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Bien qu'elle soit ouverte aux vents de l'est à l'ouest 1830 par le nord, la tenue doit y être bonne, et les bâtimens doivent y tenir sur leurs chaines,

Pressé d'adresser à V. Exc. ces premières nouvelles, je ne puis entrer dans de plus grands détails, surtout sur les opérations de l'armée de terre, qui ne sont pas de mon ressort. Je recueillerai dans les divers rapports qui me seront adressés les titres qui auront pu être acquis aux graces de S. M., et j'aurai l'honneur de les soumettre à V. Exc. En masse, chacun a fait son devoir, et s'estime trop heureux si le Roi trouve que la marine à répondu à sa confiance. Agréez etc.

Le vice-amiral, commandant en
chef l'armée navale.

DUPERRÉ.

IV.

Dépêche du général comte de Bourmont, commandant en chef de l'armée d'expédition, à S. Exc. le président du conseil des ministres.

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L'armée navale, que l'attente de la flotille de débarquement avait retenue plus de huit jours dans la baie de Palma, mit à la voile le 10. Juin. La brise, faible d'abord, devint assez forte pour que plusieurs petits bâtimens eussent des avaries. Deux bateauxboeufs périrent avec une partie de leurs équipages. Le 12, à la pointe du jour, on découvrit la côte d'Afrique; mais la force toujours croissante du vent et l'agitation de la mer firent regarder le débarquement comme impossible. La flotte s'éloigna momentanément de la terre; des bâtimens légers furent dirigés vers la presqu'ile de Sidi-Ferruch et les deux plages adjacentes. La certitude que l'on avait de trouver un mouillage favorable, l'abri qu'offrent contre les vents régnans la direction et le relief de la côte, la nature du terrain, qui, découvert jusqu'à quatre mille mètres de la mer, ne permet pas à l'ennemi de s'embusquer, avait depuis long-temps appelé l'attention sur cette partie du littoral.

1830

Le mouvement rétrograde cessa le 12, à neuf heures du soir, et on fit voile vers le sud; la mer devint plus calme pendant la nuit, le 13, à la pointe du jour, on n'était qu'à deux ou trois lieues d'Alger. Les troupes firent éclater la plus vive allégresse, et les cris de vive le Roi s'élevèrent de toutes parts. L'armée navale, qui avait marché vers le sud; changea de direction, et fit voile parallèlement à la côte, vers la presqu'ile; les bâtimens armés en guerre se placèrent en tête; ils étaient destinés à battre les ouvrages que les ennemis auraient pu construire sur le point de débarquement. La brise soufflant de l'est, on résolut de débarquer à l'ouest de Sidi - Ferruch. A dix heures du matin, les bâtimens armés en guerre se trouvaient à hauteur de cette presqu'ile; la tour qui s'élève était abandonnée. L'ennemi avait désarmé une batterie de douze pièces de canon, dont on devait s'attendre à essuyer le feu. Un camp était établi à une lieue environ du rivage. On découvrait en avant quelques batteries et des groupes de cavaliers arabes. Un bâtiment à vapeur s'approcha de la côte et son feu eut bientôt dispersé les cavaliers. Les batteries ennemies dirigèrent quelques boulets et quelques bombes vers le mouillage, mais sans produire aucun effet. A huit heures du soir, les trois escadres, la première division du convoi, et la flotille de débarquement avaient jeté l'ancre. Des ordres furent donnés pour que le débarquement commençat le 14. La première division atteignit la terre avant cinq heures du matin, sans éprouver aucune résistence; les deux autres divisions débarquèrent successivement. Le général Berthezène se porta en avant avec la première et huit pièces de canon.

Bientôt les batteries ennemies commencèrent leur feu et le continuèrènt, quoiqu'elles fussent battues directement par notre artillerie de campagne, et prises d'écharpe par les bâtimens du Roi qui s'étaient placés à l'est de la presqu'ile. Le général Berthezène reçut l'ordre de tourner par la gauche la position qu'occupait l'ennemi. Le mouvement eut le résultat qu'on en attendait: les batteries furent abandonnées; treize pièces de 16. et deux mortiers tombèrent en notre pouvoir. Les divisions Loverdo et d'Escar suivirent le mouvement de la première. A onze heures, le combat avait cessé, et l'ennemi fuyait de toutes parts.

Nos soldats ont montré autant de sang froid que 1830 jusqu'alors ils avaient fait éclater d'enthousiasme. Nous avons perdu vingt hommes; aucun officier n'a été atteint.

L'aspect du terrain, en avant de la presqu'ile, répond parfaitement à la description qu'en a faite le colonel Bontin; il est sablonneux et légèrement ondulé; de fortes broussailles le couvrent dans presque toutes ses parties.

La presqu'ile est un rocher calcaire sur lequel s'élève un Santon, auquel les Espagnols ont donné le nom de Torre-Chica; elle est destinée à servir de place de dépôt pour nos approvisionnemens de toute espèce. Le général Valazé y a tracé un retranchement qui aura peu de développement, et dont la construction est déjà commencée.

J'ai l'honneur d'être, etc.

V.

Comte DE BOURMONT,

Lettre adressée à S. Exc. le ministre de la marine par M. Pamiral Duperré.

