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justifie mes idées. « Ut arbores Dæmonibus consecratæ, quas vulgus colit, et in tanta veneratione habet, ut nec ramum vel surculum inde audeat amputare, radicitus

exscindantur. »

Un Concile d'Auxerre défendit de prononcer des voeux devant les arbres sacrés. SaintEloy, évêque de Noyon, ordonna de les abattre. Arbores quos sacrivos vocant succidite. Quelque temps après S. Eloy, S. Amand et S. Boniface, cités par Pelloutier, trouvèrent que le culte de ces arbres existoit encore dans le Nord de la France, dans la Flandre et dans la Hesse. Charles Martel donna à S. Boniface une forte escorte pour abattre dans la Hesse un de ces arbres consacré à Jupiter. Grégoire de Tours s'étoit plaint de son temps. de l'entêtement que les Francs et les Gaulois apportoient dans ces anciennes opinions. On vit les assemblées de la nation française s'élever contre ce culte. Malgré cela cependant le paganisme subsista dans la France jusqu'au treizième siècle; ainsi que le prouvent des chartes authentiques que j'ai vues en Picardie, département de la Somme.

Tous les traits d'histoire ci-dessus rapportés prouvent que c'est à la religion chrétienne que nous devons l'entière destruction de ces arbres et l'anéantissement de toutes les pratiques horribles dont ils furent les témoins; que

c'est à l'époque où se sont montrés dans les Gaules les premiers apôtres du christianisme qu'ont été attaquées avec succès des opinions qui avoient causé tant de maux. Malgré les efforts de ces pieux personnages, trop longtemps encore le culte des faux Dieux parvint à se soutenir; le nord de l'Europe vit encore au douzième siècle immoler des victimes humaines à un idole nommé Suantoviq, dans l'île de Rugen (mer Baltique); là se trouvoit un temple dont le sanctuaire fermé d'un rideau couleur de sang regorgeoit des dépouilles que les Normands venoient faire dans nos climats; là chaque année on égorgeoit des prisonniers chrétiens; car, il n'en faut pas douter, la différence des religions entra pour beaucoup dans la guerre que les Normands firent au reste de l'Europe pendant si longtemps. Ces barbares regardoient cette guerre comme une expiation du sang qu'avoit fait couler un grand prince dans ses guerres avec la Saxe; et nous devons ne les considérer que comme les satellites envoyés par les prêtres de Suantoviq et des autres Dieux; aussi voyons. nous que c'étoit surtout aux moines et aux églises qu'ils s'attachoient de préférence. On doit écrire en lettres d'or, dans le Temple de Mémoire, le nom de Valdimir I, roi de Danemarck, qui en 1164 brûla la statue énorme et hideuse de Suantoviq, avec son

temple, et dispersa ses prêtres et ses trésors. On a trouvé dans le Nord une petite statue en bronze représentant Suantoviq. Montfaucon en a donné le dessin; elle avoit quatre têtes, qui siguifioient peut être les quatre peut-être vents, et portoit une corne marine, ce qui annonce que ce Dieu auroit été le Neptune des Normands; le port de Quentovich, 'près d'Abbeville, que fréquentoit tout le Nord, lui devoit peut-être son nom; on voit, sur les bords de la Baltique en Russie, plusieurs établissemens nommés Suantoviq. (Voyez Schedius de Diis Germanorum).

On a trouvé cette année à Anvers, en travaillant autour de la ville, un arbre considérable à côté duquel étoit une mâchoire inférieure de sanglier. Cet arbre ne peut être qu'un arbre sacré, et il doit faire partie d'un cordon pareil à ceux de la Somme. La mâchoire de sanglier avoit été offerte à Diane comme celles qu'on a trouvées dans notre vallée à Fontaine, dans la croupe, réunies en tas au nombre de cinq, faisant rayon; on trouvera à Anvers la suite de ce cordon, quand on fera de nouvelles fouilles. Il doit suivre la rivière, comme les nôtres; c'est probablement le commencement de la forêt sacrée de l'Escaut.

Dans la vallée d'Authie, on a trouvé un couteau en fer long de o mètres 135 (5 pouces)

monté en petites pièces de succin carrées, gravées très-simplement sur la face qui tenoit au fer du manche.

Les petites pièces sont au nombre de 12. L'extrémité du manche est recourbée carrément. A côté de cette antique étoient plusieurs médailles gauloises d'or, représentant grossièrement une tête et un cheval. Si le couteau eût été tout de succin, je l'aurois pris pour un de ceux dont les friands de Rome se servoient pour manger les champignons.

Recevez, Monsieur et cher Confrère, les assurances de mon attachement sincère.

TRAULLÉE,

Substitut du Procureur impérial à Abbeville, Correspondant de l'Institut.

Abbeville, 12 décembre 1810.

RECHERCHES historiques et géographiques sur l'ancienne ville de DITTATION; par Cl. Xav. GIRAULT, Jurisconsulte.

Il est à désirer que ceux qui, dans chaque province, sont à portée d'étudier et d'examiner ce qui reste des monumens antiques, veuillent bien s'appliquer à les connoître c'est un service essentiel à rendre aux Lettres.

:

PAZUMOT, Mém. géogr. sur la Gaule.
Paris, 1765, in-12, p. 4.

De tous les géographes de l'antiquité, ProLÉ

E

MÉE, D. BOUQUET ex Ptolemæo, (lib. 2 de Gallis), t. 1, p. 79, est le premier et le seul qui fasse mention de la ville de Διδαττιον ου Διταττιον; il la nomme la première des quatre principales cités de l'ancienne Séquanie, il va même jusqu'à en assigner la position topographique.

L'histoire ne nous a rien conservé sur cette cité que son nom, encore seroit-il ignoré si Ptolémée n'eût pas écrit; mais sa position n'en a pas moins, dans tous les temps, occupé les recherches des antiquaires, des géo, graphes, des historiens, et principalement de

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