nir le pardon, mais pour les punir et se venger, et leur faire commencer leur damnation éternelle. C'est ce qui arrive aux réprouvés; c'est ce qui est arrivé à Antiochus, à Hérode et à plusieurs autres. Beaucoup de personnes souffrent aujourd'hui, auxquelles on doit appliquer ces paroles du prophète : Seigneur, affligez-les d'une double affliction 1; car, pour les pécheurs, les affliction d'ici-bas sont comme le préambule et le commencement des peines de l'enfer.

Dieu agit bien autrement vis-à-vis de ses serviteurs. Pour eux il dispose tout selon sa miséricorde et pour leur avantage.

Ainsi donc, tout ce que le Seigneur fait ou permet est marqué au coin de la justice ou de la miséricorde; nous devons donc le glorifier en toutes choses.

La véritable humilité des fidèles, dit saint Augustin, consiste à ne s'enorgueillir en rien, à ne jamais murmurer, à ne pas être ingrat, à ne jamais se plaindre; mais au contraire à rendre grâces à Dieu en tous ses jugements, à le glorifier dans toutes ses œuvres qui sont ou justice ou miséricorde.

En présence de toutes ces considérations, fortifiez votre cœur et ordonnez-en les sentiments, de telle sorte que toutes les adversités et les chagrins qu'il plaira à Dieu de vous envoyer, vous les acceptiez avec humilité, patience, et même avec joie. Vous vous exercerez ainsi dans la vie spirituelle; votre âme deviendra si fervente qu'elle sera heureuse d'endurer tout cela pour l'amour de Notre-Seigneur Jésus, qui a marché le premier dans cette voie de

1 Jérémie, 17.

la perfection, nous l'a montrée, en disant à tous: Voilà la voie où vous devez entrer; imitez-moi. Oui, s'il a souffert lui-même, c'est pour nous apprendre que les élus et les fils du ciel doivent s'attendre ici-bas à des tribulations intérieures et extérieures. Car, selon l'apôtre, ceux qui sont hors la discipline ne sont pas les véritables enfants du ciel 1, et, selon saint Augustin, celui qui ne souffre pas ne mérite pas d'être compté parmi les enfants de Dieu *. Que personne, ajoute-t-il, n'attende autre chose que ce que l'Évangile lui promet. Or, il ne nous promet dans ce monde que tribulations, persécutions, angoisses, surcroît de douleurs, d'épreuves. Préparons-nous-y, pour ne pas succomber quand il plaira à Dieu de nous les envoyer.

Quelquefois cependant les pécheurs ne sont pas ou presque pas affligés dans ce monde, parce qu'il n'y a chez eux aucun espoir d'amendement. Mais la souffrance est une nécessité pour ceux à qui est réservée la vie éternelle; car le Père, dit l'apôtre, châtie tout fils qu'il reçoit dans sa maison 3, c'est-à-dire, qu'il doit recevoir dans son héritage éternel. Remarquez bien qu'il dit, tout fils, car il a même châtié son propre Fils qui était sans péché. Celui donc qui châtie un fils unique qui n'a pas péché, pourra-t-il ne pas châtier un fils adoptif qui a péché? Ainsi, ne nous abattons pas si nous voyons le juste soumis à de grandes tribulations; mais pensons à ce qu'a enduré le Juste des justes, le Saint des saints. Il a méprisé toutes les choses terrestres pour nous apprendre à les mépriser; il a souffert tous les maux qu'on peut souffrir ici-bas, pour nous engager à

1 Hébreux, 12.

Saint Augustin, sur le Psaume 88.

3 Hébreux, 12.

l'imiter; il a voulu nous montrer que nous ne devons pas chercher notre bonheur dans les biens futiles, ni craindre de les perdre. Tel est le langage de saint Augustin.

Concluons donc la tribulation et l'affliction nous sont très-utiles; mais elles ne doivent pas nous abattre; il faut les supporter avec patience. Que dis-je ? Désirons-les, aimons-les; car souvent elles nous éloignent du mal pour nous pousser au bien. Tout ce qui n'est pas souffrance, regardons-le comme un ennemi, et fuyons-le, car c'est la cause de notre malheur, et ce qui nous entraîne au mal.

CHAPITRE IX

DE LA NAISSANCE DU SAUVEUR

Dans ce temps-là, c'est-à-dire avant que Marie eût mis au monde son Fils, on publia un édit de César-Auguste pour faire le dénombrement de tous les habitants de la terre1, c'est-à-dire que chaque citoyen devait se faire inscrire dans sa ville, pour payer le cens. A la veille de la naissance du Sauveur, dit saint Grégoire, on fait le recensement de la terre; pourquoi? pour que nous apprenions que le Christ se revêt de notre humanité, afin de faire inscrire ses élus sur le livre de l'éternité. O Seigneur Jésus, mettez-moi au nombre de vos élus et que je sois inscrit pour l'éternité!

Jésus-Christ est notre roi, et nous lui devons le cens de la foi et de la justice, que nous lui payons par nos senti

1 Luc, 1.