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3. L'OPÉRATION INUTILE.

Un officier anglais ayant reçu une balle dans la jambe, fut transporté chez lui, où deux médecins furent appelés. Pendant huit jours ils ne firent que 1 sonder et fouiller la plaie. L'officier, qui souffrait beaucoup, leur demanda ce qu'ils cherchaient: "Nous cherchons la balle qui vous a blessé. C'est trop fort!2 s'écria le patient, pourquoi ne le disiez-vous pas plus tôt ? je l'ai dans ma poche."

3

4. A QUOI SERT LA VACCINE?

Un homme très-crédule disait qu'il n'avait pas de confiance dans la vaccine. "A quoi sert-elle, ajoute-t-il; je connais un enfant beau comme le jour, que sa famille avait fait vacciner... eh bien! il est mort deux jours après... Comment! deux jours après ?... Oui... il est tombé du haut d'un arbre, et s'est tué raide... Faites donc vacciner vos enfants après cela!"

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5. SCÈNE D'OMNIBUS.

4

L'une

La scène se passe dans un omnibus, à Paris. Deux vieilles dames sont assises l'une à côté de l'autre. veut que la portière soit fermée, l'autre la veut ouverte. On appelle le conducteur pour décider la question. "Monsieur, dit la première, si cette fenêtre reste ouverte, je suis sûre d'attraper un rhume qui m'emportera. Monsieur, si on la ferme, je suis certaine de mourir d'un coup d'apoplexie." Le conducteur ne savait que faire, lorsqu'un vieux monsieur, qui jusque là s'était

1 They did nothing but.

2 That is too much!

3 Of what use is.
4 Takes place.

5 Did not know what to do.

tenu tranquille dans un coin de la voiture, le tira d'embarras. "Ouvrez donc la portière, mon cher ami, cela fera mourir l'une; puis vous la fermerez, cela nous débarrassera de l'autre, et nous aurons la paix."

6. LE BON CHASSEUR.

1

Un ministre protestant établi à Smyrne, M. Kuhn, homme très grave, se détermina un jour à suivre à la chasse quelques personnes de sa connaissance; il s'était fait accompagner d'un petit garçon 1 pour porter et charger son fusil. On lui assigna son poste; il s'y plaça, s'assit, mit ses lunettes, et tirant un livre de sa poche, il commença sa lecture, après avoir recommandé au petit garçon de l'avertir lorsqu'il verrait une pièce de gibier. Chaque fois que le petit drôle en apercevait une, il disait au ministre: "Monsieur, en voilà une.” Mais avant que celui-ci eût posé son livre, ôté ses lunettes, pris son fusil, ce qu'il faisait toujours très flegmatiquement, la bête disparaissait, et le petit garçon désolé lui disait: "Eh! mais, monsieur, elle est partie. Mon ami, répondait gravement le pasteur, j'en aurais fait autant 2 à sa place."

7.

LA CORRESPONDANCE DU ROI DE PRUSSE
ET DU SACRISTAIN.

Le sacristain de l'église cathédrale de Berlin écrivit un jour à Frédéric II: "Sire, j'avertis Votre Majesté, 1. qu'il manque des livres de cantique pour la famille royale; j'avertis Votre Majesté, 2. qu'il n'y a pas assez de bois pour chauffer comme il faut la tribune royale; j'avertis 8 Hymn-books.

1 He had taken with him a small boy.

2 I should have done the same.

Votre Majesté, 3. que la balustrade qui est sur la rivière, derrière l'église, menace ruine.

Signé SCHMIDT,

Sacristain de la cathédrale."

Le roi de Prusse s'amusa beaucoup de cette lettre, et fit la réponse suivante :

"J'avertis M. le sacristain Schmidt, 1. que ceux qui veulent chanter peuvent acheter des livres; j'avertis M. le sacristain Schmidt, 2. que ceux qui veulent se chauf fer peuvent acheter du bois; j'avertis M. le sacristain Schmidt, 3. que la balustrade qui est sur la rivière ne le regarde point; enfin j'avertis M. le sacristain Schmidt, 4. que je ne veux plus avoir de correspondance avec lui."

