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Lettre avoit été provoquée par ce Savant lui-même, et je me flattois de lui avoir donné le témoignage le plus éclatant de mon estime pour sa personne, pour ses talens et pour ses recherches, en répondant sur le champ à ses désirs. Ayant trouvé depuis assez de loisir pour examiner de nouveau cette question si importante pour l'histoire des anciens peuples, je dois avouer franchement que j'ai rencontré beaucoup plus d'obstacles à l'admission de son système. Les preuves, qui lui sont contraires, ont augmenté en nombre comme en poids; c'est pourquoi j'ose, Monsieur, vous adresser cette seconde Lettre: elle renferme le résultat de mes recherches qui ont été faites uniquement dans l'intention de seconder le zèle de M. Petit-Radel.

Je divise mes observations en deux parties la première contient celles sur les monumens, dont il s'agit la seconde rapporte les passages des auteurs classiques que j'ai rassemblés, et qui sont tous contraires au système de votre célèbre confrère.

Vous trouverez ici plusieurs dessins, qui ont été exécutés par trois artistes très-distingués dans le genre du paysage, et connus de toute l'Europe. Pendant un séjour à Rome de presque vingt années, ces artistes se sont exercés à dessiner les anciens monumens les plus intéressans qui sont dispersés

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dans cette partie de l'Italie, comme l'attestent leurs nombreux ouvrages qui font les délices des connoisseurs et de tous les amis des beauxarts. Ces artistes sont MM. Gmelin, Reinhart et Rhoden; leur réputation doit vous en garantir l'exactitude, et j'avois recommandé. la plus grande fidélité dans l'exécution. Un d'eux, M. Gmelin m'a fait l'amitié de m'accompagner dans mes excursions à Tivoli à Palestrine, à Ferentino, Segni, etc il a tout observé avec moi, et la plupart des dessins sont de lui (2).

Je crois donc n'avoir rien négligé pour assurer à mes recherches toute la certitude que le public et M. Petit - Radel ont droit d'exiger. Si vous faites graver ces dessins, ils seront peut-être les premiers qui auront été publiés d'après des originaux exécutés par de vrais artistes, et seront par conséquent les plus propres à mettre le monde savant en état de juger des Constructions Cyclopéennes. On y reconnoîtra du moins mon zèle pour découvrir la vérité, et la franchise convenable à tout homme, qui entreprend publiquement de critiquer un système accrédité.

(2) M. SICKLER m'a envoyé tous ces dessins qui sont au nombre de 20. Je n'ai pu faire graver que les numéros 1, 5, 12, 13 et 16 (voyez la planche); mais je montrerai avec plaisir les autres aux personnes, qu'ils pourront intéresser. A. L. M.

J'ai recommencé mes recherches par Tivoli, où j'ai été avec M. Gmelin. Nous nous sommes d'abord rendus par la route de Cassiano, au mur dit Cyclopéen, le seul de quelque importance qui s'y trouve, soit à cause de sa grandeur, soit à cause du nombre de ses polygones, et qui pour cela même a été cité par M. Petit-Radel dans sa liste des Construetions Cyclopéennes, jointe aux Mémoires de l'Institut sous le nom Tibur.... alli oliveti di Cassiano, p. 25. M. Gmelin s'est mis aussitôt à le dessiner, et moi à faire mes observations. Le dessin N.° I (voyez la planche), vous en présente une partie; il auroit été inutile de le faire dessiner tout entier, car le reste ressemble en tout au morceau que vous voyez. Sa longueur n'excède pas celle de 50 pas, et sa hauteur ne paroît pas arriver à celle de 25 pieds. Mais ce mur qui, du propre aveu de l'auteur du système, est de Construction Cyclopéenne, pose sur un autre mur alligné de Construction Romaine, faite de petites pierres et cimenté avec de la chaux. Ily pose absolument dans toute son étendue, car par un creux (a) très-considérable à l'une de ces extrémités on s'aperçoit clairement que le mur romain passe bien profondément dans l'intérieur, et que tous les blocs du mur dit Cyclopéen ont été rangés sur lui, parce que le terrain étant fort inė

gal et peu solide, il a fallu donner une base sûre et commode aux gros blocs de la Construction dite Cyclopéenne. Ce mur romain descend en deux terrasses (bb) dans la petite vallée (c) qui étoit dominée par l'édifice (Villa Romaine) auquel appartenoit ce mur Cyclopéen contesté, et il servoit à donner une base solide aux murs supérieurs. Deux éperons, dont un a été renversé servoient à soutenir le mur à ses extrémités. Si on tourne ce mur cyclopéen à sa gauche, on trouve ce côté flanqué d'arcades à la romaine avec quelques autres restes de mar dit Cyclopéen, de manière qu'il seroit impossible de nier que tout ce qu'on y voit de fabriques appartenoit autrefois à une Villa Romaine, dont la situation étoit admirablement bien choisie; car on jouit de là d'une vue magnifique sur la Villa Adriana ainsi que sur toute la campagne de Rome. Au dessus de ce mur, à une distance d'environ 70 pieds est le petit morceau de mur qui, le premier, a réveillé mes doutes sur la vérité du système.

Mais ce mur, qu'on nous a donné pour un mur cyclopéen, et qui réellement en porte tous les caractères (voyez le dessin N.o 2, où vous trouverez quelques-uns de ses nombreux polygones irréguliers), doit bien fortement embarrasser M. Petit-Radel; car, ayant un

mur romain absolument pour base, l'époque de sa constrction ne peut nullement être antérieure à celle de ce dernier. J'en appelle à tout architecte, à tous ceux enfin qui voudront se transporter sur les lieux.

Mes observations finies, nous avons été examiner la Villa de Ventidius Bassus, qui est de l'autre côté de Tivoli. C'est au milieu de cette Villa, connue constamment sous le même nom, que se trouve un morceau de mur dit cyclopéen, dont j'ai l'honneur de vous présenter le dessin sous le N.o 3. Il est flanqué à ses deux côtés de murs romains, dans lesquels, du côté de l'Est, on remarque eucore des restes des bains établis sur une descente un peu rapide de la montagne. En face de ce mur assez long, dit cyclopéen, étoit la porte d'entrée du côté de Rome, et pratiquée dans la terrasse antérieure. Un conduit d'eau de construction romaine passe au pied, et paroît être plaqué contre le mur. Nous en avons levé le plan que je vous donne aussi sous le N.° 4, et on y voit bien distinctement que l'édifice principal s'élevoit sur ce mur, précisément comme le faisoit celui que je viens de décrire sur la route de Cassiano. Ce ne fut donc qu'à cause de la solidité de ces sortes de murs qu'on avoit intercalé un morceau de cette bâtisse avec les autres murs d'une construction plus

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