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dats, parce que le châtiment les appaife. & les retient plus que la clémence ne -le feroit; mais auffi qu'on ait l'attention de ne jamais laiffer leurs belles actions dans l'oubli, fans louange, fans reconnoiffance, fans récompenfe. Les Romains prodiguoient les honneurs & les triomphes à ceux qui les méritoient, comme ils puniffoient févérement les fautes de leurs Officiers, même les plus élevés en dignité. Manlius & Pofthumius le Dictateur, firent mourir leurs fils pour avoir combattu fans ordre, quoiqu'ils euffent eu l'avantage fur leurs

ennemis.

Q. F. Rullianus, Général de la cavalerie, fut battu de verges à la tête des troupes, après avoir remporté une infigne victoire fur les Samnites, parce qu'il n'avoit pas permiffion de combatre.

Si ces exemples de févérité nous paroiffent outrés, l'hiftoire en offre bien d'autres encore.

C. ius, Général de la cavalerie, s'étant laiffé battre en Sicile, & ayant rendu les armes à l'ennemi, le Conful Pifon le fit revêtir d'un habit déchiré fans ceinture, & le condamna pour tout le refte de la campagne à faire le fervice de fantaffin pieds nuds.

varié; on ne l'a pas toujours punie de mort. Les François, comme les Romains, puniffoient des corps entiers par la décimation, l'interdiction & la perte du rang: les Officiers étoient caffés, privés des honneurs militaires, & dégradés.

Quant aux foldats, fi leurs fautes n'alloient pas jufqu'à mériter la mort, ils étoient fuftigés, eftrapadés, mutilés, marqués & envoyés aux galeres. Pour des fautes encore plus légeres, on augmentoit le temps de la faction d'un foldat, ou l'on l'appointoit; c'eft ce qui fe pratique encore aujourd'hui. Sous les fucceffeurs de Clovis, les guerres civiles autoriferent la licence du foldat, qui devint extrême; les Généraux étoient cependant refponfables de ces défordres.

Sous la deuxième race de nos Rois, on trouve un plus grand détail des châtimens militaires. Tout homme qui devoit le fervice militaire & qui manquoit de s'y rendre, étoit condamné à l'amende de 60 fols d'or; s'il n'étoit pas en état de payer, il devenoit ferf du Prince jufqu'à ce qu'il eut fatisfait. Celui qui faifoir quelque violence ou quelque défordre pendant la marche, étoit forcé de reftituer. Celui qui fe retiroit de l'armée fans permiffion, étoit puni de mort.

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Celui qui fuyoit mal à propos, ou qui refufoit de marcher, étoit déclaré infame.

Charlemagne perfectionna fort l'art militaire, en prenant, felon les apparences, pour modele la milice romaine, & fit exactement obferver la difcipline parmi les troupes.

Mais avec la décadence de l'Empire François fous Charles le Chauve & fes fucceffeurs, arriva auffi un relâchement affreux, pour ne pas dire la ruine entiere de la difcipline militaire, caufée par l'irruption des Normands, qui defoTerent la France fous Louis le Débonnaire, Charles le Chauve & Louis le Begue: tantâ Francorum confternatione, dit le P. Bertaut, in Floro Gallico publicis publicationibus, à furore Normanorum liberari fe imprimis precarentur an

no 886.

in

de

Sous la troifiéme race, du temps Philippe Augufte, ceux qui poffédoient des fiefs, étoient obligés de fe rendre au fervice, fous peine de crime de lezeMajefté & de félonie.

La prife du Roi Jean, à la journée de Maupertuis en 1356, mit le royaume dans un déplorable état; il n'y eut plus de difcipline parmi les troupes. Charles

V fecondé du fameux Bertrand du Guefclin, y rétablit l'ordre & la difcipline; mais elle fe relâcha fous Charles VI. Ce Roi cependant privoit & dégradoit de nobleffe les poffedans fiefs, pour le défaut de fervice, lors toutefois qu'ils étoient convaincus de révolte, de trahifon ou de quelque lâcheté infigne, & non autrement.

Dans les temps poftérieurs à la Chevaferie, depuis Charles VII jufqu'à François I, les punitions ne furent pas fort féveres, on en voit peu d'infamantes: on fe contentoit de faire payer le dommage, & fi le Gendarme ou Chevau-léger n'avoit pas dequoi fatisfaire, il étoit privé de fa folde, & il perdoit fon cheval & fon harnois.

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Sous François I & Henri II, les punitions furent fort féveres; le rançonnement & le vol étoient punis par la potence, à l'égard même des Gendarmes & des Chevaux-légers; les paffevolans reconnus pour tels, pendus, & le Capitaine caffé; les blafphemateurs, attachés au carcan pendant fix heures ; la défertion du côté de l'ennemi, puniə fous François I, comme crime de lezeMajefté, & fous Henri II, du dernier fupplice.

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Il y eut cependant fous François I quelque relâchement dans la difcipline militaire, caufé par fes longues guerres. Henri II la rétablit; mais les guerres civiles de la Religion qui fuivirent la mort de ce Prince, ramenerent le déréglement dans les troupes.

Henri IV après avoir dompté la Ligue, rétablit la difcipline militaire, qui jufqu'au temps que Louis XIV régna par lui-même, fut affez mal obfervée.

Aujourd'hui les blafphêmes, le facrilege, le vol, l'incendie, la trahifon, la défobéiffance en matiere importante, le duel, le meurtre & la défertion, font tous crimes punis de mort; les verges, la prifon, &c. font les punitions en ufage pour les moindres fautes.

Il y a des

a des corps où l'on ne punit jamais de peines infamantes, qu'on ne chaffe de la compagnie le foldat fur qui s'exerce le châtiment ignominieux.

Rien de plus beau que les réglemens de Louis XIV & de Louis XV, pour faire obferver le bon ordre, tant dans les garnifons, qu'en route & en campagne : ils font trop étendus pour les rapporter

ici; ils fe trouvent dans le Code de M. Briquet; l'édition de 1747 eft la plus ample.

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