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l'Académie royale de Musique, que ce théâtre est érigé « sur le pied des académies d'Italie, où les » gentilshommes chantent publiquement en musique >>> sans déroger : VOULONS ET NOUS PLAÎT, ajoute le Roi, >>> que tous gentilshommes et damoiselles puissent >> chanter auxdites pièces et représentations de notre » Académie royale, sans que pour ce ils soient censés déroger audit titre de noblesse, et à leurs privi» lèges, charges, droits et immunités. »

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(22) Grimarest substitue au maître de pension un ecclésiastique, et trouve ainsi moyen de rendre ce récit grossièrement ridicule.

Cette anecdote a fourni à MM. Deschamps, Ségur aîné et Desprez le sujet d'un vaudeville, représenté au théâtre de la rue de Chartres, en juin 1799, sous le titre de Molière à Lyon.

Grimarest semble donner à entendre que Mademoiselle Du Parc, De Brie, sa femme, et Ragueneau, père de Mademoiselle La Grange, faisaient également partie de l'Illustre théâtre. Mais l'auteur de la fameuse Comédienne, ou histoire de la Guérin, auparavant femme et veuve de Molière, page 8 de cet ouvrage, et M. Lemazurier dans sa Galerie déjà citée, s'accordent à dire que ces acteurs ne se réunirent à Molière que pendant ses voyages en province (à Lyon, comme on le verra ci-après ). Cependant ces deux historiens ne sont pas d'accord pour ce qui concerne Mademoiselle Du Parc. M. Lemazurier prétend qu'elle faisait partie de la troupe de Molière lorsqu'elle quitta Paris en 1645; l'auteur de la fameuse Comédienne

prétend que Molière l'engagea à Lyon en 1653. Les historiens du Théâtre Français, les frères Parfait, tome X, , pages 367 et 368 rapportent ces deux avis sans se prononcer pour aucun. Le dernier, que Petitot a adopté, nous semble aussi plus digne de confiance; car Mademoiselle Du Parc, qui mourut en 1668, le 10 ou le 11 décembre, était encore à sa mort une des plus jolies femmes et des plus recherchées de son temps (voir la Lettre en vers de Robinet, du 15 décembre 1668); ce qui ne laisserait pas .d'être assez inconcevable si elle eût fait partie de l'Illustre théâtre en 1645. Elle n'eût pu avoir guère moins de quarante-cinq ans à sa mort, âge auquel il lui eût été difficile de voir ses charmes compter d'aussi nombreux adorateurs : il est donc probable que Du Parc ne l'épousa qu'à son arrivée à Lyon en 1653, jeune encore. Ce qui prouve d'ailleurs que Mademoiselle Du Parc n'entra dans la troupe de Molière qu'en même temps que Mademoiselle De Brie, c'est que tous les biographes de Molière se sont accordés à dire que celui-ci devint épris des attraits de la pre· mière dès qu'il la vit, et qu'en ayant été rebuté, il s'en consola aussitôt avec la seconde.

(24) Comme nous n'aurons pas occasion de reparler de Béjart ainé, nous devons dire ici qu'il fit partie de la troupe jusqu'au 21 mai 1659, jour de sa mort. On interrompit le spectacle du 21 mai au 1er juin à cause de la perte de cet acteur. ( Dissertation sur Molière, par M. Beffara, pag. 20). On lit dans les Lettres choisies de Gui-Patin, Amsterdam,

1725, tome III, pag. 376, lettre du 27 mai 1659: « Il est mort ici depuis trois jours un comédien » nommé Béjart, qui avait 24,000 écus en or. >>

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(25) Béjart père et mère eurent une troisième fille Geneviève Béjart, connue sous le nom de Mademoiselle Hervé (nom de sa mère). Elle était dans la troupe de Molière à son retour à Paris (voir la Dissertation sur Molière, par M. Beffara, pag. 25); il est également probable qu'elle faisait partie de la troupe de l'Illustre théâtre avec ses frères et sa sœur aînée. Elle mourut le 3 juillet 1675.

