assurances maritimes, de payer des commissions pour faire vérifier les espèces et recouvrer leur montant. Ils seraient forcés de subir la loi que voudrait leur imposer le directeur de cet établissement unique, qui fixerait les prix suivant l'affluence plus ou moins grande des matières d'or et d'argent. Enfin, si les propriétaires des matières d'or et d'argent ne croyaient pas devoir accepter les prix offerts, ils seraient obligés de réexporter, ce qui entraînerait des pertes incalculables et fatales au commerce.

La plupart de ces raisons conservent encore leur même force aujourd'hui.

D'autre part, l'obstination des agents de change à réclamer, dès cette époque, l'établissement d'un parquet à la bourse de Bordeaux, donna lieu de la part de la chambre à un avis contraire, dans lequel elle aurait dû persister.

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On ne pouvait voir en effet, dans cette création, qu'un moyen d'augmenter le cercle des opérations dangereuses, des spéculations factices qui offrent le séduisant appât de bénéfices rapides; opérations réellement dolosives, rentes à livrer, où l'on promet ce qu'on n'a pas, où des paris s'établissent au gré et selon le caprice de chacun, où celui qui a de la fortune et du crédit peut compromettre l'un et l'autre contre tel qui n'engage que sa parole et s'en joue suivant l'événement, sans que la loi, impuissante à faire exécuter des transactions qui échappent à son autorité, punisse celui qui viole la bonne foi et se soucie peu de conserver son honneur. Que si l'on objecte que déjà de semblables opérations avaient eu lieu à Bordeaux, la réponse est facile: Devait-on sanctionner par des formes légales un mal qu'on n'avait pu empêcher? S'il peut être avantageux d'agrandir les opérations financières des places qui, comme Londres, Paris, Francfort, surabondent de capitaux qui y affluent de toutes parts, où tant de causes attirent une foule d'individus disposés à se livrer aux chances aventureuses du jeu sur les effets publics français et étrangers, il n'en peut être de même à Bordeaux, dont la richesse principale consiste dans le produit des vignobles qui l'environnent, dans le commerce maritime qui importe les produits exotiques, dans l'exportation à l'étranger des produits des départements qui l'avoisinent. Les capitaux ne surabondent pas à Bordeaux, le pays manque essentiellement de manufactures susceptibles d'exploiter les produits que

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