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contraire qui est la cause de l'accomplissement de la prophétie. Jésus-Christ est surnommé Nazaréen, tant à cause de l'endroit où il est né, et a été élevé, qu'à cause de l'interprétation de la Loi, d'après laquelle Nazaréen veut dire saint; et tous nos livres saints affirment et prouvent la sainteté de Notre-Seigneur. Comme il avait choisi l'endroit de sa venue au monde, il choisit celui où il va être élevé et où il grandira. Ce nom qu'on lui donne prouve que Jésus-Christ, étant la source de la sainteté, ayant grandi dans la sainteté, étant le Saint des saints, peut être à juste titre appelé le Nazaréen des Nazaréens. Car Nazareth signifie fleur des champs, ou rejeton nouveau, ou sainteté ; et c'est de la tige de ce rejeton qu'est sorti, selon l'Écriture, le Saint des saints, c'est-à-dire le Nazaréen. C'est à cause de cette appellation de Jésus-Christ, que ses disciples et les chrétiens étaient dans le principe appelés Nazaréens. Mais après que saint Pierre eut occupé la chaire d'Antioche, il fut décidé qu'ils porteraient le nom de Chrétiens de celui de Christ. Ainsi donc, si JésusChrist veut être conçu et élevé à Nazareth, c'est pour nous faire comprendre que sa conception et sa vie furent comme une fleur sans tache, ayant été affranchies, la première du péché originel, et la seconde, du péché actuel. Ce qui fait dire à saint Bernard: « La fleur de la tige de Jessé devait tenir à naître dans un pays riche en fleurs.

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Le départ de la terre d'Égypte, l'arrivée en Galilée, l'élection de domicile à Nazareth, renferment pour nous un enseignement : nous devons sortir de l'état de péché, passer du vice à la vertu, et nous épanouir en quelque sorte en une floraison continuelle de bonnes actions, pour pouvoir arriver ainsi à la patrie céleste.

Voilà donc Jésus et ses parents de retour de l'Égypte. Aussitôt leurs amis accourent pour les visiter et les saluer. La Sainte Famille s'établit à Nazareth pour y vivre dans la pauvreté. Joseph y continue son métier de charpentier; Marie coud et file, et se livre à d'autres travaux qui peuvent lui convenir. Mais tout cela ne l'empêche pas d'environner son Fils de tous ses soins et de toute sa sollicitude. Car, comme dit saint Anselme, il n'y a pas d'homme assez profond pour approfondir, d'homme assez éloquent pour exprimer la tendresse attentive dont elle entoura son enfance, l'espèce de respect, les soins empressés qu'elle prodigua à son adolescence et à sa jeunesse. Elle a fait elle-même cette révélation à une âme pieuse Bien des fois ayant son enfant appuyé sur son sein, dans l'excès de son amour maternel, inclinant sa tête sur celle de son Fils, elle versait des larmes si abondantes que la tête et le visage de Jésus en étaient inondés; et elle disait 0 le salut et la joie de mon âme! Ah! quel est l'homme qui en entendant ces paroles ou en les méditant pourrait retenir ses larmes.

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A partir de ce moment jusqu'à sa douzième année, l'Écriture ne nous dit plus rien de l'Enfant Jésus ni de ses parents. Mais voici une tradition vraisemblable : A Nazareth, il existe encore une petite fontaine, à laquelle Marie allait quelquefois ; l'Enfant Jésus venait souvent y puiser de l'eau pour sa Mère, puisque nous lisons dans l'Évangile qu'il leur était soumis. Ainsi celui qui donne la nourriture à tout ce qui vit, mit quelquefois ses plus grandes délices à apporter de l'eau à sa Mère. Il allait dans les champs cueillir des herbes que sa Mère préparait pour leur nourriture. Jésus aidait Marie dans tous les au

tres travaux de son intérieur. Il commença de bonne heure à s'exercer dans l'humilité qu'il plaçait plus tard au-dessus de toutes les vertus, lorsqu'il disait: Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur 1. Cette conduite de Jésus fait dire à saint Anselme : Il n'y a rien de déraisonnable à se figurer Jésus se mêlant à Nazareth aux autres enfants, rendant à sa Mère beaucoup de petits offices dans son intérieur, aidant saint Joseph dans les travaux de son métier.

Matthieu, 11.

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CHAPITRE XV

SES PARENTS RETROUVENT, DANS LE TEMPLE

JÉSUS RESTÉ A JÉRUSALEM

Cependant, l'enfant Jésus grandissait et se fortifiait. L'évangéliste ne voulant pas nous laisser croire qu'il dit ici que l'âme de Jésus s'est perfectionnée en raison du développement de son corps, ajoute et il était rempli de sagesse, c'est-à-dire quant à l'âme; et la grâce de Dieu était en lui, c'est-à-dire relativement à l'âme et au corps. C'est l'interprétation du vénérable Bède1: Toute la plénitude de la divinité était en Jésus-Christ; voilà pourquoi l'enfant était plein de sagesse ; à ce point de vue il n'était pas dans sa nature de grandir et de se fortifier; il était le Verbe de Dieu, il était Dieu; mais en tant qu'homme, la grâce était en lui; car Jésus-Christ, comme homme, reçut

1 Bède Sur le chap. 11 de saint Luc.

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