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Tu te plaignois de voir que les plus fortes Villes

Ne te coutoient fouvent que des affants faciles;

Chaque Palme tomboit dés que tu la

touchois,

[rachois, Et tu n'en voulois plus fitu ne l'ar Le Ciel t'en a montré dont tu n'a pûte plaindre,

Puis qu'on defefperoit de t'y voir mefme atteindre,

Il i'a fait attaquer ces efprits qu'autrefois

On voyoit devenir les Tyrans de nos Rois.

Il t'a fait affieger ces cœurs inacceffibles

Où ton Kele a vaincu tant d'erreurs invincibles.

Et fa grace, grand Roy, t'a fait

executer.

Tout ce qu'à peine un fiecle auroit pu proietter.

Quoy que je vous parle affez rarement de ce qui arri ve aux Particuliers des Cours Etrangeres, quelque élevez qu'ils foient par leurs Digni tez & par leur Naiffance, ce que j'ay à vous dire de Monfieur le Comte de Vielopolski, grand Chancelier de Pologne, montre fi bien le peu de ftabilité des chofes du monde, que la fainteté du temps où nous fommes m'oblige à vous le reprefenter comme un exemple de leur inconftance. Ce Comte ayant arrefté le mariage de fon Fils aifné avec la Fille du Caftelan de Cracovie, premier Senateur du Royaume, la ceremonie en fut faite par Monfieur le Cardinal Radzievvfki, Archevefque de Gnefne, avec une pompe A S

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extraordinaire Leurs Majeftez Polonoises accompagnées d'une Cavalcade tres nom. breufe, fe rendirent au lieu où elle fe fit, & Elles y furent conduites par Monfieur le Comte de Vvielopolski.Il y eut enfuite un repas fort fomptueux & l'on fervit quatre tables avec une propreté & une abondance à laquelle il euft esté difficile de rien ajoûter. La premiere leftoit pour le Roy & la Reine, qui firent l'honneur aux Mariez de les y faire difner. Les quatre Princes leurs Enfans eftoient auffi à cette premiere table. Il y en avoit deux autres où les Perfonnes de la premiere qualité prirent place, & la quatrième fut pour les Gofpodars. C'eftoient ceux que le Caftelan de

Cracovie & fa Femme, Pere & Mere de la Mariée, avoient priez de les affifter pour faire les honneurs de leur Maison, felon l'ufage receu en Pologne, où l'on invite de femblables aides aux Noces, & à toutes grandes Affemblées. Les honneurs dont il eftoit queftion en celle-cy, confiftoient à fe lever de table, & à s'aller profterner fur les degrez de celle du Roy & de la Reine pour boire à leur fanté. Le Roy but enfuite à celle de tous les Conviez, & les Gofpodars allerent comme il leur plut choifir des perfonnes pour continuer de boire à la fanté de leurs Majeftez, & le s porter à fe réjouir. Le Feftin, qui dura fort longtemps, fut fuivy du Bal, & le Roy com

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mença les danfes qu'on appelle Dances de ceremonie, en menant le Marié. La Reine mena enfuite la Mariée. Les Princes & les Princeffes,Enfans du Roy, firent la mefme chofe, & ces danfes durerent jufqu'à trois heures aprés minuit. Le lendemain tous les Conviez firent leurs prefensfelon la coutume. Le Roy & la Reine commencerent, & comme chacun fit une harangue en les donnant, & que les Mariez furent obligez de répondre à toutes, la journée fe paffa prefque entiere à recevoir & à haranguer. Le jour fuivant, le Roy & la Reine ayant efté prendre la Mariée dans leur Caroffe, la conduifirent à la maifon de Monfieur le Comte de Vvielopolski, où leurs Majeftez furent traitées

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