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de son lait; satisfaction qui ne saurait être comparée à celle que peuvent éprouver les autres mères. Cet enfant qu'elle avait conçu, sans rien perdre de sa virginité, et qu'elle avait mis au monde sans douleur, elle l'alimente maintenant de son lait comme d'une rosée céleste. O Marie, s'écrie saint Augustin, allaitez ce divin enfant, qui est votre Seigneur et le nôtre; ce vrai Pain descendu du ciel; allaitez celui qui vous a fait digne de le porter dans votre chaste sein; qui par son Incarnation vous a rendue féconde, et qui par sa naissance n'a pas terni l'éclat de votre pureté virginale. Qu'ils étaient affectueux, dit saint Anselme, les sentiments de Marie, quand elle portait dans ses bras et qu'elle suspendait à son sein ce divin Enfant ; et quand elle l'entendait pleurer, avec quel empressement, avec quel soin elle cherchait à éloigner de lui tout ce qui pouvait lui causer quelque douleur! Et saint Bernard, dans son sermon sur la Nativité, nous représente saint Joseph tenant sur ses genoux l'enfant Jésus, qui lui sourit avec tendresse.

Nous aussi, considérons Marie auprès de la crèche, et joignons-nous à elle pour nous réjouir avec l'enfant Jésus, car une vertu toute spéciale s'échappe de lui. Que l'âme chrétienne et surtout que l'âme religieuse, aille chaque jour, depuis la Nativité jusqu'à la Purification, adorer Jésus dans l'étable et vénérer sa sainte Mère, méditant pour son avancement spirituel sur la pauvreté volontaire et l'humilité dont ils nous donnent l'exemple. A la vue de Marie demeurant ainsi de longs jours dans l'étable de Bethléem avec Jésus et Joseph,

1 Saint Augustin: Serm. in Nativ. Domini.

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pourrions-nous trouver dur et pénible de garder le cloître et la solitude?

Considérons maintenant quelle est la grandeur de cette solennité, et livrons-nous à la joie, car ce jour est vraiment le principe, l'origine de notre foi. Reconnaissons, mes très-chers frères, s'écrie saint Léon, pape, dans son sermon sur l'Épiphanie, reconnaissons dans les rois Mages adorant Jésus dans la crèche, les prémices de notre vocation à la foi, et célébrons avec joie la source de toutes nos espérances. Honorons ce saint jour où apparut en ce monde l'Auteur de notre salut, et celui que les Mages vinrent saluer dans l'étable, adorons-le régnant au ciel dans toute sa puissance. Les Mages lui présentent leurs offrandes sous des emblèmes mystiques; nous, offrons-lui des cœurs qui soient dignes de son amour. Le souvenir de cette fête doit être sans cesse présent à notre esprit, et nous la célébrerons pendant toute l'éternité dans les cieux, si nous marchons sur les traces de Jésus, et si, dans toutes nos actions, nous avons soin de reproduire sa conduite. Remarquons aussi, avec saint Chrysostôme 1, les choses merveilleuses et dignes de fixer l'admiration du monde entier, qui s'opérèrent à la naissance de notre divin Sauveur: un ange apparaît dans le temple à Zacharie, lui annonçant qu'Elisabeth, quoique déjà avancée en âge, lui donnera un fils, et il est puni de son incrédulité en perdant l'usage de la parole; une femme stérile conçoit ; une Vierge enfante; Jean tressaille de joie dans le sein de sa mère; un ange vient annoncer à des bergers la naissance du Sauveur promis; des chants célestes se font entendre

1 Saint Chrysostôme : Hom. 1 ex variis in Matthæum locis, tom. II.

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LA GRANDE VIE DE JÉSUS-CHRIST

dans les airs; une joie universelle éclate sur la terre et dans les cieux; enfin une étoile miraculeuse apparaît aux rois Mages, leur apprenant que le Maître du ciel et de la terre, que le véritable Roi des Juifs et le Désiré des nations est arrivé.

CHAPITRE XII

DE LA PRÉSENTATION DE JÉSUS-CHRIST AU TEMPLE

Lorsque le temps de la purification fut accompli, c'està-dire lorsque fut arrivé le quarantième jour après la naissance de Jésus, Marie sortit de l'étable avec Joseph et l'enfant Jésus, pour accomplir les prescriptions légales, quoiqu'elle n'y fût pas obligée, ayant conçu sans péché. Par la circoncision, l'enfant était purifié de la faute originelle, communiquée par ses parents; dans la purification, la mère était lavée des souillures contractées par la conception, mais rien de cela n'avait rapport à Jésus ni à Marie. Après que l'enfant eut été circoncis, ils le portèrent de Bethléem à Jérusalem pour le présenter au Seigneur dans son Temple, et le racheter ensuite en offrant pour sa rançon une paire de tourterelles ou deux petits de colombes. Pour bien comprendre ce que nous disons ici, il faut savoir que la Loi renfermait deux préceptes à cet

égard le premier, qui était général et s'appliquait à tous, ordonnait qu'après les jours prescrits pour la purification de la mère, l'enfant fût porté au Temple et qu'on offrît pour lui un sacrifice. D'après la loi de la purification, la mère qui mettait au monde un enfant mâle était regardée comme impure pendant sept jours, séparée de la société des hommes, ne pouvant ni entrer dans le Temple, ni toucher les choses saintes; le huitième jour, l'enfant était circoncis et la mère devenait pure, relativement à la compagnie des hommes; mais pendant les trente-trois jours qui suivaient, elle ne pouvait ni entrer dans le Temple, ni toucher aux choses saintes; elle ne devait pas sortir de sa maison. Après ces trente-trois jours et les sept qui précèdent, c'est-à-dire quarante jours après ses couches, elle venait au Temple présenter son enfant et offrir pour lui et pour elle-même un sacrifice au Seigneur. Si elle avait mis une fille au monde, alors les jours étaient doublés relativement à la société des hommes et à l'entrée dans le Temple. Le second précepte était spécial, et ne concernait que les premiers-nés parmi les hommes comme parmi les animaux, qui devaient être consacrés entièrement au Seigneur. Dieu, en délivrant les Israélites de la captivité de l'Egypte, avait fait périr tous les premiers-nés de ce peuple, tant des hommes que des animaux, et, pour perpétuer le souvenir de cette délivrance, il avait ordonné que tous les premiers-nés d'Israël lui fussent consacrés. De même qu'il avait exigé l'offrande des prémices pour les fruits de la terre, il avait pareillement exigé le sacrifice des premiers-nés des hommes et des animaux purs, nous montrant par là que nous devons lui sacrifier tout ce que nous avons de meilleur et de plus cher. Comme Jésus

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