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Fulgence (6). On lit dans les monumens de cette abbaye qu'en 1184, lorsque S. Bernard vit de ses propres yeux la vie exemplaire des moines d'Afflighem, il s'écria en disant : partout j'ai trouvé des hommes, mais ici je trouve des anges.

Depuis Fulgence, qui fut créé premier abbé, Arnoul Motman fut le vingt-septième et dernier abbé; il avait pris possession de sa dignité au mois de Mai en 1565. Lors de l'érection des nouveaux évêchés, l'abbaye d'Afflighem fut incorporée à l'archevêché de Malines, et dirigée par des prévôts qui la gouvernaient au nom de l'archevêque de Malines. En 1627, le prévôt Benoît de Haeften y introduisit la règle primitive de S. Benoît suivant la congrégation des saints Viton et Hidulfe; mais dans la suite elle fut adoucie avec la permission du Saint-Siége.

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Tiré de ses œuvres, de saint Jérôme, de Rufin et d'Anastase, in Pontif. Voyez Tillemont, t. VIII, p. 386; Ceillier, t. VI, p. 355; la vie du Saint dans la nouvelle édition de ses œuvres, par Antoine Mérenda, laquelle fut imprimée à Rome en 1754, in-fol. Blanchini, Præf. in Pontif. ap. Muratori, Script. Ital., t. III, p. 70, 78, 79.

L'AN 384.

ON lit dans les pontificaux que Damase était Espagnol, ce qui signifie peut-être que sa famille était originaire d'Espagne; mais d'habiles critiques ont prouvé que Rome avait été sa patrie (1). Son père se nommait Antoine.

(6) V. ci-dessus, tom. XIII, p. 293.

(1) Tillemont et Mérenda. Voyez aussi Remedelli dans la dissertation

Il embrassa l'état ecclésiastique; mais on ne sait si ce fut après en avoir obtenu le consentement de sa femme, ou quand il fut devenu veuf. Quoi qu'il en soit, il fut successivement lecteur, diacre et prêtre du titre ou de l'église paroissiale de Saint-Laurent, à Rome. Damase exerça les fonctions du saint ministère dans la même église, et vécut toujours dans une parfaite continence, suivant saint Jérôme. Il était archidiacre de l'Eglise Romaine, lorsque Constance exila Libère à Bérée, en 355. Il suivit le Pape dans son exil, mais il revint à Rome peu de temps après.

Libère trompé souscrivit une formule de foi où n'était point le mot consubstantiel. De retour à Rome, il ne cessa de communiquer avec saint Athanase, comme le prouve la lettre que ce Saint écrivit aux évêques d'Egypte en 360. Il proscrivit et annula les décisions du concile de Riminis par une lettre qu'il adressa à ces évêques, et qui est citée par Sirice (2). Cette conduite l'exposa à de nouvelles persécutions, il se cacha quelque temps (3). On voit par ces faits qu'il répara la faute qu'il avait commise en souscrivant la formule de foi dont nous venons de parler. Pendant tout ce temps, Damase eut beaucoup de part au gouvernement de l'Église, et l'on présume avec raison qu'il ne contribua pas peu à exciter le zèle de Libère (4).

où il examine si Damase était Espagnol ou Romain : elle fait partie des dissertations de l'Académie d'histoire ecclésiastique de Bologne, imprimées en 1758.

(2) Ep. ad Himer. Terrac.

(3) Voyez Sozomène, Hist. 1. 4, c. 11, 19; Prosper, Chron. ap. Canis. ed. Basnage, t. I; Lucifer de Cagliari, adv. Constantium, et Anastase, in vit. Papæ Julii.

(4) On a reproché à Damase d'avoir, malgré le serment dont nous avons parlé plus haut, soutenu l'antipape Félix contre Libère. (Marcellini et Faustini libellus precum ad Theodosium.) « Des auteurs dignes de foi >> nous rapportent que plusieurs membres du clergé de Rome en firent

Ce Pape étant mort le 24 Septembre 366, on élut pour lui succéder Damase, alors âgé de soixante ans. Il fut ordonné dans la basilique de Lucine, autrement dite de SaintLaurent : c'était son titre avant son pontificat. Peu de temps après, Ursin ou Ursicin furieux de ce que Damase lui avait été préféré, ameuta le peuple qui s'assembla dans l'église de Sicin, communément appelée basilique Libérienne, et aujourd'hui Sainte-Marie-Majeure. Il engagea Paul, évêque de Tibur ou Tivoli, prélat fort ignorant, à l'ordonner évêque de Rome. C'était aller contre les anciens canons, qui exigeaient trois évêques pour le sacre d'un autre évêque, et contre l'ancienne coutume de l'Eglise Romaine, dont l'évêque devait être sacré par celui d'Os

