homonyme, il est néanmoins appelé le Majeur, parce qu'il fût appelé par le Seigneur avant Jacques, fils d'Alphée, qui, pour cette raison, est désigné sous le nom de Mineur. Jacques le Mineur et ses trois frères sont appelés, avant tous ses autres parents, frères du Seigneur, non-seulement parce qu'ils avaient pour mère la sœur de la Mère du Christ, mais pour aïeul, Cléophas, frère de Joseph. Jacques le Mineur est plus particulièrement encore appelé frère du Seigneur, parce qu'il lui ressemblait. Le Seigneur voulut que sa Mère eût un époux pour plusieurs raisons dont les unes ont rapport à lui-même; les autres regardent sa Mère; enfin les dernières ont une source extérieure. On compte ordinairement cinq raisons qui ont rapport au Christ lui-même; la première, selon saint Jérôme 1, est dans l'intérêt de sa généalogie, afin que par la génération de Joseph, dont Marie était la parente, l'origine de Marie fût constatée, et que, selon l'usage des divines Écritures, la généalogie du Christ fût établie par les hommes. La seconde, selon saint Ambroise 2, est pour écarter tout soupçon de la naissance du Sauveur; la loi en effet condamnait tout fruit illégitime de l'amour, et le Christ dans sa naissance ne devait pas paraître enfreindre la Loi. La troisième raison, selon le même Père 3, est qu'il fallait éviter la persécution qu'Hérode et les Juifs eussent pu susciter contre le Messie, selon toute apparence de justice, comme s'il fût né d'un commerce adultère: les gentils l'auraient aussi rejeté comme un enfant illégitime. C'est 'Saint Jérôme, sur l'Evang. cum esset desponsata. 2 Saint Ambroise, sur saint Luc, liv. II. 3 Saint Ambroise, sur saint Luc, liv. II. Origène1 qui nous fournit la quatrième raison: il fallait élever l'enfant, le porter en Égypte, et pour cela le ministère d'un homme était nécessaire. C'est pourquoi Joseph est appelé le père nourricier du Seigneur. Origène, saint Jérôme et saint Basile allèguent pour cinquième raison le dessein de la Providence de cacher le mystère de la Nativité du Christ, du Fils de Dieu, au démon qui le pensait engendré par les voies ordinaires de la nature. 4 3 6 Les cinq raisons qui regardent la Mère du Sauveur sont celles-ci selon saint Ambroise 3, il ne fallait pas que la grossesse de Marie fût pour elle une cause d'infamie, et le Seigneur aurait plutôt permis que l'on doutât de sa naissance, que de la chasteté de sa Mère. En second lieu, d'après le vénérable Bède et saint Jérôme, Marie ne devait pas être exposée à être lapidée par les Juifs, comme adultère. Origène et saint Jérôme allèguent une troisième raison tirée du besoin que Marie avait de l'appui, des encouragements, des consolations d'un homme, surtout dans la fuite en Égypte et dans le retour de cette province. Selon la Glose (Glossa), la foi était intéressée à ce que Marie fût épouse, car on n'eût jamais cru qu'une jeune fille non mariée et enceinte fût restée Vierge. Enfin, pour la cinquième raison, on peut dire que Marie devait honorer tous les états et en être le modèle; c'est pourquoi elle devait être vierge, épouse et veuve. Origène Hom. 6, sur saint Luc; Hom. 5, de divers. 2 Saint Jérôme, loco citato; saint Basile: De la Génération du Verb; Origène Hom. 6, sur saint Luc. Les cinq dernières raisons qui ont une source extérieure, sont ainsi expliquées par les Pères. Selon saint Ambroise 1, il ne fallait pas que les vierges impudiques et de mauvaise vie trouvassent une apparence d'excuse dans ce qui serait arrivé à la Mère du Sauveur. Puis, selon Origène 2, l'état de Marie est un argument contre les hérétiques qui condamnent le mariage. Le Christ naît d'une Vierge et d'une épouse, et par ce fait même sont sanctifiés et l'état de la virginité et celui du mariage, et sont refutés les hérétiques qui condamnent le mariage et ceux qui condamnent la virginité. En troisième lieu, toutes les femmes, aussi bien les vierges, que les épouses, que les veuves, avaient encouru dans notre première mère Ève un opprobre dont Marie les a délivrées en passant par ces trois états. La quatrième raison peut s'énoncer ainsi : d'après la conduite de Marie il est libre aux parties, même après les fiançailles, de passer à un état de vie plus parfait, d'entrer en religion, où l'âme, comme celle de Marie, est fiancée au Seigneur. La cinquième raison a pour but de figurer le mystère par lequel l'Église est fiancée au Christ, l'Église qui est une vierge immaculée et sans rides; nous sommes les fils de cette vierge dans la foi de Jésus-Christ, et selon le pape saint Léon 3, de même que le Christ est né du sein de Marie par l'opération du Saint-Esprit, le chrétien naît du sein de l'Église. Saint Jean Chrysostôme dit que Marie fut mariée à un ouvrier qui travaillait le bois, parce que le Christ, époux de l'Église, devait opérer 4 1 Saint Ambroise, loco citato. 2 Origène, loco citato. 3 Saint Léon Sermon sur la Nativité du Seigneur. : Saint Chrysostôme : Hom. 1, sur saint Mathieu. le salut de tous par le bois de la croix. Selon saint Augustin, le Christ est né d'une mère mariée à un ouvrier, pour confondre l'orgueil de toute naissance illustre selon la chair. Marie fut figurée par la vierge Sara, fille de Raguel, mariée à Tobie, et qui avait conservé son âme pure de toute concupiscence. Marie, épouse de Joseph, a été bien plus parfaite, puisqu'elle a toujours conservé intacte sa virginité. Il est parlé dans l'histoire d'une tour tellement fortifiée, qu'on appelait Baris, qu'elle pouvait être facilement gardée par deux soldats. Marie est cette tour trèsforte et imprenable, dont le principal gardien était Dieu, la Sagesse éternelle. La vie de la Mère du Seigneur est aussi comparée à la tour de David qui était garnie de mille boucliers qui pendaient à ses flancs, parce que bien plus de mille vertus brillaient en Marie, et la prémunissaient contre tous les péchés, contre toutes les tentations. Et non-seulement Marie a su éloigner d'elle les perfides suggestions du démon, mais par la grâce qu'elle nous obtient, elle peut tous nous en affranchir. Considérez combien de saintes femmes, combien de vierges ont existé avant et après Marie, et cependant elle seule a mérité d'être la Mère du Seigneur. Ce choix, au milieu de tant de mille créatures, est une grande grâce, une grâce ineffable. Marie a été choisie préférablement à toutes les autres, parce qu'elle les a toutes surpassées en sainteté. C'est pourquoi saint Anselme dit que Dieu sondant les reins et les cœurs, choisit Marie au milieu de toutes les vierges de la terre, et la marqua de son sceau divin pour habiter corporellement en celle qu'il voyait pleine de vertus et à |