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ration, et nouvel élargissement. Mais, le cœur n'ayant point eu de part à ses rétractations, il chercha de nouveau à faire des prosélytes. Des Marêts de SaintSorlin feignit de se mettre sur les rangs, et parvint à lui inspirer la plus grande confiance. Des Maréts ne cherchoit qu'à lui arracher ses secrets, pour pouvoir le dénoncer comme hérétique. La femme de Morin s'apperçut de son dessein, et redouta ses artifices. «Des Marêts appréhendant qu'elle ne communiquât ses craintes à son mari, et que cela ne fit cesser leur commerce avant qu'il eût tiré de lui tout ce qu'il desiroit. savoir, résolut de donner à Morin, par la première lettre qu'il lui écriroit, une déclaration, par laquelle il le reconnoîtroit pour Fils de l'homme et pour le Fils de Dieu en lui comme un tout. Cette lettre, du premier février 1662, fut si agréable à Morin, que, pour lui témoigner sa reconnoissance, il lui fit le lendemain une réponse , par laquelle il lui donna, comme par grace parti culière, la qualité de son Précurseur,

le nommant un véritable Jean-Baptiste ressuscité. » (NICERON Tome XXVII. ) Alors s'établit entre ces deux hommes le commerce le plus intime. Morin dévoila à des Maréls toutes ses erreurs. «Selon lui, le corps de l'Eglise Romaine étoit l'Antechrist, parce qu'elle étoit corrompue; mais elle étoit fidelle en l'esprit de chacun qui est fidelle et qui est au-dessus de la loi, de la foi et de la grace, et par conséquent au-dessus de l'usage des prières des sacremens de la messe, et de toutes les choses extérieures parce qu'il est alors impeccable, et

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n'a plus besoin de grace, et par conséquent n'a plus besoin de rien demander à Dieu, parce qu'il est à Dieu même et qu'il est Dieu. DIEU et le Diable avoient fait alliance ensemble pour sauver tout le monde, tant justes que pécheurs. Ceux – ci étoient sauvés par le moyen du péché, qui, en les humiliant les porte à la pénitence. Le temps de la grace de Jésus-Christ étoit passé, et il ne falloit plus s'adresser à lui, mais seulement adhérer au Père en esprit. Le temps de la gloire étoit maintenant par le jugement du Fils de

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l'homme en son second avénement, qui rendoit à la nature ce qui lui appartenoit après la consommation de la grace. Les corps ne devoient pas ressusciter, parce que la chair et le sang n'hériteroient point du Ciel, mais l'ame suivroit par-tout le corps céleste de Jésus-Christ.»> Et pour expliquer ce que c'étoit que ce corps céleste, Morin disoit que Jésus-Christ, avant que de prendre sur la terre un corps terrestre, avoit un corps céleste, et que chacune des trois Personnes divines en avoit un pareil, sur lequel subsistoit sa personne. Il seroit assez inutile d'accorder toutes ces imaginations entr'elles; des visionnaires tels que Morin, n'ont jamais de système suivi. Cependant des Maréts le dénonça comme un hérétique qui pouvoit être trèsdangereux. Morin mettoit au net un discours qu'il vouloit présenter au roi, lorsqu'il fut conduit à la Bastille, et ensuite au Châtelet. Cet écrit commençoit mots par ces : LE FILS DE L'HOMME au ROI DE FRANCE.... Des Marêts se rendit son accusateur, et sur la déposition de

