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tes, ou qu'ils croyoient favorables aux Jan sénistes. V I. Saint Louis, on la Couronne reconquise sur les infidelles, poëme divisé en dix-huit livres, etc. Despréaux, consulté sur ce poëte, répondit, qu'il étoit trop fou pour qu'il en dit du bien, et trop poëte pour qu'il en dit du mal. Un étranger disoit de nos Poëmes épi ques: «Le Moïse sauvé de SaintAmand est un poëme bas et rampant; le Clovis de Desmarais poëme sec et plat; la Pucelle de Chapelain, poëme dur et glace"; l'Alaric de Scuderi, poëme fanfaron; le Charlemagne de le Laboureur poëme làche et sans poésie; le Childebrand de Carel, poëme aussi barbare que le nom du héros; le Saint-Paulin de Perrault, poëme doucereux; le SaintLouis du Père le Moine, poëme hyperbolique et plein d'un feu déréglé. » Pour définir le Père le Moine en deux mots : c'étoit un homme de collége, qui avoit une imagination ardente, mais sans goût; et qui, loin de maitriser son génie impétueux, s'y livroit sans réserve. De là ces figures gigantesques cet entassement de métaphores, ces antithèses outrées, ces expressions empha

Il lui prête les vents qui remplissent tiques, etc. Ce Jésuite dit quel

ses voiles;

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que part, que l'eau de la rivière au bord de laquelle il avoit composé ses vers, étoit si propre à faire des Poëtes, que, si l'on en avoit fait de l'Eau-bénite, elle n'auroit pas chassé le Démon de la Poésie.... La prose du P. le Moine a le même caractère que ses vers; elle est brillante et ampoulée. Le P. Senault de l'Oratoire disoit de lui, « que c'étoit

Balzac en habit de théâtre.»> Ses ouvrages, dans ce dernier genre, sont: I. La Dévotion aisée, Paris, 1652, in-8°; livre singu◄

lier, qui produisit plus de plaisanteries que de conversions. II. Pensées morales. On peut voir sur ces deux livres, la neuvième et la dixième Lettres provinciales. III. Un petit Traité de l'Histoire, in-12, où il y a des traits piquans et curieux, et quelques lieux communs. IV. Une mauvaise Satire, mêlée de vers et de prose, sous le titre d'Etrille du Pégase Janséniste. V. Le Tableau des Passions. VI. La Galerie des Femmes fortes, in-fol. et in-12. VII. Un Manifeste apologétique pour les Jésuites, in-8.o VIII. Quelques autres ouvrages, quine méritent pas une atten-tion particulière. IX. On a aussi de lui, en manuscrit, une Vie du Cardinal de Richelieu.

IV. MOINE, (François le ) peintre, né à Paris en 1688, prit les premiers principes de son art sous Galloche, professeur de l'académie de peinture. De rapides succès justifièrent le mérite du maître et de l'élève. Les ouvrages du Guide, de Carle-Maratte, et de Pierre de Corione, furent ceux auxquels il s'attacha d'une manière plus particulière. Il remporta plusieurs prix à l'académie, et entra dans ce corps en 1718. Un amateur qui partoit pour l'Italie l'emmena aveċ lui. Il n'y resta qu'une année ; mais les études continuelles qu'il y fit d'après les plus grands maitres, Télevèrent au premier rang. Il revint en France avec une ré putation formée. Le Moine avoit un génie qui le portoit à entreprendre les grandes machines. Il s'étoit déjà distingué, avant son voyage, par les peintures qu'il fit au plafond du chœur dans l'église des Jacobins, au faubourg Saint-Germain. On le choisit pour

peindre à fresque la coupole de la chapelle de la Vierge, à SaintSulpice. Il s'acquitta de ce grand morceau avec une supériorité qui frappa tous les connoisseurs. On ne doit pourtant pas dissimuler que les figures tombent, parce qu'elles ne sont pas en perspective. Le Moine apportoit au tra→ vail une activité et une assiduité qui altérèrent beaucoup sa santé; il peignoit fort avant dans la nuit, à la lumière d'une lampe. La gène d'avoir eu le corps renversé pendant les sept années qu'il employa aux plafonds de Saint-Sulpice et de Versailles; la perte qu'il fit alors de sa femme quelques jalousies de ses confrères; beaucoup d'ambition; enfin le chagrin de voir qu'on ne lui avoit pas accordé, en lui donnant le titre de premier peintre de Sa Majesté, avec une pension de quatre mille livres, les avantages dont Charles le Brun avoit joui autrefois dans cette place toutes ces circonstances réunies dérangèrent son esprit. Sa folie étoit mélancolique; il se faisoit lire l'Histoire Romaine, et lorsque quelque Romain s'étoit tué par une fausse idée de grandeur d'ame, il s'écrioit : Ah !

la belle mort! Il étoit dans un de ses accès de frénésie, lorsque M. Bergé, avec qui il avoit fait le voyage d'Italie, vint le matin, suivant leur convention, afin de l'emmener à la campagne, où cet ami avoit dessein de lui faire prendre les remèdes nécessaires pour recouvrer sa santé. Le Moine, hors de lui-même entendant frapper, croit que ce sont des archers qui viennent le saisir aussitôt il s'enferme, et se perce de neuf coups d'épée. Dans cet état, il eut assez dẹ force pour se traîner à la portę