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» autant, et qu'ils continuèrent à demeurer attachés à Félix, jusqu'à » l'avant-dernière année de la vie de Libère, année où Félix mourut » et dans laquelle Libère reçut ces ecclésiastiques dans la communion de son église. Damase fut peut-être de leur nombre. Il ne s'en suit > pas que ces hommes aient trahi leurs sermens, qui leur furent dictés, » non par Libère, mais par l'Eglise, attendu que le premier avait été » violemment expulsé du Siége apostolique par les ariens, comme con»fessant la vraie doctrine. Mais lorsqu'il fut tombé, lorsqu'il se fut » déclaré contre S. Athanase, et qu'il fut entré dans la communion des » chefs de l'arianisme, il fut permis aux hommes zélés pour la bonne » cause de le considérer comme hérétique, reproche qui ne tombait pas sur Félix. Il est vrai que celui-ci avait été institué par les ariens, et ⚫ que son occupation du Saint-Siége était un grand crime, puisque c'é» tait la suite de l'expulsion de Libère, alors, confesseur de la foi pure; » mais cependant il était resté fidèle à la confession de Nicée. On peut » regarder, si l'on veut, le serment de ses ecclésiastiques comme un acte » de précipitation; mais qui aurait pu prévoir que Libère, qui avait » résisté avec tant de courage à l'Empereur, se rendrait coupable d'une ⚫ telle lâcheté ? Qui oserait soutenir que celui qui aurait fait serment d'accompagner, et de seconder un général dans toutes ses entreprises, » serait encore lié par ce serment dicté par l'amour de la patrie du moment où le général, ainsi que fit Wallenstein, se serait déclaré l'en» nemi de la patrie. » (Stolberg, XII, 88 et 89.)

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(Note de l'édit. allem.)

tie (5). Juventius, préfet de Rome, bannit Ursin et quelques-uns de ses partisans. On arrêta sept prêtres qui lui étaient attachés, pour les conduire aussi en exil : mais leurs amis les enlevèrent, et les portèrent dans la basilique Libérienne. Ceux qui tenaient pour Damase accoururent avec des bâtons et des épées. Ils assiégèrent la basilique, afin de se rendre maîtres de ceux qui y étaient renfermés, pour les livrer ensuite au préfet. On en vint aux mains de part et d'autre, et il y eut cent trente-sept personnes de tuées (6). Au mois de Septembre de l'année suivante, l'Empereur Valentinien permit à Ursin de revenir à Rome. Mais, comme il continuait d'exciter des troubles, il fut banni de nouveau en Novembre, et relégué dans les Gaules avec sept de ses partisans. Les schismatiques étaient toujours maîtres d'une église qu'on croit être celle de Sainte-Agnès, hors des murs de la ville, et ils tenaient leurs assemblées dans les cimetières. Valentinien ordonna que cette église fût remise entre les mains de Damase. Maximien, un des magistrats de Rome, naturellement porté à la cruauté, fit mettre plusieurs schismatiques à la torture; mais nous apprenons de Rufin (7) que Damase ne concourut en aucune manière à ce qui se passa en cette occasion; qu'il n'approuva point le procédé barbare de Maximien; que les schismatiques tombèrent dans le piége qu'ils avaient tendu au Pape; qu'ils paraissent avoir demandé eux-mêmes une information où l'on emploierait les tortures: ce qui tourna à leur confusion, et attira sur eux les peines qu'ils souffrirent. Nous voyons par quelques vers de Damase, qu'il avait fait vœu de deman

(5) Voyez Baronius et Tillemont.

(6) Ammien Marcellin, 1. 27, c. 3; S. Augustin, Brev. Collat. c. 16; S. Jérôme, in Chron. an. 367.

(7) Hist. 1. 2, c. 10.

der à Dieu, par l'intercession de certains martyrs, la conversion des ecclésiastiques de son clergé qui persistaient dans le schisme; et que ceux-ci étant revenus à l'unité, ils en témoignèrent leur reconnaissance, en ornant à leurs frais les tombeaux des martyrs dont il s'agit. Il est prouvé par les mêmes vers, que les plus animés des partisans d'Ursin se convertirent quelque temps après, et qu'ils se soumirent sincèrement à Damase. On ne pouvait douter qu'il ne fût le Pape légitime. Son élection était antérieure à celle d'Ursin, et avait été faite selon toutes les règles. Elle fut déclarée canonique dans un concile tenu à Aquilée en 381, et composé des plus illustres évêques d'Occident. Le concile tenu à Rome en 378, avait jugé de même, et dans tous les deux on attribua les actes de violence qui se commirent, à la fureur d'Ursin. Saint Ambroise (8), saint Jérôme (9), saint Augustin, etc., rendent également témoignage à la conduite de Damase et à la canonicité de son élection.

Ammien Marcellin, célèbre historien païen de ce tempslà, dit que les chars, les riches vêtemens et la magnificence des évêques de Rome, dont la table était mieux servie que celle des Rois, devaient être un objet de tentation pour les ambitieux ; et il ajoute qu'il serait à souhaiter qu'ils imitassent la simplicité de quelques évêques qui vivaient dans les provinces. Il est certain qu'il calomnie les évêques de Rome, ou du moins qu'il y a beaucoup d'exagération dans ce qu'il dit de leur table. Au reste, il pouvait se rencontrer quelquefois des occasions où il était permis à l'Eglise de s'écarter de sa simplicité ordinaire. « Certes, » dit le comte de Stolberg (10), « la conduite sans tache du

(8) Ep. 11.

(9) In Chron.

(10) Geschichte der Rel. Jésu, XII, 92.

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