ce fanatique contre un autre fanatique dont il étoit jaloux, le Fils de l'Homme fut condamné à être brûlé vif avec son livre et tous ses autres écrits. Après la lecture de son jugement, le premier président de Lamoignon fui demanda s'il étoit écrit quelque part que le nouveau Messie dût subir le supplice du feu ? Ce misérable eut l'impudence de répondre par ce verset du Pseaume XVI: Igne me examinasti, et non est inventa in me iniquitas. Toutes ces réponses prouvoient sa démence, et cette folie auroit dû, ce semble, lui obtenir grace. Son arrêt fut cependant exécuté le 14 mars 1663. Ses complices furent punis de diverses peines; mais aucun ne fut condamné à la mort. Morin périt au milieu des flammes, âgé d'environ 40 ans, après avoir eu le bonheur d'abjurer ses erreurs.. Il proféra, jusqu'au dernier sounir, ces mots : JÉSUS, MARIA!... on Dieu, faites-moi miséricorde! Je vous demande pardon! On a prétendu faussement qu'étant sur le bûcher, il dit aux juges Messieurs, vous me condamnez dans ce monde, et je vous condamnerai dans l'autre. Le Procès-verbal ne fait aucune mention de cette pauvreté on peut le voir dans le tome III des Mémoires d'Histoire et de Littérature, de M. l'abbé d'Artigny... Morin s'étoit vanté à ses sectateurs, que si on le faisoit mourir, il ressusciteroit trois jours après sa mort, et il s'en trouva d'assez foux pour se transporter au lieu de son exécution, afin d'être témoins de cette résurrection miraculeuse mais il leur manqua de parole. Ce fanatique admet toit une espèce de métempsycose. Il prétendoit qu'après la mort du corps, les ames passoient dans

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d'autres corps 2.

même dans le

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corps de ceux qui étoient vivans, et qui avoient déjà une ame; qu'ainsi l'ame du cardinal Mazarin étoit passée dans le corps du roi, ce qui faisoit qu'il suivoit ses maximes. Toutes les Pièces du procès de cet insensé sont rares. Nous en donnerons la liste, pour contenter les curieux qui les joignent à ses Pensées, dont la rareté est connue. I. FACTUM contre Simon Morin dans lequel se trouve l'Analyse de ses Ouvrages, 1663. II. Déclaration de Morin, sur la révocation de ses pensées 1649. III. Déclaration de Morin, de sa femme et de la Malherbe, etc, 1649. IV. Procès-verbal d'exécution de mort dudit, 1663. V. Arrêt qui com damne ledit à faire amende-honorable et à être brûlé en place de Grève, 1663; le tout in-8.0 La dernière pièce se trouve ordinairement jointe aux Pensées.... Voyez DoSCHE et DAVESNE.

VII. MORIN, (Louis) né au Mans en 1635, vint faire sa philosophie à Paris à pied et en herborisant. Il étudia ensuite en médecine, et vécut en anachorète. Il ne mangeoit que du pain, ne buvoit que de l'eau, et tout au plus se permettoit-il quelques fruits. Paris étoit pour lui une Thébaïde, à cela près qu'il lui fournissoit des livres et des savans. Il reçut le bonnet de docteur en médecine l'an 1662, et après quelques années de pratique, il fut Expectant à l'HôtelDieu. Sa réputation le fit choisir par Mlle de Guise pour son premier médecin, et par l'académie des Sciences pour un de ses membres. Il mourut en 1715, âgé de près de 80 ans. Une vie longue et saine, une mort lente et douce furent les fruits de sa

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tempérance. Les exercices de piété et les devoirs de son état remplissoient tout son temps. Il ne le perdoit point en visites, ni rendues ni reçues. Ceux qui me viennent voir, disoit-il, me font honneur ; ceux qui n'y viennent pas, me font plaisir. Il n'y avoit guère que quelque Antoine, dit Fontenelle qui pût aller voir ce Paul. Il laissa une Bibliothèque de près de 20,000 écus, un Herbier, un Médailler, et nulle autre acquisition. Son esprit lui avoit beaucoup plus coûté à nourrir que son corps. On trouva dans ses papiers un Index d'Hippocrate, grec et latin, beaucoup plus ample et plus fini que celui de Pinus.

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VIII. MORIN, (Jean) né à Meung, près d'Orléans, en 1705, obtint en 1732 la chaire de philosophie de Chartres. Une longue assiduité aux exercices classiques fut récompensée en 1750 par l'évêque de Chartres, qui le nomma à un canonicat de la cathédrale. Morin donna à 38 ans son Mécanisme universel, vol. in-12, qui contient beaucoup de connoissances, et qui en suppose bien plus encore. Son second ouvrage est un Traité de l'Electricité, imprimé in-12 en 1748. L'abbé Nollet ayant réfuté l'opinion de l'auteur Morin adressa à cet académicien une Réponse c'est son troisième et dernier ouvrage imprimé. Sa réputation n'étoit pas bornée à sa province son nom étoit connu dans les académies des Sciences de Paris et de Rouen, dont il étoit correspondant. Il conserva jusqu'à la mort son application aux sciences, ainsi que les vertus du prêtre et du philosophe. Cet homme estimable mourut

à Chartres, le 28 mars 17649 à 59 ans.

