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il suffit de citer le peu de précautions que l'auteur a prises pour empêcher que la vis n'échappât à la

roue.

La troisième mention appartient au n.° sous la devise o fortunatos nimium sua si bona norent, agricolas. L'idée qu'il présente de trois petits pressoirs réunis et en quelque sorte conjugués dans le même assemblage a paru ingénieuse et féconde en résultats utiles mais la direction donnée à la puissance, motrice doit lui faire perdre de sa force; le marc de la vendange seroit difficilement coupé et remué dans les tonnes destinées à le recevoir; enfin la construction laisse des doutes sur la solidité.

:

La Société continuant à regarder la solution de la question comme utile et possible, la propose de nouveau pour le concours de 1811, et dans les mêmes termes qu'en 1810. Elle annonce qu'elle fera exécuter à ses frais un modèle du pressoir qu'elle aura jugé digne d'être adopté.

Ayant remis au concours la même question, elle ne se permet point d'ouvrir les billets contenant les noms des personnes qui ont obtenu cette année des mentions honorables. Elle les fera connoître en 1812.

La même Société propose pour un autre sujet de prix la question suivante: les anciens avoient-ils des établissemens publics en faveur des indigens, des enfans orphelins ou abandonnés, des malades et des militaires blessés; et s'ils n'en avoient point, qu'estce qui en tenoit lieu?

Le concours sera fermé, pour la première question, le 31 décembre 1811, et pour la seconde, le 31 juillet 1812. Le prix sera une médaille d'or de 300 fr. ou sa valeur en numéraire.

Les mémoires et discours seront adressés, francs

de port, et suivant les formes ordinaires, à M. CorTAMBERT, D. M., secrétaire perpétuel de la Société.

PARIS.

S. M. l'Empereur et Roi a autorisé M. HAUY, Membre de la Légion d'honneur et de l'Institut, chevalier de l'Empire, l'un des professeurs-administrateurs du Muséum impérial d'histoire naturelle, à accepter et à porter la décoration de chevalier de l'ordre de S. Michel de Bavière.

THEATRES.

ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MUSIQUE.

Le Triomphe du Mois de Mars, ou le Berceau d'Achille, opéra-ballet joué le 27 mars.

L'Opéra devoit aussi son tribut aux heureuses circonstances que l'on fête sur tous nos théâtres. Tout ce que le chant et la danse ont de plus brillant a été employé dans cette occasion.

On a personnifié dans la pièce l'Année, les Mois et les Saisons. L'Année annonce qu'elle doit recevoir un dépôt qui sera cher à toute la terre, et qu'elle en confiera le soin à celui des Mois qui,

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par la richesse et l'utilité de ses productions, l'emportera sur les autres.

A la suite du Printemps paroissent Mars, Avril et Mai. Mars engage les bergers à le suivre à la gloire. L'Eté est entouré de moissonneurs ; l'Automne de chasseurs et de vendangeurs. L'Hiver amène l'Industrie et les Arts. L'Amour anime tour-à-tour chaque Saison. Chaque Mois apporte ses tributs à l'Année: Mars l'emporte sur tous les autres, puisque c'est lui qui doit voir naître le premier rejeton des Césars; tous les Mois lui cèdent la palme. On couvre de lauriers le berceau d'Achille.

Tous les premiers sujets ont figuré dans cette pièce. Les paroles sont de M. DUPATY, la musique de M. KREUTZER, et les ballets de M. GAR

DEL.

THEATRE FRANÇAIS.

Mahomet II, tragédie en cinq actes, jouée le 25 février.

Le succès de cette tragédie a été contesté. De fort beaux vers, un style soutenu, n'ont pu couvrir de grands défauts: celui de l'action et celui des caractères. On s'attendoit à voir Mahomet II; ce tyran féroce fortement dessiné sa cruauté mise en opposition avec la noblesse et les vertus de quelque autre prince, et sa mort servant de leçon à ces farouches Asiatiques qui ne se servent de leur pouvoir que pour écraser leurs peuples. L'auteur en a fait un héros qui sait se vaincre lui-même, et qui pardonne le plus sanglant outrage que l'on puisse

recevoir. Son rôle est un mélange singulier de paroles cruelles et d'actions généreuses. La Sultane Zulima le peint ainsi lorsqu'elle dit :

Il pardonne en héros, il punit en barbare.

A l'exception de la mort de la Sultane qu'il lui annonce d'une façon un peu ironique, Mahomet ne fait rien qui justifie son caractère et ses discours. Il ne se reconnoît pas lui-même, et il répète plusieurs fois dans la pièce qu'il dort: qu'il va se réveiller: il dit à Soliman :

Et de moi-même enfin j'ai perdu la mémoire.

Et plus loin:

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Si je puis redevenir moi-même,

Que tout à mon réveil soit prêt pour me venger.

Pourtant lorsqu'il veut séduire Eronyme, et qu'il lui peint son amour, il lui demandé la cause de ses refus:

Est-il quelque beauté qui vous rende jalouse?
Demandez-moi sa tête, elle tombe à vos pieds.

Plusieurs critiques ont voulu comparer cette tragédie à celles qui avoient été faites sur le même personnage, et entre autres à celle de LAnoue; mais elles n'ont nulle ressemblance avec. le sujet de celle-ci. L'auteur n'a mis de Mahomet II que le nom et il a bâti sa pièce sur une intrigue d'amour et des jalousies de femme. Voici le sujet en deux mots.

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Mahomet II a détrôné Constantin Palæologue, et est devenu éperdument amoureux de sa fille Eronyme qu'il tient enfermée dans son sérail. On se doute bien que ce farouche vainqueur n'est point aimé de la fille d'un prince dont il a versé le sang, dans le même palais où il tient sa fille prisonnière. Soliman, le visir et l'ami de Mahomet, à sauvé la vie à Eronyme; leur amour est mutuel. La Sultane Zulima, sous prétexte de les servir, mais pour perdre sa rivale, engage Soliman à pénétrer dans le sérail, et à enlever sa maîtresse. Une seule entrevue lui suffit pour décider ce vertueux visir à trahir son maître; il entre dans le sérail, mais il invite Eronyme à fuir seule, il ne veut pas abandonner le Sultan qui est en danger. Pendant qu'ils se décident, arrive Mahomet lui-même prévenu par Zulima. Il fait arrêter les deux coupables, et veut les envoyer à la mort; mais, par réflexion, il interroge Zulima; et, peu satisfait de ses réponses, il va la présenter lui-même aux factieux qu'elle avoit révoltés contre lui sa tête tombe. Soliman est toujours dans les fers; les révoltés le délivrent pour le mettre à leur tête mais il les apaise, et vient se remettre au pouvoir du Sultan. Alors les deux amans sont amenés; Mahomet leur pardonne, il n'est plus temps. Eronyme s'étoit trop hâtée de prendre du poison; elle expire, et Mahomet dit à Soliman pour le consoler mon amitié te reste.

Excepté la catastrophe de la fin, il n'y a dans tout cela que de l'intrigue de comédie, et encore bien rebattue. Des amans surpris en rendez-vous secret; il n'y a rien de plus commun, et c'est pourtant là le troisième acte de la pièce.

M. BAOUR DE LORMIAN a senti toute la foiblesse

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