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groupe, quoique leurs propriétés soient au premier abord tout à fait distinctes: ce sont la glutine et la vitelline.

Les matières albuminoïdes essentielles, c'est-à-dire l'albumine, la caséine, la fibrine et la légumine, constituent l'élément azoté prédominant de la nourriture de l'homme et des animaux. Peut être sont-ce les seules qui jouissent à la fois de la propriété de se brûler dans le sang pour se convertir en urée et de se fixer dans nos tissus par les procédés de l'assimilation, après avoir subi les modifications convenables dans leurs propriétés. Du moins est-il vrai que jusqu'ici il peut paraître douteux que la gélatine jouisse de cette double propriété.

- Il résulte de là que si, dans un aliment quelconque dépourvu de gélatine, on parvient à définir la dose exacte d'albumine, de caséine, de fibrine et même de légumine, on aura reconnu, précisé le pouvoir de cet aliment comme capable de satisfaire aux besoins de l'assimilation. C'est en mangeant et digérant de telles matières que nous formons nos muscles et nos tissus, et que nous les préservons des altérations qu'ils subiraient de la part d'un sang trop appauvri en albumine ou en fibrine.

Il est même tellement évident qu'il en est ainsi, qu'on ne pourrait pas citer un seul aliment adopté par l'homme ou les animaux supérieurs, et où ne figure, comme matière azotée abondante, l'une des quatre substances signalées plus haut, c'est-à-dire la caséine, l'albumine, la fibrine ou la légumine.

D'où il suit clairement que la quantité d'azote que renferment nos aliments donne leur équivalent sous le rapport de l'assimilation, la matière azotée étant la matière essentiellement assimilable, celle qui constitue la trame de l'organisation tout entière.

Voilà pourquoi nous avons voulu préciser nos idées sur la composition de ces matières, avant de nous occuper plus particulièrement de la discussion sur leur rôle dans l'élimination.

Sachant par expérience qu'un homme, par exemple, doit manger, à l'état adulte, environ 100 à 120 grammes de matière albuminoïde sèche, représentant 16 à 20 grammes d'azote, on peut dresser une table des équivalents nutritifs envisagés sous le rapport de l'assimilation, et c'est par cette table que nous terminerons prochainement cette partie de notre travail, d'après la

méthode déjà suivie par M. Boussingault dans ses Mémoires sur les équivalents nutritifs des fourrages ou des aliments des animaux herbivores.

Nous ferons voir alors, par de nombreux exemples développés dans le Mémoire dont nous nous occupons, M. Boussingault et moi, que, dans la nourriture de l'homme considéré à la ration d'entretien, il entre, terme moyen, 400 ou 500 grammes de matière azotée fraiche, représentant 100 ou 125 grammes de la même matière sèche, qui contient par conséquent de 16 à 21 grammes d'azote.

Comme cet azote se retrouve presque en entier dans les urines sous forme d'urée, il reste à se demander ce que c'est que l'urée et en quoi elle diffère de la matière azotée neutre d'où elle provient.

Or, les belles observations de M. Vohler nous ont appris que l'urée peut se produire par une modification du cyanate d'ammoniaque, formé lui-même d'un oxyde de cyanogène et d'un oxyde d'ammonium.

Ainsi, il sort de l'animal quatre oxydes : l'acide carbonique, l'eau, l'acide cyanique, l'oxyde d'ammonium. Ces deux derniers, combinés et modifiés, produisent l'urée.

C'est donc, du moins nous l'admettons ainsi, par une véritable combustion que la matière azotée s'est convertie en urée. Quand l'albumine ou la caséine se convertissent en urée, elles passent sans doute par divers intermédiaires qui, négligés ici, donnent en définitive :

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Cette formule n'a d'autre objet que de permettre de calculer la quantité de chaleur dégagée pendant cette conversion. Elle nous montre en effet que la matière azotée convertie chaque jour en urée par l'homme offre environ 50 grammes de carbone et 6 grammes d'hydrogène comme combustible à sa respiration.

Mais ces matières ne peuvent développer que 575,000 unités de chaleur; en effet

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Or, d'après la quantité d'acide carbonique qu'il fournit, et d'après la quantité d'oxygène qu'il consomme, chaque homme doit produire par jour 2 500 000 ou 3 000 000 de calories.

Il faut donc qu'il emprunte à d'autres aliments environ 200 grammes de carbone et 10 gramines d'hydrogène, qui complètent la proportion de chaleur dont il a besoin.

Et ce besoin est si pressant, qu'au bout de trois heures de suspension de l'action de l'appareil calorificateur, la mort par le froid serait inévitable. Car, à chaque fois qu'un homme perd 50 000 calories, sa température baisse d'un degré, et s'il avait perdu 300 000 calories en trois heures, puisqu'il en fait 100 000 par heure, sa température propre se serait abaissée à 30 degrés, auquel cas la mort serait certaine.

Il faut donc que le corps tout entier, tous les vaisseaux, tous les tissus, tout ce que le sang pénètre, que ce vaste appareil de combustion agisse sans cesse et brûle sans relâche les matières organiques à sa disposition.

