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l'homme est la santé de l'âme: plus on a la santé de l'âme, plus on croit à la liberté."?

24. Que pensez-vous de cette autre: "La servitude abaisse l'homme jusqu'à s'en faire aimer"? et "La liberté c'est le droit de faire ce qui ne nuit pas à autrui.”?

DÉPENDANCE ET ESCLAVAGE

Mon maître, Monsieur Ducommun, était un jeune homme rusé et violent qui vint à bout, en très peu de temps, de ternir tout l'éclat de mon enfance, d'abrutir mon caractère aimant et vif, et de me réduire par l'esprit autant que par la force, à mon véritable état d'apprenti

Rien ne m'a mieux appris la différence qu'il y a de la dépendance filiale à l'esclavage servile, que le souvenir des changements que produisit en moi cette époque... J'appris à convoiter en silence, à me cacher, à me dissimuler, à mentir et à dérober enfin, fantaisie qui jusqu'alors ne m'était pas venue et dont je n'ai pu depuis lors bien me guérir. La convoitise et l'impuissance mènent toujours là. Voilà pourquoi les laquais sont fripons, et pourquoi tous les apprentis doivent l'être; et je tirai bientôt si bon parti de ma science, que rien de ce que je convoitais n'était à ma portée en sûreté .... L'usage de faire sortir de table les jeunes gens quand on y sert ce qui les tente le plus me paraît très bien entendu pour les rendre aussi friands que fripons. Je devins en peu de temps l'un et l'autre; j'appris ainsi qu'il n'était pas si terrible de voler que je l'avais cru; et je m'en trouvais fort bien pour l'ordinaire, quelquefois fort mal quand j'étais surpris.

J.-J. ROUSSEAU.

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1. Quelles sont les différentes sortes d'impôts que vous connaissez? Quels sont les impôts les plus justes, les impôts directs ou les impôts indirects?

2. A quoi servent les impôts?

3. Est-ce que tout le monde paie des impôts? Chacun en paie-t-il autant? Le système d'impôts est-il juste à votre avis?

4. Que pensez-vous d'une personne qui déguise ses revenus pour payer moins d'impôts?

5. Que pensez-vous d'une autre qui passe des marchandises en contrebande pour ne pas payer les impôts de douane? Comment appelez-vous une telle action? A-t-on raison de la punir?

6. Que pensez-vous d'une personne qui se plaint au percepteur de l'injustice dans la répartition des impôts, et qui le querelle?

7. Que pensez-vous de l'impôt sur les automobiles, les

théâtres, les phonographes, les produits pharmaceutiques, les successions, les pianos, etc.?

8. Votre pays a besoin d'argent; vous êtes député et suggérez quelques impôts pour équilibrer le budget. Discutez-les.

9. Quelqu'un suggère un impôt annuel sur les célibataires. Qu'en pensez-vous? Discutez.

10. Préféreriez-vous une taxe imposée à ceux qui ne travaillent pas? Discutez.

LES ANCIENS IMPÔTS DIRECTS

Dans un vignoble, à Epernay, sur quatre pièces de vin, produit moyen d'un arpent, et valant six cents francs, il est d'abord perçu trente francs d'impôt, puis quand les quatre pièces sont vendues, soixante-quinze autres francs. Naturellement les habitants emploient les ruses les plus fines et les mieux combinées pour se soustraire à des droits si forts. Mais les commis sont alertes, soupçonneux, avertis et fondent à l'improviste sur toute maison suspecte; leurs instructions portent qu'ils doivent multiplier leurs visites et avoir des registres assez exacts pour voir d'un coup d'œil l'état de la cave de chaque habitant. Après le vigneron, c'est le tour du négociant. Celui-ci, pour envoyer les pièces au consommateur verse encore soixante-quinze francs. Le vin part: certaines routes lui sont prescrites; s'il s'en écarte, il est confisqué et à chaque pas du chemin, il faut qu'il paie. Un bateau de vin du Languedoc qui remonte le Rhône et descend la Loire pour aller à Paris, paie en route trente-cinq à quarante sortes de droits, non compris les entrées à Paris. Il les paie en quinze ou seize endroits et ces paiements multipliés obligent les voituriers à employer douze ou quinze jours de plus par voyage qu'ils n'en mettraient si tous ces droits étaient réunis en un seul bureau.

