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L'ESPRIT

DE MONSIEUR

DE VOLTAIRE.

ETRE SUPREME.

*******

P

AR-DELA tous les cieux, le Dieu des cieux réfide....

***** C'eft-là que font formés tous ces efprits

divers,

Qui rempliffent le corps, & peuplent l'univers.
Là font après la mort nos ames replongées,
De leur prifon groffiere à jamais dégagées.
Un Juge incorruptible y raffemble à fes pieds
Ces immortels efprits que fon fouffle a créés,
C'eft cet Etre infini qu'on craint & qu'on ignore.
Sous des noms différens, le monde entier l'adore.
Du haut de l'empirée il entend nos clameurs:
Il regarde en pitié ce long amas d'erreurs;
Ces portraits infenfés, que l'humaine ignorance
Fait avec piété de fa fageffe immenfe.

Henr. Ch. VIL

A ;

Je ne fçai s'il y a une preuve métaphyfique plus frappante, & qui parle plus fortement à l'homme, que cet ordre admirable qui regne dans le monde ; & fi jamais il y a eu un plus bel plus bel argument que ce verfet: Elém. de Phil. Nemt. chap. 1. Cali enarrant gloriam Dei.

Je ferai toujours perfuadé qu'une horloge prouve un Horloger, & que l'univers prouve un Dieu. Mélang. de Phil, réponse à M. Katile.

*

Newton étoit intimement perfuadé de l'existence d'un Dieu, & il entendait par ce mot, nonfeulement un Etre infini, tout-puiffant, éternel & créateur; mais un Maître qui a mis une relation entre lui & fes créatures; car, fans cette relation, la connaiffance d'un Dieu n'eft qu'une idée stérile qui femblerait inviter au crime, par l'espoir de l'impunité, tout raifonneur né pervers. Elém. de Phil. Newt. chap. 1.

Les Phyficiens font devenus les hérauts de la Providence: un Catéchifte annonce Dieu à des enfans, & un Newton le démontre aux Sages. Mélang. de Litt. Chap. 4. Théifme.

*

Vous jugez que j'ai une ame intelligente, parce que vous appercevez de l'ordre dans mes paroles & dans mes actions; jugez donc en voyant

l'ordre de ce monde, qu'il y a une ame fouverainement intelligente. Elém. de Phil. Newt. chap. 1.

La Philofophie nous montré bien qu'il y a un Dieu; mais elle eft impuiffante à nous apprendre ce qu'il eft, ce qu'il fait, comment & pourquoi il le fait; s'il eft dans le tems, s'il eft dans l'efpace, s'il a commencé une fois, ou s'il agit toujours, s'il eft dans la matiere, s'il n'y eft pas, &c. &c. &c. Il faudrait être lui-même pour le fçavoir. Elém. de Phil. Newt. chap. 1.

A ta faible raison garde-toi de te rendre,
Dieu t'a fait pour l'aimer, & non pour le comprendre.
Invisible à tes yeux, qu'il regne dans ton cœur;
Il confond l'injuftice, il pardonne à l'erreur;
Mais il punit auffi toute erreur volontaire:
Mortel, ouvre les yeux, quand fon foleil t'éclaire.
Henr. Ch. VII.

Je n'ai pas recours à un Dieu, parce que je ne puis comprendre la nature: mais je comprends évidemment que la nature a befoin d'une intelligence fuprême; & cette feule raifon me prouverait un Dieu, fi je n'avais pas d'ailleurs d'autres preuves. Dial. de Lucrece, & Poffidonius.

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