Or, si l'on réfléchit que le sang constitue une dissolution des matériaux solides de l'économie, saturée pour les circonstances où elle se trouve placée, on comprendra comment il est si important que la digestion restitue sans cesse au sang les matériaux qui le composent,

En effet, puisque le sang d'un homme est chargé de produire 100 000 calories à l'heure, que, pour y parvenir, il doit brûler 5 grammes de matières albumineuses et 10 grammes de matières grasses, ou leur équivalent en produits dérivés du sucre, il est clair que le sang constitue une dissolution saturée qui, à chaque instant, tend à descendre au-dessous du point de saturation.

Aussi, quand le sang a perdu 5 grammes de matières albumineuses et 10 grammes de matières grasses, si ces produits ne sont pas remplacés, est-il forcé de les reprendre au tissu même de nos organes, où il porte le désordre.

C'est par là qu'on s'explique la théorie de l'alimentation, qui est l'art de rendre au sang les matériaux dont le sang est composé lui-même, afin que ces matériaux, que la vie consomme sans

cesse en les brûlant, ne soient pas repris par le sang appauvri å nos organes qui en sont formés ou qui les renferment.

Et pour appliquer ces principes aux matières azotées dont nous nous sommes occupés aujourd'hui, nous dirons que s'il est indispensable que l'alimentation de l'homme lui fournisse chaque jour 100 ou 120 grammes de matières azotées sèches; c'est que rien ne peut empêcher le sang d'un homme adulte de perdre chaque jour 100 ou 120 grammes de ces matières par la respiration et par la combustion qui en est la conséquence.

Par cela seul que le sang contient de l'albumine, il en brûle, et il faut la lui rendre, si l'on ne veut pas qu'il attaque les sources de la vie en reprenant cette albumine dans nos tissus les plus indispensables à son exercice.

L'Académie verra bientôt à quelles recherches nous nous sommes livrés pour établir la balance exacte entre les matières albumineuses, grasses òu sucrées consommées, et les proportions de chaleur produites par leur combustion dans le corps de l'homme ou des animaux; elle verra aussi, et, nous l'espérons, avec quelque intérêt, les expériences par lesquelles nous avons cherché à établir sur des bases certaines les règles à suivre dans le calcul du régime du soldat, de l'ouvrier ou du prisonnier, comme aussi les règles qui doivent diriger les administrateurs dans les établissements consacrés à la bienfaisance publique.

Recherches sur les acides métalliques; par M. ED. FREMY. (3me Mémoire.)

Lues à l'Académie des Sciences.

Dans le premier mémoire que j'ai eu l'honneur de lire à l'Académie, j'ai fait connaître une nouvelle combinaison du fer avec l'oxygène, acide ferrique. Le second mémoire a été consacré à l'étude de l'acide stannique. Celui que je présente aujourd'hui fera connaître quelques propriétés nouvelles des oxydes d'aluminium, de zinc, de plomb, d'étain et de bismuth. Je crois avoir démontré dans mes recherches sur l'acide stannique, 'qu'un acide métallique ne prend des propriétés électro-négatives que lorsqu'il est combiné avec l'eau, qu'il les perd lorsqu'il de

vient anhydre, et que sa capacité de saturation augmente avec les proportions d'eau qu'il contient: ce principe se trouve confirmé par les expériences que je vais communiquer à l'Académie.

Tous les chimistes savent que l'alumine se dissout avec facilité dans la potasse et la soude; mais on n'avait pas encore analysé une combinaison définie d'alumine et d'alcali. L'analyse d'une pareille combinaison m'a paru importante; elle devait démontrer que l'alumine se comporte, dans certains cas, comme un acide; on savait du reste déjà que l'alumine se trouve, dans certains minéraux, à l'état d'aluminate. J'ai pu préparer de l'aluminate de potasse parfaitement cristallisé; j'ai trouvé que ce sel était formé de 1 équivalent d'alumine et de 1 équivalent de potasse. Ce sel est hydraté, et contient 2 équivalents d'eau ; ainsi, dans les aluminates neutres, le rapport entre l'oxygène de l'acide et celui de la base est comme 3: 1.

L'examen des combinaisons de l'oxyde de zinc avec les alcalis m'a présenté de grandes difficultés. Ces composés sont en général déliquescents, et ne cristallisent pas. Je suis cependant arrivé à préparer un zincate de potasse cristallisé, en traitant une dissolution d'oxyde de zinc dans la potasse par une petite quantité d'alcool; on obtient, dans ce cas, un sel cristallisé en longues aiguilles que je considère comme un bizincate de potasse. Ce sel est immédiatement décomposé par l'eau en oxyde de zinc anhydre et en potasse qui reste en dissolution.

L'action que les alcalis exercent sur le protoxyde d'étain m'a présenté des particularités fort curieuses. D'après quelques chimistes, le protoxyde d'étain en dissolution dans un alcali laisserait déposer, par l'évaporation de la liqueur, des cristaux d'étain métallique; d'après d'autres, cette dissolution abandonnerait des cristaux de protoxyde d'étain anhydre. Les expériences que j'ai faites à ce sujet m'ont démontré que lorsqu'on fait dissoudre du protoxyde d'étain dans une faible proportion d'alcali, et que l'on concentre la liqueur sous le récipient d'une machine pneumatique, il arrive un moment où l'alcali s'empare de l'eau d'hydratation du protoxyde d'étain; l'oxyde d'étain perd alors sa solubilité dans l'alcali, et se précipite à l'état anhydre. Lorsqu'on fait, au contraire, dissoudre le protoxyde d'étain hydraté dans de

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