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yeux du corps, mais des yeux de la foi. Nous croyons et nous devons croire que Jésus-Christest là véritablement et réellement, par un prodige singulier d'amour et de toute-puissance. Cela paroît révolter nos sens et notre raison bornée; mais c'est une vérité de notre sainte Religion, aussi incontestablement révélée que toutes les autres dont nous faisons profession. Vous en verrez les preuves dans l'histoire de cette institution divine que je vais vous raconter, après vous avoir expliqué les différens noms que l'on donne à cet adorable Sacrement.

On l'appelle Eucharistie. C'est un mot grec qui signifie action de graces. Pourquoi l'appelle-t-on ainsi? 10 Parce que JésusChrist rendit grâces à Dieu en l'instituant; 2o parce que nous devons toujours communier avec action de grâces; 3o parce que c'est le plus excellent moyen que nous ayons de témoigner à Dieu notre reconnoissance.

On l'appelle le Saint-Sacrement, parce que c'est en effet le Sacrement par excellence, le plus saint de nos Sacremens, puisqu'il contient celui qui est la sainteté même. Les autres produisent la sanctification; mais celui-ci en contient l'auteur et la source.

On l'appelle Sacrement de l'Autel, parce c'est sur nos autels qu'il s'opère et qu'il que réside.

On l'appelle la Sainte Table, parce que c'est un festin spirituel où un Dieu se donne lui-même à nous pour nourriture. C'est la Sagesse éternelle qui nous a mélangé ce vin délicieux et qui nous a proposé cette table

divine. Sapientia..... miscuit vinum et proposuit mensam suam, etc. (Prov. 1x, 2. > On l'appelle la Sainte Hostie, parce que Jésus-Christ s'y réduit en état d'hostie offerte à Dieu son père et immolée pour nous entre les mains des Prêtres.

On l'appelle Communion. Ce mot signifie union commune; et en effet, c'est sur-tout à la Table Sainte que les Fidèles sont réunis pour se nourrir ensemble de ce Pain des Anges; c'est l'union la plus sainte et la plus intime que nous puissions contracter entre nous et avec notre divin Chef.

On l'appelle Viatique, parce que ce Pain fortifiant nous soutient dans le passage de cette vie à l'autre, quand nous le recevons dans notre dernière maladie. Viatique signi fie nourriture ou soutien du voyage; c'est notre aliment pour le grand voyage de l'éter

nité.

On l'appelle le Pain des Anges, 1o parce que Jésus-Christ est un pain vivaut descendu du Ciel, comme il le dit lui-même : Ego sum panis vivus qui de coelo descendi.(Joan. VI.) 20 Parce que c'est une nourriture céleste digne des Anges et que nous devons manger avec la pureté des Anges.

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On l'appelle le Pain des enfans, parce que c'est la nourriture que le Père céleste distribué à sa famille; à tous les Chrétiens, qui sont les enfans de Dieu; à vous bientôt, chers enfans, à vous par préférence et avec une dilection particulière, si vous vous présentez à sa Table avec la candeur, l'innocence, l'amabilité qui caractérise votre âge

Enfin, on donne à la sainte Eucharistie différens autres noms, qui tous expriment la multitude innombrable de bienfaits qu'elle répand sur nous et parmi nous. Voici maintenant l'histoire de son institution, et en même temps la preuve de cette consolante et ineffable vérité.

