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place y étoit désignée!.... un trône de gloire m'y étoit préparé!.... et ce beau ciel est fermé pour moi !........ j'y ai perdu tous mes droits!.... Que de motifs pour détester les péchés qui m'ont privé de si grands biens et causé tant de maux!....... Je puis réparer tout en pleurant mes iniquités, en formant des résolutions fermes de n'y plus retomber, en prenant une route nouvelle...... Oui, je la prends, ô mon Dieu; je déteste mes péchés, je vais les pleurer, les effacer de mes larmes au Tribunal de vos miséricordes. Non, Seigneur, vous ne dédaignerez pas un cœur contrit et humilié, vous oublierez mes iniquités, vous les effacerez, vous les jetterez loin de vous, vous me rendrez vos bonnes grâces que j'ai perdues et la place qui me fut marquée à mon baptême au royaume des cieux. Ainsi soit-il.

SECTION II.

D. Quelles sont les conditions nécessaires pour une bonne contrition?

R. Il faut qu'elle soit surnaturelle, intérieure, universelle et souveraine.

Voilà, mes enfans, quatre conditions nécessaires à la contrition, pour qu'elle soit bonne et qu'elle nous obtienne la rémission de nos péchés; c'est-à-dire que la vraie douleur renferme nécessairement tous ces caractères. Nous allons vous les expliquer chacun en particulier; mais auparavant il faut répondre à une question que voici dans votre Catéchisme.

D. Ces conditions sont-elles communes à la contrition parfaite et à l'attrition? R. Oui, sans ces conditions ni l'une ni l'autre ne seroit bonne.

Les deux espèces de contritions dont nous avons parlé dans l'instruction précédente doivent avoir également ces qualités ; ainsi qu'elle soit fondée sur l'amour ou sur la crainte, elle doit être surnaturelle, intérieure, universelle et souveraine. Voyons donc d'abord :

D. Qu'entendez-vous par une contrition surnaturelle ?

R. J'entends celle qui est excitée en nous par un mouvement du Saint-Esprit, et non par un mouvement naturel.

Ce mot surnaturelle signifie au-dessus de la nature, qui ne vient pas de la nature. La contrition doit être surnaturelle, c'est-à-dire nous venir d'en haut et être appuyée sur des motifs qui ne soient pas naturels, mais spirituels? Surnaturelle, 1o dans son principe, 2o dans ses motifs.

1o La contrition doit nous venir de Dieu, nous ne pouvons l'avoir de nous-mêmes c'est une grâce, un don de Dieu. Voilà pour quoi nous avons dit qu'il falloit la demander au Seigneur et dire en gémissant: Converte nos Domine, et convertemur. (Thren. v, 21.) Convertissez-nous, Seigneur, et nous serons convertis. Créez en moi un cœur pur. Cor mundum crea in me Deus. (Psal. L, 12. )

Voyez saint Pierre; il renie son bon maître jusqu'à trois fois, sans rentrer en lui-même, sans pleurer son péché. Il lui falloit une grâce surnaturelle pour le déplorer. Il lui falloit un regard de Jésus pour lui percer le cœur, et c'est ce qui arriva : Ce divin Maître, conduit par ses gardes, passe dans la salle où son trop foible disciple venoit de le renier indignement. Jésus jette sur Pierre un tendre regard; aussitôt le coupable est converti; pénétré de douleur, il s'arrache avec précipitation de cette société fatale; il sort et verse des torrens de larmes amères; et egressus foras flevit amarè. ( Matth. xxvi, 75. )

Il ne dépend donc pas de nous d'avoir la contrition; le Dieu que nous avons offensé ne veut pas la mort du pécheur, mais qu'il seconvertisse et qu'il vive. (Ezech. xvii, 23.) Il vient au devant de nous comme le père du prodigue; il nous appelle, il nous tend les bras; semblable à une bonne mère, il relève son enfant qui est tombé. Ainsi en agit le Dieu infiniment bon à qui nous avons désobéi. C'est ce qui doit nous rassurer et exciter notre confiance. Hélas! si notre conversion ne dépendoit que de nous, que deviendrionsnous? Mais elle dépend de celui qui peut toucher les cœurs les plus endurcis. O mon divin Sauveur! regardez-moi comme votre disciple infidèle, et mes yeux s'ouvriront en deux sources de larmes intarissables, et je pleurerai jour et nuit le malheur que j'ai eu de vous abjurer.

2o Cette douleur doit être fondée sur des motifs surnaturels, et non pas sur des rai

sous purement humaines. La demande suivante va nous donner lieu de vous expliquer cela.

D. Celui qui auroit regret de ses péchés parce qu'ils lui auroient fait perdre son bien ou sa santé, auroit-il une bonne contrition?

R. Non, parce que sa contrition net seroit qu'une douleur naturelle.

Il est tout naturel d'être fàché de ce qui afflige en nous la nature. Dieu ne nous sait aucun gré de cette affliction, parce qu'il n'en est pas l'objet. C'est lui que nous avons offensé, mais ce n'est pas à cause de lui que nous enavons du regret. On sent bien qu'une pareille contrition ne doit pas nous procurer notre pardon. Il faut des motifs plus rele-. vés et plus dignes de Dieu. Puisqu'il s'agit ici de nos intérêts spirituels, il faut que des intérêts surnaturels excitent notre repentir.

Expliquons ceci par des exemples: Vous êtes fachés d'avoir été paresseux, désobéissans, d'avoir pris quelque chose, etc., parce que vous en serez châtiés par vos pères et mères. Vous allez vous confesser avec cette douleur fondée seulement sur de pareils motifs. Dieu n'accordera pas le pardon à cette contrition tout humaine, parce que ce n'est ni pour lui, ni pour vos intérêts spirituels, que vous avez du regret d'avoir péché. Cet homme est fàché d'avoir volé, parce qu'il a été surpris et qu'il va être condamné en justice; cet autre d'avoir suscité un mauvais

procès, parce qu'il va le perdre et se ruiner; celui-là de s'être enivré, parce qu'il en est malade ; celle-ci d'avoir commis un crime honteux, parce qu'elle en est déshonorée aux yeux des hommes, etc. Toutes ces contritions ne sont appuyées que sur des motifs. naturels; Dieu n'y a point d'égard et ne leur accordera pas le pardon.

Telle fut la pénitence d'Antiochus. Le scélérat! dit l'Ecriture, il prioit le Seigneur, et cependant il ne devoit pas obtenir son pardon! Pourquoi? Parce qu'il ne gémissoit qu'humainement sur son état déplorable. Il. étoit rongé de vers et de pourriture; sa chair s'en alloit en lambeaux; il étoit sous la main du Dieu vengeur de ses profanations et de ses cruautés; mais le divin scrutateur des cœurs n'y voyoit qu'un repentir d'hypocrisie et de désespoir. Antiochus ne demandoit que la délivrance de ses douleurs naturelles, et voilà pourquoi le Dieu des miséricordes refuse de les exercer envers lui. Orabat autem hic scelestus Dominum, à quo non esset misericordiam consecuturus. ( 2 Mach. IX, 13.)

Au contraire, David obtient son pardon sur-le-champ. Pourquoi? Parce qu'il avoit le cœur droit; c'étoit un prince selon le cœur de Dieu. Un prophète vient lui reprocher son double crime de la part du Seigneur justement irrité; aussitôt ce coupable, sincèrement touché, s'écrie : J'ai péché contre le Seigneur, peccavi Domino (2 Reg. xII, 13). C'est par rapport à Dieu qu'il déteste son adultère et son homicide. Le prophète lui

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