Avec peine je m'imagine, Que l'on marie une Heroïne Sans d'éclatans préparatifs. Je croy pour m'outrager que la nuit fe prolonge, Mon efprit veut fortir de cette obfcurité, Le jour vient enfin, je me plonge Dans de nouveaux foupçons dont je fuis agité, Mon foucy s'augmente & me ronge, Et tout ce que j'ay crun'eftre la nuit qu'un fonge, Eft le jour une verité. le vais voir la Beauté de mille attraits pourveuë, Qui caufe mes ennuis & moñem♫ ̧ perffement, Et quand je fuis entré dans fon ap*partement Ce qui frape d'abord ma verë D il me paroift tout fier de fa victoire, Et contraint de baiffer les yeux, Ie ne puis plus douter que le plus beau des Dieux, Contentant fes defirs, ne l'ait comblé de gloire, le paffe plus avant, & dans la chambre entré, De cette Beauté qu'il adore, Ses yeux pleins du beau feu dont il eft penetré, De fon bonheur charmant m’instruifent mieux encore. Elle veut en vain le celer, Tout fçait mieux que fa bouche en elle m'en parler, Elle paroit fi fort embarassée ; Que le foin qu'elle prend de le diffi muler, Ne fert qu'à trahir sa pensée, A découvrir le feu dont fon cœur ·Sçait bruler, Et comme la nuit s'eft paffée. Te demeure auprés d'elle interdit & refveur, Moins agité d'amour que de colere. Quoy ! m'avoir caché ce miftere, \ Quand j'aurois deu fçavoir les fecrets de fon cœur! Que ne puis-ie à mon tour me taire! Mais belas! bien loin de le faire, Tandis que tant de foins és de veil- De trop d'ingratitude & de mépris pour moy, Ie fens pourtant je ne fçay quoy Qui parlent pour elle, & l'exçufent, Malgré fon traitement fi dur & fi cruel, Ie ne puis m'empécher dans l'ardeur qui m'anime, De luy marquer encor l'excés de mon eftime, Etrendre par mes chants ce iour plus folemnel. Mais toyque ie vis toujours prefte 1 Ma Mufe tu ne prens nul foin De celebrer pour elle une fi grande Fefte? C'est un crime d'eftre muet, Vn grand cœur doit avoir une con— ftance extréme. Ayant des fentimens fi doux Pour une Beautéfi cruelle Elle n'aura pas lieu de fe plaindre Dde nous "Que le Ciel donc puiffe à jamais Benir des noeuds fi pleins d'attraits, Et que de ces Amans l'un à l'autre fidelle L'ardear chaque jour renouvelles Que tout previenne leurs defirs, Et malgré les jaloux d'une fi douce vie; Qu'elle ne foit jamais faivie Que des Graces, des Ris des Ieux, & des Plai firs. Nous avons perdu fur la fin du dernier mois quelques Perfonnes confiderables, dont voicy les noms. Meffire François Gatien receu le 13. Juillet 1685. Cone |