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maintenue; Louis XIV l'a beaucoup augmentée, & Louis XV l'a portée à ce haut point de perfection où nous la voyons aujourd'hui.

On a foin au commencement de cha

que campagne de diftribuer à chaque Soldat, Cavalier, &c. une certaine quantité de coups à tirer, pour s'en fervir dans les occafions particulieres où il peut fe trouver le refte demeure gardé au parc de l'artillerie, qu'on regarnit par les magafins établis dans les places voifines, à mesure qu'il s'y fait des confommations.

Il doit toujours y avoir dans ce parc un nombre fuffifant de charrettes, qu'on appelle composées, les unes de poudre, de balles, &c., les autres de différentes efpèces d'outils, & cela pour être envoyées, fuivant les ordres du Général, à la tête des corps particuliers qu'on croit pouvoir en avoir befoin; lefquelles charrettes retournent au parc, fans que leurs charges ayent été diffipées, en cas qu'on n'en ait pas eu befoin. Que fi on s'eft fervi des outils, l'ouvrage fait, ils doivent être foigneufement affemblés & rapportés près des charrettes par les foldats qui s'en font fervis, pour être enfuite rechargés & ramenés au parc.

C'est au Commandant de l'artillerie avant l'ouverture de la campagne, à prendre l'ordre du Miniftre de la guerre & du Général.

Si la campagne doit commencer par un fiége, il proportionne la nature & la quantité d'outils à la grandeur de l'entreprife, & au terrein où il faudra travailler, fabloneux ou pierreux, &c. & fait conduire la groffe artillerie, & tout ce qu'il faut pour fon fervice, devant la place par des convois préparés dans les villes voisines, étant prefqu'impoffible d'y mener tout ce grand attirail avec l'armée qui en fait l'inveftiffement.

I

Si le Général ne médite qu'une guerre de campagne, les piéces de 4 & de 8 lui fuffifent, & quelques-unes de 16 & de 24 pour forcer les châteaux où l'ennemi auroit jetté des troupes pour l'incommoder, avec des haches, ferpes pelles, piques & pioches.

Si c'est pour foutenir un fiége, il faut que que la place foit abondamment pourvûe de poudre fur tour & de toute forte d'ar mes, de fufils de remparts, &c. de balles de calibre, canons, &c. avec plufieurs affuts & armemens de recharge, toute forte de bois de remontage, &c. pour les plate-formes. Il y faut des chevres, crics,

triquebales & traîneaux, léviers, cor dages, toutes fortes d'outils à remuer la terre, outils tranchans, couvenables à des ouvriers de toute efpece, des forges complettes, & des gens propres

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mettre tous ces outils en ufage tant pour le fer que pour le bois. Il y faut un grand amas de paliffades & autres bois néceffaires aux ponts & aux mines, des chevaux de frife, des gabions, des fafcines de différente groffeur & longueur, des hottes, des paniers, des facs à terre, & balots de laine; toutes fortes d'inftrumens & uftenfiles contre le feu, des moulins à bras & à cheval; un hôpital bien fourni de lits, d'Aumôniers, de Médecins, de Chirurgiens, Apotiquaires, de remedes & de médicamens néceffaires à la guérifon des bleffés & des malades, &c. La fourniture d'un parc d'artillerie pour une campagne ou pour un fiége à faire, ou à foutenir, & généralement tout ce qui regarde l'artillerie, canons mortiers, &c. fe trouve très-bien détaillé dans les mémoires de M. de SaintRemi.

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ARTICLE IV.

·Des Munitions de bouche.

AU démembrement de l'Empire Ro

main, les Princes qui le partagerent fouffrirent d'abord politiquement que leurs peuples fuiviffent les coutumes qu'ils tenoient des Romains pour la fubfiftance des troupes ; mais ils les perdirent infenfiblement, & s'en firent de nouvelles. Les François furent des premiers à les changer; rétablis dans cette liberté qui leur eft fi naturelle, ils eurent tant d'horreur pour ceux qui leur avoient impofé le joug de la fervitude, qu'ils en mépriferent jufqu'à la religion, & fe firent une autre maniere, tant de faire la guerre, que d'entretenir & d'alimenter leurs armées. Il feroit trop long de rapporter ici tous ces changemens; il me fuffit de dire que les peuples étoient anciennement obligés de fournir des vivres aux armées qui marchoient contre les ennemis, & que la premiere fourniture réglée fut faite fous Philippe le Bel, en 1311. Louis XI créa en 1470 deux Commis généraux des vivres ; le premier & le plus ancien traité des vivres & four

rages aux troupes du Roi, fut fait au camp de Lufignan, fous Henri III, en 1574.

Avant ce temps-là tous les emplois des fubfiftances d'armées n'étoient exercés que par commiffion, & ceux qui en étoient pourvus, fe nommoient fimplement Commis; fçavoir, les Commiffaires des guerres & des vivres : quant aux Tréforiers de l'ordinaire & de l'extraordinaire des guerres, on les nommoit Clercs du tréfor, ou Payeurs.

Les Tréforiers de l'extraordinaire étoient autrefois comptables de tous les vivres qui fe confommoient par les troupes, tant dans les armées que dans les garnifons; mais ne pouvant vaquer à tant d'affaires à la fois, ils obtinrent de Henri II la décharge du compte des vivres, & ce fut par un réglement fait à Saint Germain, l'an 1557, où par l'article 55, ceux qui les diftribuoient furent chargés de les préfenter à la Chambre des Comptes de Paris.

Depuis ce temps-là, non feulement les Commiffaires généraux des vivres furent obligés de compter à la Chambre de leur maniement, tant en argent qu'en munitions, mais tous les Commis aux vivres devinrent auffi comptables, cha

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