Monseigneur,

De la baie de Sidi-Ferruch,

1917. Juin 1830.

Depuis mon premier rapport du 14, l'armée reste établie dans les positions avancées dont elle s'est emparée, sur les hauteurs en avant de Torre- Chica. Jusqu'ici il n'y a eu que des engagemens partiels avec des détachemens de cavalerie arabe, lancés en tirailleurs. Aujourd'hui nous sommes en présence de l'infanterie maure. La presqu'ile se convertit en place d'armes un retranchement garni d'artillerie au plus étroit de l'isthme, et qui s'étend de la baie de l'Est à celle de l'Ouest, doit rendre vaine toute attaque contre elle.

La flotte met à terre vivres, munitions et approvisionnemens, etc. On travaille sans relàche; mais hier l'opération a été suspendue par le mauvais temps; à huit heures du matin, il est devenu orageux; le tonnerre a grondé avec force. Des grains violens se sont succédé jusqu'à onze heures environ. Dans un instant la mer est devenue monstrueuse; les lames creusaient

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1830 à un tel point qu'un navire du convoi, tirant 13 pie d'eaux et mouillé par 20, a talonné et démonté s gouvernail. Heureusement le vent a sauté du N.à l'Est, et aussitôt la mer a tombé. Le mal s'est bor à un gouvernail' démonté, par la gabare la Vicog que j'ai fait retirer des lames au milieu des grai Trois navires dú convoi ont éprouvé la même avari

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Aujourd'hui, je m'occupe de déblayer la baie cette masse de bâtimens, qui sont les uns sur les a tres. La perte de l'un entrainerait celle de son v sin, et par suite celle de tous. Les transports du p sonnel ont mis sous voile pour Toulon, ainsi que qu ques navires-écuries, déjà déchargés. Au fur et à m sure des déchargemens chaque transport en fera a tant. Les bâtimens de guerre qui n'ont plus rien bord vont s'établir en croisière au large de la ba sous les ordres du contre-amiral de Rosamel. Je garderai momentanément que les vaisseaux armés flute, qui ont à bord du matériel d'artillerie, dont néɛ moins le déchargement est assez avancé. Nous pre drons tout le mouillage extérieur de la baie. Le fond partout le même, et chaque vaisseau anra peu chasse. Je dirige sur Toulon des gabares et des b timens, et même à charge. Ils me rapporteront d vivres et de l'eau, dont nous commençons à être court. Le temps est encore revenu à l'orage et vent à Pouest, la mer est devenue aussitôt très gross A la fin du jour, la mer tombe. Il faut que le tem d'été arrive, que les brises se fixent regulièrement l'est et E.-N.-E. pour un peu de tranquillité.

C'est le mauvais temps qui m'a forcé de retard jusqu'à ce moment l'expédition d'un bâtiment pour France, et qui ne m'a pas permis de vous écrire 15 et le 16. Nous avons été hier une grande par de la journée sans communication avec le quarti général.

V. Exc. peut être assurée que je mettrai tou l'exactitude possible dans ma correspondance, comm elle peut compter sur la continuité de mon zèle et mon dévouement pour combattre et pour surmont les obstacles, qui me sont opposés.

Agréez etc.

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DUPERRÉ,

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Dépêche du comte de Bourmont à S. Exc. le
président du conseil des ministres...

Prince,

Sidi Ferruch, le 17. Juin 1880.

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L'armée occupe toujours la position dont elle s'est emparée le 14: elle attend, pour s'approcher d'Alger, le débarquement de la plus grande partie des chevaux, de ses voitures et de ses approvisionnemens de toute espèce. Ces conditions ne tarderont pas à être remplies. La subsistance des troupes est assurée pour jours. Le premier convoi de chevaux est en vue, déjà même plusieurs des bâtimens dont il se compose sont au mouillage: toute l'artillerie de campagne est débarquée avec un approvisionnement de 200 coups par pièce; enfin quelques pièces de l'équipage de siège ont été mises à terre.

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Les divisions Berthezène et Loverdo sont établies à une lieue environ de la tour de/Sidi↳ Ferruch, que les pièces de canon dont elle est couronnée havaient fait considérer comme un établissement militaire, mais que l'on a reconnu être le minaret d'une petite mòsL'ennemi montre 5 à 6,000 cavaliers et 3à quée. 4,000 fantassins. Ces troupes sont irrégulières, on croit qu'elles appartiennent aux contingens d'Oran et de Constantine. Les tirailleurs s'approchaient d'abord jusqu'à une petite distance de nos bivouacs, et leur feu, quoiqu'en général mal assuré, nous blessait quelques hommes. L'artillerie qu'on a placée sur de front de nos positions les a écartés, et, depuis lors, notre perte a été presque nulle. Le feu de nos fusils de rempart a aussi produit de bons effets; il est exécuté avec une justesse remarquable par des canonniers que le général La Hitte avait exercés à ce genre de tir.

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Hier matin un orage assez violent a éclaté: il était accompagné d'une pluie fort abondante et de bruyans coups de tonnerre. A Tous ceux qui ont habité longtemps l'Afrique septentrionale s'accordent à dire que, pendant le mois de Juin, ce phénomène y est presque sans exemple; le vent battait en côte; la merdevint houleuse, et l'on put craindre un moment que des bâtimens ne chassassent sur leurs ancres et ne se heurtassent. Il n'y eut pas d'accidens; les troupes ont peu

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