MORINGE, (Gerard) théologien de Bommel dans la Guel- v dre, fut professeur de théologie dans le monastère de Ste-Gertrude à Louvain, puis chanoine et curé de Saint-Trond dans la principauté de Liége, où il mourut le 9 octobre 1556. On a de lui I. La Vie de St. Augustin, à Anvers, 1553, in-8°, et 16449. avec des notes d'Antoine Sanderus. II. Celle de St. Trond,

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des Saints Libère et Euchère, Louvain, 1540, in-4.o III. Celle du Pape Adrien VI, Louvain, 1536, in-4°; et dans les Analectes historiques d'Adrien VI par Gaspard Burman, Utrecht, 1727. IV. Commentaire sur l'Ecclésiaste, Anvers, 1533, in-8.° V. Oratio de paupertate Ecclesiastica, etc. : tous les écrits de cet auteur sont en latin. On conserve en manuscrit dans le monastère de St.-Trond: I. Vitæ Sanctorum Antonii et Guiberti Gemblacensis. II. Præcepta vitæ honesta. III. Chronicon Trudonense, depuis l'an 1400.

MORINIERE, (AdrienClaude LE FORT de la ) né à Paris en 1696 d'une famille noble, fut élevé sous le célèbre Père Porée, dont il fut toute sa vie l'ami et l'admirateur. L'amour des lettres inspirant celui de la solitude notre auteur quitta le tumulte de la capitale pour se retirer chez les Pères Génovéfains de Senlis. Il y vécut pendant 12. ans, occupé à préparer les ma◄ tériaux de différentes collectionsqui sont faites avec plus de patience que de goût. Les princi pales sont : I. Choix des Poésies Morales, trois vol. in-8°, 1740. . Bibliothèque Poétique, vol.

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In-4, et 6 vol. in-12, 1745. III. Passe-temps Poétiques, Historiques et Critiques, 2 vol. in-12, 1755. IV. Les Cuvres choisies de Jean-Baptiste Rousseau, in-12. Ce petit recueil est le mieux fait de tous ceux que la Molinière a donnés au public. On a encore de lui, deux petites Comédies imprimées en 1754, sous le titre des Vapeurs et du Temple de la Paresse. Cet auteur mourut en 1768. Le respect pour la religion et pour les mœurs, qu'on remarque dans ses ouvrages, respiroit dans sa conduite; et cette modération auroit dû servir de modèle aux compilateurs qui ont paru après lui.

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MORISON, (Robert) vit le jour à Aberdeen en Ecosse, l'an 1620. Il étudia dans l'université de cette ville et y enseigna quelque temps la philosophic. I s'appliqua ensuite à l'étude des mathématiques, de la théologie, de la langue hébraïque, de la médecine, et sur-tout de la botanique, pour laquelle il avoit une grande passion. Les guerres civiles interrompirent ses études; il signala son zèle et son courage pour les intérêts du roi Charles 1, et se battit vaillamment dans le combat donné sur le pont d'Aberdeen, entre les habitans de sette ville et les troupes Presbytériennes. Il y fut blessé dangereusement à la tête. Dès qu'il fut guéri de cette blessure, il vint en France. Gaston de France, duc d'Orléans, l'attira à Blois, et lui confia la direction du Jardin royal de cette ville. Morison dressa une nouvelle mé thode d'expliquer la botanique, qui plut au duc. Après la mort de ce prince, il retourna en Angleterre en 1660. Le roi Tome VIII.