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LE MOINE, fils de Jean-Louis. Ce dernier, mort à Paris, en 1778, est connu par la statue équestre de Louis XV à Bor

Rheims. L'autel de Saint-Jean en Grève, le tombeau de Mignard, celui du cardinal de Fleit ry, sont de beaux monumens dé cet artiste. L'académie Françoise, qui avoit reçu de lui plusieurs bustes d'académiciens, l'honora d'une médaille d'or. Ses vertus égaloient ses talens. Son père ayant été ruiné par le système, il le soutint par ses travaux. Il étoit de l'académie de Peinture.

et l'ouvrir; mais à l'instant il tombe sans vie, offrant à son ami le spectacle le plus affligeant et le plus terrible. I expira, le 4 juin 1737, à 49 ans. Le Moinedeaux, et par la pédestre à avoit un amour propre excessif, qui le rendoit jaloux et satirique. Il déchiroit sur - tout ses confrères ce qui donna occasion à l'un d'eux de lui dire : Vous qui peignez si bien, comment ignorez vous que ce sont les ombres qui font valoir les clairs. Comme il se plaignoit sans cesse au duc d'Ayen, que son plafond d'Hercule n'avoit pas été assez payé. Voudriez vous, lui répondit ce seigneur, qu'on payat vos ouvrages comme si vous ̧ étiez mort. Le Moine avoit un pinceau doux et gracieux, une touche fine. Il donnoit beaucoup d'agrément et d'expression à ses têtes, de la force et de l'activité à ses teintes. Son chef-d'œuvre, et peut-être celui de la peinture, est la composition du grand sallon qui est à l'entrée des appartemens de Versailles. Ce monument représente l'Apothéose d'Hercule. C'est un des plus célèbres morceaux de peinture qui soient en France. Toutes les fi

gures de cette grande production

ont un mouvement, un caractère et une variété surprenans. la fraicheur du coloris, la savante distribution de la lumière, l'enthousiasme de la composition, s'y font tour-à-tour admirer. Le cardinal de Fleury, frappé de la beauté de ce plafond, ne put s'empêcher de dire un jour, en sortant de la Messe avec le roi : J'ai toujours pensé que ce morEcau galeroit tout Versaille. ne faut pas le confondre avec Jean-Louis LE MOINE, célèbre sculpteur de Paris, mort en 1755, go ans; ni avec Jean-Baptiste

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la laissé plusieurs enfans.

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V. MOINE, (Abraham le) né en France sur la fin du 17 siècle, se réfugia en Angleterre, où il exerça le ministère, et où il mourut en 1760. L'église Françoise, du soin de laquelle il fut de son zèle et de son attachepourvu à Londres, fut témoin ment à la religion. Il l'a prouvé encore par des traductions dont il a enrichi notre langue. Telles sont les Lettres Fastorales de moins de la Résurrection, l'évêque de Londres; les Tẻ

etc.

Usage et les fins de la Prophépar l'évêque Sherlock, in-12;

tie, du même, in-8.° Ces Traductions sont ornées de Dissertations curieuses et intéressan

tes, sur les écrits et la vie des incrédules que ces prélats com

battoient.

MOISANT, (Jacques). Voy. BRIEUX.

MOISE, Voyez MOYSE.

MOITHEY, ( Maurice-Antoine) ingénieur géographe du roi, né à Paris en 1752, mort en 1777, est auteur d'un Plan historique de Paris; et de Re

cherches historiques sur Rheims, Orléans et Angers, 1774, in-43°

MOITOREL DE BLAINVILLE, (Antoine) architecte et géomè tre, de Pichange, à quatre lieues de Dijon, fut arpenteur et jaugeur royal du bailliage et de la vicomté de Rouen, où il mourut le 4 janvier 1710, âgé d'environ 60 ans. On a de lui: I. Un Traité du Jauge universel, avec la Mẻthode de toiser les ouvrages de maçonnerie, qui ont été réimprimés sous le titre de Nouveaux

Elémens de Blainville. IL Traité du grand Négoce de France pour la correspondance des Marchands, et d'autres ouvrages estimés.

MOITTE, (N.) membre de l'académie de Peinture de Paris, acquit de la réputation par ses gravures, qui ont de la finesse et de la grace, mais peu d'originalité. Il est mort au commencement de 1781.

