bles que ceux que nous avons sous les yeux; notre génération est trop embarrassée du présent pour aller déterrer elle-même ce qu'ont pensé ou écrit, il y a un quart de siècle, les maîtres de la science. Ce n'est que grâce à la bonne volonté de ceux qui s'intéressent à elle que peu à peu nous pouvons profiter, au milieu du chaos actuel, de toutes les richesses scientifiques du passé et en orner notre intelligence. Aussi avons-nous lu, pour notre comple, avec beaucoup de plaisir, l'ouvrage que nous annonçons aux lecteurs de la Liberté de Penser: indépendamment de cet attrait qu'ont toutes les élucubrations auxquelles s'attache un nom illustre dans la science, nous devons avouer que les Essais nous ont intéressé encore par certaines questions maintenant à l'ordre du jour, et que l'auteur traite avec une clarté et une précision que nous aimerions à reconnaître dans bien de nos jurisconsultes, et surtout dans les monumens législatifs de notre époque. Telle est notamment la question suivante : Quels sont les intérêts pour lesquels le créancier hypothécaire a droit d'être colloqué au même droit que pour le capital qui les produit? — Nous recommandons ce travail à tous nos faiseurs de projets de réforme hypothécaire : ils seront bien étonnés d'y trouver une foule de considérations qu'ils n'ont eu que la peine de rééditer, comme aussi les amis du progrès pourront se convaincre que, par l'incurable inertie de nos gouvernans, cette réforme fameuse n'a pas avancé d'un pas depuis les dernières années de la Restauration. Mentionnons également l'Essai sur ce qu'on appelle l'effet rétroactif des lois, que M. Blondeau a la modestie d'appeler une simple ébauche, et que nous n'hésitons pas à placer, sans crainte d'être contredit, en tête de tout ce qui a été écrit sur cette matière. Le chapitre où l'auteur s'occupe des méthodes qui ont été suivies ou proposées à diverses époques pour faciliter l'étude du droit privé, etc., est venu encore accroître l'admiration que nous professions déjà pour l'ex-doyen de la Faculté de droit. Nous prenons la liberté de le soumettre particulièrement à ceux qui croient que notre législation est à l'abri de tout reproche. M. Blondeau, chez qui la science a acquis une autorité d'autant plus grande qu'elle est merveilleusement appuyée sur des connaissances philosophiques d'un ordre élevé, frappé de la facilité avec laquelle les assemblées législatives improvisent des codes, fait les réflexions qui suivent, dans son coup d'œil sur le nouveau code de la Louisiane: « Lorsque l'on s'avise de lire les discours prononcés dans le sein des assemblées délibérantes ou les brochures que font naître quelquefois les propositions de lois nouvelles, on est bientôt frappé d'éLonnement en observant combien peu il règne d'accord sur les principes de la science législative... La plupart de nos Lycurgues modernes ne paraissent juger du mérite d'une loi proposée qu'en le comparant à un idéal, sur le nom duquel ils s'accordent parfaitement c'est le droit naturel, ou la loi primitive, ou l'équité, mais qu'on s'aperçoit bientôt n'être jamais pour l'un précisément ce qu'il est pour l'autre, et diffé, er même quelquefois du tout au tout... » Avis à nos législateurs présens et futurs ! : Terminons par où peut-être nous aurions dù commencer. N'oublions pas de dire que les Essais, dont nous avons cité quelques chapitres, sont précédés d'un travail tout à fait inédit et dans lequel notre illustre maître s'occupe des diverses acceptions des mots Loi, Droit, Devoir ou Obligation, et de quelques autres mots de la même famille. Ce travail, si simple en apparence, mérite une attention particulière de la part des élèves de nos Facultés de droit: ils y trouveront des idées, sinon incontestables, parfaitement exprimées sur des mots et des expressions dont il n'est pas peut-être inutile d'avoir une intelligence nette et claire. M. Blondeau a, par là, bien mérité de la jeunesse studieuse à laquelle, soil eomme administrateur, soit comme professeur, il a donné si souvent des preuves de l'intérêt qu'il lui porte. LOUIS NYER. CADRES D'HISTOIRE DE FRANCE, par MM. MARguerin et Hurdault. Ce livre que nous annonçons est conçu d'après un plan nouveau, et à notre sens répond tout à fait aux nécessités de l'enseignement historique. Sous ce mot cadres, il y a une idée que tout autre mot n'aurait pu rendre. Ce ne sont pas des tableaux que les auteurs ont voulu faire, ni des sommaires, ni des programmes; ce qu'ils ont voulu, «< c'est donner aux élèves sur chaque question un plan méthodique, où les faits principaux fussent dégagés des faits secondaires, groupés suivant leurs rapports, rattachés au fait plus général qui les contient, les explique et les ramène à une même formule, d'où la période tire son unité et son caractère. » Voilà l'idée qui a inspiré les auteurs. Le mot cadre la rendait mieux que celui de tableau, qui rappelle toujours des procédés synchroniques ou synoptiques. Ici c'est l'ordre de génération même des événemens qu'ils ont cherché à déterminer avec une