1

8. LE DOCTEUR ABERNETHY.

Le docteur Abernethy était bien connu par son laconisme. Il détestait les longues consultations et les détails inutiles. Une dame, connaissant cette particularité, se présente chez lui pour le consulter sur une grave blessure qu'un chien lui avait faite au bras. Elle entre sans rien dire, découvre la partie blessée, et la place sous les yeux du docteur. M. Abernethy regarde un instant, puis il dit: "Egratignure? — Morsure. — Chat? Chien. Aujourd'hui ? Hier. - Douloureux ? - Non."

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Le docteur fut si enthousiasmé de cette conversation, qu'il aurait presque embrassé la dame.

Il n'aimait pas non plus qu'on vînt le déranger la nuit. Une fois, qu'il se couchait à une heure du matin de fort mauvaise humeur, parce qu'on était venu le faire lever 2 à minuit, il entendit la sonnette retentir. "Qu'y a-t-il ?

1 Is no business of his.

2 Some one had come to call him up.

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s'écria-t-il avec colère. Docteur... vite! vite !... Mon fils vient d'avaler une souris. Eh bien, dites-lui d'avaler un chat et laissez-moi tranquille!" fit1 le docteur, en se recouchant.

9. SWIFT ET LE DOMESTIQUE.

Un jour un ami de Swift lui envoya un magnifique turbot. Le groom chargé de la commission s'était déjà maintes fois acquitté de pareils messages sans avoir jamais rien reçu de Swift. Fatigué d'une besogne aussi peu lucrative, il déposa brusquement le poisson sur une table en s'écriant: "Voici un turbot que vous envoie mon maître. - Plaît-il ? 2 repartit aussitôt Swift. Est-ce ainsi que tu remplis tes fonctions? Tiens, prends ce siège; nous allons changer de rôle, et tâche, une autre fois, de mettre à profit ce que je vais t'enseigner." Swift alors s'avance respectueusement vers le domestique, qui s'était assis dans un large fauteuil, et lui dit, en lui présentant le turbot: " Monsieur, je suis chargé par mon maître de vous prier de bien vouloir accepter ce petit cadeau. Vraiment ? reprit effrontément le valet, c'est très-aimable à lui; et tiens, mon brave garçon, voici trois francs pour ta peine."

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Swift s'empressa de congédier le groom.

10. LE DÉSERTEUR.

Quelque temps avant la bataille de Rosbach, époque à laquelle les affaires du grand Frédéric allaient de mal en pis, ce prince était couché et dormait sur la paille entouré de ses grenadiers. Au milieu de la nuit, l'un d'eux le réveilla, en lui criant: "Frédéric, voilà un de tes grena2 What do you say

1 Said.

?

diers qui avait déserté, et qu'on te ramène. - Fais-le avancer, dit le roi... Pourquoi m'as-tu abandonné? continua-t-il, quand le déserteur fut en sa présence. - Parce que tes affaires sont dans un tel état, qu'il m'a fallu aller chercher fortune ailleurs. Tu as raison, répondit Frédéric; mais je te demande de rester encore avec moi cette campagne; et si les choses ne vont pas mieux, je te promets de déserter avec toi."

11. LE CHEVAL TROP COURT.

Lalande, musicien de la chapelle de Versailles, était connu comme un homme jovial et qui aimait beaucoup le plaisir. Jeune, il lui prit envie, pendant la semaine sainte, d'aller figurer à Longchamps.1 Il va trouver Mousset, loueur de chevaux, retient un cheval richement caparaçonné, et donne neuf francs à compte sur dix-huit,2 le prix convenu. Sorti de l'écurie, il rencontre un ami qui lui parle d'une partie de Longchamps, dans sa voiture avec deux amis. "Si seulement, dit Lalande, je pouvais retirer les neuf francs que je viens de donner! En tout cas, allons chez Mousset, et nous verrons... M. Mousset, montrez-moi encore une fois le cheval que je vous ai loué. Monsieur, le voici. Savez-vous, monsieur Mousset, que ce cheval-là est bien court? — Comment, Monsieur, bien court? Mais certainement..." Puis s'adressant à son ami: "Voilà bien ma place, voilà la tienne, voilà celle de Daigremont... Mais où donc se placera Mondonville, et cependant il vient avec nous ?Comment, Monsieur, vous montez à quatre ? - Mais oui. Tenez, voilà votre argent; allez chercher un cheval ailleurs; je ne loue pas le mien pour qu'on l'éreinte.”

3

1 To go and cut a figure at Longchamps, a race-course outside of Paris. 2 Nine francs on account, out of eighteen.

3 You mean to ride four together?

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