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OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES

Bordeaux est depuis bien des siècles un des ports les plus fréquentés du monde; cette ville, heureusement située, a rarement entendu le bruit des armes, et n'a pris qu'une faible part aux grandes commotions politiques; le commerce est sa vocation naturelle tous les éléments de la richesse y circulent et s'y combinent sur une grande échelle; on peut dire que notre place est une de ces fortes artères sur lesquelles on est sûr de sentir le degré d'affaiblissement ou de vigueur, de calme ou d'agitation du pays tout entier. L'Histoire du Commerce de Bordeaux est donc un livre d'intérêt général.

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Mais cette histoire doit être surtout utile et attrayante pour tous les habitants de notre riche contrée. Quel homme intelligent n'aime à trouver, dans un tableau précis et vrai, la marche et les progrès d'une aptitude qui a toujours fait la fortune de son pays? Au point de vue pratique, quel négociant ne doit rechercher les règles du présent dans les leçons du passé, et où peuton trouver, mieux que dans l'histoire du commerce, la solution des grandes questions qui nous intéressent si profondément?

Notre tâche a présenté de grandes difficultés. Il est rare de rencontrer des matériaux authentiques et de quelque importance pour montrer ce qu'était le commerce de Bordeaux jusqu'au XVIe siècle; on peut dire que très-peu de chose a été conservé les chroniques, les annales, l'histoire de la province et de la ville n'ont en général jugé digne d'intérêt que les guerres, les réceptions des princes, les conflits des autorités locales; quant aux arts, aux sciences, au commerce, les auteurs ne s'en sont pas occupés; si quelques mots leur en échappent de loin en loin, c'est, pour ainsi dire, involontairement; on doit lire des centaines de volumes pour trouver quelques renseignements passés inaperçus; il faut, comme Cuvier, reconstruire ce mammifère du premier âge avec des débris en poussière et dispersés. Les archives de la chambre de commerce de Bordeaux ne remontent qu'aux premières années du XVIIIe siècle; alors seulement commencent des chiffres commerciaux véritablement exacts et une suite régulière de données certaines.

Quelle que soit la faiblesse de cet essai, je crois pouvoir invoquer ces raisons comme une excuse légitime. Je fais le premier tracé d'un sentier qui sera plus tard élargi et complété par une main plus habile. Si mon exemple vient à être suivi, comme je l'espère, je me trouverai très-heureux d'avoir fait des recherches qui puissent servir à la publication d'une histoire du commerce de Bordeaux entièrement digne du sujet.

Nul travail ne mérite mieux, en effet, d'arrêter les méditations de l'un de ces hommes remarquables que le commerce de Bordeaux a souvent produits, et qui se trouvent toujours dans ses rangs. Le goût de notre

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