rigoureuse exactitude. Qu'ils aient toujours réussi, nous ne l'affirmons pas; mais qu'ils aient fait un ouvrage utile, et dont on peut tirer grand parti pour l'enseignement, nous le reconnaissons bien volontiers. C'est aussi parce qu'ils destinaient leur livre a l'enseignement que les auteurs ont adopté certaines dispositions matérielles qui leur permissent de parler aux yeux en même temps qu'à l'esprit. Chaque groupe de faits est renfermé par une accolade qui précède le fait plus général qui les domine; ces faits généraux à leur tour sont réunis par une nouvelle accolade et liés par la formule commune à toute une période. De cette façon, à première vue, il est facile de saisir la décomposition des faits généraux en faits particuliers, et l'évolution des événemens est rendue comme sensible. Les auteurs disent qu'ils ont pris ce parti, s'adressant à des é èves; nous trouvons qu'on peut n'être plus sur les bancs, et trouver commode ce procédé qui marque et fixe avec une telle rigueur à des différens degrés la transformation des idées en faits. C'est là une méthode d'autorité, dira-t-on ; l'auteur aflirme sans cesse, et, par cela qu'il présente les choses d'une façon aussi systématique, il s'impose aux esprits; il n'est permis de rien rejeter de ce qu'il avance quand tout se tient de cette sorte relié étroitement et comme enchaîné, puisque les faits rentrent dans des formules particulières, et celles-ci dans une formule générale. Nous ne le contestons pas; c'est bien, en effet, une méthode d'autorité. Reste à savoir si ce n'est pas la bonne dans l'enseignement, et surtout dans celui de l'histoire. Hors de là, il n'y a que fails confus, idées vagues, détails flottans. Est-ce là une bonne discipline pour l'esprit, nous ne le croyons pas ; c'est pourquoi nous donnons notre approbation aux Cadres d'histoire de France. Quoi que l'on pense, au reste, du procédé, on devra reconnaitre que le livre n'était pas facile d'exécution, et qu'il suppose dans les auteurs un grand esprit d'impartialité, un travail consciencieux et un sens réel de l'histoire. Nous recommandons vivement à toutes les classes de lecteurs L'ALMANACH DES OPPRIEÉS, d'Hippolyte Magen. Ce petit livre ne contient qu'une seule histoire, mais quelle histoire ! C'est celle des JESUITES, depuis la fondation de l'ordre jusqu'à nos jours. Racontée avec simplicité, sans exagération ni emphase, cette histoire est un long drame, toujours attachant, souvent horrible. Lisez, pères de famille; apprenez) à quelles gens on vous permet de confier l'âme de vos enfans.-(Voir aux annonces. A. JACQUES. DU TOME SIXIÈME. TRENTE ET UNIÈME LIVRAISON. Révolution de. Février. La royauté condamnée par elle-même..., par - Pages, 1 J. Yanosky.... La guerre des nationalités en Hongrie, par J. Boldenyi. De l'alimentation publique ; des bestiaux, part Noblet 22 44 54 par H. Trianon.. Histoire littéraire du Nord. - Tegner..., par L. Léouzon-Leduc. Histoire de la peinture. Coup-d'œil sur la formation de l'Ecole française, Correspondance politique. 73 93 *106 Andorre et Saint-Marin, les plus anciennes républiques de l'Europe. 1re partie, Andorre, par Alfred de Bougy... 122 Catholicisme et socialisme. - 3e article, par E. Deschanel. 146 Le Conseil de l'instruction publique. 165 172 178 Correspondance politique. Le paon blanc. - Fable, par Noblet. BULLETIN Histoire de l'Assemblée constituante, de Babaud-Laribière. - Introduction à l'étude de l'histoire de la philosophie, de Michel Ni- - colas. La foi nouvelle cherchée dans l'art, de Dumesnil.- SCHIL- TRENTE-TROISIÈME LIVRAISON. La Religieuse de Toulouse, de M. J. Janin, par E. Despois.. Andorre (suite), par A. de Bougy. L'Insurrection badoise dans ses rapports avec la révolution allemande, 225 Origines latines du théâtre moderne, de Edelestand Du Meril, par A. 249 Concours général. . 262 - - Bulletin : L'instruction publique dans l'Amérique du Sud, de A. Sar- - 266 TRENTE-QUATRIÈME LIVRAISON. - L'Allemagne avant l'invasion française. L'insurrection littéraire, Le Suffrage universel et la vile multitude au IIIe siècle, par Eugène Léonard de Vinci, par Al. Dumesnil. Qu'est-ce que la religion dans la nouvelle philosophie allemande. -- Pages. 281 306 311 325 BULLETIN: Histoire de la Révolution française, de Michelet.-Les Mé- Des véritables sentimens des royalistes, en ce qui touche la trahison en- 368 385 Souvenirs et 402 . portraits, par Noblet... Etudes sur la renaissance des lettres aux XVe et XVIe siècles. - Des romaine, par Michelet Nicolas.. .. Geneviève, de M. de Lamartine, par Louis Bregan. Racine et la police, par E. D. . . TRENTE-SIXIÈME LIVRAISON. Argyropolis, par A. Champgobert.. Bulletin politique, par Alfred Darimon. . Réalités sociales. - Etudes sur le prolétariat dans les campagnes. La Moldo-Valachie, par Sanejouand. Andorre et Saint-Marin, les plus anciennes républiques de l'Europe. De l'étude de l'antiquité dans les colléges, par Louis Bregan. FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. Paris.-Imprimerie de E. Brière, rue Sainte-Anne, 55. |