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qui gouvernoient les provinces & les villes, de faire affembler tous les gens, chacun de fon diftrict, qui devoient le fervice de guerre, pour fe rendre au jour nommé au lieu indiqué où l'armée fe devoit former. Cet ordre étoit lu à haute voix & affiché.

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En même temps le Gouverneur faifoit arborer fa banniere ou celle de fon Gouvernement, fur le donjon, tour, ou principale porte de l'endroit qu'il habitoit; ce qui s'appelloit mettre le ban, ponere bannum ; &, elle y reftoit jufqu'à ce que tous les militaires du diftrict, vaffaux, arriere - vaffaux & communes étant affemblés, le Gouverneur les conduisît au rendez-vous général de l'armée. Ceux qui manquoient de s'y rendre, ou qui n'arrivoient pas aflez-tôt pour y être exercés, encouroient la peine ordonnée par le ban, plus ou moins grande, felon leur faute, ou par la perte du fief qu'ils poffédoient, ou feulement par la faifie des fruits de ce fief.

Chaque Vaffal un peu confidérable faute d'enfans mâles en ligne directe, ou en cas que les poffeffeurs fuffent atteints & convaincus du crime de félonie ; & ceux qui font fçavans dans l'histoire, auront fans doute remarqué le retour de tous ces Duchés & Comtés à leur principe, par l'une ou l'autre de ces raisons.

amenoit fous fa banniere particuliere les vaffaux qui relevoient de lui; car chaque fuzerain avoit droit de pofer auffi dans fa terre fon ban particulier, d'où eft venu le nom de Banneret, qui fe donna comme un titre réel à un Seigneur de fief, qui avoit affez de vaffaux pour fe faire fuivre à l'armée par cinquante hommes d'armes montés, & qui par là en devenoit Chef, comme qui diroit Seigneur à banniere. Ce fervice des vaffaux & arrierevaffaux, autrement dit ban & arriereban, n'étoit pas le même pour tous les fiéfés, qui dans l'ancien temps formoient feuls la cavalerie, alors la principale force de nos armées. Les uns fervoient plus, les autres moins. Leurs équipages étoient auffi différens ; les uns y alloient avec celui de Chevaliers (a), les autres

(a) Les anciens Chevaliers avoient par diftinction des éperons dorés, lorfqu'ils paroiffoient en armes, foit à la guerre, foit dans les tournois. Les Ecuyers ne les portoient qu'argentés; c'étoit une des premieres piéces dont on les équipoit, & elle étoit fi effentielle, que quand on en dégradoit quelqu'un pour quelque mauvaise action, on commençoit par lui couper fes éperons avec une hache. Il n'étoit point permis aux Ecuyers d'avoir de l'or fur leurs habits. Ces ufages, comme bien d'autres, cefferent, lorfque fous Charles VII, les Chevaliers,

avec celui d'Ecuyer, les autres avec celui d'archer, chacun felon la qualité de fon fief.

Le Bachelier étoit entre le Chevalier & l'Ecuyer, qui avoit au deffous de lui. l'Archer ou fimple Cavalier en dernier grade.

On appelloit Bachelier un jeune Chevalier qui faifoit fa premiere campagne, & qui recevoit la ceinture militaire ( a ) des mains d'un ancien; il falloit avoir au moins vingt ans. Quant à l'infanterie, elle étoit compofée des habitans que les villes fourniffoient fous le nom de milices des communes; elles ne fervoient

en vertu de la Chevalerie, n'eurent plus un cer tain rang dans les armées.

(a) La ceinture militaire qui faifoit partie de l'armement d'honneur, ou des piéces de l'armure d'un guerrier, à la perte desquelles la honte étoit attachée, étoit une large courroye qui ceignoit le corps au deffus des hanches, á laquelle on attachoit l'épée du combat, le couftel ou braquemar; le bouclier s'y attachoit auffi, quand on n'étoit pas dans la pofture de

combattre.

Cette ceinture étoit ornée de plaques d'or & d'argent; les Chevaliers les enrichiffoient même de pierreries, comme il paroît à leurs répréfentations fur d'anciens tombeaux. Pierre, Seigneur de Palluau, Maréchal de Bourgogne légua par fon teftament, en 1241, à PEglife de

qu'une campagne; chaque année on en levoit de nouvelles; elles fervoient à leurs dépens (a), & alloient à la guerre fous les bannieres de leurs paroiffes.

Toutes les bannieres paroiffiales d'une banlieue étoient commandées par celle du Chef-lieu de la banlieue, & toutes les bannieres des banlieues d'une province obéiffoient à celle du Duc ou du Comte, Seigneur de cette province.

Ces bannieres paroiffiales étoient de la couleur qui convenoit au Saint, Patron de la paroiffe; mais comme on voyoit fouvent dans une même armée plufieurs bannieres bleues & plufieurs rouges, deux couleurs qui défignoient des Confeffeurs & des Martyrs,.chaque Paroiffe mit fur fa banniere l'image de fon Patron, par là toute équivoque fut ôtée.

Saint Vincent de Châlons, deux ceintures, une d'or, & l'autre d'argent, pour qu'il en fût fait des vales facrés.

(a) Philippe Augufte eft le premier de nos Rois qui ait eu quelques corps de foldats foudoyés. Jufqu'à lui, & même jufqu'à Charles VII, les communes que les villes & les paroifles de la campagne fourniffoient, fervoient à leurs frais & dépens, de même que la Nobleffe & fes vaffaux.

Les armées des Crollades étoient cependant compofées de troupes foudoyées, que les Chefs prenoient à leur folde, parce que ces guerres

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Chaque Paroiffe qui formoit une bande ou une compagnie, avoit une banniere, & même deux fi elle en formoit deux ; & alors pour les différencier l'une de l'autre, on mettoit fur chacune différentes images de là eft venu l'ufage d'avoir deux Patrons dans la même Paroiffe. Ce n'étoit cependant que dans d'extrêmes néceffités que tous les habitans marchoient; on n'en commandoit, pour l'ordinaire qu'un certain nombre de chaque Paroiffe; & quand du contingent de plufieurs on en avoit fuffifamment pour en former une bande, elle marchoit fous la banniere de la Paroiffe qui avoit le plus contribué. Enfin le jour du départ arrivé, on formoit des bandes de ces troupes affemblées, tant de cavalerie que que d'infanterie, & le ban fe levoit, c'eft-à-dire que le Gouverneur, Duc ou Comte, fe mettoit en marche avec fa banniere, qui précédoit toutes celles des bandes foumifes à fon commandement (a), & fe tranfportoit avec tout fon monde au ren étoient volontaires, & que les vaffaux, les villes ni les campagnes n'étoient pas obligés d'y

contribuer.

(a) Chaque bande ou compagnie, tant de cavalerie que d'infanterie, avoit fa baniere, de forte que pour dire qu'il y avoit dans une ar

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