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Charles II, à qui le duc d'Or léans l'avoit présenté à Blois le fit venir à Londres, et lui donna le titre de son médecin et celui de professeur royal de botanique. On a de lui: I. Le Præludium Botanicum, qu'il publia en 1669, in-12. Cet ouvrage acquit tant de réputation à son auteur, que l'université d'Oxford lui offrit une chaire de pro¬ fesseur en botanique. Il l'accepta du consentement du roi, et enseigna dans cette université avec un succès distingué. II. Hortus Blesensis, Paris, 1635, in-fol., réimprimé dans son Præludium Botanicum. III. La 2e et la 3° partie de son Histoire des Planin-folio, 1680 et 1699, dans laquelle il donne une nou velle méthode, estimée des connoisseurs. La i partie de cet excellent ouvrage n'a point été imprimée. On ne sait ce qu'elle est devenue; ce qui en tient lieu est intitulé: Plantarum umbelliferarum distributio nova. 1672, in folio. Mais comme ce Trasté fut réimprimé avec la 3° partie, on ne prend l'édition de 1672, qu'à cause de la beauté des épreuves. La e partie devoit contenir la description des arbres et arbrisseaux. On a mis à cet ouvrage l'indication d'Oxford, 1715. La méthode de Morison consiste à établir les genres des plantes par rapport à leur's fleurs, à leurs semences et à leurs fruits. On ne sauroit assez loner cet auteur mais il semble qu'il se loue lui-même un peu trop. Bien loin de se contenter de la gloire d'avoir exécuté une partie du plus beau projet que l'on ait fait en botanique, il osa comparer ses découvertes à celles de Christophe Colomb; et, sans parler de Gesner, de Césalpin Gg

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et de Fabio Columna, il assure en plusieurs endroits de ses ouvrages, qu'il n'a rien appris que de la nature même. On l'auroit peut-être cru sur sa parole, s'il n'avoit pris la peine de transcrire des pages entières de ces deux derniers auteurs. Il mourut à Londres en 1683, à 63 ans.

MORISOT, (Claude - Barthelemi) écrivain, né à Dijon en 1592, mort dans la même ville en 1661, à 60 9 ans a eu plus de réputation autrefois qu'aujourd'hui. On a de lui, un livre assez curieux, dans le quel, sotts le titre de Peruviana, Dijon, 1645, in- 4°, il trace l'histoire des démêlés du cardinal de Richelieu, avec la reine Marie

de Médicis, et Gaston de France,

duc d'Orléans. Pour avoir cet ouvrage complet, il faut y joindre une conclusion de 35 pages, imprimée en 1646. II. Orbis Maritimus, in-folio, 1643. III. Veritatis lacrymæ, à Genève, 1626,

in-12. C'est une satire contre les Jésuites, avec cette dédicace : Patribus Jesuitis sanitatem. Ce livre est peu commun. IV. Et grand nombre de Lettres latines sur différens sujets.

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emplois à Oxford. Il quitta l'Angleterre et se rendit à la Haye auprès de Charles II, qui ayant été rétabli sur le trône de ses ancêtres, paya le zèle de ce fidelle sujet par la nomination a l'évêché de Worchester, et ensuite à celui de Winchester. Ce prélat mourut, le 2.9 octobre 1684, à quatre-vingt-sept ans, dans sou diocèse. On a de lui après avoir fait de grands biens des Sermons.

MORLIÈRE, (Jacques-Auguste de la ) ancien mousqueParis en 1785, étoit un de ces taire, né à Grenoble et mort à hommes qui jouent un rôle dansles cafés, hableur, nouvelliste, beaucoup. Sa fortune n'avoit ja, grand conteur, parlant haut et mais été considérable, et il avoit dissipé presqu'entièrement le peu de bien qu'il avoit eu. On a de lui quelques romans, dont le deux vol. in-12 ; et le plus mauplus connu est Angola, 1746, vais, les Lauriers Ecclésiastiques ou Campagnes de l'Abbé de T. Comme ce livre étoit très-cher et très-défendu, il fut recherché par les libertins de toutes les classes mais il est heureuse: ment oublié. Angola est un peu plus gaze, et a été lu plus longtemps quoiqu'il re le méritàt guères. Les comédies du cheva→ lier de la Morlière, le Gouver neur la Créolé, l'Amant déguisé, eurent encore moins de lecteurs que ses Romans. Cepen→ dans l'auteur n'en faisoit pas moins impudemment la critiqnede toutes les pièces nouvelles et de tous les poëtes dramatiques. qui valoient mieux que lui. Nous ne citerons aucune des brochures éphémères que son esprit de censure produisit. On lira avee.

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