MÉMOIRE Sur la nécessité d'un Glossaire général de l'ancienne Langue françoise, par J. B. B. DE ROQUEFORT; lu, à la séance de la Classe d'histoire et de littérature ancienne, le 8 février 1811, par M. GINGUENÉ, l'un de ses membres. MESSIEURS, Parmi les ouvrages utiles, et j'oserai dire indispensables pour notre Histoire, plusieurs Sçavants ont désiré 1,° un Dictionnaire géographique de la France, dans lequel on recueillît avec soin toutes les particularités de chaque lieu; ses différents noms dans chaque siécle, suivant les divers idiômes de chaque province, de même que tous les changements qui y sont arrivés successivement, tant pour le civil que pour le militaire. 2.0 Un Traité sur toutes les Monnoies de France, tant des principautés, duchés baronies, que des archevêques, comtes, et autres grands vassaux, ainsi que des monnoies obsidionales. 3.° Une Bibliothéque françoise, contenant un catalogue exact de tous les auteurs qui ont écrit en notre langue Tome II. Avril 1811. 16 e es depuis le XI. siécle, jusqu'à l'époque mémorable de la découverte de l'imprimerie, avec une notice abrégée des ouvrages produits pendant les cinq siécles qui ont précédé le règne de François I. 4.° Enfin, un Glossaire françois, complet et général, renfermant toutes les expressions en usage pendant les XII, XIII, XIV, XV et XVI. siécles. Les essais imparfaits que nous avons eus jusqu'à présent, ne peuvent qu'accroître le désir d'avoir un travail en grand sur cet objet, en l'embrassant dans toute son étendue. C'est sur ce dernier article que je vais avoir l'honneur d'entretenir la Classe de l'histoire et de la littérature ancienne. Deux auteurs, vous le sçavez Messieurs, n'avoient épargné ni peines, ni soins pour y parvenir; un des deux que plusieurs d'entre vous ont connu, étoit La Curne de SaintePalaye, dont vos Mémoires attestent les vastes connoissances et les talens. Le second fut Et. Barbazan, éditeur de poésies anciennes dont le choix est justement estimé, et auteur d'un Glossaire françois resté manuscrit. Le Glossaire que je propose auroit l'avantage de prévenir des discussions dont cette enceinte même a plusieurs fois retenti, et de ménager un temps précieux employé souvent à chercher et à expliquer le sens de diver ses expressions. Les Mémoires de l'Académie prouveront encore la vérité de cette assertion. Depuis deux cents ans environ, beaucoup d'écrivains ont travaillé avec plus ou moins de succès à éclaircir notre histoire et notre littérature; Guillaume du Bellay paroît être le premier qui s'en soit occupé; après lui du Tillet, Favyn, Fauchet, Pithou et Nicot; plus tard, Du Chesne, Dupuis, Du Cange, de Valois, Mabillon, de Laurière; ensuite Lebeuf, Secousse, Bonamy, Foncemagne Sainte-Palaye, Barbazan, de Paulmy, Le Grand d'Aussy, Mouchet, et enfin une foule d'autres qu'il seroit trop long de nommer ici. Nous avons à la vérité divers Glossaires particuliers de notre ancien langage, et des notions sur la vie et sur les ouvrages de quelques-uns de nos premiers auteurs; mais jusqu'à présent personne n'a pensé où osé embrasser ces deux objets dans toute leur étendue. Le vaste recueil de Sainte-Palaye est un prodigieux amas de matériaux qui n'attendent plus qu'une Société laborieuse pour les mettre en oeuvre. Dans ses recherches, cet académicien a négligé, à mon avis une partie très-essentielle; c'est de faire usage des manuscrits des XII et XIII." siécles, de consulter les anciennes traductions, et de trop fouiller dans les auteurs des XV et XVI.es siécles. Get oubli est donc à réparer; le |