I. MOIVRE, (Abraham) naquit à Vitri en Champagne, l'an 1667, d'un chirurgien. La révoeation de l'édit de Nantes le détermina à fuir en Angleterre, plutôt que d'abandonner la religion de ses pères. Il avoit commencé l'étude des mathématiques en France; il s'y perfectionna à Londres, où la médiocrité de sa fortune l'obligea d'en donner des leçons. Les Principes de Newton, que le hasard lui offrit, lui firent comprendre combien peu il étoit avancé dans la science qu'il croyoit posséder. Il apprit dans ce livre la Géométrie de l'infini, avec autant de facilité qu'il avoit appris la Géométrie élémentaire; et bientôt il put figurer avec les mathématiciens les plus, célèbres. Ses succès lui ouvri

rent les portes de la Société royale de Londres, et de l'aca'démie des Sciences de Paris. Son mérite étoit si bien connu dans la première, qu'elle le jugea capable de décider de la fameuse contestation qui s'éleva entre Leibnitz et Newton, au sujet de l'invention du Calcul différentiel. On a de lui, un Traité des Chances, en Anglois, 1738, in-8°; et un autre, des Rentes viagères, 1752, in-80 tous deux fort exacts. Les Transactions Philo

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sophiques renferment plusieurs de ses Mémoires, très-intéressans. Les uns roulent sur la méthode des fluxions ou différences, sur la Lunule d'Hippocrate, etc.; les autres sur l'astronomie Physique, science où il résolut plusieurs problêmes importans; enfin, sur l'Analyse des jeux de hasard, dans laquelle il prit une route différente de celle pratiquée par Montmort. Sur la fin de ses jours il perdit la vue et l'ouïe et le besoin de dormir augmenta au point, qu'un sommeil de vingt heures étoit pour lui une nécessité. Il mourut à Londres en 1654, à 87 ans. Son génie n'étoit pas borné aux seules connoissances mathématiques. Le goût de la belle littérature ne l'abandonna jamais. Il connoissoit tous les bons auteurs de l'antiquité souvent même il étoit consulté sur des passages diffi→ ciles de leurs ouvrages. Les deux écrivains François qu'il chérissoit le plus, étoient Rabelais et Molière. Il les savoit par cœur ; il dit un jour à un de ses amis,

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qu'il eût mieux aimé être cé célèbre comique, que Newton. » Il récitoit des scènes entières du Misanthrope, avec toute la finesse et toute la force, qu'il se rappeloit de leur avoir en

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tendu donner 70 ans auparavant à Paris, par la troupe niême de Molière. Il est vrai que ce caractère approchoit un peu du sien. Il jugeoit les hommes avec quelque sévérité, et ne savoit point assez déguiser l'ennui. que lui causoit la conversation d'un fat, et l'aversion qu'il avoit pour le manége et pour la fausseté. Il n'affectoit jamais de parler de science; il ne se montroit mathématicien, que par la justesse de son esprit. Sa conversation étoit universelle et instructive. Il ne disoit rien, qui ne fût aussi bien pensé que clairement exprimé. Son style tenoit plus de la force et de la solidité, que de l'agrément et de la vivacité; mais il étoit toujours très-correct, et il y apportoit le même soin et la même attention qu'à ses calculs. Il ne pouvoit souffrir qu'on se permît sur la religion des décisions hasardées, ni d'indécentes railleries. Je vous prouve que je suis Chrétien, répondit-il à un homme qui croyoit appa-remment lui faire un compliment, en disant que les mathématiciens n'avoient point de religion, en vous pardonnant la sottise que vous venez d'avancer... En Angleterre lorsqu'on va -diner chez un grand, il faut en sortant donner l'étrenne à ses laquais. Un des premiers seigneurs de Londres fit des reproches à notre mathématicien, de ce qu'il ne le voyoit que rarement à sa table: Excusez-moi, Mylord, répondit-il, je ne suis pas assez riche pour avoir souvent cet honneur-là.

II. MOIVRE, ( Gilles de) avocat, a publié, en 1743, une VIE de Tibulle, tirée de ses écrits, en 2 vol. in-12, dans le

goût des Amours de Tibulle, par la Chapelle; et en 1746 la VIE de Properce. On y trouve plusieurs imitations en vers françois des Elégies de ces deux poëtes.

I. MOLA, (Pierre-François) peintre, né en 1621, à Coldré dans le Milanois, reçut les premiers élémens de la peinture, de son père, qui étoit peintre et architecte. Il fut ensuite disciple de Josepin de l'Albane et du Guerchin. Sa grande réputation le fit rechercher des papes et des princes de Rome. La reine Christine de Suède le mit au rang de ses officiers. Appelé en France, dre, lorsqu'il mourut à Rome en il étoit sur le point de s'y ren1666, à 45 ans. Ce peintre, bon coloriste grand dessinateur et traité l'histoire avec succès. Le excellent paysagiste, a encore génie, l'invention et la facilité, sont le caractère distinctif de ses peintres François, sont au nom→ ouvrages. Forest et Collandon, bre de ses disciples. On a gravé quelques morceaux d'après lui. Il a gravé lui-même plusieurs morceaux de fort bon goût.

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II. MOLA, (Jean-Baptiste) né vers l'an 1620, étoit, dit-on, originaire de France. Il portoit le même nom que le précédent, sans être son parent. Jean-Bap tiste étudia dans l'école de Vouet à Paris, et prit à Bologne des leçons de l'Albane. Ce peintre a réussi dans le paysage; ses sites sont d'un beau choix; sa manière de feuiller les arbres est admirable. Il entendoit bien la perspective; mais il n'a point assez consulté les ouvrages de l'Albane, son illustre maître, pour le coloris. Il est même inférieur à P. Mola pour le goût de ses compositions, et pour la

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