H. TAINE.

QUESTIONS ÉCONOMIQUES ET SOCIALES 155

73.

le travail l'ouvrage (m)

le labeur

la tâche

la peine l'effort (m)

Entretien

Questions économiques et sociales

le salaire
la rétribution
à l'heure

à la semaine
au mois

aux pièces

l'offre (f)
la demande

le besoin

la rareté

le marché

un échange

un métier

un ouvrier

un employé

une profession libérale un artiste

les charges (ƒ)

(le travail)

mécanique

machinal en série intelligent artistique

1. La démocratie a-t-elle diminué l'inégalité qui règne parmi les hommes? Discutez.

2. Pour réparer cette inégalité, certains proposent un partage général des biens. Cette idée est-elle pratique? Discutez-la.

3. Croyez-vous qu'une même fortune donnerait un même bonheur à tous les hommes? Cette égalité durerait-elle longtemps?

4. Pourriez-vous suggérer un moyen d'améliorer le sort des malheureux et d'effacer la trop grande inégalité des conditions? Exposez-le.

5. Est-il juste que le patron gagne plus que l'ouvrier qui travaille pour lui? Discutez.

Comment faut-il rétribuer le travail, à votre avis: selon la valeur du travail fourni, ou selon les besoins de l'ouvrier? Discutez.

7. Est-il juste de payer les ouvriers à l'heure, c'est-à-dire également, sans considérer la quantité de travail produit ou la qualité de ce travail?

8. Est-il juste de payer également un ouvrier célibataire et un père de famille qui a une femme et cinq enfants? Discutez.

9. A travail égal faut-il donner un salaire égal aux hommes et aux femmes? Discutez.

10. Est-il juste qu'un intellectuel qui a étudié de longues années gagne souvent moins qu'un ouvrier qui a appris très vite son métier? Discutez et dites s'il est possible d'éviter cet état de choses.

11. Que pensez-vous du système Taylor? Les ouvriers français ont refusé de s'y soumettre. Leur donnez-vous raison ou tort? Discutez.

12. Êtes-vous partisan du libre échange? Discutez.

13. Que pensez-vous des usuriers, des spéculateurs? Comment voudriez-vous que le gouvernement les traitât?

LA COURSE AUX ÉCUS

Mais cette obligation où nos mœurs mettent l'homme d'avoir à s'inquiéter tous les jours, en se réveillant, de la somme nécessaire pour ses besoins, afin qu'il ne prenne rien à son voisin, a créé les plus belles intelligences de tous les temps. C'est à ce besoin de l'argent quotidien que nous devons: Franklin, qui a commencé, pour vivre, par être ouvrier imprimeur; Shakespeare, qui gardait les chevaux à la porte du théâtre qu'il devait immortaliser plus tard; Machiavel, qui était secrétaire de la république florentine, à quinze écus par mois; Raphaël, qui était le fils d'un barbouilleur d'Urbin; Jean-Jacques Rousseau, qui a été commis-greffier, graveur, copiste, et qui encore ne dînait pas tous les jours; Fulton, qui a d'abord été rapin, puis ouvrier mécanicien, et qui nous a donné la vapeur... et tant d'autres. Faites naître tous ces gens-là avec cinq cents mille livres de rentes chacun, et il y avait bien des chances pour qu'aucun d'eux ne devînt ce qu'il est devenu. Cette course aux écus dont vous parlez a donc du bon... Elle fait assez de bien en éperonnant des facultés qui seraient restées stationnaires dans le bien-être, pour qu'on lui pardonne quelques petites erreurs.

A. DUMAS FILS.

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