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Toutes les fois que l'homme revient du péché au repentir, à la pénitence, il est circoncis. Huit illuminations spirituelles de la divine grâce précèdent cette circoncision, puis cette circoncision est opérée dans l'âme. Ces huit illuminations spirituelles étaient figurées par les huit jours qui précédaient la circoncision des premiersnés. D'abord le pécheur se tourne vers Dieu; puis il reconnaît son péché, il s'en repent, il le confesse, il entre dans la voie de la satisfaction; il déteste ses fautes, il forme un acte de bon propos; enfin, en huitième lieu, il est justifié par l'infusion de la grâce, le péché est effacé, et ainsi, le huitième jour, ou à la huitième illumination de la grâce divine, la circoncision est opérée dans l'âme du pécheur repentant, lors de la justification. Cette circoncision n'est autre chose (qu'on nous passe cette expression), que l'amputation des vices, avec le couteau de la pénitence. Comme la circoncision du corps consistait à couper une partie superflue de la chair, la circoncision de l'esprit consiste à retrancher les passions et les péchés, qui sont en nous les seules choses superflues, car toutes les .choses que Dieu a créées en l'homme sont très-bonnes. Et si cette circoncision ne se fait pas en l'âme, l'âme est une fille de perdition, car il est écrit : L'enfant mâle qui ne sera pas circoncis sera exclu de mon peuple 1. Les huit jours qui précédaient la circoncision peuvent aussi figurer les sept dons du Saint-Esprit, les sept vertus principales avec la persévérance finale, figurée par le huitième jour. Et comme les péchés ne peuvent être effacés que

1 Genèse, 17.

par le Christ, car il est l'agneau de Dieu qui efface les péchés du monde 1, la circoncision se faisait avec des couteaux de pierre, comme nous l'avons déja dit, parce que le Christ est la pierre fondamentale. La circoncision des Juifs était donc une figure; dans tout autre cas, nous ne gagnerions rien à la méditer, et le Christ a été circoncis pour appeler notre attention sur la signification de la circoncision. Car, comme c'est pour nous et non pour lui qu'il est né, qu'il a été baptisé, qu'il a souffert, c'est aussi pour nous qu'il a été circoncis. Efforçonsnous donc de posséder cette première circoncision spirituelle, figurée par la circoncision corporelle, afin d'obtenir cette autre circoncision spirituelle, qui aura lieu en nous le huitième jour, à la huitième époque, lors de la résurrection, et qui sera exempte éternellement de toute peine, de toute faute, de toute corruption. Il y a donc en réalité trois circoncisions: la première était sacramentelle, c'est celle qui se faisait au corps; les deux autres sont la réalisation de la figure; c'est la circoncision du péché qui se fait tous les jours dans l'âme, et la circoncision du péché et de toute peine due au péché qui aura lieu et dans l'âme et dans le corps, lors de la résurrection générale.

1 Saint Jean 1.

CHAPITRE XI

DE L'ÉPIPHANIE, OU DE LA MANIFESTATION DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST AUX TROIS MAGES

Le treizième jour après sa naissance, l'Enfant Jésus se manifesta aux nations, c'est-à-dire aux Mages, qui étaient gentils; car il avait été prédit par Balaam, qui était le prophète des gentils, qu'une étoile sortirait de Jacob, qu'un homme se lèverait d'Israël 1. Ainsi l'apparition d'une nouvelle étoile était le signe de la naissance du Christ. Les Mages voyant donc cette nouvelle étoile, surent, par une inspiration divine, que c'était celle qui avait été prédite par Balaam, et aussitôt ils partirent pour aller adorer l'Enfant nouveau-né. Ils descendaient de Balaam, et ils étaient les héritiers de sa foi, comme de sa race; on les appelait Mages, non parce qu'ils exerçaient l'art de la magie, mais à cause de la profondeur de leur science,

1 Nomb. 24.

parce qu'ils étaient grands en sagesse et versés dans la connaissance des astres. Ceux que les Hébreux appelaient Scribes; les Grecs, Philosophes; les Latins, Sages; les Perses les nommaient Mages. Et ce mot Mages ne signifie pas faiseurs de maléfices, mais sages et prémices de notre foi. Ils sont aussi appelés rois, parce qu'en ce temps les philosophes et les rois avaient coutume de régner. C'est pourquoi Sénèque, dans sa lettre 90, parlant de la félicité des temps anciens, dit que le bonheur des peuples consistait en ce qu'aucun ne pouvait être roi, s'il n'était le plus sage de la nation. Dans cet heureux siècle, qu'on appelle le siècle d'or, le devoir du roi n'était pas tant de régner que de commander. Un roi pouvait sans art et sans difficulté se trouver un palais. Ainsi on rapporte de Diogène le Cynique, qu'un jour ayant vu un enfant boire dans le creux de sa main, il brisa aussitôt le vase qui lui servait à cet usage, en s'adressant à luimême ce reproche: Jusques à quand porterai-je des fardeaux inutiles? Pour loger et pour dormir, Diogène ne se réserva qu'un tonneau. Quelle différence entre les rois de ce temps-là et les rois de notre époque, qui font tout le contraire des premiers, qui courent après les richesses, les honneurs, les plaisirs, et qui, à cause de cette conduite, seront plus sévèrement traités que les gentils!

Et les Mages vinrent d'Orient, c'est-à-dire des contrées qui sont à l'orient par rapport à Jérusalem; car, selon saint Jean Chrysostôme, le commencement de la foi devait venir des contrées où naît la lumière, puisque

1 Sain Chrysostôme : Hom. 2, Operis imperfecti.

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