(26) Ce ne fut certainement qu'à ce retour à Paris que le prince de, Conti accueillit Molière. Car il n'aurait pas pu dès 1645, c'est-à-dire avant son premier départ, l'engager à venir aux États de Languedoc en 1654. Il ne pouvait savoir aussi long-temps d'avance qu'il les dût présider.

Des biographes de Molière ne le font partir de Paris qu'en 1653. Ce départ était le second, comme on le voit par le manuscrit de Tralage. Il avait séjourné avec sa troupe à Bordeaux vers la fin de 1645.

(27) Chapuzeau, qui se trouve en contradiction sur la plupart de ces faits avec tous les autres historiens, semble, peut-être par l'ambiguité de ses expressions, ajouter à ces noms dans son Théâtre Français, pages 193 et 194, ceux de La Grange et de Du Croisy. Petitot a reproduit cette opinion. M. Beffara dans sa Dissertation sur Molière, page 25, ne les comprend pas au nombre des acteurs qui faisaient

partie de la troupe de Molière à son arrivée à Paris en 1658. Ils n'y entrèrent qu'à Pâques 1659. Ce fait a été vérifié sur l'ouvrage manuscrit intitulé: Extrait des recettes et des affaires de la comédie depuis Pâques de l'année 1659 jusqu'au 31 août 1685, appartenant au sieur de La Grange, l'un des comédiens du Roi, faisant partie des archives de la Comédie Française.

Nous ferons remarquer ici que nous ne donnons dans cette Histoire, même aux actrices mariées, que la qualification de Mademoiselle, parce que c'est la seule qu'on leur donnât alors. Le titre de Madame n'appartenant qu'aux femmes de qualité. Molière, dans l'Impromptu de Versailles, nomme sa femme Mademoiselle Molière, et La Fontaine dit toujours dans sa correspondance en parlant de sa femme Mademoiselle La Fontaine; nous pourrions encore citer pour preuve les Satyres sur les femmes bourgeoises qui se font appeler MADAME, par J. Félix, réimprimées à la Haye en 1713. Si nous eussions pris un autre parti, notre texte et les citations d'auteurs contemporains qu'il renferme eussent offert des disparates désagréables, quelquefois même embarrassantes pour le lecteur.

(28) Grimarest prétend que Madeleine Béjart et le comte de Modène avaient contracté un hymen secret ; il n'y a rien de plus invraisemblable que cette assertion; car s'il en eût été ainsi, en admettant que le comte de Modène n'eût pas voulu cohabiter avec sa femme de peur de s'attirer des reproches de sa famille, il l'eût du moins soustraite à l'existence pré

caire d'une comédie une de province et ne l'eût point laissée au théâtre jusqu'à sa mort.

Le comte de Modène se nommait Esprit de Raimond de Mormoiron, comte de Modène; il était né dans le comté Venaissin, à Sarrians, près Carpentras, le 19 novembre 1608. Il est auteur d'une Histoire des révolutions de la ville et du royaume de Naples, 3 vol. in-12, Paris, 1665-1667. ( Histoire de la noblesse du comté Venaissin d'Avignon et de la principauté d'Orange, par Pithon-Curt), Paris, 1750, tome III, pag. 19 et suiv.; Biographie universelle, article Modène (par M. Hippolyte de la Porte); Dissertation sur le mariage du célèbre Molière, par M. le marquis de Fortia d'Urban, à la suite de la troisième édition de sa Dissertation sur le passage du Rhône et des Alpes, par Annibal, Paris, novembre 1821, p. 131 et suiv.)

Nous avons dit que Madeleine Béjart était aussi âgée que Molière. Elle ne pouvait être plus jeune, puisqu'elle donna le jour le 3 juillet 1638 à la fille qu'elle eut de son commerce avec le comte de Modène, et qui depuis fut confondue avec la femme de Molière comme nous aurons occasion de le dire. (Dissertation sur Molière par M. Beffara, p. 13.)

(29) Ce fauteuil était, au mois de ventôse an vã, en la possession du sieur Astruc, officier de santé de Pézenas. Ce fait est consigné dans une lettre adressée par un habitant de cette commune, le sieur Poitevin de Saint-Cristol, à Cailhava, qui l'a insérée dans ses Études sur Molière, page 307. Nous avons

donné lestermes mêmes de la lettre.

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