Il faut vous dire d'abord que Jésus-Christ avoit promis aux Juifs et à ses Apôtres qu'il établiroit une nourriture toute céleste en faveur de ceux qui croiroient en lui et qui suivroient sa doctrine. Ses promesses sont rapportées au 6e chapitre de l'Évangile

selon saint Jean. Les voici :

Lorsque ce Sauveur bienfaisant eût opéré le miracle de la multiplication des pains dans le désert, il promit un autre pain plus merveilleux encore. « Les Juifs lui dirent : « Seigneur, donnez-nous de ce pain. C'est « moi, reprit Jésus, qui suis ce pain de vie; <<< quiconque vient à moi n'aura jamais faim, « et quiconque croit en moi n'aura jamais « soif. Les Juifs se mirent à murmurer de « ce qu'il avoit dit : Je suis le pain de vie « qui suis descendu des Cieux. Le Sauveur « leur répondit: Ne murmurez pas; en vé« rité, en vérité, je vous le dis, quiconque <<< croit en moi aura la vie éternelle. Oui, je <<< suis le pain de vie descendu des Cieux; si <«<< quelqu'un mange de ce pain, il vivra éter« nellement; et le pain que je donnerai, «c'est ma chair qui sera livrée pour la vie « du monde. A ces mots les Juifs murmurė* rent encore davantage, et se demandèrent « entr'eux Et comment pourra-t-il nous

:

« donner sa chair à manger? Oui, reprit « Jésus, je vous le dis en vérité; si vous ne <<< mangez la chair du Fils de l'homme, et si « vous ne buvez son sang, vous n'aurez pas « la vie en vous; quiconque mange ma chair <<< et boit mon sang, a la vie éternelle, et je <<< le ressusciterai à la fin des siècles. Ma «< chair est vraiment une nourriture, et mon << sang un breuvage; quiconque mange ma << chair et boit mon sang, demeure en moi « et moi en lui, etc. »

Les Juifs grossiers et charnels ne comprirent pas ce langage. Ils s'imaginoient que Jésus-Christ vouloit leur donner sa chair à manger, par morceaux, comme une viande ordinaire; mais les Apôtres et les vrais Disciples le comprirent mieux. Tout cela s'est développé par la suite dans l'établissement de cet ineffable Sacrement, en rapprochant les promesses de leur exécution. En voici l'histoire : Jésus étant à table avec ses Disciples, la veille de sa Passion, après. avoir mangé avec eux l'Agneau Pascal qui étoit la figure de L'Eucharistie et de la communion, leur adressa ces touchantes paroles: « J'ai désiré bien ardemment, mes «chers disciples, de manger cette Pâque « avec vous, avant de souffrir la mort;. « je vous le dis, c'en est fait, je ne man« gerai plus avec vous d'ici à ce que le « royaume de Dieu soit accompli. Ensuite « il prit du pain, il remercia Dieu, il le « rompit, il le leur donna, et il dit: Pre« nez et mangez, ceci est mon corps qui « sera livré pour vous; faites ceci en mé

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«moire de moi. De même il prit le calice « après souper, en disant : Ce calice est un << nouveau Testament dans mon sang qui « sera répandu pour vous.» (Luc. XXII.)

Voilà, mes enfans, l'histoire de l'établissement de la Sainte Eucharistie: institution admirable et digne de tout notre amour et de notre reconnoissance. Mais remarquez la circonstance : c'étoit la veille de sa mort; pridiè quàm pateretur. Il alloit donner sa vie pour son troupeau; il falloit se séparer de ses disciples; son amour l'engageoit à les quitter en mourant pour eux, et ce même amour invente ce moyen merveilleux de rester avec nous, en nous quittant pour nous. Il falloit remonter aux Cieux d'où il étoit descendu pour nous, et en y remontant pour y être notre avocat et notre pontife, il met ses délices à fixer en même temps sa demeure parmi les enfans des hommes. Delicia mea esse cum filiis hominum. (Prov. vIII, 31.) O excès d'amour d'un Dieu envers ses créatures!

D. Qu'entendez-vous par les espèces ou apparences du pain et du vin?

R. J'entends ce qui paroît à nos sens, comme la couleur, la figure et le goût du pain et du vin.

Quand l'hostie et le vin sont consacrés, on voit toujours comme un pain blanc et rond; dans le calice, on voit toujours comme une liqueur rouge qui paroît du vin; il semble qu'on voit du pain et du vin. Si on

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